Les Echos - 31.10.2019

(Martin Jones) #1

Les Echos Jeudi 31 octobre vendredi 1er et samedi 2 novembre 2019 ENTREPRISES// 19


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Le rapport du Conseil d’Administration, les états financiers et le communiqué complet des neuf premiers mois
de 2019 sont disponibles sur lectra.com.
Les résultats financiers du quatrième trimestre et de l’exercice 2019 seront publiés le 11 février 2020.

(Sauf indication contraire, les variations sontàdonnées comparables).

Troisième trimestre
Les commandes de nouveaux systèmes(28,0 M€) sont
stables.
Le chiffre d’affaires (68,6M€) est stable (+2%àdonnées
réelles). Le résultat opérationnel (12,3 M€) progresse de
2%, et le résultat net (8,7 M€) de 11%àdonnées réelles.

Neuf premiers mois
L’évolution des devises, et en particulier la hausse du dollar
par rapportàl’euro,aeuuni mpact positif sur les résultats
de la période.
Les neufpremiersmois de l’année ont été marqués par
un attentismetrès important de la part de nombreuses
entreprises, notamment des secteurs de la mode et de
l’automobile,dans un contexte d’incertitude et de crainte.
Ce climatdéfavorable est pour l’essentiel la conséquence
de la guerre commercialeentreles États-Unis d’un côté,
le Mexique, la Chine et l’Europe de l’autre, et du
ralentissement du secteur automobile, en particulier en
Chine.
Dans ce contexte, les commandes de nouveaux systèmes
(81,9 M€) reculent de 10% par rapport aux neufpremiers
mois de2018.
Le chiffre d’affaires recule de 3% (-1%àdonnées réelles)
et le résultat opérationnel de 4% (ilaugmente de 5% à
données réelles).
La marge opérationnelle (14,4%) diminue de 0,1 point (elle
progressede 0,8 pointàdonnéesréelles).
Le résultat net (21,3 M€) augmente de 6%àdonnées
réelles.
Lescapitaux propress’établissentà174,9 M€. La trésorerie
disponible et la trésorerie nette atteignent 102,4 M€.

Perspectives 2019
La sociétéaindiqué, le 29 juillet, qu’elleanticipait une baisse de 1%à5%duchiffre
d’affaires et de 4%à14% du résultat opérationnel courant,àdonnées comparables.
Les résultats du troisième trimestre et des neuf premiers mois de l’exercice confortent
cette anticipation.

CHIFFRE
D’AFFAIRES

205,8M€
-3%*

RESULTAT
OPERATIONNEL

29,7 M€
-4%*

MARGE
OPERATIONNELLE

14,4%
+0,1 point*

RESULTATNET

21,3 M€
+6%

CASH-FLOWLIBRE

18,1 M€


TRESORERIE
NETTE
102,4 M€

*données comparables

NEUF PREMIERS MOIS DE 2019:BONNE RÉSISTANCE
DU RÉSULTAT OPÉRATIONNEL MALGRÉ
UN ENVIRONNEMENT MACROÉCONOMIQUE DÉGRADÉ

naux comme des juteux axes de
TGV. Pour les 140.000 cheminots,
cette énième réforme revient d’une
certaine manière à couper le cordon
organique avec l’Etat, explique un
proche du groupe.

Fin du statut
Un geste d’autant plus dur à avaler
qu’il s’accompagne de la fin du
fameux statut, du moins pour les
futurs embauchés. L’un des der-
niers piliers du temple va ainsi tom-
ber, même si ses effets réels s’é tale-
ront sur plusieurs décennies. Les
règles historiques, dont la garantie
de l’emploi, continueront en effet à
s’appliquer pour 125.000 agents.
Selon les projections internes, dans
dix ans, 80 % des effectifs devraient
encore être au statut. Un nouveau
contrat social, qui est fin prêt, selon
une bonne source, vise à créer des
passerelles entre les deux popula-
tions. L’entreprise devra veiller à
rester attractive, mais l’idée est bien
de ne surtout pas refaire « un statut
bis », prévient-on en interne.
Comme l’a indiqué récemment
Jean-Pierre Farandou devant les
députés et sénateurs, à travers les
prochaines réformes, « il s’agit de
resceller le pacte entre la SNCF et le
pays ». En signe de soutien, l’Etat
effacera 35 milliards de dettes sur
50 milliards, afin de permettre « un
retour à l’équilibre financier du sys-
tème ferroviaire en 2022 ». Comment
y parvenir en interne? Le nouveau
patron a déjà détaillé sa check-list : il
faudra « développer de nouvelles

recettes, réduire les coûts d’exploita-
tion et optimiser les investisse-
ments ». Bien conscient néanmoins
que les troupes, déboussolées,
rechigneront face à de nouveaux
efforts : « Les cheminots sont un peu
perdus : il y a eu beaucoup de réfor-
mes successives depuis cinq ans, cela
n’a pas arrêté », a-t-il reconnu face
aux députés.

