Les Echos - 11.09.2019

(Kiana) #1

Les Echos Mercredi 11 septembre 2019 ENTREPRISES// 17


Frédéric Schaeffer
@fr_schaeffer
— Correspondant à Pékin


Comme la plupart des Chinois, Jack
Ma affectionne les dates anniver-
saires. C’e st donc le jour de ses
cinquante-cinq ans, mardi, que
l’emblématique patron d’Alibaba
a confié les rênes du géant chinois
de l’e-commerce à Daniel Zhang, le
« CEO » du groupe désormais pro-
pulsé à la présidence du conseil
d’administration. L’ex-petit profes-
seur d’anglais, devenu l’homme le
plus riche de Chine (avec une for-
tune estimée à 37 milliards d’euros),
a pris soin d’assurer une transition
en douceur : après avoir déjà aban-
donné le poste de directeur général
en 2013, il annoncait sa mise en
retrait il y a un an, le jour de ses cin-
quante-quatre ans.
Celui qui, adolescent amoureux
de la langue anglaise, promenait les
touristes étrangers autour du lac de


E-COMMERCE


sa ville natale de Hangzhou, au sud-
ouest de Shanghai, a expliqué vou-
loir se consacrer à des activités phi-
lanthropiques et à sa passion pour
l’éducation, à l’image de Bill Gates,
le fondateur de Microsoft.
Mais la situation économique et
politique de la Chine a sans doute
précipité la retraite du plus influent
et charismatique des patrons chi-
nois, avancent certains observa-
teurs. « Jack Ma a un excellent sens
de la direction dans laquelle les vents
soufflent, indique Duncan Clark,
auteur d’une biographie du diri-
geant. Il savait qu’il était temps
d’adopter un profil plus bas et de se
concentrer sur des domaines non
controversés. »
Les temps sont durs pour les
entrepreneurs privés : en plein con-
flit commercial avec les Etats-Unis,
le président chinois Xi Jinping a
réaffirmé le rôle central des entre-
prises d’Etat dans l’économie du
pays tandis que les firmes privées
voient leur espace vital se réduire et
sont les premières à souffrir du
ralentissement de la croissance.

Jack Ma, dont l’appartenance au
Parti communiste chinois a été
révélée entre-temps, a jugé qu’il
était plus sage d’être moins sous
les feux des projecteurs.

Période charnière
Le d épart de l’emblématique
patron, qui conservera toujours une
influence forte sur le groupe, inter-
vient également à une période char-
nière pour Alibaba. La société qu’il a
créée avec 17 autres collaborateurs,
dans un modeste appartement de
Hangzhou, fête cette année ses vingt
ans. Pour célébrer cet anniversaire
et celui de Jack Ma, 80.000 salariés
du groupe ont été conviés, mardi
soir, à un grand spectacle dans le
stade de Hangzhou. Un peu avant le
show, les salariés sur le campus
d’Alibaba se demandaient dans
quel déguisement Jack Ma, que l’on
a vu grimé en Michael Jackson pré-
cédemment, se présenterait sur
scène. En vingt ans, l’ex-professeur
d’anglais autodidacte aura fait d’Ali-
baba un empire pesant 470 mil-
liards de dollars à Wall Street, pré-

sent dans l’e-commerce, le « cloud
computing », le divertissement et
les services financiers. Alibaba « a
transformé la façon dont les Chinois
consomment en leur ouvrant l’accès
à une gamme de produits à la diver-
sité et à la qualité dont les générations
précédentes n’auraient pu que
rêver », poursuit Duncan Clark.
Avec 674 millions d’utilisateurs
actifs tous les mois, les plates-for-
mes d’Alibaba réalisent plus de
transactions qu’Amazon et eBay
réunis. Avec sa solution mobile Ali-
pay, A libaba a aussi révolutionné les
modes de paiement dans un pays o ù
le cash était roi. Charge désormais à
Daniel Zhang, quarante-sept ans et
aussi discret que Jack Ma est volu-
bile, de trouver les relais de crois-
sance alors que la guerre commer-
ciale sino-américaine fait rage et
que la croissance chinoise ralentit.
En cas de doute, on peut parier que
Jack Ma ne sera jamais très loin
pour lui souffler quelques idées.

(


Lire également « Crible »
Page 34

Une page se tourne pour Alibaba

après le départ de Jack Ma

l A 55 ans, Jack Ma quitte la présidence d’Alibaba, vingt ans après sa création.


lLe discret Daniel Zhang, 47 ans, prend les rênes du groupe chinois


devenu un géant de l’e-commerce, de la finance et du cloud.


croissance rentable », poursuit
Dmitry Vlasov.
L’internationalisation est un
autre défi. Jack Ma répète à l’envi
qu’Alibaba est une entreprise
mondiale qui devra servir 2 mil-
liards de clients à travers le globe
en 2036. Pour l’heure, le groupe
en est loin, réalisant 7 % seule-
ment de son chiffre d’affaires hors
de Chine. Il revendique 120 mil-
lions de clients actifs sur sa plate-
forme Lazada, confrontée à une
forte concurrence locale en Asie
du Sud-Est, et AliExpress, qu’il
cherche à renforcer en Europe.
« Alibaba devra être plus offensif
s’il veut conquérir de nouveaux
clients hors de Chine », estime
Dmitry Vlasov.

