Les Echos - 31.10.2019

(Martin Jones) #1
d’autres plates-formes que la sienne.
Cela lui permet d’élargir sa base de
clients et d’augmenter ses volumes,
moyennant un abonnement.
La banque américaine a estimé
que la faible activité générée sur
certaines de ces plates-formes n’y
justifiait plus sa présence, et a pré-
féré se recentrer sur un nombre
limité de partenaires. Ce recentrage
lui permettrait d’économiser entre
5 et 10 millions de dollars par an.
Avec JP Morgan, Citi fait partie des
banques leader sur le marché mon-
dial des devises grâce à sa présence
internationale (Europe, Asie...) et
sur tous les grands types de clien-
tèle (fonds, entreprises, institution-

ters Matching. Le marché des mon-
naies reste en effet très fragmenté.
Un grand nombre de plates-formes
traite de petits volumes et les ban-
ques peuvent ê tre tentées d e ne plus
travailler avec elles pour rationali-
ser leurs coûts. Depuis des années,
« les plates-formes multi-banques
gagnent des parts de marché au détri-
ment des plates-formes mono ban-
que [créées p ar une seule institution
pour le compte exclusif de sa clien-
tèle, NDLR] », constate le consul-
tant Greenwich associates.
Ces plates-formes apportent une
meilleure liquidité et de meilleurs
cours aux clients en faisant jouer la
concurrence entre les banques.

Elles ont aussi bénéficié de la crois-
sance presque ininterrompue des
volumes sur les monnaies depuis
près de vingt ans. Mais à leur tour,
elles affrontent de nouveaux con-
currents. Baptisés « Agrégateurs
de liquidités », ces acteurs
recueillent les cours des monnaies
sur le plus grand nombre de plates-
formes possibles (multi-banques,
réseau électronique des cour-
tiers...) et permettent à leurs clients
de négocier au meilleur p rix et sous
une forme simplifiée. La rationali-
sation et la restructuration du mar-
ché des devises pourraient ainsi
entraîner la disparition (ou le
rachat) d ’un certain nombre de p la-

tes-formes multi-banques, en par-
ticulier si elles n’investissent plus
dans la technologie.
Les banques, elles, continuent
d’offrir des services de conseil et
d’information sur l’état du marché.
Près d’un institutionnel et investis-
seur sur deux continue d’appeler sa
banque pour négocier des mon-
naies, notamment dans les pério-
des volatiles. Mais les banques res-
tent sous pression et leurs marges
sont très faibles sur les grandes
monnaies. Elles affrontent depuis
plusieurs années de redoutables
concurrents, les traders haute fré-
quence, qui ont attaqué leur chasse
gardée historique. —N. A.-K.

Big bang dans les plates-formes de négociation de devises


La banque Citi va drastiquement
réduire le nombre de plates-formes
sur les devises avec lesquelles elle
travaille, en ramenant le nombre de
ses partenariats de 45 à 15 dès le pre-
mier trimestre prochain selon le
« Financial Times ». Comme la plu-
part des grandes banques, elle offre
de la liquidité sur les monnaies sur


La banque américaine
Citi va réduire, dès 2020,
le nombre de plates-formes
de négociation des devises
avec lesquelles elle travaille.
Cette initiative traduit
un mouvement général
de rationalisation des coûts.


Romain Gueugneau
@romaingueugneau


C’est l’heure des comptes pour les
banques françaises : ceux du troi-
sième trimestre en l’occurrence.
BNP Paribas ouvrira le bal ce jeudi
matin en présentant ses résultats
financiers. Il sera suivi par Société
Générale le 6 novembre, puis BPCE
et sa filiale Natixis le 7, et enfin Cré-
dit Agricole le 8. Dans un contexte
de taux bas, qui continue de peser
sur les marges des établissements,
et alors que des plans de restructu-
ration sont en cours, notamment
chez BNP Paribas et Société Géné-
rale, les investisseurs seront atten-
tifs aux chiffres mais a ussi aux mes-
sages véhiculés par les dirigeants.
Les mauvais résultats publiés p ar
Deutsche Bank, mercredi, les ont
passablement refroidis. Le premier
établissement allemand, engagé
dans un vaste mouvement de réor-
ganisation, a vu ses revenus chuter
de 15 % au troisième trimestre.
En Bourse, mercredi, le groupe
perdait près de 8 %, et il entraînait
le reste du secteur dans sa chute :



  • 4 % pour Santander, – 2 ,8 % pour
    BNP Paribas et Société Générale,

  • 2,6 % pour Crédit Agricole, et

  • 1,5 % pour Natixis...


