Libération - 06.11.2019

(Marcin) #1

Robert Kramer


L’odyssée de l’audace


La Cinémathèque française consacre une rétrospective


au cinéaste américain aussi crucial qu’influent, mort


il y a vingt ans. Dès ses débuts en 1967, ses films inventent des


formes se faisant l’écho de son activisme militant, de sa vie en


communauté et de son goût pour le voyage et l’aventure.


N


é en 1939 à New York, mort en 1999 à
Rouen, Robert Kramer nous manque
depuis déjà vingt ans. Une rétrospec-
tive à la Cinémathèque française (du 6 au
24 novembre), ainsi que la sortie d’un pas-
sionnant recueil de ses textes – Notes de la for-
teresse (1967-1999), chez Post-éditions– nous
permettent de replonger dans cette œuvre
unique, on ne peut plus engagée et aventu-
reuse, et irréductible aux notions limitées de
documentaire, fiction, essai ou journal in-
time. Réalisés dans des lieux, des formats, des
durées, des supports très divers, ses films for-
ment tous, selon son propre vœu, «un seul
grand film» : «Le film unique d’une vie.» On ne
peut donc véritablement en parler sans les
lier à sa vie, à ses parcours politiques et ses
déplacements géographiques, bien que leur
beauté aille heureusement bien au-delà des
contextes et circonstances dans lesquels ils
ont été réalisés.
Kramer ne vient pas au cinéma pour le ci-
néma, mais pour agir. Il y trouve d’abord,
après avoir tenté d’être écrivain, le plus sti-
mulant moyen de militer politiquement, de
confronter la pensée à l’action, de fondre la
théorie dans la matière. Pour qualifier le cou-
rant d’extrême gauche auquel il appartient

Par
Marcos Uzal

En 1994, Walk the Walk met en scène les voyages d’une famille dont les membres se séparent pour suivre leur propre route. photo Avventura Films. Vega Films.


24 u Libération Mercredi 6 Novembre 2019

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