Grève stérile
La longue grève « saute-mouton »,
au printemps 2018 (34 jours étalés
sur trois mois), n’a pas été le moin-
dre des revers pour les cheminots.
Ils n’ont toujours pas digéré de
n’avoir pu empêcher l’adoption de la
réforme ferroviaire, qui transforme
la SNCF en société anonyme (SA) et
met fin au statut. Le dialogue social
a également été perturbé depuis les
ordonnances Macron, qui ont sup-
primé dans l’entreprise nationale
400 délégués du personnel et
600 comités d’hygiène, de sécurité
et de conditions de travail (CHSCT).
Résultat, « il n’y a plus de dialogue
entre la base et la direction », déplore
un représentant de SUD-rail.
Un autre chantier clef attend
déjà le nouveau PDG : la constitu-
tion de son état-major, sujet qu’il a
eu six semaines pour méditer.
Outre le social et la nouvelle gou-
vernance, « nous sommes partis
pour un trimestre de changement de
management, plusieurs postes
seront renouvelés », prédit un cadre.
Au siège de Saint-Denis, les paris
sont ouverts.n

Jean-Pierre Farandou s’installe


aux commandes de la SNCF


l Le successeur de Guillaume Pepy prendra officiellement ses fonctions vendredi.


lDans un climat social explosif, il n’aura pas la partie facile, surtout s’il veut dégainer un plan de productivité.


exceptionnel a débouché sur des
droits de retrait en cascade (au
moins 700 tractionnaires). Encou-
ragés par la CGT-cheminots, ils ont
paralysé sans préavis des TER et
des TGV en plein départ des vacan-
ces de la Toussaint. La série noire
s’est poursuivie cette semaine avec
une grève, elle aussi non annoncée,
de l’atelier de maintenance de l’axe
Atlantique à Châtillon (Hauts-de-
Seine), qui a forcé la compagnie à
annuler de très nombreux TGV.
Ces deux conflits jettent une
ombre sur le bilan du président sor-
tant. Ils révèlent, derrière les bons
résultats financiers du groupe, un
corps social au bord de la crise de
nerfs, qui reste toujours opposé à la
réforme ferroviaire de 2018 et à la
très sévère cure de productivité et
de réorganisations qui va avec.

Inhabituelle maladresse
de communication
Comme à son habitude, Guillaume
Pepy s’est démultiplié dans les
médias pour amortir les effets de
cette crise sur l’image de la compa-
gnie. Il s’est rangé du côté des
clients, pointant pour les droits de
retrait une « grève illégale »? Cela
lui a valu des répliques cinglantes
des syndicats, qui ont dénoncé un
patron « plus prompt à insulter les
cheminots qu’à les défendre ».
Surtout, le maître ès communi-
cations s’est, pour une fois, montré
maladroit. En annonçant le rem-
boursement des billets de tous les
voyageurs concernés, mais égale-

Les adieux contrariés de Guillaume Pepy


Lionel Steinmann
@lionelSteinmann


Pour son dernier jour à la tête de la
SNCF, ce j eudi 31 octobre,
Guillaume Pepy sera de midi à
14 heures dans le hall du siège de la
SNCF, à Saint-Denis (Seine-Saint-
Denis). Le patron sortant du
groupe f erroviaire a fait savoir il y a
quelques jours aux salariés (dans
un mot manuscrit et envoyé par
courriel) qu’il serait disponible
pour discuter avec ceux qui le sou-
haiteraient. Une manière de rap-
peler, une dernière fois, son goût
pour le contact direct avec la base.
Les adieux à l’e ntreprise qu’il a
dirigée durant onze ans et huit
mois (un record) et qu’il a incarné
pour le grand public comme
aucun autre avant lui ne se dérou-
lent toutefois pas comme il l’aurait
imaginé. Alors que le reste de
l’année avait été très calme sur le
front social, la SNCF doit faire face
depuis quinze jours à une brusque
poussée de fièvre qui pénalise for-
tement les clients.
Le 16 octobre, un accident à un
passage à niveau dans les Arden-
nes entre un TER et un convoi


Le président sortant quitte
le groupe qu’il a dirigé
pendant plus de onze ans
en pleine crise sociale.
Les bons résultats écono-
miques sont relégués au
second plan par la poussée
de fièvre cheminote.


