Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

Les Echos Mardi 5 novembre 2019 MONDE// 09


L’ Etat britannique devrait


reprendre du poids


britannique se situait en moyenne à
37,4 %. « L’élection pourrait donc
défaire la révolution Thatcher d ans les
finances publiques, et ce, alors qu’une
partie de ce que faisait l’Etat dans les
années 1970 est aujourd’hui dans les
mains du privé », dit Resolution.
Entre les exercices 2010-2011 et 2018-
2019, les dépenses publiques n’ont
crû que de 5 milliards de livres. Par
habitant, elles ont fondu de
13.465 livres à 13.000 livres pour
2019-2020, calcule le think tank. C’e st
la plus longue période d’austérité
depuis la g uerre. Elle a affecté les per-
sonnes en âge de travailler plus que
les retraités. Et e lle a touché le budget
des collectivités locales, le transport
et le logement, plus que la santé et
l’éducation, qui étaient protégées.

Protection sociale
Certains estiment que le vote en
faveur du Brexit est la résultante de
cette austérité. En tout cas, la pro-
portion de gens demandant un Etat
plus protecteur s’est fortement
accrue depuis 2006, selon le son-
deur Ipsos Mori.
Le Labour se présente pour ces
élections avec un programme radi-
calement à gauche. Dans son calcul,
Resolution Foundation prend en
compte la promesse de la gauche
d’une hausse de 49 milliards
de livres des dépenses courantes

(y compris la protection sociale) et
de 25 milliards de dépenses d’inves-
tissements.

Hausses d’impôt
Si le Brexit colore fortement le scru-
tin de décembre, les tories, qui ont
confirmé lundi une hausse du
salaire minimum de 27 %, à
10,50 livres, d’ici à cinq ans, ne veu-
lent pas être en reste sur les promes-
ses sociales. Le 4 septembre, le chan-
celier de l’Echiquier, Sajid Javid,
avait annoncé une hausse de 4,1 %
des dépenses courantes pour 2020-
2021, soit 14 milliards, destinés aux
hôpitaux, à la police, à l’éducation...
La cagnotte f iscale identifiée au prin-
temps a vite été absorbée. Resolu-
tion intègre aussi une prévision de
20 milliards de hausse des dépenses
d’investissements, promises par la

droite. La dégradation des finances
publiques inquiète d’autant plus
que le vieillissement de la popula-
tion va commencer à se faire sérieu-
sement sentir sous le prochain
Parlement. Aujourd’hui, le gouver-
nement est seulement tenu de ne
pas dépasser 2 % de déficit d’ici à
2020-2021. Un nouveau cadre fiscal
est donc à inventer pour le futur, dit
Resolution.
Des hausses d’impôt sont à pré-
voir pour combler les déficits, disent
certains économistes. Sur la BBC,
l’historien Dominic Sandbrook a
rappelé que la hausse des dépenses
publiques dans les années 1970 avait
fait chuter la livre et nécessité un
sauvetage par le Fonds monétaire
international (FMI) en 1976. Il avait
été suivi de coupes radicales dans les
dépenses...n

lEn campagne électorale, la gauche et la droite promettent la fin de l’austérité.


lL’économie pourrait revenir très vite outre-Manche à son niveau des années 1970.


Nicolas Madelaine
@NLMadelaine
—Envoyé spécial à Londres


Les deux principaux partis britan-
niques en campagne pour les élec-
tions d u 12 décembre promettent de
tirer un trait sur la période d’austé-
rité déclenchée par la crise de 2008.
Conséquence : la place de l’Etat
dans l’économie pourrait revenir
très v ite o utre-Manche à son niveau
des années 1970.
Selon le think tank indépendant
Resolution Foundation, le poids des
dépenses publiques dans le produit
intérieur brut (PIB) devrait atteindre
41,3 % en 2023-2024 (l’année fiscale
démarre en avril), si les conserva-
teurs s ont élus, et 43,3 %, si c e sont les
travaillistes. Peut-être même davan-
tage, si les deux principaux partis de
gouvernement formulent de nouvel-
les promesses dans les manifestes
électoraux qu’ils vont bientôt dévoi-
ler, précise le think tank.
A ce niveau, le Royaume-Uni res-
terait loin de la France et de son taux
de dépenses publiques de 54 % du
PIB et même en deçà de la moyenne
de l’Union européenne (45,5 %).
Mais, entre le milieu des années 1980
et la crise de 2008, le poids de l’Etat


