Le Monde - 09.11.2019

(Greg DeLong) #1
0123
SAMEDI 9 NOVEMBRE 2019 économie & entreprise| 17

E M P LO I
54 300 créations nettes
de postes dans le privé
au troisième trimestre
Le secteur privé a enregistré
54 300 créations net de postes
au troisième trimestre, soit
une hausse de 0,3 %, a indiqué
l’Insee, vendredi 8 novembre.
Sur un an, l’emploi salarié est
en hausse de 1,4 %, soit
263 200 créations net de pos­
tes, grâce à un chiffre particu­
lièrement élevé au premier
trimestre (+ 100 400). – (AFP.)

D I S T R I B U T I O N
Offre de rachat
de Rue du Commerce
Carrefour a annoncé, ven­
dredi 8 novembre, avoir reçu
« une offre ferme » de Shopin­
vest pour acquérir son site de
vente en ligne Rue du Com­
merce. Shopinvest a racheté
les 3Suisses en 2018.

Alibaba prévoit
une introduction
en Bourse à Hongkong
Le chinois Alibaba prévoit de
lever 15 milliards de dollars
(13,5 milliards d’euros) lors
d’une prochaine introduction
à la Bourse de Hongkong, a
affirmé, vendredi 8 novem­
bre, l’agence Bloomberg.

Berlin capitalise sur le tourisme du Mur


La capitale allemande a attiré 13,5 millions de visiteurs en 2018, dont 46 % d’étrangers


berlin ­ correspondance

T


rois décennies après la
chute du rideau de fer,
les derniers « soldats
américains » ont enfin
quitté Checkpoint Charlie, un
haut lieu de la guerre froide à Ber­
lin. Sommés de plier bagage par
la mairie, les GI d’opérette, qui
posaient pour des photos avec les
touristes et tamponnaient leurs
passeports avec de faux visas, ont
évacué la réplique du poste de
contrôle à la frontière entre Est et
Ouest, devenu un point de pas­
sage obligé des circuits touristi­
ques dans la capitale allemande.
Une dizaine d’acteurs en uni­
forme se relayaient devant l’hum­
ble guérite posée sous le panneau
adressant cet avertissement de­
venu légendaire : « Vous sortez du
secteur américain ». Mais les faux
soldats se comportaient parfois
de façon agressive pour extorquer
quelques euros aux touristes ré­
calcitrants. Lundi 4 novembre, en
raison de nombreuses plaintes,
les autorités ont finalement sévi.
« Ce n’est pas trop tôt », juge
Anna Kaminsky, la présidente de
la Fondation pour la remise à plat
de la dictature du SED (le Parti so­
cialiste unifié, au pouvoir dans
l’ancienne République démocrati­
que allemande). « Un tel piège à
touristes pour faire du fric, à l’em­
placement d’une frontière où des
gens sont morts, c’est de très mau­
vais goût », s’indigne­t­elle.
L’éviction des acteurs déguisés
de Checkpoint Charlie survient à
un moment symbolique. Cette se­
maine, la ville commémore les
30 ans de la chute du Mur qui l’a
longtemps meurtrie. Les festivités

doivent culminer à la date anni­
versaire, samedi 9 novembre, à la
porte de Brandebourg. Mais dans
la capitale allemande, il y a long­
temps que le « mur de la honte »,
ou ce qu’il en reste, s’est mué en
aimant à touristes. D’ailleurs, ce
secteur y est en pleine expansion.

Authenticité douteuse
Berlin a attiré 13,5 millions de visi­
teurs en 2018 dont 46 % de touris­
tes étrangers. « De janvier à
août 2019, le nombre de touristes
était en hausse de 4 % par rapport
à l’an dernier », se réjouit Burkhard
Kieker, directeur de VisitBerlin,
l’organisme semi­public de pro­
motion du tourisme dans la capi­
tale. Pour les nombreux vacan­
ciers qui s’intéressent au Mur, il y
a l’embarras du choix. Au moins
une vingtaine de musées et d’en­
treprises proposent des presta­
tions que M. Kieker qualifie de
« sérieuses ». Et c’est sans compter
de nombreuses autres offres de
moindre qualité. « A Berlin, le Mur
et l’histoire de la division de l’Alle­
magne sont une attraction touris­
tique importante », résume­t­il.
Ainsi, sur la Bernauer Strasse,
dans le centre de la capitale, le Mé­
morial du mur de Berlin attire
1 million de visiteurs par an. Ce
musée gratuit à ciel ouvert, vaste
et austère, est l’un des derniers
lieux où il est possible de visiter
une portion du Mur et de son no
man’s land. En effet, la quasi­tota­
lité de l’enceinte de béton cons­
truite autour de Berlin­Ouest par
le régime de la RDA a disparu.
Pour ceux qui tiennent à voir le
Mur malgré tout, des solutions
existent. TimeRide, une start­up
de Cologne, propose une simula­

tion de voyage dans le Berlin di­
visé des années 1980. Equipés de
lunettes de réalité virtuelle, les
touristes embarquent à bord d’un
bus pour une visite de 45 minutes
à Berlin­Est.
Le voyage virtuel commence
par un contrôle des papiers à
Checkpoint Charlie – où l’entre­
prise a installé son local – et
s’achève devant l’imposant palais
de la République de la RDA, dé­
moli en 2006 au terme d’une lon­
gue polémique. « Nous n’avons

