Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

08 // MONDE Mardi 5 novembre 2019 Les Echos


«Repenser larelation État-usagers :
les bénéfices dunumérique pour tous »

Evénement co-organiséavec :

Mardi26novembre2019à18h

Cédric O


Secrétaire d’État


chargé du Numérique


Informationsetinscriptions:
http://www.lesechos-prospective.fr

tés de la capitale ont imposé la fer-
meture des écoles et interdit les
chantiers de construction jusqu’à ce
mardi dans la région de Delhi. Des
masques de protection ont été dis-
tribués et la circulation alternée a
pris effet dès lundi et restera en
vigueur jusqu’au 15 novembre. Mais
les autorités locales et fédérales se
renvoient la responsabilité de la
situation : le ministre en chef de
Delhi blâmant les Etats voisins en
raison des brûlis agricoles, et le
ministre fédéral de l’Environne-
ment, Prakash Javadekar, l’accu-
sant de politiser la situation.

Absentéisme et départs
« Alors que les habitants de Delhi ne
peuvent plus aller au travail ou à
l’école sans tomber malade et qu’ils
perdent de l’argent, nos dirigeants se
contentent de se renvoyer la balle »,
s’emporte Tamseel Hussain, fonda-
teur de la plate-forme citoyenne
LetMeBreathe (Laissez-moi respi-
rer, en français). Selon des calculs de
la Banque mondiale, en 2013, les
frais médicaux et la perte de produc-

tivité due à la pollution ont coûté à
l’Inde 8,5 % de son PIB.
« Avec les taux de pollution actuels,
l’absentéisme dans les entreprises
augmente et ceux qui sont présents
voient également leur productivité
diminuer », confirme E. Somana-
than, économiste à l’Institut indien
de statistique. Et il ne s’agit là que des
conséquences à court terme : « Une
économie comme l’Inde a besoin
d’une force de travail hautement qua-
lifié et toute une partie de ses talents
risquent de partir à l’étranger pour

éviter de travailler à Delhi », prévient
E. Somanathan. Sans parler des con-
séquences directes sur le transport
aérien et ferroviaire. Dimanche, en
raison du manque de visibilité, près
d’une quarantaine d’avions n’ont pas
pu atterrir à l’aéroport de New Delhi
et des centaines de vols ont enregis-
tré des retards au départ et à l’arri-
vée. Alors, pour dire leur ras-le-bol,
les habitants de New Delhi se sont
donné rendez-vous ce mardi soir
pour manifester. Leur mot d’ordre :
« Plus de connerie, trop c’est trop ».n

en bref


L’ Inde jette


l’éponge


sur le RCEP


COMMERCE L’Inde a décidé d e
rester à l’écart du Partenariat
économique intégral régional
(RCEP), a indiqué Vijay Thakur
Singh, du ministère indien des
Affaires extérieures, à Ban-
gkok en marge du sommet des
dirigeants de l’A ssociation des
nations d’Asie du Sud-Est
(Asean). L’Inde craint que son
industrie ne soit durement tou-
chée si le pays était inondé de
produits bon marché fabri-
qués en Chine. Le RCEP vise à
créer une gigantesque zone de
libre-échange entre les dix
Etats de l’Asean, la Chine, le
Japon, la Corée du Sud, l’A us-
tralie et la Nouvelle-Zélande.
Les quinze pays sont tombés
d’accord lundi pour signer ce
texte en 2020.


Le gouvernement


libéral investi


en Roumanie


POLITIQUE Le gouvernement
minoritaire roumain présenté
par le libéral Ludovic Orban
a obtenu lundi la confiance
du Parlement, mettant fin
à une crise politique qui
retardait la formation de la
nouvelle Commission euro-
péenne. La désignation du
commissaire roumain est en
suspens depuis un mois. Avec
seulement 240 voix sur 465, il
succède au gouvernement de
Viorica Dăncilă, des sociaux-
démocrates majoritaires au
Parlement, renversé par une
motion de censure le 10 octo-
bre. Le nouveau cabinet va
essayer de regagner la con-
fiance des partenaires euro-
péens affectée par les réfor-
mes de la justice pilotées par
les sociaux-démocrates.


