Le Monde - 08.11.2019

(Sean Pound) #1

4 |international VENDREDI 8 NOVEMBRE 2019


0123


En campagne, Boris Johnson


est menacé sur ses terres


Les travaillistes britanniques se démènent pour battre le premier


ministre conservateur dans sa circonscription de la banlieue de Londres


Xi et Macron à l’unisson contre Trump


A l’occasion de la visite officielle du président français en Chine, les deux dirigeants
ont affiché leur refus de la guerre commerciale ouverte par Washington

pékin ­ envoyés spéciaux

R


ien de mieux pour rappro­
cher deux pays que de se
trouver un adversaire
commun. Réunis à Pékin, mer­
credi 6 novembre, au troisième et
dernier jour de la visite officielle
d’Emmanuel Macron en Chine, le
président français et son homolo­
gue Xi Jinping ont affiché leurs
convergences de vue, voire leur
unité, face à l’unilatéralisme de
Donald Trump.
A l’issue d’un entretien au Palais
du peuple, les deux chefs d’Etat
ont qualifié de « processus irréver­
sible » et de « boussole » l’accord de
Paris sur le climat, dénoncé for­
mellement par les Etats­Unis
lundi 4 novembre. Dans un
« appel de Pékin sur la conserva­
tion de la biodiversité et le change­
ment climatique », publié à cette
occasion, les deux pays affirment
« leur forte détermination à amé­
liorer la coopération internatio­
nale sur les changements climati­
ques pour assurer une mise en
œuvre de l’accord de Paris totale et
efficace ». Pour le président fran­
çais, le retrait américain est un
phénomène « marginal ».
Quelques instants plus tôt, les
deux chefs d’Etat avaient fait
l’éloge du multilatéralisme, dans
une attaque là aussi sans équivo­

que contre Donald Trump. Xi
Jinping a affirmé son opposition à
« la loi de la jungle et [aux] actes in­
timidants » et « la tentative de pla­
cer les intérêts nationaux au­des­
sus des intérêts communs de toute
l’humanité ». « La Chine et l’Europe
partagent le même refus de la
guerre commerciale qui ne fait que
des perdants », a abondé Emma­
nuel Macron. Enfin, sur le nu­
cléaire iranien, le président fran­
çais a dénoncé l’échec de « l’unila­
téralisme criard » des Etats­Unis.
Signe aux yeux du président
français de « l’ouverture » de la
Chine, 19 accords institutionnels
et 24 accords commerciaux ont
été signés ou annoncés mercredi.
Selon Xi Jinping, ces contrats re­
présentent au total 15,1 milliards
de dollars (13,6 milliards d’euros).

Nombreux sujets de friction
Mais Paris n’a pas réussi à finaliser
l’accord sur la construction par
Orano (ex­Areva) d’une usine de
retraitement de déchets nucléai­
res en Chine. Seule concession de
Pékin : un engagement à se pro­
noncer d’ici au 31 janvier 2020.
M. Macron et M. Xi se sont re­
trouvés à quatre reprises en qua­
rante­huit heures, dont deux dî­
ners et une longue séance de tra­
vail. Ils ont ostensiblement mis en
scène leurs bonnes relations en

dégustant de la viande de salers à
la foire des importations de Shan­
ghaï ou en assistant à une adapta­
tion de la pièce Les Chaises,
d’Eugène Ionesco.
Pourtant, les sujets de friction
restent nombreux. Si la Chine ac­
cepte que l’Union européenne
joue un rôle plus important que
dans le passé sur la scène interna­
tionale, elle essaie toujours de pri­
vilégier les pays qui adhèrent à
son programme d’investisse­
ment des Routes de la soie, no­
tamment la Grèce et l’Italie. Si elle
ouvre peu à peu son marché, elle
cherche continuellement à ga­
gner du temps. La Chine ne s’est
pas engagée à conclure avec l’Eu­
rope en 2020 un accord sur les in­
vestissements, comme le souhai­
tent la France et l’Allemagne. Plus
généralement, si les Européens
sont souvent sceptiques sur la
réelle volonté de la Chine de favo­
riser le multilatéralisme, Emma­
nuel Macron a refusé de faire ce
procès d’intention à ses hôtes. Il
n’a même plus évoqué la « réci­
procité », mantra de l’Europe ces
derniers mois.
Il a préféré relever que la Chine
et l’Union européenne ont conclu
mercredi un accord sur la recon­
naissance mutuelle et la protec­
tion des indications géographi­
ques. C’est en fait le premier ac­

