Les Echos - 31.10.2019

(Martin Jones) #1

08 // MONDE Jeudi 31 octobre vendredi 1er et samedi 2 novembre 2019 Les Echos


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AVEC POURINVITÉE D’HONNEUR
ET MARRAINE :
EmmanuelleWARGON
Secrétaire d’État auprèsde la Ministrede
la Transit ionÉcologique etSoli daire

ET ENPRÉSENCEDE:
Florence HARDOUIN,DirectriceGénérale,
Fédé ration Françaisede Football
Virginie SCHWARZ,Présidente-Directrice
Générale,MétéoFrance
Romain SOUBEYRAN,Directeur Général,
CentraleSupélec

SCANNEZ-MOI

ENPARTENARIATAVEC :

ÉDITION 2019

MARDI 13 NOVEMBRE

18h30-22h
Groupe Les Echos-LeParisien
10 bd de Grenelle
PARIS 15e

posée il y a quelques jours par un
ministre et relayée sur Twitter par
un journaliste du « Spectator », n’a
rien d’anodin. Une étude réalisée
sur 5.000 élections locales partiel-
les entre janvier 1983 et décem-
bre 1999 montre que la participa-
tion atteint 37 % entre avril et juin,
mais descend à 31 % entre novem-
bre et janvier. Une autre plus
récente précise que l’essor du vote
par correspondance, utilisé par un
électeur sur cinq outre-Manche,
réduit l’effet de la météo, mais ne le
supprime pas (quatre points
d’écart entre les deux périodes).
Ce type de vote, plus tentant
l’hiver, introduit néanmoins un
biais, potentiellement défavorable
au Labour : les é lecteurs votant par
correspondance sont proportion-
nellement plus âgés... et donc plus
conservateurs que la moyenne.
La communication a vec les élec-
teurs pourrait aussi être affectée

par la rigueur de l’hiver britanni-
que. Même si les réseaux sociaux
et Internet y occupent une part
croissante s ans que l’aléa météoro-
logique n’ait alors voix au chapitre,
le porte-à-porte qui permet aux
militants d’aller à la rencontre des
électeurs reste c rucial. « Et avec d es
soirs plus froids et plus sombres, les
gens seront simplement moins
enclins à répondre à ceux qui frap-
pent sans prévenir à leur porte »,
s’inquiète un militant Labour dans
une récente tribune du « Times ».

Outils en ligne
« Une élection hivernale est proba-
blement plus difficile sur le plan
logistique pour le Labour que pour
les conservateurs, renchérit
dans un blog du “Spectator” Philip
Cowley, professeur de politique à
l’université Queen Mary. Dans les
récents scrutins, le Labour a bénéfi-
cié de son militantisme de masse lui

donnant un avantage dans la g uerre
terrestre que la météo devrait
réduire, au moins en partie. » Ses
500.000 adhérents lui donnent
une force moins efficace à basse
température.
Les différents partis sont déjà à
pied d’œuvre, pour permettre aux
électeurs de faire leur choix au
chaud, sur leur PC ou leur smart-
phone. Le mouvement pro-Cor-
byn Momentum propose aux étu-
diants d’entrer leur code postal sur
le site Univotes pour voir s’il est
plus judicieux de voter travailliste
là où ils étudient ou là où vivent
leurs familles. Leave.eu veut lan-
cer une app qui aidera ses parti-
sans à voir s’il est plus malin, pour
faire avancer cette cause, de voter
pour les conservateurs ou pour le
Brexit Party. La femme d’affaires
Gina Miller et le lobby Best for Bri-
tain préparent des outils en ligne
analogues côté « remain ». —A. C.

