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JEUDI 14 NOVEMBRE 2019 international| 5
A Hongkong, les universités ciblées par la police
La Chine appelle le gouvernement de la région « à venir à bout des actes de violence et de terrorisme »
hongkong correspondance
L
es conflits entre les pro
testataires et la police à
Hongkong se sont dépla
cés, dans la nuit de mardi
à mercredi, dans les grandes uni
versités de la ville, fers de lance du
mouvement et, sembleil, nouvel
les cibles des forces de l’ordre. Des
heurts violents ont eu lieu sur le
campus de la prestigieuse univer
sité chinoise de Hongkong, dans
les collines des nouveaux territoi
res de Sha Tin, transformé, pen
dant de longues heures, en un vio
lent champ de bataille, mardi soir.
Quelques centaines d’étudiants
avaient d’abord tenté de s’opposer
à l’entrée, illégale selon eux, des
policiers sur le campus. La police,
elle, cherchait à reprendre le con
trôle d’un pont d’accès à l’univer
sité depuis lequel les manifes
tants jetaient toutes sortes de
meubles et de débris sur l’auto
route et la voie ferrée de la ligne
Est qui rejoint la Chine.
En interrompant ces deux axes
majeurs qui passent en dessous de
cette passerelle, le but des mani
festants était de bloquer l’accès
aux cours et l’activité générale de
la ville, à quoi le mouvement avait
appelé mardi. Malgré des négocia
tions entre les autorités de l’uni
versité et la direction de la police,
ni les forces de l’ordre se trouvant
sur le terrain, ni les manifestants
ne se sont retirés.
Une offensive particulièrement
virulente a eu lieu pendant près
d’une demiheure, la police tirant
en profusion balles en caoutchouc
et gaz lacrymogènes. Plus de mille
cartouches de gaz lacrymogènes
ont été ramassées par les étu
diants mercredi. La grande salle de
gym attenante à la piste d’athlé
tisme a été transformée en hôpital
de campagne pour accueillir de
nombreux blessés. « C’est un
drame. Les deux parties campent à
présent sur leurs positions les plus
extrêmes », déclarait, mercredi, au
Monde le professeur Choy Ivan
Chikeung, du département gou
vernement et administration pu
blique de l’université chinoise.
D’autres universités de la ville,
notamment l’université de Hon
gkong et la City University, ont été
le théâtre de conflits ouverts. Des
heurts ont également eu lieu dans
de nombreux autres quartiers. Les
manifestants ont réussi à pénétrer
dans le centre commercial de Fes
tival Walk près de la City Univer
sity, et ont mis le feu au sapin de
Noël de l’atrium.
Vidéos de surveillance
Depuis l’évacuation soudaine des
lieux lors de heurts récents, les
manifestants soupçonnent la po
lice d’avoir tué un manifestant et
de vouloir camoufler leur bavure.
Ils réclament les vidéos de sur
veillance au centre commercial,
qui refuse de les partager. Inter
rogé à ce sujet par les députés,
mercredi matin, le ministre de la
sécurité, John Lee, luimême an
cien policier, a estimé ces rumeurs
« sans fondement ». Mercredi ma
tin, les Hongkongais de certains
quartiers ont pu croire, à leur ré
veil, qu’il avait plu des briques et
des débris de toutes sortes pen
dant la nuit... Les grandes rues de
six ou huit voies de Kowloon, la
péninsule très dense qui fait face à
l’île de Hongkong, certaines voies
rapides normalement encom
brées le matin de bus bondés em
menant les gens sur leur lieu de
travail, tout comme les tunnels et
certaines sections de la seule route
qui fait le tour de l’île de Hon
gkong, étaient jonchés de débris
voués à bloquer le trafic ou sim
plement coupés par des barrica
des de fortune faites de barrières
de sécurité, de lampadaires déca
pités, de panneaux routiers ou de
bambou d’échafaudage.
A l’heure du déjeuner, mercredi,
des centaines d’employés de bu
reau et de passants, la plupart non
masqués, sont de nouveau des
cendus dans les rues du quartier
d’affaires de Central, comme
lundi et mardi, pour crier leur co
lère face à l’obstination du gouver
nement de ne rien céder aux ma
nifestants, et de ne rien faire pour
sortir Hongkong de cette impasse.
Des manifestants radicaux ont
alors cassé la grande vitrine de la
Bank of Communications, cin
quième plus grande banque de
Chine, sous les applaudissements
d’une partie des spectateurs.
Malgré cette énorme pagaille
qui persiste et s’aggrave, la chef de
l’exécutif de Hongkong, Carrie
Lam, a refusé de suspendre les
cours, s’attirant les reproches de
tous les syndicats du secteur de
l’éducation, l’un d’eux l’accusant
de « ne pas vouloir perdre la face ».
Nombre d’établissements ont
donc pris l’initiative de le faire
euxmêmes.
