Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1

Le Grand rendez-vous


Rachida Dati


©I

BO/

SIPA Candidateàla Mairie deParis.
MaireduVII
e
arrondissement deParis

Dimanche de 10hà11h


MichaëlDarmon,Nicolas BarréetDamienFleurotreçoivent


La proposition
de l’OCDE de taxe
sur les bénéfices des
multinationales
du numérique est
issue des discussions
qui ont rassemblé
134 pays.
Photo David Himbert/
Hans Lucas/AFP

tionales américaines autres que les
Gafa contre le projet OCDE n’y
serait pas étrangère.
Autre détail à régler : quels pro-
fits seront concernés? Et quels sont
les Etats qui pourront exiger de les
taxer? L’OCDE propose d’abord de
partir du profit consolidé de toutes
les multinationales qui seront con-
cernées. « Ce qui évitera toute mani-
pulation du bénéfice pour échapper à
l’impôt », assure Pascal Saint-
Amans, d irecteur du Centre d e poli-
tique et d’administration fiscales de
l’OCDE. Ensuite, il importe de diffé-
rencier les bénéfices liés aux activi-
tés de routine des bénéfices rési-
duels qui sont plus étroitement liés
aux activités numériques des grou-
pes. Pour se faire, l’OCDE évoque
l’i nstauration d’un niveau fixe de
profitabilité avec la possibilité de le
faire varier en fonction de l’indus-
trie concernée.
Autre idée à trancher : faut-il
décortiquer pour chaque entre-
prise, ses lignes d’activité, ses activi-
tés par région du monde, ses mar-
chés? Toujours est-il qu’une fois le
profit résiduel identifié, seul un
pourcentage, à fixer, de celui-ci
serait réparti ente les différents
Etats dans lesquels l’entreprise
exerce une activité significative
selon une formule de calcul, elle
aussi à déterminer.

Réunion Le Maire-Mnuchin
Pour l ’heure, s i les ministres du G
valident l’approche de l’OCDE, cette
dernière sera soumise à consulta-
tion publique. « Nous rentrerons
dans le dur de la négociation l’an pro-
chain », avertit-on à Bercy. L’accord
est d’importance dans le cadre des
discussions entre la France et les
Etats-Unis à la suite de l’instaura-
tion d’une taxe Gafa de 3 % sur le
chiffre d’affaires dans l’Hexa-
gone. Une initiative qui avait
déclenché l’ire des Américains
menaçant la France de rétorsions.
Au sommet du G7 de Biarritz,
Emmanuel Macron avait revendi-
qué un accord selon lequel la
France s’engageait à supprimer sa
taxe pour appliquer, en avance avec
les Etats-Unis, l’accord mis au point
par l’OCDE.
Mercredi, lors d’un point de
presse, le secrétaire américain au
Trésor, Steven Mnuchin, en a fait
état. Au sujet de la taxe numérique
entre la France et les Etats-Unis, « il
n’y a pas encore d’accord mais nous
nous en approchons », a-t-il déclaré
avant sa rencontre, jeudi à
Washington, avec le ministre des
Finances français, Bruno Le Maire.
Sauf à envisager une accélération
des discussions à l’OCDE, il va fal-
loir patienter plusieurs mois.n

lA Washington, ce vendredi, les ministres des Finances du G20 devraient avaliser les travaux de l’OCDE visant à taxer


les géants du numérique et les grandes multinationales.


lBon nombre de détails restent désormais à régler, et les discussions promettent d’être ardues.


Taxe Gafa : nouvelle étape clef


pour le plan de l’OCDE


Richard Hiault
@RHIAULT


Une marche devrait être franchie.
Mais le haut de l’escalier est encore
loin. A Washington, en marge des
assemblées annuelles du Fonds
monétaire international et de la
Banque mondiale, les ministres des
Finances du G20 vont, une fois de
plus, discuter de la taxation des
géants du numérique.
Ils auront sur leur table un docu-
ment d’une vingtaine de pages éla-
boré par l’Organisation de coopéra-
tion et de développement
économiques (OCDE) à l’issue des
discussions du cadre inclusif ras-
semblant 134 pays. Ce rapport pro-
pose une « approche unifiée » pour
tenter de régler la délicate question
de la taxation des Gafa et des multi-
nationales largement numérisées.
« Globalement, les ministres
devraient confirmer leur s outien aux
travaux de l’OCDE. L’architecture
proposée devrait être validée même
s’il n’y a pas encore un consensus
total quant aux détails techniques »,
indique-t-on à Bercy. Si le projet de
l’OCDE reçoit l’aval des grands
argentiers, les travaux qui vont sui-
vre ne seront pas des plus aisés. Il va
falloir déterminer le champ d’appli-
cation de cette nouvelle taxe desti-
née aux activités numériques des
multinationales.
L’OCDE mentionne le seuil d’un
chiffre d’affaires de 750 millions
d’euros au-delà duquel les entrepri-
ses seraient concernées. A ce stade,
certains pays dont la France sou-
tiennent l’idée de différencier les
sociétés purement numériques
comme les Gafa (Google, Amazon,
Facebook, Apple) des autres multi-
nationales largement numérisées,
à l’instar des Nike, Starbucks, et des
grands groupes de luxe. « Les Etats-
Unis ont longtemps affiché leur
opposition à cette différenciation.
Leur discours a évolué et leur posi-
tion est moins figée », avance-t-on à
Bercy. La mobilisation des multina-


