Les Echos - 31.10.2019

(Martin Jones) #1

26 // PME & REGIONS Jeudi 31 octobre vendredi 1er et samedi 2 novembre 2019 Les Echos


innovateurs


Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes


L’usine d’éoliennes offshore de GE
Renewable Energy, installée à
Saint-Nazaire en 2014, entre enfin
dans une ère de grandes séries. Ce
site de 19.000 mètres carrés a déjà
assemblé 80 machines, mais il s’en
tenait à de petites séries, à l’excep-
tion d’un contrat de 66 machines
pour l’Allemagne. Il démarre
aujourd’hui la fabrication des
80 turbines de type Haliade 150, des
machines de 6 mégawatts destinées
au parc éolien de Saint-Nazaire
exploité par EDF. « L’acheminement
des composants et des matériaux est
en cours sur le site de production de
Saint-Nazaire, où l’assemblage des
nacelles débutera au second trimes-
tre 2020 pour une installation et une
mise en service prévues courant
2022 », explique GE.
Déjà l’Haliade 150 est supplantée
par l’Haliade-X, d’une puissance de
12 mégawatts, ce qui en fait la plus


gent. Maxiburo était né. « A l’époque
j’étais à Shanghai chez 3 Suisses, qui
était alors propriétaire du groupe
Bruneau. J’ai donc fondé Maxiburo
dans le cadre d’une mobilité
interne », explique le directeur g éné-
ral de Maxiburo, Marc Wacheux.
Aujourd’hui, l’entreprise basée à
Villebon-sur-Yvette (Essonne),
comme Bruneau, désormais détenu
par le fonds Equistone Partners
Europe, réalise un chiffre d’affaires
de l’ordre de 20 millions d’euros avec
un peu moins de 20 salariés. « Ça
fonctionne bien, la rentabilité est
même bonne pour une entreprise qui
exerce des activités dans le domaine
du low cost, sourit le dirigeant. En
fait, c’est une affaire de recherche de
l’efficacité, de gestion sobre des res-
sources. »
Pour y parvenir l’entreprise, qui
est toujours filiale à part entière de
Bruneau, s’appuie sur son action-
naire tant pour ses achats que sa
logistique. Entre la maison mère,
qui a depuis développé son propre
site de vente en ligne, et sa filiale, les
frontières sont claires. E lles vendent
les mêmes produits – 35.000 réfé-

Date de création : 2016
Présidente : Mélanie Lehoux
Montant : 2,4 millions d’euros
Effectif : 15 personnes
Secteur : BTP

Laurent Marcaillou
—Correspondant à Toulouse

Fondé en 2016 à Toulouse, Ibat,
éditeur de logiciels de gestion
des dépenses de chantier du
BTP, vient de finaliser un finan-
cement de 2,4 millions d’euros,
dont une majeure partie en
fonds propres auprès d’Irdi Sori-
dec Gestion, de la Caisse d’Epar-
gne de Midi-Pyrénées et d’inves-
tisseurs privés. Il est complété
par une subvention et un prêt de
bpifrance. Ancienne conduc-
trice de travaux et acheteuse
chez Eiffage, Mélanie Lehoux, sa
présidente-fondatrice, a cons-
taté que la gestion des dépenses
d’achats, de main-d’œuvre et de
sous-traitance des chantiers lui
prenait 40 % du temps, faute
d’outil adapté. Les chefs de chan-
tier passent les commandes ora-
lement aux fournisseurs, ce qui
génère des erreurs et un long
travail de récupération des bons
de livraison. Après un MBA,

l’ingénieure en bâtiment a donc
recruté un expert en informati-
que et un chef de projet pour
concevoir un logiciel de com-
mande en ligne multifournis-
seur, avec une version mobile
déconnectée. Vendu par abon-
nement, Ibat Achat a été lancé
en 2017.

