Le Monde - 18.03.2020

(Nancy Kaufman) #1

8 |coronavirus MERCREDI 18 MARS 2020


0123


La crise sanitaire éclipse


les élections municipales


L’ensemble des partis politiques ont accueilli avec


soulagement l’annonce du report du second tour


L


a campagne électorale
aura retenu sa respiration
vingt­quatre heures à
peine. Depuis dimanche
soir 15 mars, le temps politique
était suspendu. Les résultats du
premier tour des élections muni­
cipales à peine annoncés, le
second tour était déjà presque
effacé. Dès dimanche soir, la tota­
lité des chefs de parti l’avaient
demandé : le premier ministre
Edouard Philippe leur a finale­
ment proposé, lundi après­midi,
lors d’une visioconférence, de dé­
caler le second tour du scrutin, qui
devait se tenir dimanche 22 mars.
Avec un point à la mi­mai au
Parlement afin d’évaluer le risque
potentiel et l’état de la pandémie.
« Dans ce contexte, après avoir
consulté le président du Sénat, le
président de l’Assemblée natio­
nale, mais également mes prédé­
cesseurs, j’ai décidé que le second
tour des élections municipales se­
rait reporté », a officiellement an­
noncé Emmanuel Macron dans
une allocution, lundi 16 mars.
« Enfin! », soupirent en chœur
états­majors et candidats, après
une journée tout aussi lunaire
que la veille. « Nous avions
demandé le report et nous som­
mes satisfaits de la proposition du
premier ministre, tout comme de
celle du maintien des résultats du
premier tour », a ainsi réagi lundi
Olivier Faure, le patron du Parti
socialiste (PS), qui est parvenu à
sécuriser la plupart de ses citadel­
les municipales. « Il y avait un con­
sensus de l’ensemble des partis
politiques. Le second tour ne pou­
vait évidemment pas se dérouler
dimanche prochain », a acquiescé
la présidente du Rassemblement
national (RN), Marine Le Pen, sur
TF1 lundi soir. La veille, elle préci­
sait qu’il fallait « considérer
comme acquises les victoires » au
premier tour. D’autant plus que la
plupart des maires sortants du RN
ont été réélus dès le premier tour.
Soulagement général donc, sur
la sanctuarisation des acquis de
dimanche 15 mars. « Il aurait été
injuste d’avoir une inégalité de
traitement entre communes qui
ont élu leur maire au premier tour

et les autres. Tous les premiers
tours devaient être sanctuarisés »,
appuie Olivier Bianchi, maire (PS)
sortant de Clermont­Ferrand... en
ballottage très favorable.
Et le député (Les Républicains,
LR) du Pas­de­Calais Pierre­Henri
Dumont d’abonder : « Constitu­
tionnellement, je ne vois pas
comment on pouvait faire autre­
ment. Et politiquement, dire qu’on
a exposé les Français au virus mais
que “ça compte pour du beurre”,
c’est intenable. »

« C’est vraiment pas le sujet »
« C’est la campagne la plus étrange
du monde. On ne sait pas trop quoi
faire », confiait un candidat de La
République en marche (LRM)
avant les annonces du président
de la République, lundi. La pour­
suivre et commencer les tracta­
tions, comme au lendemain d’un
premier tour normal? Ou tout
arrêter, en misant sur un report
quasi inévitable du second tour?
Impossible de faire comme si de
rien n’était pour les états­majors
comme pour les candidats, alors
que la crise liée au coronavirus
s’aggrave de jour en jour dans le
pays. Lundi, les inquiétudes de
chacun se faisaient d’ailleurs bien
plus sanitaires que politiques.
« C’est un peu dérisoire de
commenter le résultat de Marcel
Duchemol qui a fait 13 % alors que
la situation sanitaire va devenir
cataclysmique », résumait l’entou­
rage de Marine Le Pen, confinée
chez elle « par précaution ».
A Montpellier, Rhany Slimane,
l’un des animateurs de la liste
citoyenne Nous sommes – soute­
nue par La France insoumise (LFI),
elle a frôlé les 10 % des suffrages et
ne peut pas se maintenir – enché­
rit : « On flippe que nos assesseurs
aient été exposés... On est très
inquiet. Savoir si on soutient quelle
liste, comment, avec qui... C’est
vraiment pas le sujet. »
A 160 kilomètres de là, à Perpi­
gnan, l’écologiste Agnès Lange­
vine (arrivée en troisième posi­
tion avec 14,5 % des voix) s’in­
quiète tout autant pour les mili­
tants, les candidats, les personnes
qui ont tenu les bureaux de vote.

