Le Monde - 18.03.2020

(Nancy Kaufman) #1
0123
MERCREDI 18 MARS 2020 coronavirus | 9

L’hôpital de Creil sous tension


L’établissement a accueilli le premier patient français mort du Covid­


L’


hôpital de Creil (Oise)
est sous pression de­
puis le déclenchement
du plan blanc, le 25 fé­
vrier. Le premier patient français
victime du nouveau coronavirus,
un enseignant de 60 ans, mort
dans la nuit du 25 au 26 février, à la
Pitié­Salpêtrière, à Paris, avait été
pris en charge pendant six jours
dans l’établissement de l’Oise,
sans avoir été auparavant dia­
gnostiqué. Depuis, l’hôpital fait
face à un afflux continu de pa­
tients atteints du Covid­19, et doit
revoir quotidiennement son or­
ganisation pour absorber le choc.
« Il y a un grand épuisement et
parfois de la colère, alerte Co­
rinne Delys, secrétaire générale
de la CGT dans l’établissement.
On ne pourra pas compter long­
temps comme ça sur le dévoue­
ment du personnel hospitalier. »
Avec plus de 25 morts, le départe­
ment de l’Oise est l’un des foyers
épidémiques les plus précoces et
les plus virulents de France. En­
tre le 25 février et le 15 mars, le
groupe hospitalier a accueilli
186 patients potentiellement
contaminés. Une cinquantaine
ont été diagnostiqués positifs et
onze sont morts.
Médecins, infirmières, aides­
soignantes, brancardiers, mani­
pulateurs radio, agents d’entre­
tien... plus d’une cinquantaine
d’agents en contact avec le pre­
mier patient décédé avaient été
placés en confinement jusqu’au
10 mars, obligeant le service de
réanimation à fermer, faute de
bras. Aujourd’hui, il tourne à plein
régime. Et si la quarantaine est

terminée, trois médecins et deux
infirmières sont désormais infec­
tés. « La crainte de la contagion est
bien réelle parmi les équipes, car
on sait parfaitement que l’on est
très exposé », explique Mme Delys.
Une inquiétude décuplée par le
manque de masques, de surche­
mises ou de lunettes. « Notre stock
de masques est de six jours et, pour
la plupart, ils sont périmés », pré­
vient la syndicaliste. La semaine
dernière, certains soignants en
contact avec des patients infectés
en étaient même dépourvus.
Aucun n’a encore fait jouer son
droit de retrait, mais bon nombre
y ont songé.

Situation « très très tendue »
Contactée par Le Monde, la direc­
tion de l’établissement reconnaît
des « tensions réelles » sur les
stocks de matériel de protection,
qui nécessitent « une gestion très
fine des usages ». « La durée de
l’épidémie dans le temps accentue
ces difficultés », précise­t­on de
même source.

Plus que la pénurie de matériel,
c’est le manque de bras qui pèse
sur le moral des troupes. « La si­
tuation est très très tendue », ré­
sume Mme Delys, qui travaille en
oncologie. Avant même l’irrup­
tion du coronavirus, les services
des urgences de l’hôpital de Creil
étaient en grève illimitée depuis
le 31 janvier, pour réclamer davan­
tage de moyens.
L’Agence régionale de santé des
Hauts­de­France a promis des
renforts. Et l’établissement es­
père pouvoir aussi bénéficier de
la réserve sanitaire. En attendant,
on se débrouille comme on peut.
Des anciens ont été rappelés
pour prêter main­forte. Une
quinzaine de retraités ont ré­
pondu présent. Parmi eux, un in­
fectiologue a repris du service,
lundi 16 mars.
La prise en charge des enfants
du personnel, depuis lundi, a éga­
lement apporté un peu d’oxy­
gène. La semaine dernière, la fer­
meture des écoles avait entraîné
un fort absentéisme. Mais l’an­
nonce, lundi soir, par le chef de
l’Etat, du confinement généralisé,
nourrit de nouvelles inquiétudes.
« D’un jour à l’autre, on est obligé
de s’adapter, et le dispositif est déjà
dépassé au bout de vingt­qua­
tre heures », témoigne un agent
sous le couvert de l’anonymat.
Face à l’afflux de nouveaux mala­
des, l’hôpital achète des lits, des
chevets. « On ouvre des lits à tour
de bras », précise la même source.
Aujourd’hui, quarante­cinq sont à
disposition pour accueillir les pa­
tients atteints du Covid­19. L’ob­
jectif est de doubler la capacité.

