85 % des diplômés qui trouvent un
emploi », souligne Eric Charbon-
nier, expert éducation à l’OCDE.
« Une réponse
au marché du travail »
Seul bémol : les bacheliers profes-
sionnels. « Quand on est titulaire
d’un bac professionnel, on a beau-
coup de mal à suivre des études
supérieures, même à bac+2 », ajou-
te-t-il. Seuls 40 % des bacheliers
professionnels décrochent leur
diplôme de BTS ou de DUT dans
les délais impartis (51 % y parvien-
nent en mettant plus de temps),
contre 66 % pour les titulaires d’un
bac général ou technologique
(84 % de taux de réussite après la
durée théorique du cursus).
L’OCDE voit dans ces diplômes
« une réponse au marché du travail
pour former des techniciens opéra-
tionnels au bout de deux ans », sans
pour autant fermer les portes de
l’université aux étudiants qui dési-
rent poursuivre leurs études. La
position de l’organisation interna-
tionale est différente de celle du
gouvernement français q ui entend
réformer les « filières courtes pro-
fessionnalisantes » a u motif
qu’elles ne sont plus des portes vers
l’emploi mais des tremplins pour
les études longues, prisées par les
bacheliers généraux. « Les BTS et
les DUT ne remplissent plus leur
rôle initial », avait déploré la minis-
tre de l’Enseignement supérieur,
Frédérique Vidal, il y a un an.
Faut-il, dès lors, allonger la durée
de ces cursus, et porter leur scola-
rité de deux à trois ans, comme l’a
envisagé Frédérique Vidal? « Il
faut continuer à former des techni-
ciens en deux ans, tout en ouvrant à
d’autres la possibilité de poursuivre
leurs études », plaide Eric Char-
bonnier. Il en appelle aussi à la
revalorisation des filières profes-
sionnelles et au développement
des formations en alternance
« pour permettre aux jeunes d’être
mieux équipés » pour le monde du
travail.
Frédérique Vidal avait annoncé,
il y a un an, le lancement du chan-
tier des « filières courtes profes-
sionnalisantes ». La ministre
regrettait que l’accès d es BTS et d es
DUT aux bacheliers profession-
nels et technologiques leur soit
« plus difficile », malgré les quotas
obligatoires introduits par la loi
sur l’orientation et la réussite des
étudiants (ORE). Un chantier com-
plexe sur lequel les décisions ont
jusqu’ici été repoussées.
—M.-C. C.
BTS et DUT : un taux de réussite cité en modèle
C’est un fait suffisamment rare
pour être souligné. Dans l’édition
2019 de « Regards sur l’éduca-
tion », publiée mardi, l’Organisa-
tion de coopération et de dévelop-
pement économiques (OCDE) cite
la France en modèle pour ses filiè-
res courtes en deux ans dans
l’enseignement supérieur, à savoir
les BTS et les DUT. Le pourcentage
de réussite y atteint 61 %, soit
16 points de plus que celui de la
moyenne des pays ayant participé
à l’enquête (45 %). Et 20 points de
plus que le taux de réussite en
licence (41 %). « C’est plus que la
moyenne de l’OCDE et l’insertion
professionnelle est excellente, avec
L’OCDE salue les résultats
de la France pour ses
filières courtes de l’ensei-
gnement supérieur, BTS et
DUT. Le pourcentage de
réussite y atteint 61 %,
16 points de plus que la
moyenne des pays ayant
participé à l’enquête (45 %).
époque, les 129 Chambres de com-
merce que c ompte le territoire fran-
çais se mobilisent pour éviter la
baisse de leurs recettes fiscales.
Après avoir culminé à 1,3 milliard
d’euros en 2013, la taxe pour frais de
chambre (TFC) qu’acquittent les
entreprises continue de baisser
régulièrement. Ramenée à 775 mil-
lions d’euros cette année, elle assure
encore le quart des recettes des éta-
blissements consulaires. Et elle
devrait continuer de baisser de
100 millions d’euros par an pour se
stabiliser à 375 millions d’euros à
l’horizon 2022. Les Chambres de
commerce veulent éviter que la
diminution soit plus importante.
