Libération - 25.11.2019

(Michael S) #1

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semble des profils», déplore Elisa-
beth Cerqueira. Bigre. Si Ratier est
à la peine, quid des multiples PME
de la Mecanic Vallée? Pareil.


Philosophie simple
Benoît Barthès est gérant de Mecal-
liance, douze collaborateurs à Brive-
la-Gaillarde (Corrèze). Le manque
de main-d’œuvre? «Cela fait
vingt ans que j’entends ce discours,
dit-il. Quand j’ai eu ma propre
­société, j’ai fait en sorte de prendre
tout de suite des jeunes en apprentis-
sage et beaucoup de stagiaires.»
Parmi ses techniciens, «sur dix
en production, cinq ont été apprentis
chez moi ou ailleurs». Benoît Barthès
affirme n’avoir «jamais eu de diffi-
cultés pour recruter», mais précise
qu’il faut avoir «une vraie proposi-
tion». En clair : «Offrir des conditions


de travail qui correspondent à l’état
d’esprit des jeunes. Le salaire n’est
pas la seule chose qui les attire. Les
collègues, les conditions de travail, la
flexibilité, ça compte aussi.»
La nature du travail également. L’in-
dustrie est une activité qui ne
­connaît ni les nuits ni les week-ends.
Michaël Grellety, dirigeant de Fini
Métaux, à Limoges, a une philoso-
phie simple à ce sujet : «Il ne faut
rien cacher aux gens avant qu’ils
­entrent chez nous.» Ni les trois-huit
ni la «thématique “produits chimi-
ques”», inhérente à cette activité
«d’amélioration des capacités de piè-
ces mécaniques par procédés chimi-
ques».
Grosses ou petites entreprises, Mi-
chaël Grellety sait bien que toutes
partagent les mêmes difficultés.
«Quand on voit nos clients, qui sont

des industriels purs et durs et qui ont
aussi du mal à trouver des gens...»
soupire-t-il. Fini Métaux traite des
pièces pour l’aéronautique ou l’au-
tomobile, qui resteront invisibles au
profane, mais aussi des éléments
d’équipements sportifs, bien iden­-
tifiables, eux. Pour recruter, cet
­aspect compte aussi.
Retour à l’IUT de Figeac, son bâti-
ment superbe et sa bonne am-
biance. Ici, «60 % des cours sont
donnés par une centaine de vaca­-
taires, qui viennent des entreprises,
dit Xavier Pumin, le directeur. Nos
formations sont hyperprofessionna-
lisantes.» Mais vont-elles convenir
aux besoins du territoire?

Des objets qui se voient
Pierre Nicolas, 18 ans, a passé son
bac S à Marvejols (Lozère) et, en bon

fils de garagiste, s’est rendu compte
que la mécanique lui plaisait. Il a re-
tapé une Méhari avec son père, vou-
drait travailler dans l’automobile,
«pour faire quelque chose qu’on voit
dans la rue». Marius Hugon, 18 ans,
bac S passé à Cahors, veut devenir
«ingénieur en développement spor-
tif». C’est quoi? «Toute la technologie
­appliquée au sport.» Encore des ob-
jets qui se voient. Cyprien Camus,
22 ans, a déjà travaillé dans l’aéro-
nautique avant de reprendre ses
études : «J’écrivais des notices de
­démontage d’avions pour un sous-
traitant d’Airbus.» Ah oui?
Cyprien avait été embauché par
cette petite entreprise après un mois
de formation en filière génie méca-
nique et productique. L’employeur
avait rajouté une semaine de forma-
tion sur le logiciel qu’il utilisait, et

en avant... Aujourd’hui, Cyprien se
voit «dans l’automobile, la moto ou
les technologies de l’environnement».
Et les avions?
Valentine Eymat, 17 ans, a eu son
bac S sciences de l’ingénieur à Ber-
gerac (Dordogne). A l’IUT de Figeac,
elle se trouve exactement là où elle
souhaitait. «De base, je voulais faire
GMP, et pas dans une grande ville.
Toulouse, Bordeaux... je ne pouvais
pas.» Valentine a son plan en tête :
«Après le DUT, j’aimerais bien entrer
dans une école d’ingénieurs, si possi-
ble dans l’aéronautique. Si on est
dans cette filière, c’est qu’on a un mi-
nimum d’intérêt pour tout ce qui
touche à ça.» C’est dit sur le ton de
l’évidence. Et quand on demande
à Valentine si elle aime les avions,
elle répond sur le même mode :
«Ben oui...»•

A l’IUT de Figeac,
le 14 novembre.
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