Echos - 2019-08-06

(Brent) #1

Les Echos Mardi 6 août 2019 IDEES & DEBATS// 09


Gregory Plesse
—Correspondant à Sydney


A


u tout dernier jour du
mois de juin, il ne faut
pas être pressé pour
aller d ’un bout à
l'autre de Pitt Street
Mall. L’étroite rue, piétonnisée dans
les années 1990, entre Market Street
et King Street, regorge de touristes,
en majorité asiatiques, qui arrêtent
leurs emplettes le temps d'observer
des acrobates de rue, et d'Austra-
liens en quête de bonnes affaires. Sur

Peu de magasins donnent sur Pitt Street Mall. Mais la rue sert de porte d'entrée à quatre centres commerciaux accessibles également depuis les rues adjacentes. Photo Shutterstock


les boutiques sont placardées des
affiches promettant de mystérieuses
« EOFY sales », des soldes à l’occa-
sion de la fin de l’année financière,
sur des produits qui peuvent être
déduits de sa déclaration de revenus.
Il n'y a pas d’abattement général de
l’impôt sur le revenu en Australie et
les « EOFY sales » sont, après les
fêtes de fin d'année, le deuxième
moment l e plus important de
l’année pour le secteur de la distribu-
tion en Australie. Mais le Pitt Street
Mall, qui reste en 2018 la septième
rue la plus chère du monde, avec un
loyer commercial annuel de
8.882 euros par mètre carré, d'après
le rapport « Main Streets Across the
World », du cabinet Cushman &
Wakefield, ne désemplit à vrai dire
que très rarement.
Les magasins donnant sur Pitt
Street Mall ne sont pas si nom-

breux : une immense parfumerie
Sephora, le « flagship store » Micro-
soft, quelques enseignes textiles, un
supermarché Woolworths, qui a
pris l’an dernier la place de la bouti-
que de vêtements Forever 21. La rue
sert, en revanche, de porte d'entrée à
quatre centres commerciaux acces-
sibles également depuis les rues
adjacentes : l’élégant The Strand
Arcade, dernière galerie de l’ère vic-
torienne encore en activité, le Stoc-
kland Glasshouse, où se trouve le
plus grand magasin H&M d'Austra-
lie, les boutiques abordables de Mid-
City et, surtout, le Westfield Sydney.
S’étirant sur six étages, il abrite les
deux grands magasins australiens
Myer et David Jones, de nombreu-
ses boutiques de luxe et un « food
court » très prisé. C’est le centre
commercial le plus performant
(775 millions d’euros par an) du

Scentre Group, propriétaire d’une
quarantaine de centres Westfield en
Australie et en Nouvelle-Zélande,
qui n’ont pas été concernés
par l’acquisition l’an dernier du
Westfield Group, opérant en Gran-
de-Bretagne et aux Etats-Unis, par
Unibail-Rodamco.

Miser sur l’expérience client
La concurrence de l’e-commerce,
combinée avec des loyers très oné-
reux, a contraint certaines ensei-
gnes, comme Nespresso ou Zara
Home, à quitter Pitt Street Mall.
D’autres, comme les magasins de
chaussures Platypus et JD Sports,
prennent le relais. Phil McAveety,
du Scentre Group, souhaite, lui,
miser sur l’expérience client. « Nous
devons être à même de proposer une
destination où les gens choisissent de
passer du temps, où ils s’achèteront

quelque chose tout de suite, ou pas. »
La dernière nouveauté, dans cette
galerie où passent chaque année
plus de 5 millions de clients, c'est le
showroom où sont exposés
2 modèles proposés par Genesis, la
marque haut de gamme du cons-
tructeur auto Hyundai, signifiant
ainsi son lancement sur le marché
australien.
Malgré un ralentissement sur le
marché immobilier le prix des baux
commerciaux sur Pitt Street Mall n e
sont pas près de faiblir, avec une
ligne de tramway, en cours d'achè-
vement, à proximité et l’arrivée
annoncée d’une ligne d e métro pour
2024.n

Pitt Street Mall : l’eldorado australien du lèche-vitrines


Cette portion de rue d'à peine


200 mètres de long du Central


Business District de Sydney abrite


quatre centres commerciaux parmi


les plus rentables d'Australie.