Système autonome
A la demande des entreprises,
l’éditeur a commercialisé en
octobre 2018 deux autres appli-
cations pour la gestion de la
main-d’œuvre e t la consultation
des sous-traitants, sur la même
plate-forme. Plutôt que de com-
parer les offres sur des tableaux
Excel au risque de faire des
erreurs d’analyse, les fournis-
seurs déposent leur proposition
de façon normalisée. De même,
la numérisation de la gestion de
la main-d’œuvre permet d’anti-
ciper les dérives du budget
horaire. Ibat a recherché la sim-
plicité d’utilisation et structuré
les bases de données pour les
transmettre sur smartphone.
« Notre système est autonome,
mais peut s’interfacer avec le logi-
ciel de gestion ERP de l’entreprise.
C’est sa valeur ajoutée », souli-
gne Mélanie Lehoux.
Implanté à Toulouse, Bor-
deaux et Paris, Ibat a une ving-
taine de clients de toute taille,
dont les groupes Demathieu
Bard, Eurovia et Spie Batignol-
les. Avec ces fonds, la société va
adapter ses logiciels aux PME et
TPE qui pourront les utiliser en
ligne sans formation. Elle veut
aussi commercialiser ses solu-
tions en Europe et en Afrique d u
Nord via des partenaires.n

LE FINANCEMENT IBAT


Ibat

Le système qui digitalise


les dépenses de chantier


Date de création : 2019
Président : Olivier Ordonneau
Effectif : 1 personne
Secteur : sciences humaines

Paul Molga
— Correspondant à Marseille

MatriMiles s’invite dans la vie
de couple avec un concept
disruptif pour harmoniser les
relations conjugales. La start-up
marseillaise a développé, avec
l’aide de psychologues, une
application où les deux parte-
naires peuvent noter leurs inte-
ractions. « Son principe est de
dédramatiser les conflits du quo-
tidien par le jeu, en permettant à
chacun de valoriser son implica-
tion dans la relation de façon
objective. Notre application note
les petits gestes faits en faveur de
l’autre et du ménage », explique
Olivier Ordonneau, son prési-
dent-fondateur.
Disponible depuis quelques
jours sur l’App Store, l’applica-
tion permet d’associer des points


  • miles, d’où son nom – à des
    actions validées par le conjoint,


d’assigner des bonus à certains
gestes et de créer des challenges
pour améliorer des aspects clefs
de la vie du couple. Par exemple,
rentrer plus tôt du travail pour
s’occuper des devoirs des
enfants vaut une sortie entre
copines sans couvre-feu... « Il ne
s’agit pas d’introduire de la com-
pétition dans le couple, mais de
trouver le juste équilibre dans la
relation, poursuit-il. Avec notre
application, on prend conscience
de la valeur des petits comme des
grands gestes de son partenaire. »

Une IA de coaching
Les psychologues qui ont aidé à
l’élaboration de cet outil parlent
de contourner les biais cognitifs
qui font que chacun interprète
la pensée et les actes de l’autre.
En se mettant à la place de sa
moitié, ce que facilite Matri-
Miles, on travaille plus en cons-
cience sur la construction du
couple. Par le jeu, on peut enfin
aborder des sujets sensibles
sans risquer le conflit. « C’est un
moyen détourné de parler plus
souvent de ses relations de cou-
ple, avant qu’elles ne dégénèrent.
On compte les points avant de
régler les comptes », résume-t-il.
Au-delà du jeu, l’ambition de
MatriMiles est de développer
une intelligence artificielle (IA)
de coaching qui permette d’aler-
ter le couple sur les attentes et
les envies de l’autre et de pointer
les nœuds de tension. Un pro-
gramme de recherche collabo-
ratif avec un réseau d’experts
vient d’être lancé.n

Shutterstock

rences –, mais les services complé-
mentaires ou les offres premium
sont pour la maison mère.

Privilégier la rapidité
Maxiburo est clairement concentré
sur la recherche de l’efficacité. Son
site Internet a été conçu pour
numériser l’essentiel des tâches
avant-vente et après-vente, mais
propose quand même des devis,
toujours nécessaires pour certaines
choses, et un petit catalogue papier
qui permet aux habitués d’aller très
vite. L’automatisation des tâches
s’applique essentiellement à des
prestations très utiles pour les
entreprises clientes, comme la
demande en ligne d’un duplicata de
facture. « Les meilleurs clients sont
ceux qui passent le moins de temps
sur le site », note Marc Wacheux.
Dans l’immédiat, l’entreprise se
concentre sur le marché français,
même si son a ctionnaire e st présent
en Espagne et en Belgique. « Les
sociologies du bureau sont très diffé-
rentes d’un pays à l’autre, or un mar-
ché existe à travers la demande des
clients », rappelle le dirigeant.n

puissante éolienne offshore au
monde. Le prototype, dévoilé cet
été, a été installé jeudi à Rotterdam
pour une batterie de tests devant
conduire à la certification de
l’engin, dans un an. Une deuxième
turbine, en cours d’assemblage à
Saint-Nazaire, sera expédiée en
Angleterre au centre d’essais d’ORE
Catapult à Blyth pour éprouver ses
performances et sa fiabilité moteur.
La carrière commerciale de ce