Cette baisse est actée dans le cadre
de la réforme du réseau prévue par
la loi Pacte qui s’est matérialisée, le
15 avril dernier, par la signature d ’un
contrat d’objectifs et de performan-
ces (COP) par le ministre de l’Econo-
mie, Bruno Le Maire, et le président
de CCI France, l’organisation faîtière
du réseau, Pierre Goguet.
« Beaucoup de pédagogie »
« Je porte cette réforme auprès des
élus de base, je fais de la pédagogie,
beaucoup de pédagogie », explique-
t-il en rappelant que les chambres
qui employaient encore
25.000 agents il y a cinq ans ont vu
leurs effectifs ramenés à 19.000 sala-
riés aujourd’hui. Et qu’ils pourraient
encore baisser d’un millier.
A l’entendre, la prise de cons-
cience qui s’est opérée dans le
réseau à l’occasion de la prépara-
tion du COP est réelle. La réforme,
qui doit se traduire sur le terrain par
la signature d’une convention
d’objectifs et de moyens par cha-
cune des 13 Chambres régionales,
avance. De même, la négociation
d’une convention collective, néces-
saire pour faire entrer l es a gents d es
CCI dans le droit des entreprises pri-
vées, a déjà f ait l’objet d’un accord de
qui doit se substituer au système
consulaire en faillite.
Parallèlement, les chambres
commencent à rationaliser leurs
moyens et leurs prestations pour
monter une « offre n ationale de ser-
vices » destinés aux entreprises qui
pourraient les acheter. Admettant
que cela ne suffit pas à éviter une
fuite des cadres, Pierre Goguet
remarque que les chambres arri-
vent e ncore à la limiter e t à attirer d e
nouveaux talents. De là à suggérer
qu’une ponction plus élevée que
prévu sur la TFC de 2020 pourrait
casser cette d ynamique, il y a un pas
qu’il se refuse à franchir.n
Dominique Malécot
@Dmalecot
Comme chaque année à pareille
BUDGET
Les 129 établissements
consulaires, qui voient
leurs recettes fiscales
reculer de 100 millions
par an, disent être
entrés de plain-pied
dans la réforme exigée
par le gouvernement.
Les CCI veulent éviter une baisse supplémentaire des crédits
« L’avantage salarial » de la
France est « surtout notable au
niveau du lycée où enseignent entre
autres les professeurs agrégés », pré-
cise l’OCDE. Les enseignants de col-
lège et de lycée sont aussi plus âgés,
« ils coûtent d onc p lus cher » et ont l a
possibilité de faire des heures sup-
plémentaires. Mais tous les ensei-
gnants du secondaire ne sont pas
logés à la même enseigne.
Par ailleurs, au regard des « salai-
res statutaires », l’OCDE montre que
les enseignants débutent en France
avec un salaire 7 % inférieur à la
moyenne de l’OCDE. « Les jeunes
enseignants titulaires sont désormais
éligibles à la prime d’activité. C’est un
déclassement salarial », déplorait
récemment Frédérique Rolet,
secrétaire générale du SNES-FSU,
principal syndicat du second degré.
Faut-il retenir le salaire effectif ou
le salaire statutaire pour illustrer au
mieux la situation? Eric Charbon-
nier plaide pour le salaire statutaire
en milieu de carrière. Après dix à
quinze ans d’expérience, les ensei-
gnants français ont une rémunéra-
tion de 22 % inférieure à celle de
leurs collègues de l’OCDE. Ce n’est
qu’en fin de carrière qu’ils retrouvent
un salaire au niveau de la moyenne
de l’OCDE. « Quand on dit qu’il faut
revaloriser les enseignants, il faut
réfléchir en priorité à ceux qui sont en
milieu de carrière, car ce sont les plus
pénalisés, insiste Eric Charbonnier.