Un scrutin en hiver peut faire bouger les lignes


Participation potentiellement en
berne pour cause de météo hiver-
nale, porte-à-porte des militants
plus difficile dans le froid et l’obs-
curité, voire interférences avec les
festivités de fin d’année : si le
Royaume-Uni s’apprête à vivre des
législatives en décembre pour la
première fois depuis un siècle (les
dernières étaient en 1923), et pour
la troisième fois seulement de son
histoire, ce n’est sans doute pas un
hasard. Reste à savoir quel parti
parviendra à en profiter le mieux.
« Qui sauterait de son lit un froid
matin d’hiver pour aller voter pour
le gouvernement? » La question,

Les travaillistes pourraient
pâtir d’un boom du vote
par correspondance, plutôt
favorable aux tories.
Et leurs 500.000 militants
auront plus de mal à aller à
la rencontre des électeurs.

avait été initialement proposée par
Bucarest, a été rejetée par le Parle-
ment européen pour des problèmes
de conflit d’intérêts, le nom du nou-
veau candidat se fait attendre. Cons-
ciente du risque, Ursula von der
Leyen a écrit une lettre, lundi, à
Bucarest, pour réclamer « sans
délai » un nouveau candidat.
La Première ministre roumaine
social-démocrate, Viorica Dancila,
renversée par un vote de défiance du
Parlement a profité de ce courrier
pour proposer Victor Negrescu,
ancien ministre des Affaires euro-
péennes âgé de trente-quatre ans.
Une démarche qui a provoqué la
fureur... du président de droite,
Klaus Iohannis, selon qui Viorica
Dancila n’a plus la légitimité pour
proposer un commissaire. « Je
somme publiquement Mme Dancila
d’arrêter toute démarche », a-t-il
ordonné dans un communiqué.

Colère au PPE
A Bruxelles, les regards se portent
aussi sur Ursula von der Leyen. Cer-
tes, sa demande écrite était justifiée
par l’urgence. Mais n’aurait-elle pas
dû attendre, au moins, le 4 novem-
bre, date à laquelle un nouveau gou-
vernement – de droite – pourrait être
approuvé par le Parlement rou-

main? Dans les arcanes bruxellois
du PPE, le grand parti de droite euro-
péen, une forme de colère est per-
ceptible. Pour beaucoup, la démar-
che de von der Leyen s’explique en
effet, aussi, par une arrière-pensée
politique : la nécessité de ne pas
brusquer la famille sociale-démo-
crate européenne.
Début juillet, lorsqu’ils ont
accouché d’une répartition des pos-
tes clefs européens, les dirigeants
de l’UE ont en effet prévu un équili-
bre dans lequel l a gauche s e conten-
tait de la présidence, pour un demi-
mandat seulement, du Parlement
européen. Mais celle-ci comptait
bénéficier d’une position renforcée
à la Commission : à partir de la
chute de la coalition au pouvoir en
Italie, elle a pu espérer q ue le collège
des commissaires voie la gauche
disposer de 10 sièges, contre 9 pour
la droite du PPE.
« Von der Leyen a confondu
vitesse et précipitation », tranche
une source à la Commission pour
laquelle l’A llemande a tout simple-
ment cherché à préserver cet équili-
bre, sachant que d’ici à quelques
jours ou semaines, la Roumanie
pourrait basculer à droite, inver-
sant le rapport de force entre droite
et gauche au sein de l’institution...n

Gabriel Grésillon
@Ggresillon

Le retard v a-t-il être... retardé? Alors
que la présidente élue de la Commis-
sion européenne, Ursula von der
Leyen, a déjà dû se résoudre à
repousser d’un mois, au 1er décem-
bre, l’entrée en fonction de son
équipe, l’idée d’un nouveau report
de deux mois est désormais évoquée
dans les couloirs de l’institution.
Il y a, bien sûr, la nécessité de
mener à bien la procédure d’appro-
bation, par le Parlement européen,
des nouveaux candidats français et
hongrois. Il y a, aussi, l’incertitude
autour du Royaume-Uni qui, en
toute logique, va devoir nommer un
nouveau commissaire, puisqu’il
sera encore membre de l’UE dans l es
prochaines semaines. Mais il y a sur-
tout le feuilleton politique roumain.
Alors que Rovana Plumb, la candi-
date au poste de commissaire qui

UNION EUROPÉENNE


L’ incertitude politique
en Roumanie
pourrait compliquer
un peu plus la tâche
de la présidente élue.

