Libération - 08.10.2019

(Axel Boer) #1

Les socialistes portugais
ont des raisons de jubiler :
de façon manifeste et
claire, les électeurs ont re-
nouvelé leur confiance à
António Costa, qui préside
aux destinées du pays de-
puis 2015. Avec 36,6 % des
suffrages et 106 députés, ils
ne sont qu’à dix sièges de la
majorité absolue. Il est
d’ores et déjà acquis que le
Premier ministre sortant
restera quatre années sup-
plémentaires à la tête du
pays. Et ce avec l’appui par-
lementaire du Bloco de
­Esquerda, équivalent por-
tugais de La France insou-
mise, qui conserve ses


19 députés et qui, dimanche
soir, a exprimé le souhait de
rééditer l’alliance conclue
en 2015 avec le PS. Un appel
du pied aussitôt accepté par
António Costa, qui a clamé,
un grand sourire aux lè-
vres : «Les Portugais aiment
la geringonça !»
La gerinconça, qui sert de-
puis quatre ans à nommer
l’inédit accord des trois for-
ces de gauche (socialistes,
communistes et Bloco), a
cessé d’avoir une connota-
tion péjorative : pour les for-
ces de gauche, cet accord de
solidarité parlementaire
avait permis en novem-
bre 2015, à la surprise géné-

rale, de former un ­exécutif
autour d’António Costa,
alors que la droite avait em-
porté le scrutin. Depuis, le
chef de file socialiste a pu
gouverner en minorité,
mais de façon stable.
Malgré un taux d’absten-
tion très élevé (45,5 %), dont
tous les leaders disent être
«préoccupés», la nette vic-
toire d’António Costa con-
sacre l’indiscutable réussite
des socialistes, qui ont su
relancer la politique sociale
(notamment la hausse du
salaire minium et des re-
traites) tout en se pliant à
l’orthodoxie budgétaire
dictée par Bruxelles avec un

déficit public ramené de 11
à 0,5 %. De quoi s’assurer le
soutien de leurs partenaires
à gauche (dont les commu-
nistes qui, en quarante-
quatre ans de démocratie,
n’avaient jamais appuyé un
exécutif socialiste), tout en
recevant les éloges de
Bruxelles et du FMI. Certes,
les socialistes ont admis
que la «conjoncture risque
d’être moins riante», mais
cela n’a pas empêché Costa
de promettre une «bonne
santé économique grâce au
lancement de grands tra-
vaux publics».
François Musseau
Envoyé spécial à Lisbonne

Science L’eau sur Mars s’est volatilisée
il y a 3,5 milliards d’années

L’eau des lacs et des rivières de la planète Mars s’est évaporée
du fait de fluctuations climatiques, selon une étude publiée
lundi dans Nature Geoscience. Cette eau liquide a disparu sans
que l’on sache pourquoi ni comment. Des chercheurs ont donc
étudié des données du rover américain Curiosity récoltées
en 2017 dans le cratère de Gale, vieux d’environ 3,5 milliards
d’années : «Durant cette période, l’environnement de Mars était
en train de changer radicalement. Son atmosphère était active-
ment érodée par le vent solaire», a expliqué l’un d’eux. Photo AFP

Au Portugal, l’union des gauches


d’António Costa fait florès


Autriche


Le jeune dirigeant conser-
vateur Sebastian Kurz a été
officiellement chargé de
former le gouvernement
par le président de la Répu-
blique autrichien, Alexander
Van der Bellen. Les négocia-
tions s’annoncent difficiles
pour le vainqueur des législa-
tives du 29 septembre. «Je
vais entamer cette semaine
des discussions avec tous les
dirigeants des partis repré-
sentés au parlement», a indi-
qué Kurz, 33 ans. Par le passé,
les tractations ont pu durer
jusqu’à cent vingt-neuf jours.
Sans le soutien du FPÖ (ex-
trême droite), avec lequel il a
gouverné pendant dix-huit
mois, Kurz pourrait se tour-
ner vers les sociaux-démo-
crates ou opérer un virage à
180 degrés en s’alliant aux
Verts, grands gagnants du
scrutin (+10 % par rapport au
précédent scrutin). Ces der-
niers ont averti qu’ils ne s’al-
lieraient à Kurz que s’il effec-
tuait un «changement
politique radical», réclamant
des engagements concrets
sur les questions environne-
mentales.


Espagne


Le Premier ministre espa-
gnol sortant Pedro Sanchez
a promis lundi d’augmenter
les pensions de retraite et le
salaire minimum en présen-
tant son programme pour les
législatives du 10 novembre.
«En décembre, nous mettrons
à jour les pensions de 2020 en
les indexant sur l’indice réel
des prix à la consommation»,
a-t-il annoncé devant les ca-
dres du Parti socialiste. Les
pensions de retraite ne sont
plus indexées sur l’inflation
depuis 2014, une décision du
gouvernement conservateur
pendant la crise pour rééqui-
librer les comptes publics. Il
a également promis de revoir
à la hausse le salaire mini-
mum, qu’il avait déjà aug-
menté de 22 % en janvier, le
portant à 1 050 euros par
mois. Le pays connaîtra en
novembre ses quatrièmes lé-
gislatives en quatre ans, San-
chez n’ayant pas obtenu les
soutiens suffisants pour être
reconduit au pouvoir après
une victoire électorale trop
courte en avril. Selon les son-
dages, il aura du mal à réunir
une majorité.

Lundi, c’était le coup d’envoi
de la «rébellion interna­-
tionale d’octobre» pour le
climat. Plusieurs milliers de
militants du mouvement
éco­logiste radical Extinction
Rebellion (XR) ont bloqué le
quartier de Westminster,
cœur politique de Londres.
Des foules modestes mais

très efficaces ont immobilisé
l’avenue où sont regroupés
les principaux ministères,
dont le 10, Downing Street.
A Berlin, sur la Potsdamer
Platz, plusieurs centaines de
personnes se sont rassem-
blées dans une ambiance
­bigarrée : musique, dégui­-
sements d’animaux, body

painting et parapluies multi-
colores. «Nous avons besoin
de gens qui marchent dans
les rues en masse, des masses
sans précédent, afin de com-
mencer à faire partie de la
solution», a clamé Luisa
Neubauer, figure de proue
du mouvement Fridays for
Future en Allemagne. A

­Paris, après avoir investi
pendant le week-end le cen-
tre commercial Italie 2, près
de 1 500 activistes ont
­occupé la place du Châtelet
et le pont au Change. Sur-
motivés, les «rebelles» pro-
mettent d’essayer d’y cam-
per pendant trois jours.
Photo Tolga Akmen. AFP

Extinction Rebellion paralyse le centre de Londres


Nobel de médecine : un bol d’oxygène
Le prix Nobel de médecine a été attribué lundi aux ­Américains Wil-
liam Kaelin et Gregg Semenza et au Britannique Peter Ratcliffe pour
leurs recherches sur l’adaptation des cellules à l’apport variable
d’oxygène, permettant de lutter contre le cancer et l’anémie. «L’im-
portance fondamentale de l’oxygène est connue depuis des siècles,
mais le processus d’adaptation des cellules aux variations de niveau
d’oxygène est longtemps resté un mystère», a souligné l’assemblée
Nobel, qui avait reçu 633 nominations cette année. Photo AFP

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