PHOTOS: GETTY IMAGES/C (FAMILLE); STOCKSY/E (CADEAU).
Réinventer nos
O
n ne surprendra personne
en disant que Noël a perdu
sa connotation religieuse au
Québec. Alors, pourquoi continue-
t-on de le fêter? «Ça demeure un
temps fort de l’année, parce qu’il est
associé à une période d’arrêt et de re-
pos, mais aussi aux rencontres fami-
liales et aux réjouissances», répond la
professeure d’ethnologie à l’Université
Laval, Martine Roberge.
Et c’est tout à fait normal que la fête
se transforme au fil du temps. C’est
même essentiel à sa survie. «S’il n’y a pas
de possibilités de s’approprier le rite, de
le personnaliser, il sera complètement
délaissé par les gens. À partir du mo-
ment où une tradition n’a plus de sens
dans la société où elle circule, elle dispa-
raît», poursuit Martine Roberge.
«C’est important que les célébra-
tions soient à l’image de notre clan et
de notre culture familiale plutôt que
d’appliquer une formule», clame
Chantal Dauray, auteure de Réinventez
vos cérémonies, fêtes et rituels et de la col-
lection «Célébrons!». Alors, allons-y!
TRADITIONS DE NOËL
En différé
Les familles recomposées se trouvent souvent face à un dilemme: avec
quel parent les enfants passeront-ils le 25 décembre? Audrey, 40 ans,
a une famille recomposée de six enfants âgés de 10 à 19 ans.
Rassembler la marmaille à Noël aurait pu devenir une source de conflit
entre les parents, mais ceux-ci ont trouvé une recette qui convient à
tout le monde. «Quand j’étais avec le père de mes enfants, on fêtait
toujours le 24 dans ma famille et le 25 dans la sienne, dit-elle. Et c’était
pareil pour mon conjoint et son ex. Alors, on a conservé la même
formule: les six enfants sont avec nous le 24 et l’on réunit nos parents
et nos deux frères pour fêter tous ensemble.» Bref, tout est une ques-
tion d’accommodement: certaines familles vont même souligner Noël
aussi tôt qu’en novembre, parce que les grands-parents ont l’habitude
de partir en Floride pendant l’hiver. «Il n’y a plus une seule date pour
célébrer Noël, retient Martine Roberge. La nature de la fête s’est trans-
formée, mais nous éprouvons toujours ce besoin de partager un
temps unique en famille.»
AU QUÉBEC, ON A
LONGTEMPS ASSOCIÉ NOËL
AU SAPIN, À LA DINDE ET À
LA TOURTIÈRE MANGÉES EN
FAMILLE AU RÉVEILLON, PUIS
À LA MESSE DE MINUIT ET
AUX CADEAUX. PLUSIEURS
DE CES COUTUMES ÉTANT
DIFFICILEMENT CONCILIABLES
AVEC LES NOUVELLES
RÉALITÉS D’AUJOURD’HUI,
PEUT-ON SE PERMETTRE DE
LES RÉINVENTER?
Par Amélie Cournoyer
58 |
DÉCEMBRE 2020
COUPDEPOUCE.COM
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