Les Echos - 31.10.2019

(Martin Jones) #1
Jeudi 31 octobre vendredi 1er
et samedi 2 novembre 2019
http://www.lesechos.fr

Nicolas Richaud
@NicoRichaud

Brut n’e n finit plus de grandir. Le média aux
vidéos très populaires sur les réseaux
sociaux vient de lever 4 0 millions de d ollars,
auprès des fonds Red River West d’Artemis
et Blisce d’A lexandre Mars, qui font leur
entrée au capital et ont mené l’opération. A
aussi participé l’ensemble des investisseurs
historiques (bpifrance, Cassius, Next-
World, etc.). Ce tour de table valoriserait la
start-up tricolore à près « de 130 millions de
dollars », selon une source proche du dos-
sier. Avec cette manne, le groupe va notam-
ment recruter une dizaine de personnes
aux Etats-Unis, faisant monter les effectifs à
50 salariés au sein de son bureau new-
yorkais (pour 140 dans le monde) et se
constituer une équipe commerciale sur son
premier marché en termes d’audience.
Devant l’Inde et la France.
En juillet 2018, Brut avait levé 10 millions
d’euros. « A l’époque, on voulait s’implanter
sur un plan éditorial aux Etats-Unis et y éta-
blir notre marque média. Maintenant, on va
s’attaquer à la monétisation sur ce marché,
détaille Guillaume Lacroix, qui a cofondé la
jeune pousse aux côtés de Laurent Lucas,
Renaud Le Van Kim et Roger Coste il y a
trois ans.

250 millions de spectateurs
uniques par mois
Depuis, ce média nouvelle génération a
connu une ascension fulgurante. « Nous
avions fait un business plan sur une feuille
et nous nous étions dit qu’on visait les
20 millions de vues la première année.
Nous les avons atteints en six semaines »,
se remémore Guillaume Lacroix. Lors du
mois de septembre, Brut a cumulé 1,1 mil-
liard de vues, toutes plates-formes con-
fondues. Aujourd’hui, 50 % des audien-

ces de la jeune pousse bleu-blanc-rouge
sont générées via Facebook et un tiers sur
Snapchat. Revendiquant 250 millions de
spectateurs uniques par mois, le groupe
s’est fait un nom à l’étranger où ses conte-
nus sont accessibles dans près de 60 pays.
La recette de Brut? « C’est un média glo-
bal. Leurs vidéos traitent de sujets qui par-
lent à tous les millennials : la diversité,
l’environnement, le droit des femmes, etc.
Et cela leur permet de traverser les frontiè-
res en touchant cette tranche d’âge dans le
monde entier », fait valoir Alfred Vericel,
cofondateur du fonds Red River West
cocréé avec Artemis. « Trois espèces

d’araignées étonnantes » et « Que se pas-
serait-il si... les humains disparais-
saient... » sont les deux vidéos « made in
Brut » les plus populaires sur Facebook.

Rentable en France
« On a une communauté plus qu’une
audience. Nous sommes un média conversa-
tionnel et nos vidéos suscitent des dizaines de
milliers de commentaires », détaille Renaud
Le Van Kim. « Brut est parvenu à créer un
vrai engagement avec leurs spectateurs qui
ont envie d’être partie prenante du média.
C’est leur grande force », approuve Alexan-
dre Mars, PDG du fonds Blisce. Pour

J

CAC 40
5.765,87 points

0,45 % J

DOW JONES
27.098,26 points

0,10 % n

EURO/DOLLAR
1,1121 $

-1,48 34 % J

ONCE D’OR
1.492,1 €

0,3598 % n

PÉTROLE (BRENT)
60 ,98 $
-1,0065 %

DEVISESEUR/GBP0,86 37 EUR/JPY1,2108EUR/CHF1,1019GBP/USD1,28 74 USD/J PY1,089USD/CHF0,9909TAUXEONIA-0,463 LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,405OAT 10 ANS-0,1418T- BONDS 10 ANS1,83 88


Agbar 20
Airbus 34
AT&T 22
BNP Paribas 28, 34
BPCE 28
Bruneau 26
Brut 15
Citi 28
Commerzbank, 28

Crédit Agricole 28
Crédit Agricole SA 34
DeepMind 23
Dongfeng 17
DPCA 17
Fiat Chrysler Automobiles
16-
GE 26
Hylink 22