pas vocation à nous substituer aux
musées : nous sommes un complé­
ment », explique Jonas Rothe, le
fondateur de TimeRide. Il laisse
entendre qu’il serait « satisfait » si
sa nouvelle attraction faisait aussi
bien que celle qu’il propose à Colo­
gne, qui a attiré 250 000 visiteurs
en deux ans.
Autour du local de TimeRide, des
magasins de souvenirs proposent
au chaland des fragments du Mur
bariolés. Mais leur authenticité est
douteuse. Des tests effectués par
l’Université libre de Berlin ont éta­
bli que les éclats de béton sous
plastique, vendus avec des cartes
postales de Berlin, sont souvent
des contrefaçons. Les morceaux
moulés dans un support en plexi­
glas, plus chers, sont générale­
ment authentiques.
« Les faux sont faciles à recon­
naître », assure Wieland Giebel,
propriétaire de Berlin Story Ver­
lag, une maison d’édition spécia­
lisée dans l’histoire de la capitale.
L’ancien journaliste vend surtout

des livres, mais aussi des « frag­
ments d’histoire de Berlin » de­
puis 1997, et a également écoulé
une vingtaine de pans entiers du
Mur, hauts de 3 mètres. Il lui en
reste une dizaine à céder, à
11 900 euros pièce.
Loin du tapage de Checkpoint
Charlie, sur un terrain boueux de
Teltow, en banlieue de Berlin, El­
mar Prost a une cinquantaine de
blocs de Mur à céder. Mais le chef
d’entreprise ne fait pas com­
merce des pans de béton qu’il a
acquis dès 1990 : il préfère les of­
frir, de façon symbolique, dans le
monde entier. Il a envoyé un bloc
à Séoul, capitale d’un pays divisé,
et envisage d’en faire cadeau d’un
autre au Mexique, où une bar­
rière frontalière est en construc­
tion. « Le mur de Berlin symbolise
la soif de liberté, il n’a pas de prix »,
philosophe M. Prost. Son terrain
est entouré d’une grille : après
une tentative de vol, on n’est ja­
mais trop prudent.
jean­michel hauteville

Dans un bus,
équipés
de lunettes de
réalité virtuelle,
les touristes
peuvent visiter
le Berlin divisé
des années 1980

Amazon va produire des


programmes en France


Le site de VoD du géant américain annonce des
investissements, notamment dans des séries

C


omment se démarquer de
Netflix, Disney ou Apple?
En se déplaçant sur le ter­
rain des chaînes de télévision
françaises. C’est la stratégie choi­
sie par Amazon Prime Video, la
plate­forme de vidéos à la de­
mande d’Amazon, qui, après trois
ans d’une présence discrète dans
l’Hexagone, a annoncé, jeudi
7 novembre, quatre investisse­
ments dans la production locale.
Au programme, deux séries
françaises, diffusées en 2021, et qui
se déroulent dans les années 1960.
La première, Voltaire, Mixte, a été
créée par Marie Roussin (Les Bra­
celets rouges, Borgia) et raconte
l’histoire de douze jeunes filles dé­
barquant dans un lycée de 480 gar­
çons qui s’ouvre à la mixité. La se­
conde, Opérations Totems, a été
imaginée par Olivier Pujols, un an­
cien du Bureau des légendes, la cé­
lèbre série de Canal+. Cette fiction
d’espionnage a pour toile de fond
l’ancêtre de la DGSE.
« J’ai choisi Amazon Prime Video,
car tourner dans plusieurs villes à
l’étranger a un coût », a expliqué
Olivier Pujols. De fait, si l’améri­
cain n’a dévoilé aucun chiffre, les
moyens sont là. Outre ces deux sé­
ries, Amazon va décliner en France
« Love Island », sorte de « Loft
Story » géant qui cartonne au
Royaume­Uni. Enfin, Amazon
concocte une course d’aventures
« XXL », qui se déroulera en Austra­
lie. Baptisée « The Missing One ».
Avec ces deux formats, Amazon,
qui avait aussi acquis une partie
des droits de diffusion de Roland­
Garros, vient sur les terres de TF1 et
M6, dont les émissions de « flux »
(jeux, émissions de divertisse­
ment...) sont le pré carré.

En revanche, Amazon Prime Vi­
deo n’a pas choisi de produire de
films. « Historiquement, aux Etats­
Unis, une fois que les films sont sor­
tis en salle, nous les mettons sur la
plate­forme. Ici, c’est plus difficile à
cause de la chronologie des mé­
dias », explique Isabelle Bertrand,
directrice des acquisitions pour
Amazon France. Dans l’Hexagone,
le groupe pourrait diffuser un film
au mieux dix­sept mois après sa
sortie, et à condition d’avoir signé
des accords avec les profession­
nels du cinéma. Une échéance vi­
siblement trop tardive à son goût.

Outil de fidélisation
Dans le monde, Amazon investi­
rait 6 milliards de dollars (5,4 mil­
liards d’euros) dans les contenus
en 2019, beaucoup moins que les
15 milliards de Netflix, mais sensi­
blement plus que les 3 milliards
d’euros de Canal+. Originalité du
modèle, le géant du numérique ré­
serve son service de vidéo à la de­
mande à ses abonnés « Prime »,
ces consommateurs qui, pour
49 euros par an, bénéficient de la
livraison gratuite et accélérée, et
accèdent à d’autres services tels
que des livres numériques ou de
la musique. Amazon ne compte
donc pas rentabiliser le service en
tant que tel, mais espère « aug­
menter le nombre d’abonnés
Prime », qui sont aujourd’hui de
100 millions dans le monde, a ex­
pliqué Jennifer Salke, la patronne
d’Amazon Studios. Pour la firme
américaine, Prime représente un
formidable outil de fidélisation,
qui incite le consommateur à mul­
tiplier les achats sur le site d’e­
commerce.
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JENNIFER BORDENAVE

Chercheuse doctoran

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