IV u http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe Libération Lundi^25 Novembre 2019
L’avion
va de
l’avant
Aéronautique
Les entreprises
du secteur
continuent
de recruter
pour
accompagner
la croissance
du trafic.
A
u dernier salon du
Bourget, il n’y a pas
que les avions qui se
sont envolés. Les
commandes d’Airbus et Boeing
aussi, malgré l’arrêt du gros-porteur
A380 pour l’avionneur français et
les déboires du 737 Max pour l’amé-
ricain. En 2018, Airbus a ainsi livré
62 appareils de plus qu’en 2017, un
nouveau record. Portés par une
croissance annuelle de + 6 % du tra-
fic aérien, les deux géants recrutent,
et par ricochet, les entreprises sous-
traitantes également.
Airbus, premier employeur du sec-
teur, embauche 6 000 personnes
par an au niveau mondial (1 500
à 2 000 en France dont 500 en Occi-
tanie) et va continuer à ce rythme,
selon un porte-parole du groupe
européen. Cette bonne santé de
l’aéronautique fait les affaires de la
région, avec 107 350 salariés fin 2017
(selon l’Insee). C’est le deuxième
bassin d’emplois après l’Ile-de-
France, d’après le Groupement des
industries françaises aéronautiques
et spatiales (Gifas), la fédération
professionnelle qui regroupe
400 sociétés employant 200 000
personnes.
Usine 4.0
«Depuis 2017, nous connaissons
à l’échelle nationale un fort niveau
de recrutement qui va certainement
durer. En Occitanie, qui représente
28 % des effectifs de nos adhérents,
la croissance est similaire. Les
problèmes existants concernent
surtout les difficultés de recrute-
ment. Latécoère, par exemple,
a du mal à trouver des employés
sur son site de Gimont dans le Gers»,
estime Philippe Dujaric, en charge
de l’emploi et de la formation
au Gifas.
«La filière devrait créer 15 000 em-
plois en France en 2019. Par extra-
polation, on peut imaginer que près
de 5 000 emplois concerneront l’Oc-
citanie, car la région représente un
tiers des emplois français, une ten-
dance qui ne se dément pas depuis
de nombreuses années», ajoute Tho-
mas Bascaules, directeur général
d’Ad’occ, l’agence de développe-
ment économique de la région
Occitanie.
Résultat : la chaîne d’approvision-
nement est sous tension pour faire
face aux augmentations des caden-
ces de production, avec un taux
élevé d’utilisation des capacités de
production de 88 %. Les industriels
s’adaptent en modernisant leur
outil de production.
En mai 2018, Latécoère a inauguré
une usine 4.0 fortement automa-
tisée et robotisée dédiée à la pro-
duction de pièces élémentaires en
aluminium pour les portes d’avions
des principaux constructeurs (Das-
sault, Embraer, Airbus, Boeing)
à Montredon près de Toulouse.
Selon Thomas Bascaules, d’autres
entreprises affichent leur dyna-
misme : Aura Aéro, basée à Tou-
louse-Francazal, qui conçoit une
nouvelle génération d’avions bi-
places 100 % français écorespon-
sables ; Sabena Technics, dans la
maintenance aéronautique, qui
vient d’ouvrir son capital pour
accroître ses capacités. Cette ETI
(entreprise de taille intermédiaire)
de 2 500 personnes a racheté en
janvier 2019 le perpignanais
New EAS pour se doter de nouvelles
capacités ; ou encore Aertec, qui
a inauguré le 26 septembre son
nouveau site toulousain de 3 500 m²
de locaux sur le parc d’activités de
Saint-Martin-du-Touch à Toulouse.
L’innovation est déterminante pour
les acteurs de la filière. Les aéronefs
à énergie optimisée (électricité,
hydrogène, nouveaux matériaux
composites) sont le chantier des an-
nées à venir. Safran, qui possède
cinq sites dans le secteur, déve-
loppe par exemple un moteur
conçu pour permettre une écono-
mie de kérosène de 30 % par rap-
port à un turboréacteur tradition-
nel, attendu en 2030. Airbus
travaille sur ces avions du futur
moins polluants, même si aucun
programme spécifique n’a encore
été lancé selon l’industriel.
«Ecosystème global»
Pour aider les petites entreprises
à s’adapter à la transition numé-
rique et écologique de leurs mé-
tiers, le Gifas a lancé le programme
industrie du futur, un plan national
d’un montant de 23 millions d’euros
pour 300 PME entre 2019 et 2022.
De son côté, la région Occitanie, qui
revendique le «leadership mondial
de l’aéronautique, l’espace et les sys-
tèmes embarqués», a mis en place
depuis 2011 le plan Ader (Actions
pour le développement des entre-
prises régionales de sous-traitance,
qui rend hommage au célèbre avia-
teur éponyme), un protocole d’ac-
cord entre l’Etat et la région.
Le plan Ader 4 (2017-2021) est doté
d’une enveloppe de 200 millions
dont 30 consacrés à la fabrication
de démonstrateurs dans le domaine
de l’avion électrique, pour que l’Oc-
citanie «s’impose comme le pôle de
référence européen et l’un des prin-
cipaux points nodaux mondiaux
de “l’écosystème global”» des indus-
tries aérospatiales à l’horizon 2030-
2040.
Patrick Cappelli
Le 14 novembre à l’IUT de Figeac (ci-dessus et à droite) et à Collins Aerospace-Ratier (au centre). Photos Marc Chaumeil
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