européenne. Pour cette raison, il est
toujours préférable de discuter. »
- CLIMAT
« Le “Green Deal” doit devenir la
marque de fabrique de l’Europe,
avec en son cœur notre engagement
à devenir le premier continent neu-
tre climatiquement. C’est aussi un
impératif économique de long
terme : ceux qui agiront les premiers
et le plus vite pourront saisir les
opportunités offertes par la transi-
tion écologique. Le monde entier
nous rejoindra. » - ÉTAT DE DROIT
« Nous voulons donner un nouvel
élan à la démocratie européenne.
C’est notre responsabilité com-
mune [...]. » - BUDGET
« Il y a un large consensus sur le
Pacte de stabilité. Les règles sont
claires, les limites sont claires,
la flexibilité est claire. »
- MIGRATION
« Il faut investir massivement dans
les pays d’origine pour y créer des
perspectives, lutter contre le trafic
humain, se doter de frontières exté-
rieures humaines mais qui fonc-
tionnent pour préserver la liberté
de circulation dans l’espace Schen-
gen, clarifier les règles d’asile et cel-
les pour les migrants illégaux ». - DÉFENSE
« L’Otan sera toujours l’outil de notre
défense collective. Nous ne serons
jamais une puissance militaire.
Mais [...] nous savons bien que la
recherche et le développement
financés par les marchés publics ont
aussi un impact très positif sur
l’industrie et le secteur privé. Je crois
qu’il est fondamental pour renforcer
notre industrie que nous puissions
nous aussi en Europe financer de la
recherche fondamentale. »
- ÉLARGISSEMENT
« Ce n’est pas à l’Union de changer
mais aux Etats q ui s ouhaitent adhé-
rer de montrer qu’ils s’engagent
dans les valeurs européennes. Ce
n’est p as ce q ue j’ai v u en Turquie ces
dernières années, au contraire. » - DÉMOGRAPHIE
ET DÉMOCRATIE
« La démocratie ce n’est pas seule-
ment aller voter une fois tous les
cinq ans. Je p ense que les gens
aujourd’hui se sentent un peu laissés
de côté. Certains parce qu’il n’y a plus
de bureau de poste dans leur village
et que leurs enfants sont obligés de
partir. Selon moi, la cause principale
de cette frustration, c’est un senti-
ment lié à un phénomène démogra-
phique plutôt que démocratique. On
ne doit pas l’accepter. » —G. G. et D. P.
« Nous voulons donner un nouvel élan
à la démocratie européenne »
- BREXIT
« Le Brexit n’est pas la fin de quel-
que chose mais le début de notre
future relation avec le Royaume-
Uni, que nous espérons riche. » - COMMERCE
« Je veux que l’Union européenne
soit la gardienne du multilatéra-
lisme. Nous savons que nous som-
mes plus forts en faisant ensemble
ce que l’on ne peut pas faire seul. » - ÉTATS-UNIS
« Si nous nous engageons sur la voie
des rétorsions, ce sont les autres qui
en tireront les bénéfices. Certaine-
ment pas les Etats-Unis ou l’Union
Lors de sa conférence
de presse, la présidente
de la Commission a livré
quelques-unes des orienta-
tions qu’elle entend donner
à l’Union européenne.
La nouvelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a dévoilé, lundi à Bruxelles, la liste des 26 commissaires. Photo Kenzo Tribouillard/AFP
Catherine Chatignoux
@chatignoux
La Commission européenne a
beau être l’ennemi juré des mou-
vements eurosceptiques qui fleu-
rissent un peu partout sur le con-
tinent, elle est sortie totalement
indemne des tentatives de margi-
nalisation qui l’ont visée ces der-
niers mois. Le collège que va diri-
ger pour les cinq prochaines
années l’Allemande Ursula von
der Leyen est même plus euro-
phile que le précédent, celui de
Jean-Claude Juncker, puisque les
commissaires issus des partis de
centre gauche y sont plus nom-
breux que les conservateurs
(10 sociaux-démocrates, contre 9
issus des partis de droite).