Le gouvernement a toutefois
annoncé, mercredi en début
d’après midi, que les écoles se
raient fermées jeudi. Le bureau
de liaison, c’estàdire la repré
sentation officielle de la Chine
dans sa région administrative
spéciale, a, de son côté, appelé à
encore plus de fermeté, au motif
que Hongkong s’enfonçait dans
l’abyme : « Le gouvernement de
Hongkong, la justice et la police
doivent résolument adopter tous
les moyens nécessaires pour venir
à bout des nombreux actes de vio
lence et de terrorisme », estil écrit
dans un communiqué publié
mardi soir. Le mouvement a ap
pelé, lui, à des rassemblements
dans 35 endroits de la ville, mer
credi soir à 21 heures.
florence de changy
Carrie Lam
a refusé de
suspendre les
cours, s’attirant
les reproches de
tous les syndicats
de l’éducation
A Gaza, le Hamas et Israël
veulent éviter l’escalade
Les frappes israéliennes, qui ont fait 14 morts,
se concentrent sur le Jihad islamique
jérusalem correspondant
U
ne violence inédite de
puis des mois emporte
Gaza, et le Hamas de
meure à l’écart. Le mouvement is
lamiste, qui contrôle d’une main
de fer l’enclave palestinienne,
n’avait pas répliqué, mercredi
13 novembre au matin, à l’assassi
nat d’un commandant militaire
par une frappe aérienne d’Israël, la
veille. Le chef de son bureau politi
que, Ismaïl Haniyeh, a certes pro
fessé sa solidarité avec le Jihad isla
mique palestinien, organisation
sœur à laquelle appartenait ce
commandant. Mais sa branche ar
mée a laissé son partenaire répon
dre seul à Israël, par quelque
220 tirs de roquettes.
Le Hamas s’interroge : il n’a
aucun intérêt à une escalade, mais
comment mettre un terme à ce
nouveau cycle, le plus grave depuis
mai, sans apparaître affaibli? Si les
échanges de feu perdurent, le Ha
mas, qui gère avec le Jihad islami
que un centre d’opérations militai
res, finira par prendre part aux
violences, craint l’armée israé
lienne, afin de maintenir sa préé
minence parmi les factions de
Gaza. L’armée israélienne cherche
donc à l’épargner. Elle s’est pour
l’essentiel abstenue, mardi matin,
de répliquer aux tirs de Gaza, dont
certains ont visé TelAviv.
Puis, dans l’aprèsmidi, des ro
quettes de courte portée sont tom
bées pour l’essentiel en terrain
ouvert, dans les alentours de l’en
clave palestinienne, sans faire de
victimes. L’armée a alors frappé
systématiquement le seul Jihad is
lamique : un camp d’entraîne
ment, des manufactures d’armes
et des stocks souterrains. Des
tanks ont pénétré dans l’enclave
pour y détruire trois positions
frontalières. Ces frappes avaient
fait 14 morts, mercredi matin.
Le Hamas ne tait pas les raisons
de sa retenue : il y a dix jours, son
chef à Gaza, Yahya Sinouar, avait
détaillé les gains tirés de plus d’un
an de négociations indirectes avec
Israël, menées notamment par
l’intermédiaire de l’Egypte – cel
leci est encore sollicitée pour faci
liter une désescalade. Un tel dialo
gue avait permis l’allégement du
blocus imposé à Gaza par Israël et
son voisin égyptien, limité certes
mais inédit depuis 2007, ainsi que
l’arrivée de fonds d’aide du Qatar.
Il facilitait un rapprochement
des factions palestiniennes, qui se
disent favorables à la tenue d’élec
tions et évoquent la succession de
Mahmoud Abbas, le chef de l’Auto
rité palestinienne en Cisjordanie.
M. Sinouar critiquait les jusqu’au
boutistes du Jihad islamique, atta
chés à la seule lutte armée : le com
mandant assassiné mardi aurait
représenté un cas extrême. Du
côté israélien, c’est une logique si
milaire qui avait incité le premier
ministre, Benyamin Nétanyahou,
à s’engager dans des négociations
inédites avec le Hamas.
Nétanyahou renforce sa posture
Pourquoi avoir alors choisi de
rompre avec cette prudence bien
ancrée? M. Nétanyahou échoue à
former un gouvernement
d’union, depuis les législatives du
17 septembre. Cette séquence mi
litaire améliore sa posture. Elle
rend très improbable l’émergence
d’un gouvernement minoritaire
autour de son rival, l’exchef d’état
major Benny Gantz, avec le sou
tien des partis arabes israéliens.
Quelques heures avant l’opéra
tion à Gaza, le premier ministre
critiquait, sur Twitter, une telle al
liance, comme « une gifle aux sol
dats de l’armée israélienne ».
Des pressions avaient aupara
vant été exercées par les rensei
gnements égyptiens sur le com
mandant tué mardi, Baha Abou
AlAta. L’homme aurait été convo
qué au Caire en août. L’armée is
raélienne s’était par ailleurs mon
trée réticente, en septembre, à une
demande de M. Nétanyahou de
réagir, à chaud, à des frappes attri
buées au Jihad islamique et à ce
commandant, qui l’avaient forcé à
se mettre à l’abri, durant un mee
ting électoral, à Ashdod. L’opéra
tion de mardi avait été préparée
depuis au moins la mioctobre, à
l’initiative de l’armée, et validée
début novembre.
De tels assassinats ciblés consti
tuent, pour les factions, une ligne
rouge. Tsahal avait frappé en
mai 2019 à Gaza, pour la première
fois depuis cinq ans, un argentier
assurant des transferts de fonds de
l’Iran vers le Hamas et le Jihad isla
mique. L’armée cherche à traquer
les mouvements de ces responsa
bles, et à conserver l’option d’une
frappe ouverte comme un moyen
de dissuasion.
louis imbert
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