Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1
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La Jamaïque, la Grèce et la Serbie. Voilà, avec la
France, les seuls pays représentés par leur chef d’Etat
au grand raout organisé par Xi Jinping autour des
importations chinoises, cette semaine à Shanghai. Il
peut paraître surprenant de voir Emmanuel Macron
accorder tant d’honneurs à l’événement, là où
l’Allemagne se contente d’envoyer sa ministre de
l’Education. Les vents sont évidemment plus porteurs
qu’en début d’année et notre président, flanqué du
futur commissaire européen au Commerce, est
persuadé d’avoir une carte à jouer : alors que la
bataille commerciale s’envenime entre Pékin et
Washington, alors que l’économie chinoise s’essouffle,
Xi Jinping a un intérêt évident à se rapprocher de
l’Europe et à défendre le multilatéralisme. Il donne
d’ailleurs quelques signes de bonne volonté, avec la
nomination d’un premier représentant spécial pour
les affaires européennes et la reconnaissance,
mercredi, d’une centaine de produits régionaux
européens. C’est le premier accord commercial conclu
entre la Chine et l’Europe, ce
qui est déjà un miracle en soi.
Mais la défense du roquefort et
du pruneau d’A gen ne doit pas
tromper. Ces quelques
symboles ne combleront pas le
déficit abyssal que l’Europe
entretient à l’égard de la Chine.
En subventionnant ses
entreprises et en continuant de
fermer son marché aux
exportateurs étrangers, Pékin
fait plus de mal au commerce
mondial que ne le fait
Washington avec ses taxes
douanières.
Il faut prendre les Chinois au
mot et juger de leur volonté
d’ouverture, dossier par
dossier, défend l’Elysée pour
justifier la bienveillance
d’Emmanuel Macron à l’égard
de Xi Jinping. Mais l’Europe a
perdu trop de combats
récemment pour se payer le
luxe de temporiser. La fusion
avortée d’Alstom et de Siemens
a montré à quel point elle
pouvait se montrer naïve face à
la menace chinoise et à quel
point le droit européen à la
concurrence était devenu
obsolète. Au-delà de la France,
le seul espoir réside dans un
changement de doctrine, et de
ton, de la part de la Commission européenne, seule à
même de parler d’égal à égal avec Pékin. L’espoir
semble de mise depuis qu’elle s’est permis de qualifier
la Chine de « rival systémique » au printemps dernier.
Mais au-delà des mots, les actions se font toujours
attendre.
(
Lire nos informations
Pages 6 et 7
L’ ÉDITORIAL
DES « ÉCHOS »
Naïveté européenne
En
continuant
de fermer
son
marché
Pékin
fait plus
de mal
au
commerce
mondial
que ne
le fait
Washington
avec
ses taxes
douanières.
Par Lucie
Robequain
LA PHOTO DU JOUR
POLLUTION Un bénévole nettoie la plage près de la station balnéaire de Porto Busca Vida, au Brésil. Les marées noires se multiplient depuis trois mois
sur des côtes d’une longueur de 2.000 kilomètres au Brésil, où plus de 200 plages ont été souillées. Le gouvernement a jugé vendredi que le responsable était
sans doute un pétrolier grec. Photo By Antonello Veneri/AFP
DERNIÈRE HEURE
L’ Iran célèbre la prise
d’otages de 1979
'
AMBASSADE – L’Iran a
célébré lundi le quaran-
tième anniversaire
de la prise d’otages de l’ambassade
des Etats-Unis à Téhéran lors
de laquelle une milice du régime
avait retenu 52 diplomates durant
quinze mois au mépris des règles
internationales. Des milliers
d’hommes et de femmes en tcha-
dor ont agité des pancartes en
anglais et en persan, sur lesquelles
on pouvait lire : « Mort à l’Améri-
que, mort à Israël, victoire pour
l’islam ». Les relations diplomati-
ques avec Washington sont inter-
rompues depuis lors.
Nouveaux heurts
en Irak
'
POLITIQUE – Cinq person-
nes, au moins, ont été tuées
lundi à Bagdad par les
forces de sécurité, tandis que des
milliers de manifestants conti-
nuent de se rassembler dans la
capitale irakienne et dans d’autres
villes du pays. Pour la première
fois les manifestants, qui protes-
tent depuis un mois contre la
corruption et des services publics
indignes, se sont attaqués à un
édifice iranien, le consulat de
Kerbala. Le Premier ministre Adel
Abdul Mahdi a appelé dimanche
soir les manifestants à suspendre
la contestation.
Financement de
campagne : le FN jugé
à partir de mercredi
'
JUSTICE – Du matériel de
campagne surfacturé aux
dépens de l’Etat, des intermé-
diaires soupçonnés de s’enrichir au
passage : le Front national est jugé
en correctionnelle à partir de mer-
credi pour complicité des escroque-
ries attribuées à des proches de
Marine Le Pen, en marge des légis-
latives de 2012. Sept protagonistes



  • dont le trésorier du parti, Walle-
    rand de Saint-Just, et l’eurodéputé
    Jean-François Jalkh – et trois per-
    sonnes morales – le FN, la société
    Riwal et le micro-parti Jeanne –
    seront jugés du 6 au 29 novembre.


Pédocriminalité :
des victimes mettent
en garde les évêques

'


ÉGLISE – Plusieurs victimes
de pédocriminalité dans
l’Eglise ont mis en garde
lundi les évêques, qui doivent
se prononcer à Lourdes sur une
allocation financière de reconnais-
sance de la souffrance vécue,
contre un « forfait au rabais »
et une opération « de communica-
tion ». Le porte-parole de la
Conférence des évêques de France
(CEF), Thierry Magnin, a indiqué
à l’AFP qu’il ne s’agirait pas d’une
« indemnité » mais d’un « forfait,
dont le montant fait partie des
discussions ».

« Politique internationale » par Yasmine Gateau pour « Les Echos »
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