Par
Claire DevaRRIEUX
Jean-Paul Dubois,
un Goncourt
de constance
Plus complexe mais toujours aussi modeste, l’auteur
de «Tous les hommes n’habitent pas le monde
de la même façon» a peu varié depuis ses débuts.
Son roman a été primé, lundi, par le Goncourt.
Jean-Paul Dubois, à Toulouse en 2016. Photo Ulrich Lebeuf. Myop
I
l n’aura fallu lundi que deux tours au
jury Goncourt pour couronner Jean-
Paul Dubois et Tous les hommes n’habi-
tent pas le monde de la même façon (L’Oli-
vier). Le romancier l’a emporté par six voix
contre quatre à Amélie Nothomb avec Soif.
L’an dernier, Nicolas Mathieu, avec Leurs
Enfants après eux (Actes Sud), avait été
l’heureux élu au quatrième tour. Les jurés
ont-ils eu peur cette année qu’un retentis-
sant tollé accueille le nom d’Amélie No-
thomb si leur choix s’était porté sur elle?
L’académicienne belge suscite autant d’al-
lergie que d’enthousiasme. Curieusement,
certains vont même jusqu’à lui dénier
toute accointance avec la littérature. Alors
que si on peut lui reconnaître une vertu,
c’est bien celle-ci : l’auteure de Soif ne se
nourrit que de cela, les mots, les phrases
sont sa chair et son sang. Plus tard, quand
elle sera bien vieille, peut-être la verra-t-on
chez Drouant pour son cinquantième ou-
vrage, dans vingt ans?
Mélancolie douce. Mais on ne va pas
se plaindre que le prix échoie à Jean-Paul
Dubois pour son vingt-deuxième livre,
tant son roman est émouvant (lire Libéra-
tion du 24 août). Le prix Goncourt cou-
ronne une œuvre, il sert aussi à cela. Tous
les hommes n’habitent pas le monde de la
même façon raconte l’histoire de Paul, in-
30 u Libération Mardi 5 Novembre 2019