Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

04 // FRANCE Mardi 5 novembre 2019 Les Echos


ment et le prix de l’énergie reste rai-
sonnable. Tout cela favorise les
embauches, malgré des difficultés
de recrutement à des sommets. « Ce
qui nous fait dire qu’il y a vraiment un
coup à jouer dans notre pays »,
estime François Asselin, sous-en-
tendu sur le plan de la lutte contre le
chômage. Ce d’autant plus que
l’encadrement des indemnités aux
Prud’hommes en cas de licencie-
ment abusif a été conforté par la
récente décision de la cour d’appel
de Paris, note-t-il avec satisfaction.
Pour jouer, encore faut-il en avoir
les moyens et, de ce point d e vue, c’est

« consolider » leurs fonds propres. La
volonté de l’exécutif de ne pas faire
exploser la fiscalité est une chose, le
décalage de ce point de vue avec les
entreprises allemandes demeure.
« Nous avons toujours la palme du
plus haut taux de fiscalité sur les
acteurs économiques », critique-t-il.
Dernier volet du triptyque, le cli-
mat social dans les PME est « plutôt
relativement paisible ». A en croire
François Asselin, il n’y a donc pas
d’effet de contagion au sein des peti-
tes entreprises des foyers de contes-
tation dans la fonction publique. De
ce point de vue, la prime « Macron »

y est pour quelque chose, estime-t-il,
puisque « plus de 40 % de PME ont
répondu présentes ».

L’accord d’entreprise dans
les TPE pas très bien perçu
Si les nuits des dirigeants de PME se
passent bien, les journées ne sont pas
exemptes de tracasseries, du côté fis-
cal. Crédit impôt transition écologi-
que (CITE), prêt à taux zéro, déduc-
tion forfaitaire spécifique (DFS)... le
projet de loi de finances 2020 est
conforme aux promesses du gouver-
nement, mais comme à chaque exer-
cice, il est émaillé de mesures pénali-

santes ciblées, assure François
Asselin. Sans constituer un casus
belli, la nécessité de conclure un
accord d’entreprise dans les TPE
pour l’intéressement ou la participa-
tion n’est pas bien perçu.
L’inquiétude principale porte sur
les impôts locaux qui, dixit le
patron de la CPME « s’envolent ». A
l’en croire, les recettes de la CVAE
ou autres CFE risquent d’atteindre
le même niveau en 2020 ou 2021
que celles de feu la taxe profession-
nelle. Pour François Asselin, il y a
urgence : « Le gouvernement doit
mettre un frein à cette inflation. »n

François Asselin, le président de la CPME, appelle le gouvernement à stopper « l’inflation » des impôts locaux. Photo Ludovic Marin/AFP

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Membres du comité stratégique

Leïla de Comarmond
@leiladeco

C’est la plus petite des cinq gran-
des. La CFTC tient, à compter de
ce mardi, son congrès ; un congrès
évènement non pas du fait de son
millésime – ce sera le 53e – mais
parce qu’il coïncide à quelques
jours près avec son centième anni-
versaire. La Confédération fran-
çaise des travailleurs chrétiens
est née le 1er novembre 1919 de la
fusion de 321 organisations de
salariés chrétiens, vingt-quatre
ans après la CGT, doyenne des
confédérations françaises.

Le C de « chrétien » a
perdu de son importance
Depuis le départ d’Alain Deleu, en
2002, et plus encore sous la prési-
dence de Philippe Louis, arrivé à
sa tête en 2011, le C de « chrétien » a
perdu de son importance. Les sta-
tuts de la centrale précisent tou-
jours qu’elle « se réclame et s’inspire
des principes de la morale chré-
tienne ». Mais c’est une « boussole »,
affirme son président, Philippe
Louis ; « et non une fin en soi »,
ajoute son successeur auquel il
va passer le flambeau en fin de
semaine : Cyril Chabanier, secré-
taire général de la Fédération de
la protection sociale de la CFTC,

Au-delà de ces enjeux internes,
le successeur de Philippe Louis
arrive à la tête d’une centrale fragi-
lisée depuis la réforme de la repré-
sentativité syndicale, mais qui a
réussi à maintenir la tête hors de
l’eau. Certains pariaient sur un
effondrement rapide q ui n’a p as eu
lieu. Si elle a baissé dans la fonc-
tion publique où elle est quasi
inexistante, elle a légèrement pro-
gressé lors de la seconde pesée de
représentativité dans le privé, en
2017, à 9,48 %. Rien n’est cepen-
dant gagné. Elle s’est fait dépasser
par la CGC, avec laquelle elle était
à touche-touche en 2013, qui, elle,
est passée au-dessus de 10,5 %. Et
surtout, la protection confédérale
qui assurait transitoirement une
représentativité dans toutes les
branches, quel q ue soit le score, est
tombée et le syndicat a perdu le
pouvoir de négocier dans nombre
d’entre elles, à commencer par la
métallurgie.