A la conquête du monde
C’est finalement sur son activité
historique qu’A libaba s’en sort le
mieux. Malgré la concurrence de
JD.Com ou de l’étoile montante
Pinduoduo, les plates-formes
T-Mall et Taobao continuent de
dominer l’e -commerce en Chine,
s’arrogeant les deux tiers du mar-
ché avec plus de 674 millions de
clients actifs.
« Le succès d’Alibaba dans
l’acquisition de nouveaux utilisa-
teurs au cours des derniers trimes-
tres provient de la pénétration dans
les marchés moins développés,
c’est-à-dire dans les villes de taille
moyenne ou petite et les zones rura-
les », explique Dmitry Vlasov.
70 % des nouveaux clients d’Ali-
baba sont issus de ces populations
vivant loin des grandes métropo-
les de l’est de la Chine. La conquête
de l’Ouest chinois sera l’une des
priorités de Daniel Zhang.n

Il y a des transitions plus difficiles.
Nouveau maître à bord d’Alibaba,
Daniel Zhang a pour avantage de
bien connaître le groupe et d’en
prendre les rênes à un moment où
celui-ci continue d’afficher une
solide croissance. Il y est entré en
2007 comme directeur des opéra-
tions de Taobao, la principale pla-
te-forme de ventes en ligne entre
particuliers d’A libaba, avant de
s’occuper de T-Mall, la plate-
forme « B to C ».
L’homme s’est taillé une solide
réputation en lançant la « fête des
célibataires » le 11 novembre (soit
le « 11.11 »), énorme braderie sur
Internet en Chine. Plus récem-
ment, c’est lui qui a poussé le con-
cept du « new retail », c’est-à-dire
l’intégration de la vente en ligne et
en magasin, et incité Alibaba à
investir dans le commerce physi-
que, notamment dans Sun Art, la
coentreprise d’Auchan en Chine.

Réussir dans le commerce
physique
« L’un de ses premiers défis va être
de démontrer la réussite de ce con-
cept, estime Dmitry Vlasov, g érant
de portefeuilles chez East Capital
à Hong Kong. Alibaba veut croître
au-delà du commerce en ligne, qui
représente 20 % du commerce de
détail en Chine, mais cette stratégie
n’en est qu’à ses débuts ».
Constamment à la recherche
de relais de croissance, Alibaba
s’est également diversifié dans le
« cloud computing », le divertis-
sement et les contenus numéri-
ques. « Ce sont des activités qui pro-
gressent très vite, mais qui ne
gagnent pas d’argent. Daniel Zhang
va devoir trouver le chemin d’une

Le successeur de Jack Ma,
Daniel Zhang, arrivé dans
le groupe il y a douze ans,
va devoir démontrer la
pertinence d’une stratégie
de distribution multica-
nale et pousser les feux
à l’international où la
concurrence fait rage.

Les défis qui attendent


le nouveau patron


sélection de Zodiac (marque avec
laquelle il a noué l’an dernier un
accord de coopération) ainsi
que le Flyer 6.6 de Bénéteau. Des
modèles d’une valeur de 35.000 à
60.000 euros. Il faut compter entre
40 et 60 jours de location à l’année
pour compenser tout ou partie
du loyer avec option d’achat, des
frais de marina ainsi que des frais
d’assurance et de maintenance. Un
modèle qui a pu être testé dans
l’automobile chez Citroën.

« Offre unique »
Au bout de trois ou quatre ans, le
plaisancier a deux options : régler la
valeur résiduelle du bateau pour en
devenir pleinement propriétaire,
avec le choix de continuer ou non à
le louer pour se financer. Ou reven-
dre le bateau à Dream Yacht, qui
s’engage à le racheter pour cette
valeur résiduelle. « Donc vous n’êtes
pas engagé à terme. C’est une offre
unique sur le marché [...], se félicite
Loïc Bonnet, qui permet de mettre
sur l’eau une population beaucoup
plus large. »
L’entreprise – qui vise un volume
d’affaires en forte hausse en 2019, de
229 millions d’euros – y trouve égale-
ment son intérêt. Transformer les

Elsa Dicharry
@dicharry_e


Acquérir un petit bateau à moteur
sans avancer 1 centime? C’est l’offre
lancée ce mercredi par Dream Yacht
Charter en partenariat avec CGI
Finance, une filiale de Société Géné-
rale. « Pas besoin d’apport. Vous
achetez le b ateau à crédit. Vous le met-
tez à louer sur notre plate-forme
SamBoat, le “Airbnb du bateau”.
SamBoat vous apporte des clients qui
financent les mensualités et les char-
ges », résume L oïc Bonnet, P DG-fon-
dateur de l’entreprise. Le champion
mondial de la location de bateaux de
plaisance propose à la vente une


PLAISANCE


L’entreprise
lance ce mercredi
une formule inédite
de location de bateau
avec option d’achat.


Elle permet de dispo-
ser d’une embarcation
sans apport initial.


Dream Yacht Charter lance


des bateaux « à zéro euro »


7 %

LA PART DU CHIFFRE
D’AFFAIRES
d’Alibaba réalisée
hors de Chine.

particuliers-acheteurs en loueurs
occasionnels lui permet d’enrichir
son offre de bateaux disponibles à la
location et « de démultiplier [son]
chiffre d’affaires sans trop avoir à
investir », souligne le dirigeant, qui
profite aussi pleinement du poten-
tiel de SamBoat, racheté il y a un an.

Créé il y a presque vingt ans,
Dream Yacht Charter était au départ
centré sur la location de voiliers
habitables, avec ou sans équipage,
pour une ou plusieurs semaines,
« comme vous louez un appartement
en bord de mer », précise son PDG. Il
est aujourd’hui fort d’une flotte de
près de 1.200 bateaux, p résents dans
60 bases et 34 pays. En juin 2018,
l’entreprise s’est lancée dans la loca-
tion de bateaux-promenade à la
journée avec son Dream Boat Club,
puis a acquis le site SamBoat.n

Il faut compter
entre 40 et 60 jours
de location à l’année
pour compenser tout
ou partie du loyer
avec option d’achat.

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