Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1
montage sonnent désespérément
creux à Shenzhen. La v ente de cette
usine pourrait amener PSA à pas-
ser une provision importante dans
ses comptes. Mais cette nouvelle
organisation permettra au groupe
de poursuivre une production
locale de DS à des coûts bien moin-
dres, tout en offrant plus de flexibi-
lité en jouant sur les volumes
importés.
Il s’agit du volet industriel d’un
plan plus général destiné à relan-
cer DS en Chine. Le retrait de
Chang’an va n otamment offrir plus
de latitude à PSA pour agir sur le
marketing, l es ventes et le p osition-
nement de la marque, dans l’espoir
de faire enfin redécoller les ventes.
Le groupe mène par ailleurs,
comme il l’a annoncé début sep-
tembre, le même effort de réduc-
tion drastique des coûts dans
DPCA, la coentreprise avec le chi-
nois Dongfeng qui produit les
autres marques de PSA. L’an der-
nier, l’industriel a perdu 300 mil-
lions d’euros sur ce qui est le plus
grand marché du monde.

4
À NOTER
DS compte au total
75.000 clients en Chine.

lChang’an, le partenaire chinois de DS, a mis en vente sa participation dans la coentreprise.


lL’ usine de Shenzhen devrait être cédée au conglomérat local Baoneng, à qui PSA confierait la production des DS.


PSA ne fabriquera plus lui-même


ses DS en Chine


AUTOMOBILE


Inaugurée en septembre 2013, l’usine de Shenzhen qui produit des DS est l’une des plus modernes du groupe PSA. Photo STR/AFP

Frédéric Schaeffer
@fr_ schaeffer
— Correspondant à Pékin
et Lionel Steinmann
@lionelSteinmann


Le plan de PSA pour réduire ses
pertes et se relancer en Chine se
précise. Et il va se traduire notam-
ment par la cession de l’usine que
le constructeur possède à Shen-
zhen, avec son partenaire local
Chang’an, pour produire des DS.
Toutes les modalités ne sont pas
encore officiellement calées.
La seule information publique
concerne la volonté de Chang’an de
vendre les 50 % qu’il détient
dans sa coentreprise avec PSA
pour fabriquer et vendre en Chine
la marque premium du groupe
tricolore.
Interrogé à ce sujet, PSA indique
que DS « va déployer une nouvelle
approche stratégique » pour se
développer sur ce marché qualifié
lui aussi de « stratégique ». Le cons-
tructeur réaffirme que la marque
va demeurer dans le pays, mais se
refuse à plus de précisions pour le
moment. Selon nos informations,
le désengagement de Chang’an va
coïncider avec la cession de l’usine
de Shenzhen à Baoneng, un con-
glomérat chinois qui a fait de
l’automobile un de ses axes de
développement. Le site continuera
à produire des DS, mais en sous-
traitance pour PSA, et t out en cons-
truisant d’autres modèles pour
d’autres marques. En parallèle,
PSA pourra recourir à des véhicu-
les importés en cas de redémar-
rage de la demande.


Un sacrifice nécessaire
Cette décision est sans doute un
crève-cœur pour le groupe fran-
çais mais elle était nécessaire.
Inaugurée il y a six ans à peine,
l’usine est l’une des plus modernes
du groupe. Elle symbolisait ses
ambitions pour ce marché, avec
une capacité de 200.000 véhicules
par an. Edouard Philippe l’avait
même visitée lors d’un déplace-
ment officiel l’an dernier. Mais les
ventes de DS en Chine sont en
pleine déconfiture : elles devraient
à peine atteindre les 5.000 exem-
plaires cette année, et les lignes de






UNITÉS
L’estimation des ventes de DS
en Chine pour 2019.


Les salariés de Faurecia avaient
beau s’y attendre, le choc est tout
de même rude. Le mariage entre
PSA et Fiat Chrysler, dévoilé la
semaine dernière, concrétise un
scénario qui se profilait depuis
plusieurs années : le constructeur
français, pour financer l’opéra-
tion, va se désengager de l’é quipe-
mentier, dont il détient 46,3 % du
capital et 63,1 % des droits de vote.
Ces titres seront distribués aux
actionnaires d e PSA, d ans le cadre
du montage financier qui accom-
pagne la fusion.
Les liens entre les deux entre-
prises remontaient à plus de deux
décennies, Faurecia étant l’équi-
pementier en titre de la Maison
Peugeot. Mais Carlos Tavares, le

patron de PSA, ne s’en cachait
pas : son groupe avait besoin de
grandir, et la participation dans
Faurecia, l’un des deux gros équi-
pementiers français avec Valeo,
faisait partie des actifs à mon-
nayer le jour venu pour y parvenir.

Retournement du marché
Cette éventualité devenue réalité
ouvre une période agitée pour
l’entreprise. Faurecia perd son
actionnaire de contrôle au
moment où les équipementiers
doivent faire face au retourne-
ment du marché automobile et
à des révolutions technologiques
qui nécessitent de lourds inves-
tissements.
Ces derniers mois, plusieurs
ténors du secteur comme Conti-
nental ou Plastic Omnium ont
publié des avertissements sur
résultats et annoncé des plans de
licenciement. Le moindre faux
pas est sanctionné en Bourse.
Sorti du giron de PSA, Faurecia
sera plus vulnérable à un raid
financier ou à une OPA hostile.