Ceux qui étaient éparpillés
dans différents services sont ras­
semblés. Une nouvelle aile de
l’établissement va être investie.
La réanimation compte seule­
ment quinze lits, dont six sont
occupés par des patients infectés.
Les six lits de l’unité dite « de sur­
veillance continue » vont être
transformés pour en augmenter
les capacités. « Ce n’est pas encore
la saturation, mais on tourne à
plein », glisse­t­on à la « réa ».
Pour l’heure, la question corné­
lienne d’un choix entre les pa­
tients à traiter ne se pose pas en­
core, assure­t­on au sein de l’éta­
blissement.

Afflux de nouveaux malades
Hormis pour le service de cancé­
rologie, toutes les interventions
médicales et chirurgicales non ur­
gentes ont été déprogrammées.
La direction a également fermé
l’accueil de jour des patients souf­
frant d’Alzheimer.
« Le personnel est très mobilisé
depuis le début de cette crise sani­
taire sans précédent, et malgré la
fatigue inévitable, il fait face aux
nécessités de manière absolument
formidable, avec grand courage et
ténacité, commente le directeur
de l’hôpital de Creil, Didier Saada.
On se focalise surtout sur les méde­
cins, les infirmiers et les aides­soi­
gnants, dont le travail est remar­
quable, mais les “héros du quoti­
dien” ce sont aussi tous ceux qu’on
ne voit pas : les personnels de mé­
nage, les cuisiniers, les administra­
tifs, les informaticiens, les électri­
ciens, les plombiers... »
stéphane mandard

« On ne pourra
pas compter
longtemps
comme ça sur
le dévouement
du personnel
hospitalier »
CORINNE DELYS
secrétaire générale de la CGT
à l’hôpital de Creil

Confinés, beaucoup d’urbains optent pour


le départ : « On savait qu’il fallait faire vite »


De milliers de personnes ont décidé de se mettre au vert, malgré les recommandations


P


artir le plus vite possible.
Alors que la possibilité
d’un confinement total de
la population française se préci­
sait ces derniers jours, des mil­
liers de personnes ont quitté Paris
et les grandes villes. Dès diman­
che 15 mars, tandis que le gouver­
nement venait d’ordonner la ré­
duction des transports de longue
distance pour éviter la propaga­
tion de l’épidémie de Covid­19, les
trajets de train en provenance de
la capitale et à destination de plus
petites villes étaient pris d’assaut.
Sans attendre l’annonce par
Emmanuel Macron, lundi soir,
d’un confinement généralisé
pour au moins quinze jours sur
l’ensemble du territoire, Théo a
pris le train afin de s’isoler « dans
un village vendéen de neuf habi­
tants », où la famille de sa compa­
gne possède une maison.
Pour sonder cette France sur le
départ, Le Monde a lancé un appel
à témoignages, qui a recueilli une
soixantaine de réponses. Des
hommes et des femmes, généra­
lement âgés de 18 à 40 ans, ayant
fait le choix de quitter les grandes
agglomérations, en faisant fi des
recommandations du premier
ministre, Edouard Philippe, de ne
pas utiliser les transports en com­
mun. Ils ferment les yeux sur les
alertes lancées par les médecins,
inquiets du risque de propagation
du virus en cas de départs massifs
vers des régions moins touchées
par l’épidémie.