Dans certains cas, c’est un con-
cours de circonstances qui a favo-
risé l’envoi à Bruxelles de commis-
saires proeuropéens : la crise
politique déclenchée par le natio-
naliste Matteo Salvini en Italie a
privé ce dernier du loisir d’impo-
ser un eurosceptique radical. C’est
le social-démocrate proeuropéen
Paolo Gentiloni qui hérite finale-
ment du poste de commissaire.
Même cas de figure en Autriche
où la coalition droite-extrême
droite dirigée par Sebastian Kurz a
explosé en vol ,laissant la main à
un gouvernement technique qui
s’est contenté de reconduire le
proeuropéen Johannes Hahn.
Plus étonnant, le fait que les
gouvernements eurosceptiques
eux-mêmes ont envoyé de leur
plein gré à Bruxelles non pas des
La montée de l’euro-
scepticisme n’a pas
déteint sur la composition
de l’exécutif européen.
Même les capitales
souverainistes ont envoyé
à Bruxelles des représen-
tants eurocompatibles.
Une Commission
proeuropéenne, malgré
le scepticisme ambiant
projet européen – avec pour ambi-
tion de muscler l’action de l’Union
sur la scène internationale. Et celui,
ensuite, d’enterrer une bonne fois
pour toutes l ’ organisation e n
« silos » au profit de groupes de tra-
vail ciblés sur des missions.
Donner des gages
à l’Europe centrale
Soucieuse de donner des gages à une
Europe centrale et orientale qui se
sent délaissée, Ursula von der Leyen
a bâti une Commission dotée de huit
vice-présidences, parmi lesquelles
quatre vont à des personnalités
issues de ces pays. Signe de cette
volonté d’apaisement avec les pays
du groupe de Visegrad (Pologne,
Hongrie, République tchèque et Slo-
vaquie), c’est à la Tchèque Vera Jou-
rova q ue reviendra la supervision des
questions de respect de l’Etat de droit.
Comme p révu, l e « New Deal é colo-
gique » et le numérique seront les
deux piliers de cette Commission. Le
premier sera piloté par le socialiste
Néerlandais Frans Timmermans,
que la puissante D irection g énérale à
la concurrence préservera toute son
indépendance...
Dans ce dispositif, la Française Syl-
vie Goulard – qui était mardi enten-
due par la police dans l’affaire des
emplois fictifs présumés du Modem
- hérite d’un portefeuille économi-
que ambitieux. Chargée du marché
unique, elle aura la mission d’orien-
ter la politique européenne en
matière industrielle mais également
numérique. Elle devra aussi supervi-
ser l’industrie de la défense et la poli-
tique de l’espace – avec la création
d’une nouvelle direction générale
dans ces secteurs. Sans confier expli-
citement à un commissaire ces seuls
sujets – la pilule aurait été difficile à
avaler en Allemagne notamment –,
Ursula von der Leyen donne donc à
la France le soin de superviser les
débuts d’une vraie stratégie euro-
péenne en matière de défense.
(
Lire l’éditorial
de Lucie Robequain
Page 14
lEn présentant la composition de sa future équipe, l’Allemande a promis de piloter une Commission « géopolitique ».
lLa Française Sylvie Goulard va superviser les sujets industriels et de défense.
Von der Leyen entend redonner
à l’Europe les moyens de sa puissance
Gabriel Grésillon
@ggresillon
—Bureau de Bruxelles
Derek Perrotte
@DerekPerrotte
—Bureau de Bruxelles
C’était l’affluence des grands jours.
Mardi, à la Commission euro-
péenne, une nuée de photographes
et plusieurs centaines de journalis-
tes avaient envahi la salle de presse
pour écouter la première confé-
rence de presse d’Ursula von der
Leyen en tant que présidente élue de
la Commission européenne. Celle
qui doit prendre la succession de
Jean-Claude Juncker au mois de
novembre était venue présen-
ter l’organigramme de sa future
équipe et savait qu’elle jouait gros
devant des médias qui, à part e n Alle-
magne, ne la connaissaient guère.