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devant au final réunir 5 0 % des voix.
Le nouveau Speaker, dont les pou-
voirs sont beaucoup plus étendus
que le président de l’Assemblée
nationale en France, aura la lourde
responsabilité de choisir les amen-
dements à mettre au vote, d’autori-
ser ou non les questions d’urgence,
et de distribuer la parole aux dépu-
tés dès q ue les travaux parlementai-
res reprendront, après l’élection
législative anticipée du 12 décem-
bre. Sa priorité sera d’apaiser une
atmosphère que les débats sur le
Brexit ont souvent rendue électri-
que. Il lui faudra aussi calmer le jeu
avec le gouvernement, là où John
Bercow lui a plusieurs fois, depuis
2016, mis des bâtons dans les roues.
Il devra, enfin, rétablir la confiance
auprès d’électeurs parfois excédés
de voir leur Parlement tant tarder à
mettre en œuvre le Brexit.

Connu pour son fort accent du
nord-ouest de l’Angleterre, Lindsay
Hoyle s’est notamment illustré en
remettant à leur place en 2017 les
élus du Scottish National Party
quand ils entonnèrent l’hymne
européen en pleine séance parle-
mentaire. L’homme a sa p art
d’excentricité : il posait ce week-end
dans le « Sunday Times » en compa-
gnie de toute sa ménagerie. Clin
d’œil à l’actuel Premier ministre
Boris Johnson, il a prénommé son
perroquet Boris, et lui a déjà appris à
crier « Order! », comme le font les
Speakers pour appeler les députés
au calme. Sa tortue « à la dure cara-
pace » s’appelle Maggie en référence
à Margaret Thatcher, et son rottwei-
ler Gordon, comme l’ex-Premier
ministre Labour Gordon Brown.n

Alexandre Counis
@alexandrecounis
—Correspondant à Londres


« Les gens ne veulent pas se souvenir
de l’arbitre, ils veulent se souvenir du
match. » Le grand favori dans la
course au poste de nouveau Speaker
de la Chambre des communes, Lind-
say Hoyle, promettait dès ce week-
end dans le « Sunday Times » un vrai
changement de style par rapport à
son prédécesseur à ce poste ô com-
bien stratégique, John Bercow, qui
avait annoncé son départ pour le
31 o ctobre. Une manière de se
démarquer par avance du flam-
boyant président de la Chambre des
communes, souvent accusé par les
élus brexiters de sortir de son o bliga-
tion d’impartialité pour faire le jeu
du « remain » dans les vifs débats de
ces derniers mois sur le Brexit.


Un perroquet nommé Boris
Le message a-t-il porté? Ce tra-
vailliste de soixante-deux ans,
député depuis vingt-deux ans et
premier adjoint de John Bercow
depuis 2010, était en tout cas large-
ment en tête, lundi soir, pour deve-
nir le nouveau Speaker. A l’issue du
deuxième tour de scrutin, il était,
avec 244 voix sur 57 5, loin devant la
conservatrice Eleanor Laing (122),
elle aussi adjointe de John Bercow
depuis 2013, le travailliste Chris
Bryant (120), de son propre aveu
véritable maniaque de la procédure
parlementaire, et la travailliste Har-
riet Harman (59), qui, après dix ans
de John Bercow au perchoir, pro-
mettait de réformer le poste de
Speaker afin d’en réduire les pou-
voirs. Celle-ci s’e st retirée de la
course avant le troisième scrutin.
Autant de votes que nécessaire
étaient prévus pour permettre d’éli-
miner à chaque fois les candidats
les plus faibles ou r ecueillant moins
de 5 % des suffrages, le gagnant


Le travailliste Lindsay
Hoyle, premier adjoint de
John Bercow depuis 2010,
était largement en tête,
lundi soir, pour devenir
le nouveau Speaker.


Le Parlement


tourne la page Bercow


Lindsay Hoyle s’est
illustré en remettant
à leur place en 2017
les élus du Scottish
National Party
quand ils entonnèrent
l’hymne européen
en pleine séance
parlementaire.
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