Le dernier bateau
C’est notamment le cas des îles,
comme Belle­Ile, au large du Mor­
bihan. En vingt­quatre heures, la
péninsule a vu arriver des dizai­
nes de continentaux inquiets. Les
personnels de la compagnie ma­

ritime confirment une augmen­
tation du nombre de passagers,
avec une centaine de personnes
en moyenne par ferry, principale­
ment des résidents secondaires.
Claire, elle, a eu le dernier bateau
de 19 h 30, en partance de Quibe­
ron, dimanche soir. « On savait
qu’il fallait faire vite », commente
la jeune femme de 27 ans, partie
dans l’après­midi de Paris, avec
son compagnon et trois amis.
La succession d’annonces faites
par les membres de l’exécutif du­
rant la semaine écoulée a fini
d’alimenter une angoisse latente.
« Il y a eu une prise de conscience
en très peu de temps. On a fini par
se rendre compte que l’épidémie
était bien présente », commente
Claire, qui connaît peu de choses
de cette île aux allures de carte
postale, où elle va s’installer
« pour une durée indéterminée ».
Ce dont elle est persuadée, c’est
qu’elle y sera « mieux qu’à Paris,
où l’ambiance est oppressante ».
Comme elle, les personnes ayant
répondu à notre appel à témoi­
gnages opposent « les cages à
poule parisiennes » aux « grands
espaces » des zones rurales. « En­
tre être à la campagne ou enfermé
dans un studio, le choix était vite
fait », résume Théo, qui s’apprête
à vivre confiné avec son amou­
reuse depuis deux mois.
« Ce n’est pas la peur du virus qui
nous a décidés de partir mais la
crainte du confinement », confie
Thomas, 36 ans, parti de Clichy
avec sa femme, direction l’Eure.
« Nous habitons un trois­pièces et
venons d’avoir notre troisième en­
fant », précise le cadre administra­
tif, évoquant la difficulté du télé­
travail dans une telle configura­
tion. Clara, 25 ans, 20 m^2 ; Pierre,
30 ans, 35 m^2 ; Guilhem, 18 ans,

12 m^2 ... Tous ont fait le choix du
« repli stratégique ». Si la Bretagne
et la Normandie apparaissent
comme des destinations privilé­
giées, les départs se font à travers
toute la France.
Mais, pour partir, il faut en
avoir les moyens. Lundi, de nom­
breux trains étaient supprimés
ou complets quand les trajets
restants avoisinaient la centaine
d’euros. Thomas, qui a pris la
route de la Bretagne avec sa
femme et leurs deux filles, a con­
tacté cinq agences de location de
voitures, avant de parvenir à
trouver un utilitaire. « Six de mes
clients m’ont appelé pour me de­
mander de préparer leur villa, té­
moigne pour sa part un major­
dome, sous couvert d’anonymat.
Une famille parisienne expatriée
à Londres doit arriver cette nuit »
au Cap­Ferret (Gironde).
Partir est aussi le choix des « in­
conséquents », estiment certains
internautes qui se sont résignés à
rester. Noémie, 36 ans, décrit « un
vrai cas de conscience », craignant
« de propager le virus, dont je suis
peut­être porteuse, et de le trans­
mettre à ma mère de 65 ans ». Pour
la même raison, Bertrand, 27 ans,
n’ira pas à Nantes, mais à Toulon,
chez son petit frère.

D’autres, généralement étu­
diants, n’ont pas hésité à rejoin­
dre leurs parents, évoquant par
exemple « un environnement con­
fortable en cette période très incer­
taine au climat anxiogène ». Majo­
ritairement conscients des ris­
ques qu’ils font encourir aux per­
sonnes plus âgées, les internautes
contactés assurent avoir pris
leurs précautions durant le
voyage, puis une fois sur place.
La compagne de Théo a trouvé
des masques de protection au dé­
botté. Thomas, lui, assure qu’il
respectera « l’absence de contact
avec toute autre personne ». Et
Egan, adepte des théories de l’ef­
fondrement, prévoit « de rester
confiné entre jeunes, c’est moins
dangereux pour les autres, plus
sympathique pour nous ».