monstre de 75 0 tonnes semble bien
engagée. L’Haliade-X vient d’être
retenue par le groupe danois Ørs-
ted, qui prévoit d’en installer une
centaine dans deux de ses parcs
américains, au large du Maryland
et du New Jersey. Leurs mises en
service sont respectivement pré-
vues en 2022 et en 2024, après les
autorisations réglementaires et la
signature du contrat final.
GE Renewable Energy a aussi été

retenu en tant que « fournisseur
privilégié » par Dogger Bank Wind
Farms, qui développe ce qui devien-
dra « le plus grand parc éolien en
mer au monde », à 130 kilomètres
des côtes du Yorkshire, au Royau-
me-Uni.

300 turbines pour
l’Angleterre
Là, ce sont 300 Haliade-X qui ali-
menteront plus de 4,5 millions de
foyers, « soit l’équivalent de 5 % envi-
ron de la production d’électricité esti-
mée au Royaume-Uni », selon les
porteurs du projet. Les premiers
mégawatts sont prévus pour 2023,
mais le financement reste à finaliser.
Pour produire ces 480 machi-
nes, Saint-Nazaire doit donc rapi-
dement augmenter la cadence.
D’ici à la mi-2020, l’effectif de
140 salariés d oit ê tre p orté à 350 et
46 millions d’euros d’investisse-
ments ont été programmés
entre 2018 et 2023. L’usine dispose
ainsi de cinq années de visibilité,
et d’autres annonces pourraient
prolonger ce plan de charge.
Quant au site LM Wind Power,
filiale de GE qui produit à Cher-
bourg (Manche) les pales de
107 mètres de l’Haliade-X, il fait
l’objet de 75 millions d’euros
d’investissements et ses effectifs
passeront de 120 à 3 20 personnes
cette année.n

PAYS DE LA LOIRE


L’unité, ouverte fin
2014, décolle avec
près de 480 éoliennes
offshore à construire,
soit 5 ans de visibilité.


Saint-Nazaire : l’usine d’éoliennes GE


passe aux grandes séries


Le rotor, qui relie les pales de l’éolienne au générateur d’électri-
cité, est à la mesure de ces géants de 750 tonnes. Photo DR

Maxiburo se pose en laboratoire


de la vente en ligne


Dominique Malécot
@DMalecot

A la fin des années 1990, le groupe
Bruneau, spécialiste de la vente à
distance de fournitures de bureau
aux professionnels, décèle le poten-
tiel des nouvelles technologies. Per-
suadé qu’elles risquent de se tra-
duire par une guerre des prix, il se
dote d’une filiale pour défendre ses
intérêts sur ce marché alors émer-

La Manufacture Charentaise menacée


NOUVELLE-AQUITAINE L’avenir de La Manufacture Charentaise
(LMC), dernière fabrique en Charente de la célèbre pantoufle, présidée
par l’ex-ministre Renaud Dutreil, actuellement en redressement judi-
ciaire, semble s’obscurcir avec le retrait, mardi, de l’offre de reprise des
Tricots Saint-James. Cette offre était la plus favorable en termes
d’emplois avec 38 salariés repris sur les 108 que compte LMC. Deux
autres dossiers étaient en lice, celui de Pascal Becker, ex-cadre supé-
rieur du groupe suisse Givaudan, qui a assuré maintenir son offre, et
celui le duo d’investisseurs parisiens Stéphane Collaert et Thierry Le
Guénic, repreneurs de Chevignon, qui aurait également retiré son offre.

en bref


TTH et Cegelec Defense vont se partager
ACC Maintenance et Ingénierie

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES Le tribunal de Commerce de Clermont-
Ferrand a choisi Thierry Torti Holding (TTH) pour la reprise de l’acti-
vité maintenance ferroviaire de la société clermontoise ACC Mainte-
nance et Ingénierie tandis que Cégélec Défense se voit confier les
activités ingénierie et systèmes de l’entreprise en difficultés. Cette solu-
tion p ermet de maintenir plus de 225 emplois à Clermont-Ferrand et de
préserver un savoir faire industriel reconnu.

L’ IDÉE MATRIMILES


L’application qui harmonise


les relations de couple


LA PME À SUIVRE
ÎLE-DE-FRANCE


Née à la fin des années
1990, cette entreprise
a développé
un système de vente
de fournitures
de bureau, conçu
pour aller vite.

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