Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

Les Echos Mardi 5 novembre 2019 ENTREPRISES// 19


de Madrid Barajas et en faire « un
vrai rival » pour les grandes places
fortes européennes, entre Paris-
CDG, Amsterdam, Francfort et
Londres-Heathrow.
Cette opération conforte égale-
ment l’enracinement espagnol et,
donc, européen du groupe IAG à la
veille du Brexit qui pourrait remet-
tre en question le droit des compa-
gnies britanniques à opérer des
lignes intra-européennes. Pour se
mettre à l’abri d’un tel risque, IAG
avait déjà pris soin de devenir juri-
diquement un groupe espagnol. Et
ce, bien que sa principale compo-
sante, British Airways, soit basée
à Londres-Heathrow.

Faire de Madrid
un grand hub européen
Avec le rachat d’Air Europa, qui
s’ajoutera aux activités d’Iberia,
de Vueling et de sa filiale low cost
long-courrier Level, la majorité de
l’activité d’IAG sera désormais en
Espagne. IAG reprendra même à
Ryanair le titre de numéro un du
marché espagnol en nombre de
passagers, avec un total de 72 mil-
lions de passagers transportés,
en incluant les 17,36 millions de

clients d’Air Europa, sur un total
de 113 millions en 2018 pour
l’ensemble du groupe.
« L’acquisition d’Air Europa
signifie ajouter une nouvelle ligne
aérienne compétitive et rentable, ce
qui fera de Madrid un hub européen
leader et va permettre qu’IAG
prenne la tête de l’Atlantique Sud,
en générant ainsi des valeurs finan-
cières additionnelles pour nos
actionnaires », a indiqué Willy
Walsh, le directeur général d’IAG,
en annonçant aussi la « potentia-
lité de fortes synergies » et de
retours, et il calcule que « la renta-
bilité sur le capital investi par IAG
augmentera dans la quatrième
année ».

Cette opération permettra éga-
lement de creuser l’écart avec Air
France-KLM sur le marché des
liaisons entre l’Europe et l’Améri-
que latine. Un marché très renta-
ble sur lequel le principal parte-
naire d’Air France-KLM était
justement Air Europa. Avec le ren-
fort de ce dernier, IAG portera sa
part de marché de 19 % actuelle-
ment à 26 %, selon l’estimation du
bureau d’études Bernstein, tandis
que celle d’Air France-KLM décli-
nera d’autant. De quoi permettre à
IAG de faire de Madrid « une passe-
relle européenne entre l’Asie et
l’Amérique latine », selon Luis Gal-
lego, le directeur général du
groupe Iberia.n

IAG distance Air France-KLM


sur l’Amérique latine


l Le groupe aérien hispano-britannique, propriétaire d’Iberia, va débourser


1 milliard d’euros pour acheter la compagnie espagnole Air Europa.


lL’opération va permettre à IAG de s’ancrer en Europe et de s’imposer


en leader sur le secteur de l’Atlantique Sud.


Cécile Thibaud
@CecileThibaud
— Correspondante à Madrid


IAG veut devenir le seul Grand
d’Espagne. Le holding hispano-
britannique issu de la fusion de
British Airlines et d’Iberia a
annoncé lundi avoir conclu un
accord pour le rachat de la compa-
gnie aérienne espagnole Air
Europa. IAG offre 1 milliard
d’euros à l’actuel propriétaire, le
groupe touristique Globalia.
L’acquisition devrait être bouclée
d’ici à la fin de 2020, une fois obte-
nues toutes les autorisations
nécessaires.
L’acquisition d’Air Europa est
l’opération la plus importante
d’IAG depuis le rachat d’Aer Lin-
gus en 2015. Elle devrait marquer
un virage stratégique à plusieurs
détentes, qui va non seulement
permettre au groupe de reprendre
du terrain sur le marché espagnol,
mais aussi de poser les bases
nécessaires pour orchestrer la
montée en puissance de l’aéroport