A l’issue de l’opération, les trois
principaux actionnaires de PSA
(la famille Peugeot, la Banque
publique d’investissement et le
chinois Dongfeng) détiendront
chacun entre 5 % et 6 % du capital
de Faurecia, ce qui pourrait for-
mer un embryon de noyau dur.

Mais l’accord ne comporte
aucune clause leur interdisant
de revendre leurs titres.
Plus largement, la fusion entre
PSA et Fiat Chrysler pourrait
devenir une mauvaise nouvelle
pour les équipementiers, puis-
qu’elle va réduire le nombre de
clients potentiels, et donc accroî-
tre la pression sur les prix.
Dans ce contexte chahuté, Fau-

recia, fort d’un chiffre d’affaires
annuel de 17,5 milliards d’euros
par an, fait heureusement bonne
figure. Ses fondamentaux sem-
blent solides, comme l’ont montré
des résultats historiquement
bons pour l’année 2018, avec une
marge opérationnelle atteignant
7,3 %. Malgré un troisième tri-
mestre délicat, le groupe dirigé
par Patrick Koller vient de confir-
mer ses objectifs financiers pour
l’année en cours.

« Que » le quatrième client
Il ne souffle pas non plus d’une
dépendance excessive envers son
futur ex-actionnaire, qui n’est
« que » son quatrième client, le
premier étant le groupe Volkswa-
gen. Faurecia paraît donc bien
armé pour affronter les turbulen-
ces à venir, à commencer par les
incertitudes sur le calendrier de
finalisation de l’union entre PSA
et Fiat Chrysler. —L. S.

(


Lire « Crible »
page 40

L’ idylle entre le groupe au lion et Fiat Chrysler


laisse Faurecia sur le bord de la route


Le montage prévoit que PSA
cède les 46,3 % qu’il détient
au capital de l’équipemen-
tier. Faurecia va donc
perdre son actionnaire
de référence au moment
où le secteur affronte
de fortes turbulences.

Le « plan magistral » de l’Allemagne pour les bornes de recharge


Nathalie Steiwer
— Correspondante à Berlin


Ce sera la future Golf de la classe
moyenne allemande, promet Her-


bert Diess, le patron de Volkswa-
gen : la production en série de l’ID.3,
le premier modèle 100 % électrique
VW, a été lancée officiellement
lundi à Zwickau. Angela Merkel a
fait le déplacement, s igne du soutien
indéfectible du gouvernement alle-
mand à son industrie automobile,
qui tente de reprendre la main sur
l’électrique après la tempête du
« dieselgate ».
Dans la foulée, la chancelière ren-
contrait lundi soir les constructeurs
et le secteur de l’énergie pour discu-
ter d’un futur « plan magistral pour
les infrastructures de chargement ».
Avec deux points de friction : le

financement et la répartition des
compétences.
Le gouvernement allemand a
déjà mis en place une prime à l’achat
de 4.000 euros pour les p etits modè-
les et des avantages fiscaux pour les
voitures de fonction électriques. Il
passe maintenant à l’infrastructure,
point décisif pour convaincre les
consommateurs d’investir
30.000 euros dans u ne voiture à bat-
terie. « Nous voulons arriver à 1 mil-
lion de bornes d’ici à 20 30 », a
annoncé la chancelière dans son
traditionnel podcast du samedi. Il y
a actuellement 21.000 points de
chargement dans le pays.

Comment faire? Le « plan magis-
tral » prévoit d’investir 3 milliards
d’euros d’ici à 2023 pour le dévelop-
pement d’une infrastructure de
chargement « alternative »,
incluant l’électrique et l’hydrogène.
Dès 2020, 50 millions d’euros
seraient mis sur la table pour déve-
lopper les installations privées.
« L’industrie devra y prendre part », a
prévenu la chancelière. L’Etat doit
davantage jouer sur le tarif des péa-
ges, répondent l es constructeurs, un
sujet pourtant déjà sensible en Alle-
magne.
Sur le plan réglementaire, les cri-
tères pour installer des bornes dans

les stations d’autoroute seront pré-
cisés en 2020. Le plan évoque aussi
des mesures pour « encourager » la
construction de points de recharge-
ment sur les parkings clients,
notamment les supermarchés.

Coordination nationale
Un point à première vue bureaucra-
tique pourrait s’avérer essentiel au
pays du fédéralisme tout-puissant :
la création d’un « centre national de
coordination » d’ici à la fin de
l’année. Le secteur a besoin d’une
répartition claire des tâches entre le
gouvernement et l’industrie, mais
aussi entre l’Etat fédéral, les régions

et les communes, a prévenu Olivier
Blum, le patron de Porsche, lors
du sommet automobile organisé
par le « Handelsblatt » fin octobre.
Alors que certaines parties de
l’Allemagne s ont encore des
« déserts » électriques, Munich ou la
Rhénanie-du-Nord-Westphalie
subventionnent déjà l’installation
privée de bornes. Lundi, les c ommu-
nes et la région du Bade-Wurtem-
berg ont lancé un projet commun
pour le développement des infras-
tructures de chargement. Autant de
régions entre Düsseldorf, Dort-
mund ou Stuttgart, où l’industrie
automobile domine.n

AUTOMOBILE


Le gouvernement
d’Angela Merkel a
présenté un « plan »
à plus de 3 milliards
d’euros pour booster
le réseau de bornes
de chargement.


Sorti du giron de
PSA, l’équipementier
sera plus vulnérable
à un raid financier
ou à une OPA hostile.

ENTREPRISES


Mardi 5 novembre 2019Les Echos

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