Libération - 05.11.2019

(avery) #1
Brésil Bolsonaro réagit enfin
à la marée noire

«Le pire est à venir», a pro-
phétisé le président brésilien
Jair Bolsonaro dimanche,
dans une de ses premières ré-
actions à la marée noire qui
souille depuis trois mois plus
de 200 plages et 2 300 km de
côtes dans le nord-est du
pays. «Ce qui a été ramassé
jusqu’à présent est une petite
quantité de ce qui a été dé-
versé», s’est-il alarmé dans un
entretien à la chaîne de télé-
vision Record. Selon le prési-
dent d’extrême droite, «tous
les indices» désignent le pétrolier grec Bouboulina, accusé par
les autorités d’être le responsable du désastre. La société gé-
rante du pétrolier, Delta Tankers, a démenti. Les autorités bré-
siliennes avaient détecté le 29 juillet un déversement d’hydro-
carbures à plus de 700 km des côtes de l’Etat de Paraïba. Sous
la forme de galettes visqueuses, le pétrole est apparu
le 30 août sur les côtes du Nordeste, progressant ensuite vers
le sud. Dans sept Etats, la pêche et le tourisme sont touchés.
Près de Bahia, c’est la région d’Abrolhos, sanctuaire pour les
baleines à bosse et pour des coraux uniques au monde, qui
est en danger. Photo A. Machado. Reuters

Avions plaqués au sol, éco-
les fermées, visibilité pres-
que nulle, yeux et gorge qui
piquent, respiration diffi-
cile... Une fois de plus, New
Delhi est paralysé par un
épais brouillard de particu-
les fines. Selon le bulletin de
la Commission centrale de
contrôle de la pollution, l’in-
dice moyen de la qualité de
l’air dans la capitale in-
dienne a atteint seize fois le
seuil d’alerte, son pire ni-
veau enregistré depuis
trois ans. Selon le Hindustan
Times, les polluants se sont
accumulés dimanche jus-
qu’à une hauteur de 50 mè-
tres, prenant au piège les
20 millions d’habitants.
L’Inde est un des pays les
plus affectés au monde par


la pollution intérieure et ex-
térieure. Un fléau qui cause-
rait chaque année près de
2 millions de morts préma-
turées dans les villes et les
campagnes. Chaque année,
la qualité de l’air se détériore
à New Delhi à l’approche de
l’hiver, quand le froid pla-
que au sol les émissions
toxiques des véhicules et des
usines, et les fumées venues
des décharges et des brûlis
de culture. Mais la situation
est cette fois différente, avec
des températures encore
élevées pour la saison, en-
tre 25 et 30 degrés. La fête de
Diwali, où des millions de
pétards sont allumés à tra-
vers le pays, a commencé à
aggraver la qualité de l’air le
dernier week-end d’octobre.

Puis une pluie légère asso-
ciée à une absence de vent
a accentué le problème
­samedi.
Depuis 2016, les autorités
ont mis en place un «Graded
Action Response Plan» pour
tenter de réduire les nuisan-
ces dans la capitale. Chan-
tiers de construction sus-
pendus la nuit, fermeture
définitive de l’unique cen-
trale à charbon située près
de Delhi, interdiction des
générateurs diesel, imposi-
tion de la circulation alter-
née en cas de pic majeur.
Mais ces mesures se heur-
tent au fait qu’au moins un
quart de la pollution pro-
vient cette fois-ci des Etats
voisins de l’Haryana et du
Pendjab. Le brûlage de rési-

dus agricoles, qui permet
aux paysans d’accélérer la
rotation entre riz et blé sans
payer le transport de la
paille, émet massivement
des particules de carbone.
Une pratique qui perdure
malgré la menace d’amen-
des. L’Inde fait de gros ef-
forts pour développer les
énergies renouvelables, en
particulier le solaire. Mais
avec 1,3 milliard d’habitants,
dont un quart n’a toujours
pas accès à l’électricité, un
territoire très impacté par le
changement climatique
et un PIB par habitant
huit fois inférieur à celui
de la France, les défis sont
­immenses.
Laurence
Defranoux

Un nuage de particules fines


paralyse New Delhi


Chronique «le Fil vert» Dans
­le rendez-vous environnement de Libé
ce mardi, trois questions à Azzam Alwash,
fondateur de l’ONG Nature Iraq. Pour lui, «la crise profonde que
vit l’Irak aujourd’hui, où les politiques sont absorbés par les
­problèmes d’emploi, n’est pas sans lien avec le combat pour
­la revitalisation des marais du sud du pays». Car la ­construction
­de barrages a entraîné le déplacement de 500 000 personnes
qui travaillaient dans l’agriculture. Photo AFP

LIBÉ.FR

Chaque mardi, instantanés
d’Israël et de Palestine.