Place bien particulière
Mais pour petite qu’elle soit,
la CFTC occupe aujourd’hui une
place bien particulière dans le
paysage syndical français. Pas
seulement parce qu’elle a fait
depuis plusieurs années une
priorité de l’obtention de droits
sociaux attachés à la personne et
non plus au statut du salarié... Et
parce qu’elle est la centrale qui
a le verbe le moins haut sur les
politiques gouvernementales.
Sans elle, la CFDT se retrouverait
isolée sur l’échiquier, avec une
CGC qui désormais revendique
une « troisième voie » et une Force
ouvrière qui a rejoint le camp
contestataire à proximité d’une
CGT va-t-en-guerre. Il y a certes
aussi l’Unsa, le syndicat qui
monte, mais pour l’instant la
marche reste trop haute pour que
cette union autonome rejoigne le
club des organisations syndicales
représentatives.n

SOCIAL


La Confédération
française des
travailleurs chrétiens
va fêter ses 100 ans
à l’occasion de son
53 e congrès qui
s’ouvre ce mardi.

Philippe Louis
va passer la main
à Cyril Chabanier.

A la CFTC, une succession


dans la continuité


Alain Ruello
@AlainRuello
et Ingrid Feuerstein
@In_Feuerstein


Pour l’instant, tout va bien. Le Salon
Impact PME, nouvelle dénomina-
tion de « Planète PME », rendez-vous
annuel organisé par la CPME, ouvre
ses portes ce mardi dans un contexte
favorable, malgré les grands défis



  • écologie et numérique – du
    moment. C’e st simple, résume son
    président, François Asselin, il y a trois
    choses « qui font qu’un chef d’entre-
    prise patrimonial dort sur ses deux
    oreilles : l’épaisseur du carnet de com-
    mandes, la trésorerie et l’ambiance ».
    De ce point de vue, les nuits des inté-
    ressés sont plutôt calmes, assure-t-il
    dans un entretien aux « Echos ».
    Primo, l’activité reste bien orien-
    tée, malgré les nombreux bruits
    « anxiogènes » – Brexit ou relations
    commerciales sino-américaines
    notamment. Extrêmement bas, les
    taux d’intérêt favorisent l’investisse-


ENTREPRISES


Pour François Asselin,
le président de la
CPME, le contexte
est favorable pour
les petites entreprises
alors que s’ouvre
mardi le rendez-vous
annuel de son
organisation.


Seul bémol : le niveau
des taxes locales,
qui ont tendance
à s’envoler.


L’activité des PME toujours bien orientée


La CPME
veut réveiller
les partenaires
sociaux

François Asselin va prendre
contact avec les organisations
patronales et syndicales pour
relancer l’agenda social auto-
nome, fixé par les partenaires
sociaux eux-mêmes, qui est à
l’arrêt. La faute aux intéressés
eux-mêmes, selon le leader de
la CPME. « On peut reprocher
au gouvernement de faire sans
nous. On peut aussi se reprocher
de ne pas avoir balayé devant
notre porte. [...] Quand les lea-
ders ne veulent pas prendre le
leadership, il ne se passe pas
grand-chose », admet-il. Reste
à arrêter sur quoi négocier.
« Les sujets ne manquent pas.
L’emploi des seniors, par exem-
ple, même si c’est un sujet pour
les grandes entreprises »,
avance François Asselin.

le cas : les PME bénéficient d’un
niveau de trésorerie « correct »
même si ce n’est pas suffisant pour

Les PME bénéficient
d’un niveau
de trésorerie
« correct », même
si ce n’est pas
suffisant pour
« consolider »
leurs fonds propres.

qui s’inscrit dans la continuité de
son prédécesseur. Mais, de ce
point de vue, le congrès marquera
un pas de plus dans la distancia-
tion. Il devrait, en effet, signer la
défaite du courant fondamenta-
liste catholique, minoritaire mais
toujours actif.
Après le départ de Bernard
Vivier, candidat suppléant appa-
renté Front national en 1978,
aujourd’hui directeur de l’Institut
supérieur du travail, est annoncé
celui de Joseph Thouvenel, secré-
taire général de l’Union départe-
mentale de Paris de la CFTC, très
actif dans La Manif pour tous et
auquel certains prêtaient l’ambi-
tion de prendre la tête de la cen-
trale. Son affichage avec Marion
Maréchal, le 16 octobre 2016, avait
créé l’émoi dans le syndicat.

Il avait amené la CFTC à affirmer
le « désaccord total » de la confédé-
ration avec le Front national,
« empêchant ainsi toutes rela-
tions ». Mais Joseph Thouvenel
était resté vice-président de la
confédération. Il ne pourra plus
l’être, ne figurant pas sur la liste d es
candidats à la nouvelle direction.
Va-t-il pour autant être contraint
de se replier sur son union dépar-
tementale? Il se murmure qu’il
pourrait revenir par la petite porte,
si le nouveau président de la cen-
trale décide de le nommer secré-
taire confédéral, un poste non sou-
mis à élection. La décision de Cyril
Chabanier donnera une indication
de sa marge de manœuvre.

Le congrès devrait
signer la défaite
du courant
fondamentaliste
catholique,
minoritaire mais
toujours actif.
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