Ibat 26
InMemori 24
Jeep 17
L’Oréal 34
MatriMiles 26
Pimkie 31
Proxinvest 29
PSA Peugeot Citroën
16-17, 34

Industrie européenne : la France
pousse pour plus de coordination
A quelques jours de la visite d’Emmanuel
Macron en Chine, son conseiller pour les
affaires européennes, Clément
Beaune, a insisté mercredi, à
Berlin, sur l’urgence pour
l’Europe de parler d’une seule
voix. // P. 18

InMemori, une croissance
qui s’i nternationalise
La plate-forme d’accompagne-
ment face au décès d’un proche
vient de contracter avec l’un des pre-
miers acteurs de l’assurance-obsèques
aux Etats-Unis. 400.000 personnes ont
interagi avec elle depuis la création
d’InMemori en 2016. // P. 24

Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux

Les Nations unies jouent d e malchance avec
les pays en développement, hôtes tous les
deux ans de la conférence sur le climat, les
COP, en alternance avec les pays riches.
Après Fidji, en 2017, c’e st au Chili de faire
faux b ond. Sebastián Piñera, le président de
l’Etat andin, a annoncé mercredi que son
pays renonçait à accueillir ce sommet qui
devait réunir les représentants de plus de
190 pays, du 2 au 13 décembre à Santiago.
Une décision prise « avec un profond senti-
ment de d ouleur », a expliqué le chef de l’Etat
conservateur. Celui-ci renonce aussi à orga-
niser le sommet de la Coopération écono-
mique pour l’Asie-Pacifique (APEC) qui
devait réunir ses 21 pays membres les 16 et
17 novembre dans la capitale chilienne.

Une situation à risques
Le motif de cette double annulation trouve
son origine dans le mouvement de contes-
tation contre les inégalités socio-économi-
ques qui secoue le pays depuis douze jours.
Une instabilité à ce point inédite qu’elle a
amené le gouvernement de Santiago à

Brut, la star des vidéos pour les réseaux


sociaux, lève 40 millions de dollars


l’heure, la France est le seul marché où Brut
est rentable et celui où il génère la grande
majorité d e ses revenus. Le groupe se rému-
nère essentiellement via les contenus de
marques – particulièrement intéressées par
la capacité du groupe à s’adresser aux
moins de 35 ans –, ainsi que le « licensing »
de ses vidéos. A l’instar du partenariat signé
dès mars 2017 avec France Télévisions.
« On veut répliquer le même modèle aux
Etats-Unis et en Inde », note Guillaume
Lacroix. Quid de la rentabilité à l’échelle du
groupe? « On devrait pouvoir y arriver d’ici
dix-huit mois à deux ans », estime Renaud
Le Van Kim. Impossible n’est pas Brut.n

Les fondateurs de Brut (de gauche à droite) Guillaume Lacroix, Renaud Le Van Kim, Laurent Lucas et Roger Coste.

mobiliser l’armée, a insi qu’à d écréter l e cou-
vre-feu et instaurer l’é tat d’urgence. Sans
garantie, pour l’instant, d’un retour au
calme, ce que le président Piñera n’imagi-
nait pas il y a encore quelques jours, se
déclarant alors pour le maintien d e l’organi-
sation de la COP25 à Santiago.
La France, hôte de la COP21, en décem-
bre 2015, alors frappée au cœur par les
attentats du 13 novembre, s’était trouvée
dans une situation similaire. Au prix d’une
forte mobilisation policière, l’événement
avait été maintenu, dans un pays lui aussi
placé en état d’urgence. Le cas du Chili dif-
fère. Le pays s’était porté candidat après le
renoncement du Brésil à accueillir une COP
dont la portée n’est pas celle de Paris où s’est
conclu un accord historique sur le climat.
A Santiago, l’enjeu était d’actualiser les
ambitions de chaque Etat p our tenir l’objec-
tif des deux d egrés de réchauffement. C’e st à
la COP suivante, à Glasgow, que doit sonner
l’heure de vérité sur leurs engagements. En
attendant, il y a urgence à pallier la défec-
tion de Santiago. Le nom du Costa Rica, qui
a accueilli au début du mois la pré-COP, qui
précède chaque conférence, a circulé. La
COP pourrait aussi se tenir à Bonn. La cité
rhénane dispose d’infrastructures adap-
tées, comme elle l’a démontré en organisant
la COP23 sous présidence fidjienne.n