L’ Iran augmente


sa production


d’uranium


NUCLÉAIRE L’Iran a indiqué
lundi produire désormais
5 kilos d’uranium enrichi par
jour, plus de dix fois plus qu’il
y a deux mois lorsqu’il s’est
affranchi d’un certain nom-
bre de restrictions sur son
programme nucléaire aux-
quelles il avait consenti en



  1. L’Union européenne a
    mis Téhéran en garde sur le
    non-respect de ses engage-
    ments dans le cadre de
    l’accord de 2015 garantissant
    que ses activités nucléaires
    étaient purement civiles,
    accord dénoncé toutefois par
    Donald Trump en 2018.


New Delhi suffoque dans


un épais brouillard de pollution


INDE


Carole Dieterich
@caroledieterich
—Correspondante à New Delhi

L’ « airpocalypse » est de retour pour
une nouvelle saison. La capitale
indienne suffoque depuis plusieurs
jours déjà dans un épais brouillard
de pollution. La brume toxique qui
enveloppe Delhi laisse difficilement
passer les rayons du soleil et plonge
la ville dans une grisaille quasi apo-
calyptique. Dès le petit matin, la pol-
lution s’immisce dans les maisons :
elle commence par irriter les yeux,
encombrer les voies respiratoires et,
le soir, nombreux sont ceux qui se
plaignent de maux de tête.
Au cours du week-end, la concen-
tration de particules fines PM2.5 a
dépassé les 800 microgrammes par
mètre cube d’air. En clair, elle était
trente fois supérieure aux recom-
mandations de l’Organisation mon-
diale de la santé, qui estime qu’elle ne
devrait pas dépasser les 25 par jour
en moyenne. Les particules PM2.
sont si fines qu’elles peuvent s’infil-
trer dans le sang et elles contribuent
au développement de maladies car-
diovasculaires et respiratoires mais
aussi de cancers du poumon.

Morts prématurées
La situation relève donc bien de
l’urgence sanitaire en Inde, où la
pollution de l’air aurait causé la
mort prématurée de 1,2 million de
personnes en 2017. Pour reprendre
les termes d’Arvind Kejriwal, le
ministre en chef de la région de
Delhi, la capitale indienne est une
véritable « chambre à gaz ».
« Cela fait quatre à cinq ans que
nous connaissons ces épisodes de pol-
lution, j’ai du mal à respirer, on ne
peut pas sortir, mes yeux me brûlent
et c’est encore pire pour les enfants »,
se plaint Swati, cette habitante de
Delhi, maman d’un tout jeune bébé.
Les enfants, tout comme les person-
nes âgées, sont particulièrement
vulnérables à de tels niveaux de pol-
lution. Chaque année à la même
période, Delhi connaît des pics de
pollution en raison d’un cocktail
toxique. Les émissions industrielles
et d’automobiles, mais aussi l es brû-
lis agricoles provenant d’autres
régions, sont renforcées par des
phénomènes météorologiques et
rendent l’air irrespirable. New Delhi
détient ainsi, selon plusieurs étu-
des, le triste record de la capitale la
plus polluée au monde. Les autori-

lLe pic de pollution qui frappe New Delhi est l’un des plus violents qu’ait connus la capitale indienne.


lUn fléau aux conséquences sanitaires et économiques.


Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux

Donald Trump a enfin les mains
libres pour enclencher le retrait des
Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le
climat. Depuis la date du lundi
4 novembre qui, très exactement,
suit de deux ans celle d’entrée en
vigueur de cet acte historique, le
maître de la Maison-Blanche est en
droit d’enclencher la procédure de
désengagement des Etats-Unis en le
faisant officiellement savoir par
courrier au secrétariat des Nations
unies.
Une démarche que le président
des Etats-Unis a tout intérêt à exécu-
ter sans tarder. Sauf à donner le sen-
timent d’hésiter sur un de ses plus
ardents serments de campagne, en
2017, et à moins qu’il ne soit absolu-
ment certain d’être réélu. Le résultat
de la prochaine présidentielle amé-
ricaine tombera en effet le 3 novem-
bre 2020, c’est-à-dire avant que ne
s’achève le préavis de retrait que
l’administration Trump est censée
déposer et qui pourrait être levé si le
président américain sortant n’est
pas reconduit. O r tous ses opposants
démocrates potentiels se sont enga-