Denis Fainsilber
[email protected]


Il prend tous les matins son Transi-
lien en gare de Bécon-les-Bruyères,
a passé la batterie de certificats de
sécurité maison dans sa jeunesse,
connaît le prix d’une locomotive de
fret (8 millions d’euros pièce) ; il fait
la différence entre un tire-fond et
une éclisse, et sait que Latour-de-
Carol est l’une de ces gares frontaliè-
res où l’écartement des voies diffère
côté espagnol. A soixante-deux ans,
Jean-Pierre Farandou, qui parle
« cheminot première langue » pour
avoir fait toute sa carrière dans le
groupe public, s’installe au poste de
conduite de la SNCF, et n’ignore rien
des difficultés du voyage qui
s’annonce. Son mandat est fixé à
quatre ans, et non pas cinq, comme
son prédécesseur, pour tenir
compte de son âge et de l’éventualité
d’un renouvellement.
« On a besoin de reprendre un peu
de temps long e t un peu de stabilité, de
reposer l es choses », espère un cadre.
Un vœu chimérique? Pas sûr que
l’actualité laisse à l’état-major beau-
coup le temps de souffler. Avec ses
170 métiers différents, ses multiples
accords sociaux dérogatoires de
l’accord d’entreprise et, surtout, les
très nombreux défis qui s’annon-
cent à court terme, l’opérateur
public donne l’impression d’être
une véritable poudrière sociale.


« Nouvelle SNCF »
au 1er janvier
Le temps du diagnostic s’annonce
très court. La « nouvelle SNCF »,
selon l’expression consacrée,
nécessitera un pilotage tout en
doigté p our ne pas dérailler. D ès son
arrivée dans le fauteuil de
Guillaume Pepy, son successeur
girondin sera sous pression. Le vrai
baptême du feu est déjà fixé au
5 décembre, avec la grève, sans


TRANSPORT


doute reconductible, liée à la
réforme des retraites. Parti de la
RATP, le mouvement en gestation a
tôt fait de trouver un écho à la SNCF.
Certains syndicats s’emploient déjà
à « faire bouillir la marmite », en
montant une stratégie de tension
sociale depuis plusieurs jours, pour

l’amener juste en deçà du point
d’ébullition.
Outre ce conflit « importé », Jean-
Pierre Farandou devrait affronter
rapidement d’autres frictions socia-
les, dues cette fois à des causes inter-
nes. La SNCF historique, qui avait
déjà été bien secouée en janvier 2015

avec la création des trois Epic dis-
tincts (le holding de tête, SNCF
Réseau e t SNCF Mobilités), changera
à nouveau de statut en janvier 2020,
devenant une « société nationale à
capitaux publics ». Il s’agit de résister
à la concurrence ferroviaire qui arri-
vera bientôt en face des trains régio-

Jean-Pierre Farandou succède le 1er novembre à Guillaume Pepy pour un mandat de quatre ans.
Photo Lionel Bonaventure/AFP

ment l a création d’un fonds
d’indemnisation de 1 million
d’euros pour rembourser les frais
de taxis ou d’hôtel, Guillaume Pepy
voulait donner l’image d’une SNCF
qui prend soin de ses clients. Mais il
a suscité l’ire de plusieurs prési-
dents de région, qui ont déploré
une attention excessive aux clients
TGV, faisant des usagers du quoti-
dien les grands oubliés du disposi-
tif. « Eux aussi doivent être rem-
boursés de la galère qu’ils ont
traversée », a, par exemple, déclaré
la présidente de la région Ile-de-
France, Valérie Pécresse. L’initia-
tive a fait finalement plus de
mécontents que d’heureux.
A cela s’ajoute le flou sur son
avenir professionnel. Le poste de
président d u conseil de sur-
veillance de Keolis, fonction non

exécutive pour laquelle il avait
marqué son intérêt au printemps,
ne devrait pas lui être accordé : il a
annoncé à des proches qu’il ne
serait plus dans le transport l’an
prochain. Fin septembre, il a
annoncé lors d’un dîner avec la
presse qu’il allait s’accorder « un
long break » début 2020, avant de
préparer de nouveaux projets. Un
arrêté, publié le 25 octobre au
« Journal officiel » et actant sa
mise en disponibilité du Conseil
d’Etat pour un an, a confirmé la
chose. Certains lui prêtent depuis
des mois l ’envie de monter un cabi-
net de chasseur de têtes. Un ponte
du ferroviaire, qui le connaît de
longue d ate, ne se fait pas d e souci :
« Guillaume Pepy est comme les
chats, il retombe toujours sur ses
pattes », assure-t-il.n

La conflictualité s’enracine


C’était l’un des points-clef de la feuille de route
de Guillaume Pepy, lorsque Nicolas Sarkozy l’a nommé
à la présidence de l’opérateur ferroviaire, début 2008:
faire baisser la conflictualité, via un pacte de moderni-
sation sociale. Onze ans et demi plus tard, le bilan est
maigre : le corps social cheminot n’hésite pas à
débrayer pour des raisons multiples. Au total en 2019,
64.103 journées de travail ont été perdues dans l’entre-
prise de janvier à septembre. En 2018, ces chiffres
étaient montés beaucoup plus haut (667.085 jours),
en raison du conflit sur la réforme ferroviaire. Soit le
niveau le plus élevé depuis le record toutes catégories
de 1995 (1,055 million de journées perdues). Baromètre
qui montre cruellement les limites du dialogue social.
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