MULTILATÉRAL


« Le commerce, c’est magnifique
pour la paix » dans le monde, a-t-
elle lancé. Consciente d es manques
du système commercial interna-
tional, elle juge nécessaire de le
réformer. S’inscrivant en cela dans
les pas de sa prédécesseure, Chris-
tine Lagarde, la nouvelle patronne
du Fonds s’est réjouie de l’éclaircie
récente dans les relations sino-
américaines. Mais elle a exhorté les
deux pays à sceller « une paix dura-
ble ». « Les différends commerciaux
pourraient avoir des répercussions
sur les politiques monétaires, de
taux de change ou sur le secteur
financier, menaçant la stabilité
financière mondiale et compromet-
tant les gains économiques dure-
ment gagnés », a-t-elle déclaré. La
trêve sino-américaine ne sera pas
suffisante, à ses yeux.

Relance budgétaire
Deuxième priorité, il s’agit d’utili-
ser la politique monétaire de
manière « judicieuse ». Alertant sur
les risques que fait peser sur le sys-
tème f inancier international la per-
sistance de taux d’intérêt bas, Kris-
talina Georgieva a exhorté les pays
qui le peuvent à relâcher les freins

budgétaires. Un conseil qu’avait
également donné, mardi, Gita
Gopinath, l’économiste en chef de
l’institution multilatérale, citant
nommément les Pays-Bas et l’Alle-
magne. La mise en place de réfor-
mes structurelles pour « améliorer
la productivité » et l’intensification
de la coopération internationale


  • « le FMI en est un bon exemple »,
    a-t-elle ironisé – constituent les
    deux dernières priorités. Elles ne se
    limitent pas à la sphère économi-
    que et financière. Les ruptures
    technologiques et le dérèglement
    climatiques constituent des
    domaines où, là encore, la coopéra-
    tion internationale doit agir.
    Interrogée sur l’accord conclu
    entre l’Union européenne et le
    Royaume-Uni sur le Brexit, quel-
    ques instants avant sa conférence
    de presse, Kristalina Georgieva a
    bondi de joie, « comme la livre »
    sterling sur les marchés. « Comme
    disait [le président de la Commis-
    sion] Jean-Claude Juncker, quand il
    y a de la volonté, il y a un accord.
    J’espère que cette volonté se main-
    tiendra » jusqu’à l’approbation de
    l’accord par les députés britanni-
    ques, a-t-elle ajouté.n


Les cinq priorités de la nouvelle


directrice générale du FMI


Dans un anglais parfait, à l’aise
devant la presse, la nouvelle direc-
trice générale du Fonds monétaire
international (FMI), la Bulgare
Kristalina Georgieva, a ouvert,
jeudi, les réunions d’automne de
l’institution. Si les frimas de ce mois
d’octobre, dans la capitale améri-
caine, l’ont poussée à citer le poète
russe Alexandre Pouchkine, Kris-
talina Georgieva s’est fixé cinq prio-
rités pour résoudre les problèmes
actuels de l’économie mondiale.
« Les perspectives restent précaires
car les conflits commerciaux, l’incer-
titude politique et les menaces g éopo-
litiques sapent la confiance, l’inves-
tissement et la croissance », a-t-elle
écrit dans son agenda politique
publié jeudi à Washington.
Face aux journalistes présents à
Washington, elle a d’abord insisté
sur la nécessité de faire marche
arrière concernant l’escalade du
relèvement des droits de douane.

Pour sa première assem-
blée annuelle du Fonds
monétaire international,
ce week-end à Washington,
Kristalina Georgieva s’est
fixé cinq priorités.

« L’architecture
proposée devrait
être validée, même
s’il n’y a pas encore
un consensus total
quant aux détails
techniques. »
MINISTÈRE FRANÇAIS
DES FINANCES

Une « Web tax »
en Italie en 2020

L’ Italie rejoint le club des
pays pourfendeurs des Gafa.
Une « Web tax » entrera en
vigueur à partir de 2020. A
l’instar de la récente législa-
tion française, elle s’élèvera à
3 % du chiffre d’affaires
réalisé par les entreprises
technologiques en Italie. Elle
s’appliquera à celles ayant un
chiffre d’affaires mondial
d’au moins 750 millions
d’euros par an, dont au
moins 5,5 millions dérivant
de services numériques dans
la péninsule. L’ Etat italien
espère ainsi récolter au
moins 600 millions d’euros
par an. La taxe restera en
vigueur jusqu’à la mise en
place d’une taxe internatio-
nale. L’ Italie a souvent été à la
pointe de la lutte contre
l’optimisation fiscale des
Gafa. Après Apple, qui a
accepté de verser en décem-
bre 2015 315 millions d’euros
à la suite d’une enquête pour
fraude fiscale, puis Google,
qui a déboursé 306 millions
d’euros en mai 2017, c’est
Amazon qui a récemment
cédé face au fisc italien en
versant 100 millions d’euros
pour solde de tout compte.

MONDE


Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019Les Echos

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