Les Echos - 31.10.2019

(Martin Jones) #1

34 // Jeudi 31 octobre vendredi 1er et samedi 2 novembre 2019 Les Echos


Atos monétise sa participation dans Worldline,
qui n’y perd pas au change.

Pas facile d’augmenter brusquement la quantité en circulation
sans peser sur la qualité perçue. C’est pourtant mission accomplie pour
les deux grands actionnaires de Worldline – Atos et Six – avec une bonne
brochette de banques à la manœuvre. A eux deux, ils ont été à l’origine
du placement de l’équivalent de 1,2 milliard d’euros d’actions sur le marché
boursier, soit 12 % de la capitalisation de leur filiale commune, le premier
par cession pure et simple, et le second en raison de la conclusion d’un
« equity collar » avec Credit Suisse. Cette opération de couverture de la
participation s’est traduite par une vente de titres par la banque helvétique.
Le cours n’en a pas moins réussi à contenir son repli (– 3,4 %) pour finir
un peu au-dessus du prix de vente (53,90 euros et 53 euros respectivement).
Cette transaction à tiroirs peut ainsi soutenir la comparaison avec le
dernier gros bloc d’une blue-chip française, celui des titres Alstom cédés
par Bouygues. Comme Atos en a profité pour émettre des obligations
échangeables en actions (échéance 2024), représentant 4 % du capital,
tout en transférant 2 % à son fonds de pension, le flottant de Worldline est
bien parti pour dépasser 60 %. Ce n’est pas sans importance pour entretenir
le sel de son histoire boursière, qui sort du giron du géant numérique pour
mieux figurer sur les radars des investisseurs mondiaux des paiements.

Payé en retour


Les investisseurs « fondamen-
taux » comptent sur la solidité des
banques françaises, si l’on juge
par les cours de Crédit Agricole
et de BNP Paribas, qui sera
la première tricolore à dévoiler
ses chiffres trimestriels. Les deux
poids lourds figurent en effet
parmi les actions les plus proches
de leurs plus haut depuis un an
dans l’indice sectoriel européen,
le STOXX 600 Banks Index,
qui teste sa moyenne à 200 jours,
un point d’attention pour les
collègues « chartistes ». Les résul-
tats de Santander, Deutsche Bank
et HSBC ont été mal accueillis,
trois géants figurant au contraire
dans les dix actions bancaires les
plus proches de leur plus bas
depuis 52 semaines. C’est le signe
que les efforts de « self help »
(dépréciations et restructura-
tions) ne font pas toujours oublier
les vents contraires.

Les résultats manquent d’entrain pour l’Europe bancaire, qui attend les françaises.
Une histoire de familles

PSA a attendu le meilleur moment pour
se retrouver en position de force face à Fiat.

Gianni Agnelli disait aimer le vent parce qu’on ne peut pas l’acheter.
Et en effet, celui-ci a tourné en quatre mois pour son petit-fils, John
Elkann, pilote d’une dynastie automobile une fois encore à la croisée
des chemins. Fiat-Chrysler avait tenté au printemps la voie la plus évi-
dente, celle d’un mariage avec Renault qui lui a valu le reproche de la
part du fonds activiste CIAM de sous-évaluer la dot de l’ex-Régie.
Econduit par l’hôte de Bercy, Bruno Le Maire, le Milanais se résigne
à aller à Canossa en saisissant la perche tendue par Carlos Tavares.
Le patron de PSA, lui, a su garder la maîtrise de sa vitesse de course.
Depuis leur premier contact en mars dernier, leurs routes boursières
alors assez similaires n’ont cessé de s’écarter au point que la distance
de leurs capitalisations (4 milliards d’euros) n’a jamais été aussi élevée.
Le constructeur italo-américain aborde la face nord du Mont-Blanc
de la consolidation, celle des fusions entre soi-disant égaux, avec la
corde glissante d’une sous-valorisation de plus d’un tiers sur les ratios
de son prétendant sochalien, qu’il faudra faire accepter dans la Botte.
Un méga-dividende de 5 milliards d’euros devrait y aider ses minoritai-
res, tandis que côté Peugeot, Faurecia pourrait y gagner son indépen-
dance. Il ne restera plus qu’à régler la question de la place des familles
à l’avant. Qui prendra celle du mort?

// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.684,85 milliards d’euros (au 09-10-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,86 en août 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,2 % au 2e trimestre 2019
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

Aide-toi, le ciel y réfléchira


crible


EN VUE


John Elkann


J


ohnny, tu n’es pas un ange! Il ne
faut vraiment pas s e fier à l’air non-
chalant du jeune patron de Fiat.
Propulsé à la tête de Renault par l’affaire
Ghosn, Jean-Dominique Senard en a fait
l’expérience voici à peine quelques mois.
Voiliers, voitures de course... C omme tous
les Agnelli, John adore la vitesse. Il n’a
donc pas laissé passer plus que les vacan-
ce s d’été pour changer son fusil d’épaule,
en l’occurrence son volant de côté. Le voilà
en train de discuter avec le français PSA
pour donner naissance à un poids lourd
de 50 milliards d’euros de capitalisation si
le mariage avait lieu. Arrivé très t ôt à la tête
du groupe familial par la suite d’une série
de drames, il avait vingt et un ans quand il
intégra le conseil, le petit-fils de Gianni
Agnelli sait, à quarante-trois ans, que la
gloire est fugace, que les familles sont
mortelles, qu’il faut tout faire pour les
maintenir. A cet égard, le partenaire de
régate de Pierre Casiraghi, autre tête
dorée, se trouvera certainement beau-

coup plus de préoccupations communes
avec la famille Peugeot qu’avec l’action-
naire étatique de l’ancienne Régie.
L’ancien élève du lycée Victor Duruy né à
New York échange souvent avec ses pairs
héritiers comme lui de groupes indus-
triels familiaux, tels les Bettencourt ou les
Wertheimer. « Le Monde » raconte que la
veille de l’annonce du rapprochement
avec Renault, Elkann avait tenu à dîner
avec Robert Peugeot pour le prévenir. Son
souci du patrimoine familial, de sa péren-
nité se double d’une solide expérience des
affaires. Formé à l’école de Sergio Mar-
chionne, son implication d ans le rachat de
Chrysler a prouvé ses qualités de conduc-
teur. Le représentant de la cinquième
génération des Agnelli, époux d’une prin-
cesse Borromée, est né avec une cuillère
d’argent dans la bouche mais aussi un
volant dans les mains.

(


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Pages 16-17

Paris au sommet avant la Fed



  • La Bourse de Paris a inscrit son
    quatrième record annuel d’affilée
    mercredi, clôturant la séance en
    hausse de 0,45 %, avec un CAC 40 à
    5.765,87 points. Ce nouveau som-
    met, a tteint d ans un volume
    d’échanges étoffé de 4 milliards
    d’euros, n’avait pas été atteint
    depuis décembre 2007.
    A quelques heures du verdict de
    la Réserve fédérale américaine, la
    sé ance a été rythmée par les résul-
    tats et les nouvelles de la fusion
    envisagée entre Fiat Chrysler Auto-
    mobiles (FCA) et PSA. Les deux
    groupes automobiles ont confirmé
    mercredi matin être en pourparlers
    pour créer le numéro 4 mondial du
    secteur. PSA Peugeot Citroën a


bondi de 4,53 %. A l’inverse,
Renault, qui a renoncé à convoler
avec FCA, a terminé la journée en
baisse de 4,02 %.
L’Oréal a réalisé la meilleure
performance du CAC 40, en s’adju-
geant 7,56 %, galvanisé par la
hausse de 11 % de ses ventes au troi-
sième trimestre. Airbus, dont le
bénéfice net a progressé de 3 % au
troisième trimestre, a gagné 3,36 %.
Le secteur bancaire, lui, a reculé,
affecté par la perte nette publiée p ar
Deutsche Bank au troisième tri-
mestre et celle de la banque d’inves-
tissement de Credit Suisse. Société
Générale a ainsi perdu 2,47 %,
Crédit Agricole SA 2,13 % et BNP
Paribas 2 ,23 %.
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