AÉRIEN


ce-KLM au sein de l’alliance Sky-
team, avait annoncé fin septem-
bre une prise de participation de
20 % au capital de la compagnie
latino-américaine Latam, principal
partenaire commercial d’IAG en
Amérique du Sud et membre de
l’alliance Oneworld. Ce n’était pas la
première fois que Delta utilisait son
chéquier pour braconner sur les
terres d’IAG. La c ompagnie
d’Atlanta l’avait déjà fait pour éloi-
gner la brésilienne GOL de l’alliance
Oneworld et pour recruter Virgin
Atlantic face à British Airways...
Mais aussi pour transformer pro-
gressivement l’alliance Skyteam en
une constellation de satellites, à
coups de prises de participations
chez Air France-KLM (9 %), Aero-
mexico (40 %), China Eastern
(3,5 %) et Korean Air (10 %).

Le cercle des joueurs
se réduit
Sur le papier, ces prises de partici-
pations minoritaires n’offrent pour-
tant pas d’avantage majeur com-
paré à un accord commercial de
type « joint-venture ». En théorie,
les investissements étrangers dans
les compagnies aériennes restent
en effet limités partout dans le
monde. Mais cette stratégie capita-
listique présente deux avantages.
Le premier est de répondre aux
besoins de cash de nombreuses
compagnies aériennes. Le second
est de limiter le nombre de joueurs
admis à la table de jeux de la mon-
dialisation. Un cercle restreint dont
Air France-KLM risque d ’être e xclu,
faute de moyens financiers.
C’est tout l’enjeu du plan stratégi-
que que doit dévoiler ce mardi, son
directeur général, Benjamin Smith.
Pour pouvoir rester à la table de
jeux, Air France-KLM doit non seu-
lement porter sa rentabilité au
niveau des autres gros joueurs,
mais aussi convaincre les investis-
seurs de lui donner les moyens de
ses ambitions. Sans quoi le groupe
risque tout simplement de passer
du statut de consolidateur à celui
de proie.n

L’argent, nouvelle arme


fatale des alliances


aériennes


L’acquisition d’Air Europa est l’opération la plus importante d’IAG
depuis le rachat d’Aer Lingus en 2015. Photo Shutterstock

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Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic


En matière de consolidation, les
grandes alliances commerciales
n’ont plus le vent en poupe. Après
avoir structuré le transport aérien
international au cours des vingt
dernières années, les Skyteam,
Oneworld, Star Alliance et autres
sont désormais bousculées par la
forme la plus simple et la plus bru-
tale de consolidation : les prises de
contrôle capitalistiques.
Dernière illustration de ce phé-
nomène, l’annonce du rachat d’Air
Europa par le groupe IAG, maison
mère de British Airways et Iberia.
En rachetant la deuxième compa-
gnie espagnole pour 1 milliard
d’euros, IAG fait coup double. Elle
élimine un concurrent d’Iberia,
Vueling et Level en Espagne, tout e n
privant Air France-KLM et
l’alliance Skyteam d’un partenaire
clef sur l’A mérique latine.
Partenaires depuis 2007, Air
France-KLM et Air Europa avaient
pourtant annoncé en juillet 2018
leur intention de resserrer leur
alliance c ommerciale e n créant une
coentreprise virtuelle pour exploi-
ter conjointement leurs vols entre
l’Europe et l’Amérique latine. Mais
l’attrait du cash a manifestement
été le plus fort chez Air Europa, qui
avait proposé à Air France-KLM de
la racheter.
Le patron d’IAG, Willie Walsh, ne
fait toutefois que répliquer au coup
porté, le mois dernier, à l’alliance
Oneworld par Delta. La compagnie
américaine, partenaire d’Air Fran-


Le rachat d’Air Europa
par IAG illustre la fragilité
des grandes alliances
commerciales nouées
dans les années 2000,
face à la stratégie des prises
de participation suivies
par certains, au premier
rang desquels IAG et Delta.


ANALYSE

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