« C’est la fin d’un monde, on vit une
sorte d’effondrement. A cette crise
sanitaire s’ajoute une crise démo­
cratique : comment on organise la
vie politique dans de tels
moments? »
Beaucoup n’ont d’ailleurs pas
attendu la proposition officielle
du premier ministre pour stop­
per leur campagne. Même au sein
du parti présidentiel. Lundi
matin, c’est Agnès Buzyn, la can­
didate investie par LRM à Paris,
qui déclarait arrêter, considérant
qu’elle ne pouvait « être que
médecin » désormais, et appelant
l’ensemble des colistiers et mili­
tants de son parti à « rester chez
eux ». Quelques heures plus tard,
dans un courrier adressé à tous
les candidats, référents et adhé­
rents de LRM, et que Le Monde a
pu consulter, le délégué général
de la formation macroniste,
Stanislas Guerini, demandait « à
tous [les] candidats de suspendre
leur campagne ».
« J’ai eu des militants au télé­
phone qui étaient perdus ce matin,
je leur ai dit de suspendre. C’est fini,
on arrête », lâchait dans le même
temps Philippe Olivier. Le
conseiller de Marine Le Pen et
candidat sur la liste du RN qualifié
pour le second tour à Calais (Pas­
de­Calais) avec moins de 18 % des
voix jugeait même les tergiversa­
tions autour de ce second tour
« lamentables » : « C’est une bande
d’irresponsables, on est en train de
perdre du temps. »
Tard dans la soirée, le ministre
de l’intérieur, Christophe Casta­
ner, a fini par annoncer que le
délai de dépôt des listes – prévu

alors jusqu’au mardi à 18 heures –
était également « repoussé ».
Reste que dans l’attente, il fallait
bien parer à toute éventualité.
« On doit se mettre dans la situa­
tion de déposer des listes [mardi]
après­midi », précisait ainsi lundi
matin Julien Bayou, le secrétaire
national d’Europe Ecologie­Les
Verts (EELV), grande gagnante du
scrutin de dimanche. Tout en
consentant au surréalisme de la
situation...
Certains avaient donc malgré
tout commencé les tractations.
Comme à Pessac, en Gironde, où
Sébastien Saint Pasteur, tête de la
liste citoyenne soutenu par le PS,
les radicaux de gauche, Place Pu­
blique (26,31 %), et Laure Curvale,
la candidate EELV soutenue par le
Parti communiste, LFI, Généra­
tion. s (21,37 %), ont même publié
un communiqué annonçant leur
alliance, lundi à 14 heures, tout en
étant « pleinement conscients du
décalage entre ce communiqué et
l’actualité nationale ».
A Lille, la maire sortante (PS),
Martine Aubry, arrivée en tête
avec 29,8 % des voix, a rencontré
lundi matin les écologistes, ses
partenaires dans la majorité, arri­
vés derrière elle dimanche soir
avec 24,5 % des voix. Dans une
grande salle, pour permettre de
laisser au moins un mètre entre
chacun... mais sans qu’aucun
accord n’aboutisse. Et puisque
tous étaient alors persuadés que
le second tour allait être reporté
au 21 juin, avec dépôt des listes ce
mardi à 18 heures, EELV a fini par
imprimer ses documents de
campagne pour le second tour,
avec la même liste qu’au premier.
Une première, à Lille, depuis trois
mandatures.

Personne n’y croyait guère
La direction du PS avait pourtant
envoyé, lundi matin, une circu­
laire avec les consignes pour
cadrer les négociations locales :
partout, les candidats restés en
lice doivent œuvrer à l’union de la
gauche et des écologistes et, pour
la constitution des listes, appli­
quer la proportionnelle intégrale
pour celles qui fusionnent. Mais
personne n’y croyait guère. « Les
équipes ont fait semblant. Elles
vont devoir faire “pour de vrai” »,
reconnaît Pierre Jouvet, secrétaire
national aux relations extérieu­
res. Trois mois de tractations
s’ouvrent désormais...
A LFI, la confusion était aussi de
mise. « C’est une situation telle­
ment compliquée... Il y a eu des
débuts de négociations à certains
endroits, mais tout le monde
attend[ait] les annonces d’Emma­
nuel Macron. Et les gens n’ont pas

du tout la tête aux élections »,
commente Martine Billard, clé de
voûte du comité électoral « in­
soumis ».
Elu dimanche au conseil muni­
cipal de sa commune de Cœur­de­
Causse, le député (LR) du Lot Auré­
lien Pradié n’a pour l’instant pas
eu le temps de lire la note de son
parti sur le premier tour : « Il y a
tant à faire, organiser l’accueil des
enfants des soignants, le portage
de nourriture pour les personnes
âgées isolées... »