Assis à un café de Ramallah,
les narines emplies d’effluves
de cardamome, notre champ
de vision s’est réduit à la dé-
primante allée fantôme de la
partie colonisée de Hébron,
dite «H2», un endroit que
beaucoup décrivent comme
la face la plus hideuse et con-
temporaine du conflit. On
tourne la tête vers la droite, et
ce sont les portes
des échoppes
palestiniennes
fermées sine die
par des soudures qu’on aper-
çoit. On tourne la tête vers la
gauche, et c’est notre guide,
un ancien soldat israélien
rompu aux patrouilles de ces
rues «stérilisées» (dixit le jar-
gon militaire), qui nous fait
un topo.
On repose le casque de réalité
virtuelle. Face à nous, Salem
Barameh. Ce trentenaire à la
tête d’une petite ONG locale,
l’Institut palestinien pour la
diplomatie publique, s’est
fixé pour mission de déciller
le monde, face à l’épuisement
d’antiennes zombies comme


«solution à deux Etats» et
«paix et sécurité côte à côte».
Il résume l’idée derrière cette
application vidéo gratuite,
intitulée «Palestine VR» :
«C’est la Palestine sans filtre,
par les Palestiniens, pour le
reste du monde.» Pensée,
tournée et développée sur
place.
Le concept est d’abord une
­riposte à l’interdiction de
­visite officielle de deux re-
présentantes du Congrès
américain en Is-
raël et dans les
Territoires pales-
tiniens, en août.
Sous la pression de Trump et
sous prétexte que ces derniè-
res soutenaient le boycott de
l’Etat hébreu pour protester
contre l’occupation des Terri-
toires palestiniens, Ilhan
Omar et Rashida Tlaib
s’étaient vu refuser un visa.
L’appli propose aux utilisa-
teurs de vivre les étapes pré-
vues par les organisateurs via
une série de clips à 360 de-
grés, à la rencontre des inter-
venants israéliens et palesti-
niens qui devaient guider les
politiciennes américaines.
En somme, «ce qu’Israël ne

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C’est le nombre de
mois de prison que ris-
queront, à Singapour,
les utilisateurs de trot-
tinette roulant sur les
trottoirs, à partir de
janvier. Dans la ville-
Etat, on ne plaisante pas
avec les chauffards ju-
chés sur ces jouets élec-
triques. Si les autorités
veulent bien faire un peu
de pédagogie avec de
simples avertissements,
dès 2020, les sanctions
vont pleuvoir. Les contre-
venants risqueront donc
la taule et 1 200 euros
d’amende. Après une sé-
rie d’accidents, ces deux-
roues déjà interdits de
route ne pourront désor-
mais rouler que sur les
pistes cyclables.

Grèce 41 migrants découverts
dans un camion

En majorité de nationalité afghane, ils étaient encore
vivants : 41 migrants ont été découverts cachés dans un
camion frigorifique dans le nord de la Grèce. Sept d’entre
eux présentaient des problèmes respiratoires et ont été
transportés à l’hôpital. D’origine géorgienne, le conduc-
teur du camion, soupçonné d’être le passeur, a été arrêté
sur l’autoroute Egnatia. Un deuxième individu, d’origine
turque, qui se trouvait à l’avant du véhicule, a réussi
à s’échapper. Photo Stavros Karipidis. Reuters

voulait pas qu’elles voient. Le
but est de permettre à chacun
de voir la réalité telle qu’elle
est et d’en juger». De Jérusa-
lem-Est à Ramallah, en pas-
sant par Bethléem et les
camps bédouins au bord des
routes, une Palestine tout
sauf virtuelle.
Outre ces objectifs ouverte-
ment activistes mais pas mi-
sérabilistes, l’appli donne
­accès à des territoires quasi
inaccessibles, de la plage de
Gaza à l’intérieur de la mos-
quée Al-Aqsa, dont la visite
est un privilège rare pour les
non-musulmans. Mais c’est
aussi, et surtout pour les Pa-
lestiniens – qu’ils soient en
exil, dans un camp de réfu-
giés, d’un côté du mur ou de
l’autre – l’opportunité de pas-
ser par-delà check-points,
barbelés et frontières, et dé-
ambuler sans permis dans un
pays enfin unifié, à l’instar
du grand-père de Salem Ba-
rameh. Ce vieillard de Jéri-
cho n’avait plus «vu» le souk
de Gaza à hauteur d’homme
depuis 1973 jusqu’à ce qu’on
lui pose ce casque sur la tête.
Guillaume Gendron
(à Tel Aviv)

La VR au service d’une


Palestine trop réelle pour Israël


Turquie Deux écrivains
remis en liberté

La justice turque a ordonné lundi la remise en liberté
sous contrôle judiciaire de deux figures intellectuelles.
Accusées d’être impliquées dans la tentative de putsch
contre le président Erdogan en 2016, l’écrivain Ahmet
Altan, 69 ans, et la journaliste et auteure Nazli Ilicak,
74 ans, avaient été condamnés en 2018 à la prison à per-
pétuité. Un jugement qui avait été cassé, en juillet, par
la Cour de cassation, laquelle avait demandé qu’ils
soient rejugés pour «avoir aidé un groupe terroriste».

Terres
promises

Libération Mardi 5 Novembre 2019 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 17

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