Des livres et Netflix
Alors que le gouvernement se
laisse la possibilité de prolonger
les mesures au­delà de
quinze jours, certains se disent
prêts à tenir dans la durée, évo­
quant un programme chargé :
« sport, création du potager, réha­
bilitation du poulailler, pêche, ba­
lades à vélo et à cheval, grand mé­
nage, mais aussi télétravail », liste
Mathieu, 28 ans, en route vers le
domicile de ses parents, dans la
campagne tourangelle. Théo, lui,
a emporté quelques livres de Vir­
ginie Despentes et mise sur ses
abonnements Netflix et Canal+.
A l’instar d’autres internautes,
l’idée de quitter Paris trottait dans
la tête de Claire depuis un mo­
ment. Essayant de voir le côté po­
sitif de cette crise, la jeune femme
en recherche d’emploi conclut :
« Ce sera peut­être l’occasion d’un
nouveau départ. »
cécile bouanchaud

Accueil des migrants : les


associations s’alarment


La crise sanitaire affecte dangereusement
l’aide aux populations les plus fragiles

E


n gros, tout est fermé. »
Quand elle passe en revue
la liste des structures
d’aide aux migrants à Marseille,
Tanina Ouadi, de Médecins du
monde (MDM), n’en trouve pas
qui survivent encore aux mesu­
res de distanciation sociale et dé­
sormais de confinement prises
pour lutter contre l’épidémie due
au Covid­19. Telle permanence ju­
ridique? Fermée. Tel accueil de
jour? Fermé. Telle consultation
psychologique? Fermée... « Ce qui
m’inquiète le plus, ce sont les distri­
butions alimentaires, dit­elle. Si les
personnes solidaires ne peuvent
plus les assurer, ça risque de dégé­
nérer. » De l’autre côté de la
France, à Grande­Synthe (Nord),
Claire Millot, de l’association
d’aide aux migrants Salam, par­
tage la même angoisse. « Les béné­
voles se font porter pâle.
Aujourd’hui [lundi 16 mars], on a
encore réussi à assurer la distribu­
tion de repas, mais, demain, je ne
sais pas comment on va faire, con­
fie­t­elle. Il y a 400 personnes qui
vivent à la Linière [des hangars
abandonnés], on ne sait pas com­
ment ils vont manger. »
Une vingtaine d’associations qui
interviennent à Calais et Grande­
Synthe ont adressé lundi une let­
tre ouverte aux pouvoirs publics
et aux maires des deux villes pour
les enjoindre de prendre « des me­
sures à la hauteur de la crise sani­
taire » pour les « personnes exi­
lées » présentes sur le littoral et qui
s’entassent dans des tentes sans
bien souvent disposer du mini­
mum d’hygiène. « On demande
des douches mobiles et une mise à
l’abri », martèle Claire Millot.
A Aubervilliers (Seine­Saint­De­
nis) – où s’est déporté un campe­
ment de migrants après les der­
niers démantèlements à Paris dé­
but 2020 –, « environ 500 person­
nes vivent sur un terrain vague
particulièrement insalubre, sans
point d’eau ni de toilettes, alors
qu’on dit aux gens de ne pas se re­
grouper et de se laver les mains »,
alerte Louis Barda, de MDM. Si
aucun cas de Covid­19 n’a été
identifié parmi cette population,
la promiscuité et l’absence d’hy­
giène constituent un facteur de
risque. « Aujourd’hui, quarante
personnes étaient présentes à
notre clinique mobile pour qu’on
leur prenne la température, rap­
portait lundi Louis Barda. On voit
l’inquiétude qui monte. Il faut une
évacuation rapide. »

Personnes vulnérables
A Lyon, Rennes, Marseille, Tou­
louse... les situations à risque sont
aussi nombreuses que la vie dans
des espaces insalubres est répan­
due, dans des squats notamment.
« L’agence régionale de santé évo­
que des “lieux de déferrement”
pour extraire les gens des endroits
de promiscuité, rapporte Tanina
Ouadi, à Marseille, où 200 per­
sonnes migrantes occupent de­
puis des mois un bâtiment du
diocèse. Mais on ne sait pas exac­
tement ce que les pouvoirs publics
vont mettre en place. »
La situation des centres de réten­
tion administrative (CRA) – dans
lesquels transitent quelque
45 000 étrangers en situation irré­
gulière chaque année – est, elle
aussi, source de vives inquiétudes.
La Cimade, qui intervient à l’inté­
rieur de ces établissements, n’a
pas connaissance de cas avéré de
Covid­19, mais elle exige la ferme­
ture des CRA depuis vendredi.
« Les conditions sanitaires ne sont
pas suffisantes, expose David
Rohi, chargé des questions de ré­
tention à la Cimade. D’autant qu’il
y a des personnes vulnérables, at­
teintes du VIH ou d’hépatite B, qui,
en cas d’infection, peuvent subir
des conséquences très graves. Et
puis, les expulsions sont impossi­
bles dans de plus en plus de pays. »

