Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

« Pékin ne fait pas beaucoup


de concessions »


Propos recueillis par
Michel De Grandi
@MdeGrandi

E


mmanuel Macron arrive en
Chine dans un climat plutôt
favorable aux intérêts euro-
péens alors que Pékin ferraille avec
Washington sur les questions
commerciales. La Chine a ouverte-
ment critiqué la France, qui appe-
lait à la désescalade à Hong Kong.
L’agitation constante que crée
Donald Trump ne doit pas faire
oublier que les ambitions à moyen
terme sont autrement plus préoc-
cupantes que ce brouhaha de court
terme, estime François Godement,
conseiller pour l’Asie à l’Institut
Montaigne.

Pékin a-t-il besoin de s’appuyer
davantage sur l’Europe?
La Chine réserve toujours quelques
surprises d ans sa façon de procéder
avec ses principaux partenaires.
Compte tenu des problèmes qu’elle
rencontre a ctuellement, elle
devrait logiquement éviter l’isole-
ment et être plus accommodante
avec les Européens, moins mena-
çants que les Etats-Unis. Les dos-
siers économiques que négocient
Bruxelles et Pékin portent surtout
sur les investissements et sont donc
nettement moins sujets à l’escalade
que le conflit commercial avec
Washington. Pourtant, seuls des
accords techniques avancent,
comme celui sur l’aviation civile et
peut-être bientôt celui sur les indi-
cations géographiques. Des points
de friction subsistent : l’A llemagne
s’est récemment attiré les foudres
de Pékin en recevant Joshua Wong,
l’un des leaders de la « révolte des
parapluies » à Hong Kong. L’ambas-
sadeur de Chine à Paris n’a pas
apprécié n on p lus que l’Union e uro-
péenne puis le Quai d’Orsay appel-
lent à la désescalade et a u dialogue à
Hong Kong. Sur la défensive, la
Chine ne fait pas beaucoup de con-
cessions, même si les partenaires

res européens. Depuis plusieurs
mois, l’Union européenne se fait
plus discrète vis-à-vis de la Chine.
On se souvient qu’en mars la Com-
mission européenne a publié une
communication sur les relations
UE-Chine où elle qualifiait cette der-
nière de « rival systémique ». Les
Européens donnent l’impression
d’être pris entre deux feux. Jean-
Claude Juncker, le président de la
Commission européenne, s’était
rendu aux E tats-Unis e n juillet pour
arracher un armistice commercial
à Donald Trump sur les projets
américains de surtaxation des pro-
duits européens. Mais il ne faut pas
se tromper de cible. Ce n’est pas
parce que l’allié américain s’agite et
occupe le terrain qu’il constitue le
principal danger. Les problèmes
que pose la Chine avec son système
économique subventionné sont
autrement plus importants. Mais
l’hyperactivité de Trump se voit sur
le court terme alors que les actions
de la Chine portent sur le long
terme.

La France prône la constitu-
tion d’un axe indo-pacifique.
Est-ce un point de friction
entre Macron et Xi Jinping?
Quand un sujet est une gêne straté-
gique, les Chinois n’en parlent p as. I l
y a donc peu de chances que les
enjeux indo-pacifiques soient évo-
qués durant la visite. Pas plus que
ne sera abordée la question de la
liberté de navigation à laquelle la
France reste très attachée et qui se
pose en mer de Chine du Sud. Pour
autant, les Chinois peuvent com-
prendre la position de la France.
Elle dispose du deuxième espace
maritime au monde mais ne peut le
défendre seule, et doit aussi coopé-
rer avec ses voisins. Bien sûr, en
s’inscrivant dans cet axe indo-paci-
fique, Paris rappelle aussi qu’il reste
un important fournisseur d’arme-
ment dans cette zone e t qu’il
n’exclut pas de le devenir aussi pour
le Japon.n

européens semblent moins actifs
que les Etats-Unis sur la question
des droits de l’homme. Elle mène
aussi une campagne intense pour
Huawei et contre les mesures de
sécurité qui la menacent dans la 5G.
Face à une Chine très à la pointe sur
ce sujet, Angela Merkel vient de
rompre un accord tacite entre
Européens. Cela ne facilitera pas la
visite d’Emmanuel Macron.

Dans la guerre commerciale
entre les Etats-Unis et la Chine,
l’Europe évite de prendre
ouvertement position.
Comment cela est-il ressenti
à Pékin?
Le président Trump mène une
guerre brouillonne sur plusieurs
fronts à la fois. Face à un t el compor-
tement, il devient difficile de mettre
en place une coordination transat-
lantique sérieuse avec les partenai-

FRANÇOIS
GODEMENT
Conseiller pour l’Asie
à l’Institut
Montaigne

Il a dit


La Chine « devrait
logiquement éviter
l’isolement et être
plus accommodante
avec les Européens,
moins menaçants
que les Etats-Unis ».

cas. Plusieurs entreprises déplo-
raient par ailleurs ne plus pouvoir
bénéficier de facilités de crédit
pour financer leurs importations.
Le directeur de la Banque du
Liban, Riad Salamé, avait garanti
fin octobre qu’aucun contrôle des
capitaux ne serait officiellement
mis en place à la réouverture des
banques. Il avait cependant laissé
aux établissements la décision
d’instaurer de façon discrétion-
naire leurs propres régulations.
Cela équivaut à « un contrôle
informel des capitaux », réagissait
sur Twitter l’ancien banquier et
chercheur affilié à l’université de
Harvard, Dan Azzi.
Un flou destiné à éviter de pro-
voquer un ralentissement des flux
de capitaux de l’étranger, indis-
pensables p our c ompenser le défi-
cit de la balance des paiements
libanaise, tout en laissant les ban-
ques prendre des mesures afin de
contenir un éventuel mouvement
de panique des déposants.
Les conséquences de ces deux
scénarios seraient en effet préoc-
cupantes pour le Liban. Le pays
traverse depuis plusieurs mois
une crise de liquidités sans précé-
dent, menaçant la capacité de sa
banque centrale à assurer la stabi-
lité de la livre libanaise par rapport
au dollar, auquel la valeur de la
monnaie locale est arrimée. Fin
septembre, il était devenu impos-
sible de se procurer des billets
verts aux distributeurs. La restau-

Àlatêtedequatreétablissementsdans lesquels
travaillent quatredeleursenfants, Jeannine et
Christophe Simonexercent plus qu’un métier.C’estune
passion qu’ilscommuniquent chaque jouràleursclientset
leurséquipes!