« Un coup de blues »
Le constat est le même pour
plusieurs édiles reconduits di­
manche. Réélu avec plus de 68 %
des voix à Béziers (Hérault), Ro­
bert Ménard n’a pas vraiment eu
le temps de célébrer son triom­
phe. « La crise sanitaire a un peu
foutu un coup de blues à ma
victoire », confie­t­il en sortant
des urgences où il rencontrait les
services sanitaires : « Il n’y a que ça
qui nous occupe. »
Christophe Béchu, lui, est ras­
suré. Sa réélection au premier
tour à Angers lui confère « la légi­
timité du vote » pour prendre des
mesures assurant « la sécurité
sanitaire de nos concitoyens », ex­
plique le maire LR. Sa journée de
lundi, qui aurait été en partie
dédiée aux préoccupations d’en­
tre­deux tours s’il n’avait pas été
réélu au premier, il a donc pu la
consacrer entièrement à la crise
du coronavirus. « Nous avons dû
gérer la fermeture des salles de
sport, des bibliothèques, mais
aussi l’organisation de l’accueil des
enfants de personnel soignants, et
j’en passe... » Sur sa table de
travail : les mariages, avec com­
bien de personnes maximum?
Les transports, maintenus certes,
mais à quelle fréquence? Le
stationnement en cas de confine­
ment... un véritable casse­tête.
« Il a fallu gérer l’accueil des
enfants des personnels hospita­
liers et organiser la continuité des
services publics, je n’ai pas eu
temps de savourer ma victoire »,
glisse, elle aussi, Anne­Lise Du­
four­Tonini, maire (PS) sortante
de Denain (Nord), bien réélue face
au député RN Sébastient Chenu.
Même chose à Bourg­en­Bresse :
« Le gouvernement n’a pas préparé
la population à l’accélération de la
contagion, c’est aux maires de le
faire. Mais on bricole. Normale­
ment au lendemain d’une élection,
on organise les délégations d’ad­
joints et la séance d’installation du
conseil municipal. Là, j’ai dû fer­
mer les services publics, organiser
le télétravail des agents et déclarer
l’interdiction des jeux d’enfants
dans les parcs », raconte Jean­

« C’est la fin
d’un monde.
Comment on
organise la vie
politique dans de
tels moments? »
AGNÈS LANGEVINE
candidate écologiste
à la mairie de Perpignan

Trouver les mots pour parler du coronavirus aux enfants et aux ados


Les psychologues et enseignants conseillent de bien expliquer la situation aux jeunes tout en se montrant rassurant


J’


ai fait un cauchemar qu’un
copain éternuait sur moi et
que j’avais le coronavirus. »
Troquant son grand sourire
par un air grave, Enzo, 7 ans, en CE
à Saint­Sulpice (Tarn), avoue avoir
« peur de l’attraper et que [ses] co­
pains aussi ». Thomas, 8 ans, en
CE2 dans le 15e arrondissement de
Paris, s’est davantage inquiété
quand son joueur de basket pré­
féré, le Français Rudy Gobert – il
joue en NBA pour la franchise des
Utah Jazz –, a contracté la maladie.
« Il a posé beaucoup de questions.
Est­ce qu’on en meurt? Combien il y
a de morts? Quelles seront les con­
séquences pour notre vie », énu­
mère sa mère, Céline.
Pour Léonie, 7 ans, l’anxiété s’est
d’abord cristallisée autour de sa
meilleure amie, Chiara, qui n’est
pas retournée à l’école après les
vacances : la petite fille toussait et
revenait de Milan. Puis vendredi
13 mars, les interrogations se sont
bousculées à mesure que les nou­
velles se succédaient : la fermeture
de l’école, les grands­parents qui
préfèrent ne pas garder leurs pe­
tits­enfants. « Elle m’a demandé si
son papy et sa mamie pouvaient