6
Et demain A Myeongdong,
plus de touristes asiatiques
que de Sud-Coréens

SÉRIED’ÉTÉ
LES RUES LES PLUSCHÈRES DU MONDE
7/ 10

DESSTARSETDES MARQUES


SÉRIED’ÉTÉ

Beyoncé : « Je n’aime
pas me voir comme
une marque, je suis
chanteuse, auteure,
compositrice,
musicienne et
interprète... »
Photo Ivy Park

7/ 10


Jean-Philippe Louis
@JPhLouis


O


n peut être
la femme du
premier rap-
peur milliar-
daire de l’his-
toire, et s’en sortir seule
financièrement. Si Jay Z et
Beyoncé forment le cou-
ple le plus puissant de
l’industrie musicale, c’est
parce qu’il y a les nom-
breux investissements du
mari mais aussi, et peut-être
d’abord, le talent et l’aura
médiatique de l’épouse.
Certes, Beyoncé investit
bien moins que son mari.
Ses premiers millions, elle
les a acquis via la vente de
ses albums et ses tour-
nées. D’abord en tant que
membre du célèbre
groupe Destiny’s Child au
début des années 2000.
Puis au gré de ses succès
en solo. Beyoncé détient
459 récompenses pour
son seul talent de chan-


teuse. Elle est aussi la deuxième femme la
plus honorée dans l’histoire des Grammys,
avec plus de 140 millions de dis-
ques vendus dans le monde, et
totalise une fortune estimée à
500 millions de dollars. Alors, le
reste semble secondaire à pre-
mière vue, mais pas tant que cela
au regard de l’influence que ses dif-
férents contrats publicitaires
avec des marques comme
Pepsi ou H&M ont pu avoir sur
son compte en banque.
Elle a beau se dire artiste avant
tout, e lle s’est lancée dans la mode
non pas comme égérie d’une
marque mais en dessinant – avec
sa mère, la styliste Tina Lawson –
sa propre gamme de vêtements.
Là-dessus, elle se distingue de
nombre de chanteuses de sa
génération. Beyoncé crée en
2006 « House of Deréon », du
prénom de sa grand-mère
maternelle, dont elle est pro-
priétaire mais également
directrice artistique.
Malheureusement, cette
ligne de prêt-à-porter s’arrête
au bout de six ans d’existence.
Beyoncé décide alors de

s’appuyer sur des lieutenants ayant une vraie
expérience dans le milieu du business.
Parmi eux, Steve Pamon ou Philip Green,
président du groupe Arcadia (Topshop,
Topman...), avec qui elle lancera la marque
Ivy Park en 2016, un nom faisant référence à
sa fille Blue Ivy. Mais, là encore, c’est un
demi-succès et Beyoncé décide en 2018
de faire appel au mastodonte Adi-
das, afin de relancer sa marque et travailler
avec « un leader dynamique et éprouvé ».

Disque de platine
Ses incursions dans le monde de l’entreprise
s’arrêtent ainsi. Elle préfère la scène, les tour-
nées et le divertissement... C’e st dans ce
domaine qu’elle engrange le plus d’argent
quand, pour son mari, Jay Z, « les affaires ont
toujours précédé la musique », indique le
journaliste de « Forbes » Zack O’Malley
Greenburg.
Cet été, elle est à l’affiche de la nouvelle ver-
sion du « Roi Lion », film d’animation de
Disney qui devrait enregistrer un record
d’audience. Elle y prête sa voix à la lionne
Nala. Le positionnement de Beyoncé n’est
pas sans résultat : « Je voulais vendre un mil-
lion de disques, j’ai vendu un million de dis-
ques. Je voulais être disque de platine, je suis
disque de platine. Je travaille sans arrêt depuis
quinze ans, je ne sais même pas comment me
détendre. Je n’aime pas me voir comme une
marque, je suis chanteuse, auteure, composi-
trice, musicienne et interprète... »n

Beyoncé,


le business à petite dose


La chanteuse américaine a toujours


privilégié sa carrière musicale au business.


Pourtant, elle s’est aventurée dans


le monde de la mode.


6
Et demain Tony Parker,
le champion de la reconversion
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