Jeannine&Christophe
SIMON
B&BHOTELSAGEN,
TOULOUSECITÉDEL’ESPACE,
PERPIGNANSUDMARCHÉ
INTERNATIONAL&PORTED’ESPAGNE

Découvrez son portraitsur la chaîne B&BHOTELS


«Unentrepreneur


n’avancejamai sseul»


Histoiresd’Hôteliers&Entrepreneurs
ÉPISODE 11 - NOVEMBRE 2019

COMMUNIQUÉ


L’


histoireducoupleSimon débutelors
d’unerencontre... dans un hôtel!
«J’étais DirecteuretJeannine,
GouvernanteGénérale»,
explique Christophe.
En 2011, B&B HOTELS lui
confie la gérancedel’hôtel
Marché International à
Perpignan.«Jeannine m’a
ensuiterejoint. Aujourd’hui,
nousévoluonsentrenos
quatresociétésàPerpignan,
To ulouseet Agen».

L’amourdumétier
Pour Jeannine et Christophe,l’entrepreneuriat
estavanttoutun ehistoiredef amille.«Nousavons
8enfants et4d’entreeuxtravaillentànoscôtésen
tantqu’adjointsdedirection »,explique Jeannine.
Etcesdeuxamoureuxdel’hôtellerieontlemétier
dansle sang.«Cequi m’atoujoursplu dans la
gérancemandat, c’estl’étendue des missions. De
l’accueilclientaudéveloppementcommercial, en
passantparle service,noussommes actifsàtous
lesniveaux.Nousavons fait grandir notreentreprise
petitàpetit, c’est unpeucomme notre9ebébé».

Lecollectifavanttout
«Unentrepreneurn’avancejamaisseul»,soulignent-

ils. Les équipes peuventcompter surleur
soutien.«Parexemple, nous ne faisons pas appel
àdes prestataires pourle nettoyage, nosfemmes
de chambres sonttoutes salariées ».Et
Christophe n’hésitepas àporterhaut
la voix de ses équipes et des autres
directeurs:«pendantdeux ans,
j’ai fait partieduComitéParitaire
quiregroupelesreprésentants
hôteliersdechaquerégion».

Le sens del’innovation
Pour innover, le coupleSimonaplus
d’untourdanssonsac.Unexemple?L’hôtel
d’Agenétant situéen périphérie de laville, il
était difficilepourlesclientsdeserestaurersans
emprunter leur véhicule.«Nousavons donc fait
venirlesrestaurants ànous!Leparking del’hôtel
aétéouvertàdesfoodtrucksqui proposent
leursplatssavoureux
ànos clients ».Une
ingéniositéetunsens
de l’innovation àtoute
épreuve.«L’autonomie
dontnousbénéficions
nous pousse chaquejour
ànouschallenger. Un plus
pourlesclients,comme
pour noséquipes!». Conception

&réalisation:

-Crédits:B&BHOTELS,QuentinO’Bear

,DR

Passionfamiliale


Initiatives


hotelbb.com

ne face à Xi Jinping


Justine Babin
—A Beyrouth

Les banques libanaises étaient
ouvertes lundi, pour le troisième
jour ouvrable consécutif, après
deux semaines d’une fermeture
imposée par un mouvement de
contestation anti-gouvernemen-
tal inédit dans le pays.
Des restrictions sur les opéra-
tions bancaires étaient toutefois
encore imposées par une partie
des établissements redoutant une
fuite des capitaux, dans un con-
texte de marasme économique,
aggravé par la crise de confiance à
l’égard des institutions.
Les demandes de retrait de
fonds, de conversion de livres liba-
naises en dollars et de transferts
internationaux étaient fortement
encadrées et traitées au cas par

PROCHE-ORIENT


Les banques ont
rouvert vendredi
dernier au Liban,
après deux semaines
de fermeture impo-
sées par le soulève-
ment populaire.

Les mouvements
de capitaux étaient
néanmoins encore
très contrôlés lundi.

Le Liban reste prudent


face au risque de fuite


des capitaux


ration d’un climat de confiance
dépend désormais en partie des
suites de la crise politique en
cours. Après plusieurs jours
d’accalmie, les Libanais étaient de
nouveaux nombreux à descendre
dans les rues ce week-end, dans la
capitale, Beyrouth, e t dans
plusieurs autres grandes villes
du pays.

Prochaine étape : le lancement
de consultations parlementaires
devant permettre la nomination
d’un nouveau Premier ministre et
la constitution d’un nouveau gou-
vernement. Près d’une semaine
après la démission de l’ancien chef
du gouvernement Saad Hariri,
aucune date n’a encore été fixée.
Plusieurs routes étaient ainsi de
nouveau bloquées lundi par des
manifestants protestant contre un
risque d’enlisement.n

La restauration d’un
climat de confiance
dépend désormais
en partie des suites
de la crise politique
en cours.

Les Libanais étaient
nombreux
à descendre dans
les rues ce week-end.

DR

Les Echos Mardi 5 novembre 2019 MONDE// 07

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