mourir ; elle a aussi évoqué son
arrière­grand­mère, qui a du dia­
bète », raconte la mère de Léonie,
Amandine Tagnon, institutrice
dans les Hauts­de­Seine.
L’épidémie de Covid­19 est dé­
sormais présente dans les conver­
sations et l’imaginaire des en­
fants et des adolescents. Com­
ment leur en parler sans dramati­
ser ni minimiser?
Béatrice Kammerer et son con­
joint ont choisi d’associer leurs
cinq enfants, âgés de 7 à 17 ans.
Lorsqu’ils décident, quelques jours
avant la fermeture des établisse­
ments scolaires, de les garder à la
maison, la journaliste indépen­
dante, qui vit près de Lyon, a une
discussion avec les aînés « afin de
lister les problèmes que pouvait
poser l’absence d’école ».

Lutter contre les fausses rumeurs
En milieu scolaire, on n’a pas at­
tendu le passage au stade 3 de l’épi­
démie pour faire du coronavirus
un sujet de débats adaptés à cha­
que âge de la scolarité. Expliquer
les « gestes barrière » aux plus jeu­
nes ; rappeler les règles de civisme
aux plus grands. L’exercice est

d’autant plus difficile à une épo­
que où les fausses rumeurs se ré­
pandent plus vite que la maladie. Il
y a la petite Natacha, 6 ans, qui est
rentrée un soir à la maison en di­
sant qu’on lui avait dit de ne pas re­
garder les gens avec des masques.
Clara, 11 ans, accusée d’avoir le vi­
rus parce qu’elle avait un rhume...
« L’une de mes élèves est d’origine
chinoise, reprend Amandine Ta­
gnon. Plusieurs enfants voulaient
qu’elle reste chez elle. » Quand les
élèves de sa classe de grande sec­
tion de maternelle lui demandent,
vendredi 13 mars, au lendemain de
l’annonce faite par Emmanuel Ma­
cron, pourquoi ils vont devoir
quitter l’école, elle leur répond
simplement que « c’est une mesure
pour se protéger, que les microbes
que l’on a dans le corps circulent ».
Pauline Laby, enseignante rem­
plaçante à Paris, raconte avoir elle
aussi fait le choix d’en « parler le
plus simplement possible ». Après
l’accueil du matin, ce même ven­
dredi, la jeune femme a écrit le
« mot qui fait peur » au tableau, en
lettres capitales, tel qu’entendu
dans la bouche de ses élèves de 4 à
5 ans : « CONORAVIRUS. »

François Debat, le maire PS réélu.
L’obsession est partout la
même : se rendre opérationnel.
« On a fait deux réunions de crise
depuis le vote. On communiquera
juste après l’allocution du prési­
dent pour expliquer pratiquement
les choses. Ensuite on pourra faire
comme les Italiens : on chantera à
nos fenêtres », lance, fataliste,
Olivier Bianchi.
Pour le patron du PS, Olivier
Faure, la messe est dite : « Occu­
pons nous maintenant des Fran­
çais en arrêtant le goutte­à­goutte
des décisions gouvernementales. Il
faut annoncer le confinement à
l’italienne. » Le second tour paraît
bien loin.
sarah belouezzane,
alexandre lemarié,
claire mayer (à bordeaux),
abel mestre, laurie moniez
(à lille), lucie soullier
et sylvia zappi

« J’en ai fait un support pédagogi­
que presque comme un autre, ex­
plique cette porte­parole du syn­
dicat des enseignants de l’UNSA.
On a travaillé sur comment le dire
et l’écrire correctement, comment
repérer les lettres. Quand on s’est
quittés, je leur ai expliqué ne pas
savoir quand on se reverrait, mais
que ce serait dans tous les cas une
“bonne surprise”. »

