Le Monde - 26.11.2019

(Tuis.) #1
0123
MARDI 26 NOVEMBRE 2019 sports| 15

A Madrid, la confiance règne pour Karim Benzema


A 31 ans, le Français est au sommet de son art au Real, qui reçoit le PSG, mardi, en Ligue des champions


FOOTBALL


S


i vous n’avez pas de chien
pour partir à la chasse
mais un chat, vous partez
avec un chat. » A l’époque
où José Mourinho gagnait de
grands trophées, il vivait déjà de
ses formules. Ce jour de décem­
bre 2010, il avait détruit Karim
Benzema, son attaquant titulaire,
comparé à un chat inoffensif. En
dix ans au Real Madrid, le Français
aura bien eu sept vies, et l’actuelle
est sans doute la meilleure : Karim
Benzema est le joueur le plus pré­
cieux du plus grand club du
monde, qui reçoit, mardi 26 no­
vembre en Ligue des champions,
le Paris­Saint­Germain au stade
Santiago­Bernabeu.
La sortie de la trêve internatio­
nale permet d’en finir avec les
dispensables débats sur sa pré­
sence en équipe de France, mala­
droitement ravivés par le prési­
dent de la Fédération, Noël Le
Graët, qui a déclaré le 16 novem­
bre « l’aventure France terminée »
pour l’attaquant du Real Madrid.
Cela en réaction au mot de Ziné­
dine Zidane en conférence de
presse : « C’est simplement le
meilleur, de toute façon. Donc oui,
il a sa place en équipe de France,
ça c’est sûr et certain. Après, le
reste, on ne contrôle pas. » C’était
dire l’évidence – Zidane dit rare­
ment autre chose.
Karim Benzema, 31 ans, est le
meilleur joueur français de sa gé­
nération, puisqu’il est, bon an mal
an, titulaire dans l’attaque du Real
Madrid pour la dixième saison et
que ses concurrents – Gonzalo

Higuain, Alvaro Morata – ont tous
quitté la « maison blanche ».
« C’est un des joueurs les plus
sous­cotés du monde, considérait
Thomas Tuchel, l’entraîneur du
PSG, avant le match aller gagné
3­0 par ses joueurs. Il est numéro
neuf du Real Madrid depuis vingt­
cinq ans! Il y a d’autres attaquants
qui viennent, mais qui joue? C’est
toujours Karim Benzema. C’est la
classe mondiale. »
Depuis un an, l’Espagne semble
l’avoir redécouvert, mais com­
ment lui en vouloir? Benzema lui­
même dit s’être réinventé. Le dé­
part de Cristiano Ronaldo pour la
Juventus Turin, à l’été 2018, devait
laisser un gouffre. Le numéro 9 l’a
presque rempli, dans un style dif­
férent du Portugais, mais presque
aussi efficace. Ce qui fait dire à son
nouveau partenaire Eden Hazard
qu’il est « le meilleur attaquant du
monde ». Comme s’il fallait sans
cesse rappeler sa légitimité.

L’appui de Zidane
« Evidemment, il y avait un doute,
et aujourd’hui tout le monde en ri­
gole, dit le journaliste de Marca
Pablo Polo, qui suit le Français de­
puis son arrivée à Madrid. En Es­
pagne, tout le monde a pris le train
Benzema en marche quand il n’y
avait pas grand monde à bord,
auparavant... »
A rebours de l’époque, Benzema
n’aime pas les statistiques qui ca­
chent l’essentiel ; mais les regarde
quand même, surtout ces der­
niers temps, en ce qu’elles le si­
tuent dans l’histoire du jeu et de
son club. Le voilà quatrième bu­
teur de l’histoire de la Ligue des

champions, à neuf longueurs de
l’icône locale, Raul, et sixième bu­
teur du Real Madrid, tout près de
Ferenç Puskas.
Les chiffres ont longtemps été
l’arme des détracteurs de Karim
Benzema ; ils sont devenus la
sienne. Cette saison, le Français
est impliqué sur la moitié des buts
du Real Madrid. Le départ de
Ronaldo a fait apparaître ce qu’il
est resté depuis ses années lyon­
naises, un buteur clinique, et, en
creux, ce qu’il représentait pour le
numéro 7 : un pourvoyeur d’occa­
sions irremplaçable. Benzema est
devenu plus décisif que son
ancien acolyte, qui n’a jamais
aussi peu marqué. « Je peux faire ce
que j’aurais dû faire depuis long­
temps, disait­il dans un entretien
à France Football en février. C’est­
à­dire marquer et faire marquer,
mais aussi jouer pratiquement
tous les matchs en entier. »
Zidane, qui l’a couvé et protégé
depuis son arrivée à la direction
sportive du Real en 2011, lorsque

José Mourinho testait sa résis­
tance mentale, voit un joueur af­
fûté, « libéré » et prenant du plai­
sir sur le terrain. « Il est plus à
l’aise, il sait qu’il est un joueur im­
portant, il fait partie des capitai­
nes. Ça aide. »
« Ce qui compte le plus, c’est qu’il
se sente un joueur majeur de
l’équipe, reconnu par les gens,
confirme l’ancien avant­centre
du Real et de la sélection espa­
gnole Alfonso Pérez. Cette
confiance te fait mieux jouer, et
planter plus de buts. L’appui de
Zidane est important. Comme il se
sent aimé, qu’il est en forme, son
niveau s’en ressent. »

