Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

40 // Mardi 5 novembre 2019 Les Echos


Wall Street regrettera le patron
de McDonald’s, mais pas son départ.

Une erreur de jugement à 4 milliards de dollars, cela fait quand même
beaucoup. La facture correspond à la capitalisation envolée (– 2,95 %)
chez McDonald’s après l’annonce du départ du directeur général,
remercié pour avoir entretenu une liaison consentie avec un ou une sala-
rié(e) (aucun détail n’a été divulgué). Steve Easterbrook n’avait pas démé-
rité boursièrement parlant, depuis sa prise de fonction en 2015, par rap-
port aux autres représentants des fast-foods ou par rapport au bench-
mark général. Et s’il n’a pas réussi à vivifier le trafic dans ses restaurants
ou à enjoliver assez ses menus avec des burgers végétariens, il n’e st pas
certain que son successeur Chris Kempczinski, jusqu’à présent chargé
des Etats-Unis, aura la tâche plus facile. Son CV long comme un bras dans
la grande consommation (P&G, PepsiCo, Kraft Foods) et son bon travail
en tandem avec le partant, son mentor, ont tout pour rassurer Wall Street.
Mais justement, pour vivifier le géant de Chicago, ils n’étaient pas trop de
deux. Les commentateurs ont beau jeu de souligner que la même affaire
n’aurait pas forcément eu les mêmes conséquences dans d’autres pays.
Mais, si Wall Street regrette le patron sortant, il ne peut se lamenter
de son départ vu les risques juridiques et de réputation associés,
outre-Atlantique, avec les comportements inappropriés.
L’erreur en défaveur de l’histoire boursière serait encore pire.

Le « Petit Prince » pensait que ce
qui embellit le désert, c’est qu’il
cache un puits quelque part.
Les princes de Wall Street, eux,
le trouvent beaucoup plus beau
lorsque le puits sort enfin du
sable. L’introduction en Bourse
de Saudi Aramco n’est plus
un serpent de mer. Et comme on
n’est pas à la Bourse de New York
corsetée dans sa réglementation,
mais sur un Tadawul très affran-
chi, les banques pilotant l’opéra-
tion (une vingtaine) s’en donnent
à cœur joie. Les hauts des four-
chettes d’estimations de Gold-
man Sachs et de BofAML (de
2.270 à 2.300 milliards de dol-
lars) plairont au prince héritier
Mohammed ben Salmane, qui
visait les 2.000 milliards, moins
leurs bas (respectivement 1.600
et 1.220 milliards). La boussole
pointant, selon Bloomberg, entre
1.600 et 1.800 milliards, ce puits-
là verra jaillir la plus importante
levée en Bourse de l’histoire
(de 32 à 36 milliards).

Erreur et défaveur


Même déprimée, l’introduction en Bourse de Saudi Aramco va peser lourd.
L’essentiel et l’accessoire

La Bourse n’attribue pas de valeur
à l’indépendance éventuelle de Faurecia.

Jouer les accessoires dans un grand mariage, c’est dans l’ordre
des choses quand on est un spécialiste de l’équipement. Ce destin
était même inscrit dans les gènes de Faurecia, la fille à 46,3 % que
PSA ne considère plus depuis longtemps comme étant au cœur
de la famille. Le groupe dirigé par Patrick Koller se doutait que, tôt
ou tard, il servirait de monnaie d’échange ou de virgules d’ajustement
des parités dans le cadre d’une fusion. Le second cas prévaudra
dans l’hypothèse d’une distribution des titres Faurecia détenus par
sa maison mère, soit presque 3 milliards d’euros, à ses actionnaires,
un préalable à son union à 50-50 avec Fiat Chrysler. Bien qu’il s’agisse
de la meilleure configuration possible pour asseoir l’indépendance
du leader mondial des sièges, les investisseurs n’ont pas, pour l’instant,
voulu attribuer de valeur supplémentaire à cette nouvelle liberté.
De celle-ci dépendra la prime payée par les actionnaires de Peugeot
pour se rapprocher du véhicule des Agnelli, constate le courtier Invest
Securities. Le bloc de 17 % du capital, constitué à parité du holding
familial FFP, de l’Etat et du chinois Dongfeng, n’aura probablement pas
la même solidité. La consolidation des grands donneurs d’ordre sonne
la fin de deux décennies dorées pour les équipementiers. L’essentiel
sera donc de savoir transformer une simple séparation en véritable
émancipation.

// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.684,85 milliards d’euros (au 09-10-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,86 en août 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,2 % au 2e trimestre 2019
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

Les zéros du Cheikh


crible


EN VUE


Jean-Paul Dubois


L


e même jour, lundi, deux infor-
mations sont tombées, nous
apprenant, l’une que Besançon
est devenue « la ville la plus attractive
de France », l’autre que Jean-Paul
Dubois remportait le Goncourt avec
« Tous les hommes n’habitent pas
le monde de la même façon ». La
deuxième nous a moins surpris que
la première. Amélie Nothomb était
menaçante, beaucoup la donnaient
gagnante. Elle sera restée sur sa « Soif ».
« La tempête Amélie » n’aura pas lieu
chez Drouant mais elle se rattrape en
librairie, déjà 150.000 exemplaires ven-
dus. Mais, depuis le début, la critique
s’emballe pour l’auteur toulousain esti-
mant que son vingt-deuxième titre est
le meilleur. Né en 1950, l’ancien de
« L’Obs » est un obsessionnel, les voitu-
res, les dentistes, les tondeuses, les che-
vaux, les accidents d’avion, il les décrit
comme un horloger. Dubois est égale-

ment un branleur, il ne travaille qu’un
mois par an. En mars. De toute façon,
en général il pleut. Et il ne travaille pas
« tous » les mois de mars. La dernière
fois c’était pour « La Succession » parue
en 2016. Huit pages par jour pendant
30 jours sur l es 31 du mois, s oit
240 pages. L’explication? « Je veux être
propriétaire de mon temps. » Avec ce
Goncourt, l’auteur, déjà prix Femina
en 2004 pour « Une vie française », n’a
pas gagné que le chèque de dix euros et
les 367.000 exemplaires de moyenne
qui vont avec, il eut droit aussi à son
stock de calembours, cela a dû lui rap-
peler la cour de récréation. « L’Obs » :
« Le Goncourt envoie Dubois ». Pivot
lui-même dans sa chronique du
« JDD » avait osé : « Le Dubois dont sont
faits les romans. » Merci Bernard!

(


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Page 12

Le CAC 40 s’approche des 6.000 points



  • L’indice CAC 40 s’est inscrit en pro-
    gression de 1,08 %, à 5.824,30 points
    dans un volume d’échanges modéré
    de 3,7 milliards d’euros. L es marchés
    ont été rassurés par les propos du
    conseiller économique de Donald
    Trump, Larry Kudlow. Il avait fait
    état vendredi « d’énormément de
    progrès » dans les négociations sur
    un accord partiel entre les Etats-
    Unis et la Chine. Pékin a, pour sa
    part, évoqué des « discussions sérieu-
    ses et constructives » samedi. En
    Europe, la Bourse de Londres a
    gagné 0,92 % et celle de Francfort
    1,35 %. Madrid et Lisbonne ont clô-
    turé sur des gains respectifs de
    0,95 % e t 1,71 %. Aux Etats-Unis, Wall
    Street évoluait dans le vert en début


de journée avec des hausses compri-
ses entre 0,3 % et 0,5 % des princi-
paux indices boursiers américains.
Du côté des valeurs françaises, les
banques ont profité de la remontée
des taux d’intérêt. BNP Paribas a
progressé de 2,71 %, à 48,45 euros,
alors que Société Générale a clôturé
en hausse de 2,73 %, à 26,57 euros.
Les valeurs liées aux matières pre-
mières ont profité du regain d’opti-
misme sur la croissance mondiale.
CGG a gagné 6,50 %, à 2,26 euros,
alors que Vallourec a terminé sur u n
gain de 4,84 %, à 2,42 euros. LVMH,
première valeur du CAC40, a par
ailleurs passé le cap des 200 mil-
liards d’euros de capitalisation
boursière (lire page 17).
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