« Je ne lâche rien sur les sorties »
Avec les adolescents, « il faut savoir
écouter et rassurer, bien sûr, mais
aussi responsabiliser, fait valoir
Benjamin Marol, professeur en
collège à Montreuil (Seine­Saint­
Denis) et père de trois enfants de 6,
12 et 14 ans. Ne pas aller en cours est
une chose, mais si c’est pour se réu­
nir à quinze autour d’une console,
ça n’a aucun sens, insiste­t­il. Avec
mes ados, je ne lâche rien sur les
sorties ; je veux qu’ils comprennent
que si on fait dans la demi­mesure,
le confinement ne servira à rien. »
Au risque d’accroître leur stress,
eux que l’on présente partout
comme des « vecteurs » de l’épidé­
mie? « Il y a chez les jeunes une
forme d’inconscience face au dan­

ger, répond ce professeur. L’heure
est grave, et je ne vois pas pourquoi
on leur cacherait. »
De l’insouciance chez ses élèves,
Thibaut Poirot, enseignant en
lycée dans l’académie de Reims
(Marne), en a perçu « au début ». « Il
y a encore dix jours, j’avais droit
presque à chaque cours à la même
boutade : “Monsieur, quand est­ce
que les cours s’arrêtent”? » A la
veille de leur interruption offi­
cielle, l’atmosphère en classe a
changé, raconte­t­il. « Ces adoles­
cents voient pour la première fois
les adultes autour d’eux accuser le
coup. Et ils posent des questions
d’adultes : est­ce que l’économie
mondiale va s’effondrer? Est­ce que
nos stocks vont s’épuiser? » Pour
s’en sortir, l’agrégé d’histoire a pris
appui sur sa discipline, remontant
à 1939, à 1968, mais aussi à la tem­
pête de 1999.
« Le plus important, c’est de don­
ner aux plus jeunes un message
simple, confirme Hervé Magnin,
psychothérapeute comportemen­
taliste en Savoie, auteur de Sur­
monter ses peurs (Jouvence, 2008).
La peur a tendance à engendrer un
évitement de l’information. Or, c’est

sur la base de l’ignorance que la
peur se développe. » « Il s’agit de ré­
pondre à toutes leurs questions.
Quand ils sont petits, on peut leur
demander ce qu’ils en pensent pour
ne pas projeter sur eux des idées
qu’ils n’ont pas, complète Béatrice
Copper­Royer, psychologue clini­
cienne à Paris. Et il s’agit d’essayer
de filtrer ses émotions. »
Dans son cabinet de Nanterre
(Hauts­de­Seine), la psychologue
clinicienne Aline Nativel Id Ham­
mou voit des jeunes inquiets du
comportement des adultes. « Ils
ne comprennent pas certains effets
de panique de leurs parents ou les
nouvelles injonctions d’ hy­
giène : “lave­toi les mains”, “ne fais
plus de bisous aux copains”, “ne
touche pas ton frère”. »
Pour parler aux plus jeunes, elle
recommande de passer par le des­
sin, le jeu et les histoires. « On peut
raconter l’histoire du roi virus qui
veut conquérir le monde et affronte
des bataillons de médecins, propo­
se­t­elle. Et rappeler qu’on guérit de
la maladie, surtout chez les enfants
et les jeunes adultes. »
mattea battaglia
et audrey garric

LE  CONTEXTE


REPORT  DU  SCRUTIN
Le second tour des municipales,
qui devait se tenir dimanche
22 mars, a été reporté au mois
de juin. « Un projet de loi examiné
[mardi] par le Conseil d’Etat or-
ganisera le report de ce scrutin à
une date ultérieure, au plus tard
au mois de juin », a déclaré lundi
soir le ministre de l’intérieur,
Christophe Castaner. La date du
21 juin semble être privilégiée
par le gouvernement, selon plu-
sieurs sources. Concrètement,
les résultats du premier tour
sont donc « acquis », selon
M. Castaner, notamment pour
les quelque 30 000 maires qui
ont été élus dès dimanche
15 mars. Pour le reste des com-
munes, soit près de 5 000 muni-
cipalités, les résultats du pre-
mier tour sont gelés, et le délai
qui était jusqu’à présent fixé au
mardi 17 mars à 18 heures pour
déposer les listes du second tour
a été suspendu. En mai, un point
d’étape sur la situation sanitaire
devrait être fait, afin de vérifier si
l’organisation du second tour en
juin est bien réalisable.
Le report d’une élection est une
décision extrêmement rare sous
la Ve République. En 2004 et
2012, le gouvernement avait dé-
cidé de décaler des élections lo-
cales prévues quelques années
plus tard, à chaque fois pour
éviter un embouteillage électo-
ral avec plusieurs scrutins
programmés à quelques mois
d’intervalle.
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