gés à faire revenir les Etats-Unis
dans l’accord.
Depuis qu’il en a fait l’annonce, le
1 er juin 2017 dans la roseraie de la
Maison-Blanche, Donald Trump ne
rate j amais une o ccasion d e rappeler
sa volonté de sortir le pays d’un
document adopté en 2015 et qui con-
duit 197 autres Etats de la planète à
agir côte à côte pour contenir le
réchauffement terrestre dans la
limite de 2 degrés, voire 1,5 degré si
possible. Un objectif au nom duquel
Barack Obama, son prédécesseur,
avait engagé son pays à réduire d’au
moins 26 % d’ici à 2025 p ar rapport à
2005 les émissions de gaz à effet de
serre (GES) dont il est le deuxième
producteur mondial.

Efforts insuffisants
Ce programme « aurait entraîné la
fermeture de nombreux produc-
teurs », a martelé Donald Trump, il y
a deux semaines, à Pittsburgh,
en Pennsylvanie, devant le « Marcel-
lus Shale Coalition (MSC) », une
association de producteurs d’huile
et de gaz de schiste. Un argument
auquel il sait très sensibles les élec-
teurs du Kentucky où il a réalisé
parmi ses meilleurs scores en 2017.
Un Etat charbonnier, où le président
tient meeting ce lundi et qui offre un
terrain particulièrement propice à
l’annonce du déclenchement d’un
retrait.
Reste à savoir si cette sortie en
bonne et due forme prêtera à consé-
quence quant à l’avenir de l’Accord
de Paris. « Fort heureusement, aucun

autre pays n’a suivi le président de
Trump pour prendre la porte », cons-
tate Alden Meyer, chef analyste de
l’Union of Concerned Scientists, un
think-tank nord-américain sur le cli-
mat. Le Brésil, malgré l’élection de
son président climatosceptique Jair
Bolsonaro, n’a pas dépassé le stade
des velléités et demeure partie pre-
nante dans l’accord. Les grands pays
émergents émetteurs de (GES),
Chine, Inde ou encore Afrique du
Sud, ont maintenu le processus,
même si les efforts qu’ils mènent
pour réduire leurs rejets sont jugés
insuffisants pour l’instant.
L’enjeu de la 25e Conférence mon-
diale sur le climat (COP25), qui se
tient du 2 au 13 décembre prochain à
Madrid, est de commencer à remon-
ter le niveau de leur ambition pour
qu’à la COP suivante, en 2020, à Glas-
gow, tous les Etats soient sur la tra-
jectoire de l’Accord de Paris.
Enfin, sur le plan intérieur,
Donald Trump peine à être suivi.
« Des Etats, des villes e t des entreprises
représentant plus de la moitié de l’éco-
nomie et de la population s e sont enga-
gés à tenir les objectifs de l’Accord de
Paris », fait valoir Alden Meyer. Les
tempêtes et les incendies ravageurs
qui se sont mis à frapper de plus en
plus durement les Etats-Unis ces
dernières années ne sont pas de
nature à alimenter le climato-scepti-
cisme dans l’opinion. En 2017, déjà,
plus des trois-quarts (77 %) des
Américains se déclaraient partisans
de maintenir les Etats-Unis dans
l’Accord de Paris.n

La sortie des Etats-Unis de l’Accord


de Paris est encore loin d’être jouée


Le président américain a
désormais les mains libres
pour sortir de l’Accord
mondial sur le climat.
Mais il lui faudra encore
patienter un an et s’assurer
de sa réélection pour
rendre ce retrait effectif.

New Delhi détient, selon plusieurs études, le triste record de la capitale la plus polluée au monde. Photo Jewel Samad/AFP

Les émissions
industrielles
et d’automobiles,
mais aussi les brûlis
agricoles, sont
renforcées par
des phénomènes
météorologiques
et rendent
l’air irrespirable.
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