Dans une ordonnance du
15 mars, un juge de la liberté et de
la détention parisien – confirmée
le 16 mars par la cour d’appel de
Paris – a d’ailleurs ordonné la libé­
ration d’un Ivoirien en raison, no­
tamment, de la fermeture pro­
gressive des frontières et de l’ab­
sence de « gestes barrières » suffi­
sants pour empêcher la
propagation du virus dans le CRA.
Outres les risques encourus par
les personnes migrantes, ceux
qui pèsent sur les personnels in­
tervenants impactent les servi­
ces. Lundi, la Cimade a com­
mencé à retirer ses équipes des
CRA. « C’est ce que font la plupart
des associations. On a réalisé le ni­
veau de danger de la situation »,
justifie David Rohi.

Maraudes reportées
Les services publics destinés aux
étrangers sont eux aussi mena­
cés. Lundi, le ministère de l’inté­
rieur a suspendu « jusqu’à nouvel
ordre » l’accueil des demandeurs
de titres de séjour dans les préfec­
tures, tout en prolongeant de
trois mois la durée de validité des
documents de séjour (titres, récé­
pissés...). Certaines opérations re­
latives à l’asile – jugées indispen­
sables – doivent en théorie conti­
nuer d’être assurées. Mais la Cour
nationale du droit d’asile (CNDA)
a suspendu lundi ses audiences
« jusqu’à nouvel ordre » et les mis­
sions de relocalisation ou de
réinstallation de réfugiés depuis
l’étranger ont aussi été ajournées.
Lundi, à Paris, l’association
France terre d’asile (FTDA) n’a pas
réussi à organiser une maraude
pour se rendre dans les campe­
ments de migrants. Vendredi, un
« droit de retrait général » a aussi
été exercé dans les locaux qui re­
groupent la Plate­forme d’accueil
des demandeurs d’asile, gérée par
FTDA, et le guichet unique du de­
mandeur d’asile, qui regroupe les
services de la préfecture et de l’Of­
fice français de l’immigration et
de l’intégration (OFII). « C’est très
difficile de maintenir une présence
sur le terrain, confie Pierre Henry,
le directeur de FTDA. Des salariés
s’occupent de leurs enfants,
d’autres sont malades et il y a une
panique générale, mais il faut re­
mobiliser les gens pour que les plus
précaires ne souffrent pas d’une
rupture de service. »
Dans un mail du 13 mars adressé
à de nombreuses structures d’ac­
cueil et d’hébergement des de­
mandeurs d’asile – et que Le
Monde a consulté –, le directeur
de l’OFII, Didier Leschi, a d’ailleurs
dû rappeler qu’en dehors des clus­
ters l’orientation des demandeurs
d’asile vers des lieux d’héberge­
ment demeure une « priorité ab­
solue ». « Le refus de l’accueil par
principe ne sera pas pris en consi­
dération », souligne­t­il. Pourtant,
lundi, un centre géré par l’associa­
tion Coallia, dans les Hauts­de­
Seine, refusait d’accueillir une
femme et ses deux enfants, fai­
sant valoir une suspension des
admissions « jusqu’à nouvel or­
dre ». Idem, mardi, de la part d’un
centre en Vendée géré par l’asso­
ciation Areams... « On est dans
une situation très problématique,
reconnaît Didier Leschi. Un public
vulnérable va subir doublement la
crise sanitaire du fait de la crainte
qu’il inspire chez ceux censés les
accueillir. »
julia pascual

« C’est très
difficile de
maintenir une
présence sur
le terrain »
PIERRE HENRY
directeur de France terre d’asile

« Entre être
à la campagne
ou enfermé
dans un studio,
le choix était
vite fait »
THÉO
Parisien
Free download pdf