éDITORIAL
naMaSTé,
Andrea Semprini
Qu’est-ce que la liberté? L’homme peut-il être libre? Et le souhaite-t-il
vraiment? Autant de questions que les philosophes se posent depuis tou-
jours. L’Occident, avec la Renaissance et les Lumières, a cultivé une vision
politique et sociale de la liberté : s’affranchir des dogmes, de l’arbitraire
du pouvoir ; questionner les vérités établies ; choisir comment vivre. C’est
quand ces libertés sont menacées (terrorisme, populisme, intolérance) que
nous réalisons combien elles sont au cœur de notre projet de vie commune.Mais cette focalisation sur les libertés politiques ne saurait occulter une
autre dimension de la liberté, plus intime, existentielle. Le discours courant
tend à associer la liberté à l’individualisme, à l’autonomie, au libre choix.
Toutefois, cette vision fait l’impasse sur une autre dimension de la liberté,
tout aussi importante : celle intérieure, celle qui se situe en nous, dans nos
cœurs et dans nos esprits et qui guide nos choix et nos actions.C’est cette liberté intérieure qui nous fait progresser ou, quand elle
nous fait défaut, nous empêche d’avancer. Et c’est un effort permanent
d’écoute et de travail sur soi de cultiver cette liberté et de l’aider à grandir
en nous. Nous libérer de nos peurs, de l’autocritique destructrice et trouver
la force de croire en nous, en notre bonté, en notre beauté aussi, en notre
force. C’est vers cette liberté-là que le yoga nous accompagne.Il le fait en opérant une inversion mystérieuse et magique. Quand nous
sommes sur le tapis, le yoga nous rappelle sans cesse que nous avons un
corps et que ce corps est limité, plein de contraintes, bref, tout sauf libre.
La souplesse qui nous manque, l’équilibre instable, la posture improbable.
Et surtout le souffle, ce geste si simple et primordial qui nous rappelle à
chaque instant que nous avons besoin de respirer pour vivre.En nous ramenant à notre finitude, le yoga nous fait comprendre que
c’est en acceptant ces limitations que nous pouvons entamer le chemin de
la liberté. Vivre le souffle, par exemple, non pas comme une contrainte,
mais comme le moyen d’entrer en contact avec plus grand et plus infini
que nous. Prendre conscience de nos limites ouvre alors une porte pour
commencer un cheminement de sagesse et d’acceptation. Et c’est à cet
instant, ô combien unique et personnel pour chacun, que la liberté devient
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