« Flexible, moderne, agile »
Pendant près de deux heures, elle
s’est employée à répondre patiem-
ment, avec le sourire, aux questions.
Avec une constante : tenter d’incar-
ner une Europe simple d’accès, pro-
che des préoccupations des c itoyens,
soucieuse d’efficacité et moderne.
C’est autour de ces quelques idées
que se construit son programme. Sa
commission? Elle la veut « flexible,
moderne, agile ». Le collège des com-
missaires? Il devra être « engagé,
comprendre l’Europe, être à l’écoute
des demandes des Européens ». Pour
s’en assurer, tous les commissaires
devront se rendre dans « chaque Etat
membre au cours de leur première
moitié de mandat ». La modernité
sera illustrée par des réunions sans
papier et par un principe gravé dans
le marbre : toute nouvelle législation
européenne devra s’accompagner
d’un allégement des règles existan-
tes pour éviter les excès de bureau-
cratie. « One in, one out », résume la
présidente élue.
Le dispositif qu’elle entend mettre
en œuvre – et qui doit encore obte-
nir l’aval du Parlement européen –
porte les traces de son prédécesseur.
A l’évidence, l’Allemande entend
faire siens quelques principes
esquissés par Jean-Claude Juncker,
qu’elle a largement remercié. Celui,
d’abord, d’assumer une vision poli-
tique, et même « géopolitique » du
EUROPE
vice-président exécutif, tandis que le
second sera dans les mains de la libé-
rale danoise Margrethe Vestager, au
même rang statutaire.
Mais cette dernière conserve, à la
surprise générale, son portefeuille
actuel de la Concurrence. Un choix
politique fort, mais qui n’est pas
dénué de risque : celle qui s’est illus-
trée par sa fermeté face aux Gafa
pourra-t-elle toujours brandir sa
neutralité face aux assauts de
Washington quand elle œuvrera,
avec sa deuxième casquette bruxel-
loise, à l’émergence de champions
européens du numérique? A ce
doute, Ursula von der Leyen répond
Pour la présidente,
les commissaires
devront
« être à l’écoute
des demandes
des Européens ».
nationalistes affirmés, mais des
hommes et des femmes euro-
compatibles. Le cas le plus e mblé-
matique est celui de la Tchèque
Vera Jourova, commissaire sor-
tante à la Justice, choisie par le
populiste Andrej Babis alors
qu’elle s’est montrée intraitable
ces dernières années sur l’indé-
pendance des autorités judiciai-
res et qu’elle sera chargée, dans
l’équipe von der Leyen, de faire
respecter l’Etat de droit partout
où il est bafoué, c’est-à-dire
d’abord dans les pays de l’Est.
La Pologne a proposé un
ancien député européen, juriste
et membre de la Cour des comp-
tes européenne. Janusz Wojcie-
chowski n’est pas à proprement
parler ce que les opposants à
l’Union aiment qualifier d’« euro-
péiste », mais il est parfaitement
capable de travailler en bonne
intelligence au sein du collège.
Pragmatisme
Le commissaire hongrois, László
Trócsányi, est, lui aussi, un juriste.
Ancien ministre de la Justice, il a
fait partie de ceux qui ont refusé
que le Fidesz se rallie au groupe
parlementaire de Matteo Salvini
et Marine Le Pen à Strasbourg.
Ces souverainistes, hostiles à
l’idée d’une Europe puissance,
ont joué le pragmatisme et
refusé de rentrer dans un affron-
tement stérile avec la Commis-
sion européenne. Minoritaires
autour de la table du Conseil
européen, minoritaires au Parle-
ment européen, les tenants de
cette Europe des Etats nations
n’en continueront pas moins à
exercer dans tous les forums une
influence politique et idéologi-
que qui dépasse largement leur
poids institutionnel.n
DÉCRYPTAGE
MONDE
Mercredi 11 septembre 2019Les Echos