Des parts de marché
à gagner
Cependant, les mauvaises perfor-
mances de Deutsche Bank pour-
raient paradoxalement présager
plutôt de bonnes nouvelles pour
ses concurrents français, dans les
activités de banque d’investisse-
ment. « Dans le cadre de sa restruc-
turation, la banque d’investissement
de Deutsche Bank abandonne des
parts de marché, cela devrait p rofiter
aux autres banques dont les françai-
ses », considère Lorraine Quoirez,
analyste chez UBS.
Les chiffres de Barclays publiés
en fin de semaine dernière attes-
taient déjà d’un regain de forme
dans la banque de financement et
d’investissement (BFI). Les r evenus
du groupe, en hausse de 8 % sur le
trimestre, ont été notamment
tirés par ce métier (+17 %). Un bon
signe pour BNP Paribas ou Crédit
Agricole. « Les activités devraient
également être o rientées à la
hausse », a nticipe Lorraine


BANQUE


d’euros pour son cœur d’acti-
vité, en excluant sa structure de
défaisance. Ceci malgré les
charges exceptionnelles de
315 millions d’euros, liées au
vaste plan de restructuration
lancé en juillet dernier par
Christian Sewing. Cette grande
refonte, indemnités de licencie-
ment et dépréciations compri-
ses, devrait coûter un total de
7,4 milliards d’euros d ’ici à 2 022
à l’établissement francfortois,
dont 3,4 milliards ont déjà été
absorbés entre avril et juin. Au
troisième trimestre, le person-
nel du groupe est passé en des-
sous de 90.000 employés, pour
la première fois depuis la
reprise de Postbank.

Contraste
avec Commerzbank
Si la restructuration avance, le
groupe continue de voir ses
revenus reculer. Au troisième
trimestre, ceux-ci ont baissé de
près de 15 %, à 5,3 milliards
d’euros. Ce recul est en partie dû
au retrait de la banque du cour-
tage actions, mais il est aussi lié
à une chute de 13 % des revenus
dans un métier phare de la ban-
que, les produits de taux. Une
baisse surprise qui a pris les
marchés de court. Mercredi, le
titre reculait de 7,93 % à la clô-
ture à la Bourse de Francfort.
Deutsche Bank veut voir le
verre à moitié plein et retient
surtout l’augmentation de son
volume d’affaires sur d’autres
métiers, « qui favorisera la crois-
sance future de ses bénéfices ». Le
volume des crédits a ainsi aug-
menté de 12 milliards d’euros
pour atteindre 423 milliards.
Ces résultats contrastent
avec ceux de Commerzbank,
qui a anticipé fièrement de
deux semaines la publication
de ses résultats trimestriels. Le
28 octobre, il a annoncé une
augmentation de 35 % de son
bénéfice net d’une année à
l’autre, à 294 millions d’euros.
Ses revenus ont également pro-
gressé de 2 % pour atteindre
2,2 milliards d’euros.
Surprenant les analystes, il a
au passage réduit de 14 % ses
provisions pour risques sur les
crédits douteux, à 114 millions
d’euros. Dans la foulée, Comme-
rzbank a lancé mercredi sans
surprise une offre publique
d’achat sur Comdirect, confir-
mant sa volonté de se concen-
trer sur la banque en ligne.n

