Auprogramme
«baqueux»,confron tésàla violencedes quartiers.
Cetteviolenceestjustementau cœurdesMisérables,de
Ladj Ly.Événementdelar entrée, désignépour repré-
senterlaFranceaux pr ochains Oscars,ce premier film
d’un cinéastede39ans est l’occasionpour Clémentine
Goldszalderacont erl’a ventureduc ollectifKourtrajmé,
dont fait partie Ly.Monté il yavingt-cinq ans entreles
quartierspopulairesdeParisetsabanlieue,sanslepéri-
phériquecommebarrière,ilréunitunegrandediversité
de gar çons, de tous les milieux sociaux, qui ontappris
sur le tasàfairecequi les passionnait:ducinéma. Ce
mouvementest un belexemple de l’énergie de la
cultur eurbaine durap, du graffiti et de l’image dont
sontaussi issus les cinéastes Kim Chapiron etRomain
Gavras,lejournalisteMouloudAchour,lec hefBertrand
Grébaut ou encoreles acteursAlexis Manenti et Olivier
Barthélémy, avec comme compagnons deroute, des
star scommeVincen tCassel ouMathieu Kassovitz. Ce
qui frappeàla lecturedecepapier,c’est la fr aternitéet
l’humourdecettebandeoùlesfilsdebourgeoisetceux
quivenaientdem ilieuxmodestesontgrandiensemble,
se serrantles coudes, fiersles uns des autres. C’est une
belle histoire.Unefable?Unfantasme, plutôt. Existe-
t-il encore, dans laFrancefracturée de 2019, desaven-
turescommecelle de Kourtrajmé?
Marie-PierreLANNELONGUE“C’est duràvivrepour lesCollègues :
un jour,onest encenséscomme des dieux vivants et, le
lendemain, on nous cracheàlagueule.»Cett ephrase
siffle comme une gifle.Elle est prononcéeparunc om-
mandantenpolice-secours. Et elle nepeut pasmieux
direlac ruautédelas ituationqueconnaissentlesforces
de l’ordredans la Franceduxxiesiècle.Portés aux nues
au momentdes attentat scontreCharlieHebdoet l’H y-
perCacher en 2015, vilipendés aujourd’hui après les
violencesquiontémaillélesdéfilésdes«giletsjaunes»,
cible directeduterrorisme, lespolicierstraversentune
gravecrisedeconfiance.Confianceeneux-mêmes,sur-
tout... Ils sontfatigués, dégoûtés, apeurésparfois. C’est
ce queracon tent lesfonctionnairesqu’arencont rés
Nicolas Chapuis, lespécialistedeces questions au
Monde,dansl’enquêtequ’ilamenéepourM,unantout
justeaprès le début de la crise des«gilets jaunes».Le
mêmetémoin dit aussi :«Onn’est plus en mesured’as-
surer la sécuritédes Français, etça,ilyadescollègues
qui ne le supportentplus.»
Dans l’excellentarticle de Nicolas Chapuis, il est aussi
questi on de laBAC, la brigade anticriminalité, dont le
terrain d’action principal est labanlieue. Certains
policiersdes autres sections les accusent–pour se
dédouaner?–d’êtreàl’originedesdérapagesconstatés
cesderniersmois lorsdes manifestations. Eux, les8