Personnalité réservée, pour ainsi
dire muet dans le vestiaire du Real
lorsqu’il est arrivé, Karim Ben­
zema aura attendu d’atteindre la
trentaine pour se sentir légitimé à
guider les autres. On le voit désor­
mais faire des moulinets avec les
bras pour orienter le jeu, abreuver
de conseils les jeunes Brésiliens
Vinicius et Rodrygo, s’approcher
des supporteurs madrilènes dans
les temps difficiles pour raviver la
flamme. Autant de signes d’une
confiance au zénith pour celui qui
est désormais père de deux
enfants, âgés de 5 et 2 ans, mais
pas tout à fait débarrassé de ses
ennuis judiciaires.
Relaxé dans l’affaire Zahia
en 2014, il espère désormais obte­
nir devant la Cour de cassation
l’invalidation de la procédure
ayant mené à sa mise en examen
dans l’affaire de chantage à la
« sextape » exercé sur Mathieu
Valbuena. Il a par ailleurs été
entendu comme témoin en juillet
à Paris dans une enquête pour

tentative d’extorsion mais été mis
hors de cause par la victime présu­
mée, selon les informations de
L’Equipe. Aux premières révéla­
tions sur cette affaire, il y a un an,
il avait répondu par des Tweet bra­
vaches. C’est désormais sa façon
de faire, comme après les derniers
propos de Noël Le Graët. Benzema
ne cherche plus à convaincre ni à
défendre son personnage.
« Je kiffe ma vie, résumait­il à
France Football. Je n’ai pas de
souci, je suis heureux. Quand tu
es bien en dehors du terrain, avec
ta famille, tes amis et les gens que
tu aimes, je pense que ça se res­
sent dans ton jeu. En tout cas,
moi, je suis comme ça. » En fin de
contrat en 2021, il n’envisage pas
son avenir ailleurs qu’à Madrid.
Le Real non plus, trop heureux
que son avant­centre redouble
d’efforts pour profiter de ses der­
nières années au plus haut ni­
veau ; et tire le meilleur parti de
ses sept vies.
clément guillou

« C’est un
des joueurs les
plus sous-cotés
du monde »
THOMAS TUCHEL
entraîneur du PSG

PSG : Thomas Tuchel a


enfin l’embarras du choix


Après une litanie de blessures parmi ses
stars, l’entraîneur dispose de tout son effectif

madrid ­ envoyé spécial

O


n a déjà vu le maillot de
Kylian Mbappé se bala­
der à Madrid. Mais seule­
ment sous la forme d’un impro­
bable déguisement comprenant
aussi le visage ahuri d’Homer
Simpson. Sur la place de la Puerta
del Sol, des hommes sont payés
pour se costumer et être pris en
photographie par les touristes.
Parfois en personnages de des­
sins animés, parfois en héros de
jeux vidéo. Et donc, pour l’occa­
sion, en attaquant du Paris­Saint­
Germain.
Plus sérieusement : à quels
maillots s’attendre sur le terrain
du stade Santiago­Bernabeu,
mardi 26 novembre, face au Real
Madrid, pour l’avant­dernière
journée du premier tour de la
Ligue des champions? Comme à
l’accoutumée, le PSG devrait
jouer avec trois titulaires en atta­
que. Mais lesquels, parmi Kylian
Mbappé, champion du monde
avec les Bleus, le Brésilien Ney­
mar, l’Uruguayen Edinson Ca­
vani, sans parler des Argentins
Mauro Icardi et Angel Di Maria?
Autant de questions, et donc
autant d’options, pour Thomas
Tuchel. Depuis une semaine, l’en­
traîneur allemand du PSG dis­
pose enfin de tout son effectif.
Une première cette saison, après
les blessures des uns et des
autres. Il y voit un « grand défi » :
essayer de trouver une place à
chacun, fût­elle de remplaçant.
Problème de riche, au regard de
toutes ces individualités, tous ces
investissements.
La gestion des ego? Complexe,
admet Tuchel, en poste depuis l’an
passé. D’un côté, il faut que « tout
le monde, vraiment tout le monde
pense pour l’équipe ». De l’autre :

« Mais, honnêtement, si vous êtes
un grand joueur, vous pensez tou­
jours à vous. (...) C’est normal, c’est
humain, et c’est aussi une chose qui
peut donner de l’énergie à
l’équipe. » Déclaration tenue le
22 novembre, après la victoire (2­0)
sur Lille en championnat. Les
buteurs du soir : Icardi, puis Di
Maria. Début septembre, à la toute
fin du mercato, le premier nommé
signait un prêt d’un an à Paris avec
option d’achat. Depuis, l’ex­capi­
taine de l’Inter Milan a poussé sur
le banc Cavani, meilleur buteur de
l’histoire parisienne.

« Je ne suis pas la police »
Contre Lille, Mbappé aussi a com­
mencé remplaçant. Le jeune
homme se remettait d’une grippe.
Il a remplacé après l’heure de jeu
Neymar, lui­même revenu de sa
blessure à une cuisse. Le Brésilien
a quitté le terrain sous des sifflets.
Trois jours plus tôt, il se dispersait
à Madrid (déjà) pour du tennis. Le
footballeur assistait, en pleine se­
maine, à la nouvelle version de la
Coupe Davis, compétition passée
sous le contrôle de Gerard Piqué,
son ancien coéquipier du Barça.
« Qu’est­ce que je peux faire? Je ne
suis pas son papa, je ne suis pas la
police », a réagi Tuchel, qui est un
tacticien à même de s’adapter.
A l’aller, Paris avait pris de court
le Real sans Neymar (suspendu), ni
Mbappé (blessé à une cuisse) ni
Cavani (une hanche douloureuse) :
victoire 3­0 en septembre, avec un
doublé de Di Maria, en ouverture
du groupe A de la Ligue des cham­
pions. Trois autres victoires plus
tard, le PSG est déjà assuré de se
qualifier pour les huitièmes de
finale – son terminus des trois der­
nières saisons. Quels que soient
les titulaires.
adrien pécout

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