Nathalie Steiwer
@natbxltec
— Correspondante à Berlin

Deutsche Bank espère voir le
bout du tunnel mais reste dans
le rouge. Au troisième trimestre,
la première banque a llemande a
réduit ses pertes et augmenté
son volume d’affaires. « Bien que
nous ayons entrepris la restruc-
turation la plus complète de notre
banque depuis deux décennies,
nous avons réalisé des bénéfices
dans nos quatre activités princi-
pales au troisième trimestre », a
annoncé son président du direc-
toire, Christian Sewing, en pré-
sentant mercredi matin les
résultats trimestriels.
Ce n’est pas la fin de la chute,
mais au moins son ralentisse-
ment. Deutsche Bank affiche
une perte nette trimestrielle de
832 millions d’e uros, incluant
des éléments exceptionnels liés
à sa restructuration. Au
deuxième trimestre, ses pertes
s’élevaient à 3,15 milliards
d’euros. La banque, qui veut
supprimer 18.000 postes en
trois ans, confirme son objectif
annuel de 21,5 milliards d’euros
de c oûts ajustés s ans charges d e
restructuration.
Elle se vante d’un résultat
avant impôt de 353 millions

En pleine restructura-
tion, la première banque
allemande affiche
une perte nette
de 832 millions d’euros
au troisième trimestre.
Elle voit ses revenus
diminuer de 15 %,
notamment dans ses
activités de marché.

Résultats : les banques françaises


attendues au tournant


Quoirez. Les analystes de Credit
Suisse ne prévoient pas « de grosses
surprises », notamment pour la
banque de la rue d’A ntin.
L’activité de Société Générale
dans la BFI pourrait en revanche
être pénalisée par la restructura-
tion en cours dans cette division,
avec à la clef un plan de suppres-
sion de 1.600 postes, dont 750 en
France. Dans la gestion d’actifs,
Natixis devrait bénéficier des
bonnes performances de certains
fonds dont H2O et AEW (immobi-
lier), selon les analystes d’UBS
et de Credit Suisse. Pas de miracles
à attendre du côté de la banque
de détail. L’environnement reste
compliqué pour les banques qui
continuent à subir l’impact des
taux bas, qui rognent les marges.

L’activité reste dynamique
Les volumes de crédit immobilier,
véritable produit d’appel dans la
banque de détail, continuent de
croître, avec un rythme mensuel
supérieur à 6 % depuis le début de
l’année selon l’Observatoire Crédit
Logement. Et à des taux d’intérêt
toujours plus faibles (1,18 % en
moyenne en septembre), forçant
les banques à se livrer une rude
concurrence. Dans ce contexte, les
investisseurs seront attentifs à tout
signe de reprise de renégociations
sur les prêts, qui pourrait encore
peser sur la rentabilité des établis-
sements. « Les marges sur les dépôts
restent sous pression alors que le
marché des prêts immobiliers reste
très compétitif », conclut Lorraine
Quoirez, chez UBS.
Les activités d’assurance-vie
des grandes banques françaises
seront également scrutées de près,
alors que la persistance des taux
négatifs a récemment contraint
Arkéa à recapitaliser sa filiale
Suravenir et obligé AG2R La Mon-
diale à placer une émission de
dette de 500 millions d’euros pour
renforcer sa solvabilité. Le patron
de HSBC, Noel Quinn, qui vient
d’annoncer de nouvelles suppres-
sions de postes, l’a dit sans ambages
mardi : « Il est particulièrement
difficile de diriger un établissement
financier, dans un environnement
de taux négatifs. Mais je me bats
pour trouver une issue pour nos
métiers en Europe. »

(


Lire « Crible »
Page 34

lBNP Paribas ouvre le bal, ce jeudi,


des publications de résultats


des banques françaises.


lLes chiffres et les commentaires


des dirigeants seront scrutés avec soin


alors que l’environnement de taux


négatifs continue de mettre la pression.


Deutsche Bank


toujours


dans le rouge


nels...). Selon Euromoney, elle était
au troisième rang mondial en 2018.
Les principales plates-formes
dites « multibanques » sont Bloom-
berg F XGO, F Xall, 360T, EBS e t Reu-

La rationalisation et
la restructuration du
marché des devises
pourraient entraîner
la disparition (ou le
rachat) d’un certain
nombre de plates-
formes multi-banques.

Les chiffres
clefs

5 , 3
MILLIARDS D’EUROS
Revenus de Deutsche
Bank au troisième trimes-
tre, en baisse de 15 %.

7 , 9 %
DE BAISSE
Chute du titre mercredi
à Francfort.

FINANCE & MARCHES


Jeudi 31 octobre vendredi 1er et samedi 2 novembre 2019Les Echos

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