Climat : le Chili renonce


à accueillir la COP 25


Romain Gueugneau
@romaingueugneau

Nouvel écueil pour Natixis. Selon nos
informations, l’Autorité des marchés
financiers (AMF) enquête depuis c et été
sur le titre Natixis et sur la manière dont
la banque a communiqué à l’occasion
des pertes de 260 millions d’euros
subies en Asie fin 2018, qui avaient à
l’époque fait décrocher l’action.
Le régulateur a interrogé des salariés
de Natixis et effectué des visites au siège
de la banque. Rien ne dit si cette
enquête, qui peut durer plusieurs mois,
aboutira à des sanctions de la part du
gendarme boursier. Interrogée par
« Les Echos », la direction de Natixis
estime que ce genre d’enquêtes est
fréquente en cas d’avertissement sur
résultat et que l’action n’a pas connu de
mouvements suspects en Bourse avant
son information aux marchés.

Les e nquêteurs s’intéressent à l’infor-
mation délivrée aux marchés à cette
époque. La banque d’investissement du
groupe BPCE avait signifié le 18 décem-
bre 2018 aux investisseurs avoir eu un
accident sur des produits de couverture
dans des dérivés actions sur les mar-
chés asiatiques. Le gendarme boursier
examine par ailleurs l ’alerte donnée par
un ancien employé, qui pointe du doigt
une transaction réalisée en novembre
2018 par un dirigeant de Natixis, peu de
temps avant l’annonce de la perte en
Asie. Le directeur des risques de
Natixis, Pierre Debray, a en effet cédé
32.292 actions au prix de 5,1270 euros,
soit un montant de 165.561 euros le
14 novembre 2018.

3 millions d’euros d’amende
Ce salarié, en contentieux avec son
ex-employeur, interroge le niveau
d’information privilégiée ou non, dont
disposait le dirigeant. Pour la banque,
dont l’inspection générale a mené une
enquête interne, l’accusation est sans
fondement. « Les ventes de titres par les
dirigeants de Natixis sont strictement
encadrées, déclarait-elle en février. Cette
vente a respecté précisément les règles et
les procédures en vigueur et a été réalisée
en toute transparence avec l’AMF. »
L’enquête du gendarme boursier
intervient quatre mois après les déboi-
res de son fonds affilié H2O. Fin septem-
bre, la filiale des Banques Populaires et
des Caisses d’Epargne a écopé de 3 mil-
lions d’euros d’amende dans le cadre de
ses activités de gestion d’actifs pour
avoir notamment « méconnu l’obli-
gation d’agir de manière honnête, loyale
et professionnelle dans l’intérêt des
porteurs ».
En juillet 2017, Natixis AM avait éga-
lement été sanctionnée à hauteur de
35 millions d’euros – un record – pour
avoir « manqué à ses obligations pro-
fessionnelles dans la gestion des fonds à
formule entre 2012 et 2015 ». La banque
avait fait appel devant le Conseil
d’Etat.n

Pertes en Asie :


Natixis dans


le viseur


du gendarme


boursier
PLATES-FORMES

BANQUE


ENVIRONNEMENT


Les enquêteurs
s’intéressent
à l’information
délivrée aux marchés
fin 2018.

Renault 34
SNCF 19
Société Générale 34
Suez 20
Warner Media 22
Xooloo 24
AVIS FINANCIER
Lectra 19

=


LES ENTREPRISES
CITÉES

l’essentiel


Le chanvre prêt à décoller
à la faveur de nouveaux usages
Papiers, isolants, bétons biosourcés, ali-
mentations composites, le chanvre est
une plante à tout faire p our l’indus-
trie et, malgré un démarrage
difficile, les e ntreprises multi-
plient les investissements.
// P. 25

L’avenir de Proxinvest
préoccupe la place
de Paris
A 70 ans, Pierre-Henry Leroy,
veut céder les 60 % du capital qu’il
détient dans l’agence de conseil en vote
qu’il a fondée en 1995. Certains acteurs de
la place de Paris craignent qu’elle ne

Shutterstock passe sous pavillon américain. // P. 29


Ben

jami

n Col

la
s
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