La Commission européenne


risque un nouveau report


l’escarcelle du Scottish National
Party, autant pourraient partir aux
libéraux démocrates dans le sud du
pays, et quelques circonscriptions
pro-Remain p ourraient être
gagnées par le Labour à Lon-
dres. Quant au Brexit Party de Nigel
Farage, il promet d’aligner 600 can-
didats, au risque dans c ertains cas de
faire perdre les conservateurs.
Il s’agit donc pour Boris Johnson
de réussir une percée suffisante
dans les autres zones pour rempor-
ter la majorité. Il convoite une cin-
quantaine de sièges Labour où les
sondages lui donnent des raisons
d’espérer, en particulier dans les
zones Leave des Midlands et du
Nord du pays.
Beaucoup se jouera sur la person-
nalité de Boris Johnson. Mais sa
passe d’armes ce mercredi avec le
chef du Labour Jeremy Corbyn, sur
le système de santé, montre que la
campagne a embrayé t rès v ite sur les
questions sociales. Le Labour s’est
saisi récemment des révélations de
la presse britannique, selon lesquel-
les l’entourage de Boris Johnson
envisageait déjà de rogner les droits
des salariés et l’accès à la santé.

Pas fiable
Lui et ses ministres assurent qu’il n’y
a pas de risque de dumping social ou
environnemental. Mais l’opposition
veut convaincre les électeurs que le
Premier ministre n’est pas fiable et
qu’il favorisera la déréglementation
du pays. Peter Kellner, ancien patron
de l’institut de sondage YouGov
au Royaume-Uni, résume la situa-
tion ainsi : « Le cœur de la campagne
à venir sera une bataille entre
deux récits, “ Get Brexit done ” (Finir
le Brexit) et “ Don’t trust Johnson ”
(Ne faites pas confiance à John-
son) ». Reste à savoir lequel l’empor-
tera. —A. C. et N. M.

lLes tories risquent de perdre des


sièges face aux Libéraux-démocrates


dans les circonscriptions anglaises


pro-Remain et face au SNP en Ecosse.


lLe résultat final dépend


de quel récit l’emporte : « Get Brexit


done » ou « Don’t trust Boris ».


Brexit : les élections anticipées, un pari


à hauts risques pour Boris Johnson


Le sacro-saint système de santé britannique devrait être l’un des principaux thèmes de campagne. Ici, le Premier ministre,
Boris Johnson en visite dans un hôpital, le 7 octobre dernier. Photo Peter Summers/AFP

Boris Johnson a obtenu des élec-
tions anticipées. Reste à les gagner.
Le Premier ministre n’a pas le choix :
s’il veut retrouver une majorité a bso-
lue pour faire du Brexit une réalité,
il lui faut faire entrer au moins
320 députés tories à la Chambre des
communes, sur les 650 à élire le
12 décembre prochain. L es sondages
lui sont pour l’instant favorables. Ils
le placent une dizaine de points
devant l’opposition travailliste, à
35 % contre 25 % environ. Mais la
prudence reste de mise : Theresa
May disposait de 16 points d’avance
avant de voir l’écart fondre à 2,5 % le
jour d u vote, lors des élections antici-
pées de juin 2017. Et de perdre ce
jour-là sa majorité parlementaire,
avec seulement 318 « MPs ».


Le risque d’être pris en étau
Rarement scrutin aura été aussi
incertain. A la volatilité croissante
des électeurs (près de 50 % ont voté
pour des partis différents aux trois
dernières législatives) s’ajoute
l’inconnue du Brexit, qui jouera un
rôle crucial dans ce nouveau réfé-
rendum qui ne dit pas son nom.
Pour les tories, le risque est
immense de se faire tailler des crou-
pières par l e Brexit Party, q ui promet
un Brexit rapide et sans accord, et au
centre par les Libéraux démocrates,
qui s’engagent à abandonner pure-
ment et simplement le Brexit. Pour
mettre plus de chances de son côté,
le Premier ministre a réintégré
10 des 21 députés modérés qu’il avait
récemment exclus.
Son pari e st simple. Il s’agit
de limiter la casse là où il risque de
perdre. Entre 20 et 30 de ses sièges
tories sont menacés. Une douzaine
pourrait tomber en Ecosse dans


ROYAUME-UNI

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