Dans les autres pays, on a proposé aux
enseignants plus de mobilité et des
évolutions de carrière afin qu’ils con-
tinuent à être stimulés par un métier
très usant. »
Temps de travail plus lourd
A ceux qui affirment que l’éducation
coûte plus cher en France
qu’ailleurs, le rapport montre aussi
que le coût salarial d’un élève est
moins élevé dans l’Hexagone :
1.700 euros dans le p rimaire,
2.500 euros au collège et 2.700 euros
au lycée (contre des moyennes res-
pectives, dans l’OCDE, de
2.500 euros, 3.000 euros e t
2.900 euros). Le temps de travail des
enseignants est aussi plus lourd en
France : 900 heures par an pour les
professeurs des écoles, par exemple,
contre une moyenne OCDE de
783 heures. Et les classes y sont plus
chargées : 24 élèves par classe dans
le primaire (21 dans le reste de
l’OCDE) e t 25 élèves par classe au c ol-
lège (23 en moyenne dans l’OCDE).n
lSelon l’OCDE, les enseignants
français perçoivent des salaires
effectifs supérieurs à la moyenne
des autres pays membres.
l« Il faut différencier les statuts »,
tempère toutefois l’OCDE.
La moyenne des salaires des enseignants
est plus élevée en France qu’ailleurs
méthode. Elle doit être bouclée en
février 2020. D’ici là, il faudra que le
gouvernement prenne le décret
permettant au personnel d es c ham-
bres d’être indemnisé par l’Unédic,
La taxe pour frais
de chambre (TFC)
acquittée par les
entreprises est passée
de 1,3 milliard d’euros
en 2013 à 775 millions
cette année.
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
C’est une surprise qui ressort du
rapport annuel de l’OCDE sur l’édu-
cation publié mardi. Et c’est un pavé
dans la mare, à l’heure où des dis-
cussions vont s’ouvrir entre syndi-
cats et gouvernement sur le salaire
des enseignants, Emmanuel
Macron ayant estimé qu’il fallait les
revaloriser dans la perspective de la
réforme des retraites.
Dans son édition 2019 de
« Regards sur l’éducation », l’Organi-
sation de coopération et de dévelop-
pement économiques affirme que le
salaire effectif (avec primes et heures
supplémentaires) annuel des ensei-
gnants en France est « légèrement
supérieur en 2017 à la moyenne
OCDE, sauf dans l’enseignement élé-
mentaire ». Au collège, la moyenne
dans l’Hexagone est à 41.102 euros
contre 38.540 euros dans l’OCDE.
Au lycée, elle atteint 46.200 euros
contre 41.490 euros. Dans l’élémen-
taire, en revanche, elle se situe à
35.700 euros, contre 36.700 euros.
Avantage salarial au lycée
Jusqu’ici, les syndicats d’enseignants
en France s’appuyaient sur l’exper-
tise de l’OCDE pour déplorer des
niveaux de salaire trop bas. De fait,
l’organisation internationale
s’appuyait jusqu’à présent sur le
salaire statutaire (les grilles de salai-
res applicables à tous, hors primes et
heures supplémentaires) pour réali-
ser ses comparaisons internationa-
les. Et sur cette base, la France est
très en dessous de la moyenne de
l’OCDE. « On parle des enseignants
dans leur globalité en France, mais il y
a une différenciation à faire entre les
enseignants dans l ’élémentaire e t ceux
qui exercent au collège ou au lycée,
tempère Eric Charbonnier, expert
éducation à l’OCDE. Il faut différen-
cier les statuts et ne pas mettre tous les
enseignants dans le même sac. »
ÉDUCATION
22 %
DE SALAIRE EN MOINS
pour les enseignants français
après dix à quinze ans
d’expérience.
« L’ insertion
professionnelle
est excellente,
avec 85 %
des diplômés
qui trouvent
un emploi. »
ERIC CHARBONNIER
Expert éducation à l’OCDE
FRANCE
Mercredi 11 septembre 2019Les Echos