cord commercial conclu entre
l’UE et Pékin.
La visite survenait en pleine
crise hongkongaise mais la ques­
tion des droits humains et des vio­
lences dans la région administra­
tive spéciale n’ont pas provoqué
de crispation entre les deux chefs
d’Etat. Si les deux sujets ont bien
été abordés, « le président français
a surtout cherché à comprendre la
position de la Chine, pas à donner
des leçons, parce que c’est souvent
contre­productif », explique son
entourage. « Les échanges ont été
francs et pleinement respectueux »,
a simplement commenté Emma­
nuel Macron.
Sur Hongkong, le président
français a, lors de sa conférence
de presse finale, « appelé les par­
ties au dialogue, à la retenue, à la
désescalade ». Tout à son souci de
favoriser une ouverture – encore
partielle – de la Chine sur le
monde, le chef de l’Etat n’a pas
voulu prendre le risque de provo­
quer Xi Jinping dont il a loué
« l’amitié » à plusieurs reprises. De
son côté, le China Daily compare,
jeudi 7 novembre, Emmanuel
Macron à Charles de Gaulle, le
premier dirigeant occidental à
avoir reconnu la République po­
pulaire de Chine.
frédéric lemaître
et cédric pietralunga

« A Uxbridge, on va
avoir une chance
d’éjecter, pour la
première fois dans
l’histoire de notre
démocratie, un
premier ministre
en exercice! »
ALI MILANI
candidat travailliste

Burkina Faso : au moins


37 morts dans un attentat


contre un convoi minier


L’attaque contre des employés d’une mine
d’or est la plus meurtrière depuis 2015

ouagadougou ­ correspondance

U


ne embuscade contre un
convoi d’une compagnie
minière a fait au moins
37 morts, civils, et plus de
soixante blessés, mercredi 6 no­
vembre, dans la région de l’est du
Burkina Faso, selon un bilan en­
core provisoire, fourni par les
autorités locales. Il s’agit de l’atta­
que la plus meurtrière enregis­
trée dans le pays depuis le début
des violences djihadistes, il y a
près de cinq ans.
Dans la matinée, « des individus
armés non identifiés ont tendu
une embuscade à un convoi trans­
portant des travailleurs de la
mine d’or Semafo sur l’axe Ouga­
rou­Boungou », a indiqué le gou­
verneur de la région de l’Est dans
un communiqué. « Le convoi, ac­
compagné d’une escorte mili­
taire, comptait cinq autobus
transportant des employés burki­
nabés, des entrepreneurs et des
fournisseurs », a détaillé la so­
ciété canadienne Semafo, qui ex­
ploite la mine d’or de Boungou,
située à quarante kilomètres du
lieu de l’attaque. Le site et ses ac­
tivités « n’ont pas été affectés »,
précise la compagnie aurifère,
sise à Montréal.
Selon nos informations, il s’agi­
rait d’une attaque dite « com­
plexe ». Le véhicule de tête a
sauté sur un engin explosif placé
sur la voie ; les cars transportant
les employés de la société ont en­
suite été pris d’assaut par un
groupe armé. « Les assaillants
étaient nombreux et sans doute
informés du passage du convoi, ils
ont tiré en rafale sur les passagers,
c’était un massacre, certains ont
réussi à fuir en se réfugiant dans
une forêt voisine », rapporte une
source sécuritaire.
Une opération de « secours » et
« un ratissage de la zone » ont été
lancés par les forces de défense et
de sécurité, a assuré le gouverne­
ment burkinabé dans la soirée.
Deux attaques meurtrières
avaient déjà visé des convois de
personnels de la mine de Boun­
gou et leurs escortes en août et en
décembre 2018. Au total, onze
personnes avaient déjà été tuées.
Cette année, l’Etat burkinabé
avait demandé aux compagnies
minières de prendre « des disposi­
tions spéciales pour le déplace­

ment de leurs employés », selon
l’Agence France­Presse, face à
l’aggravation de la situation sécu­
ritaire dans le pays, qui compte
plus d’une dizaine de sites indus­
triels miniers.
Pour l’heure, l’attaque n’a pas
été revendiquée, mais les assauts
des groupes djihadistes de la
sous­région (Al­Qaida et l’organi­
sation Etat islamique notam­
ment), ne cessent de se multi­
plier et ont déjà fait près de
700 morts dans le pays depuis


  1. Près d’un demi­million de
    personnes ont dû fuir leurs
    foyers à cause des violences, se­
    lon les estimations du Bureau de
    la coordination des affaires hu­
    manitaires.


Cycle de violences
La capitale, Ouagadougou, elle, a
déjà été frappée à trois reprises
par des attentats d’envergure.
Trente personnes, majoritaire­
ment des Occidentaux, avaient
été tuées lors d’un raid djihadiste
contre un hôtel et un restaurant
du centre­ville le 15 janvier 2016.
Plus récemment, le 19 août,
l’armée burkinabée a subi son
attaque la plus meurtrière, avec
au moins vingt­quatre morts
dans un assaut contre une base
militaire à Koutougou, dans le
nord du pays.
Sous­équipées, mal formées et
désorganisées, les forces de dé­
fense et de sécurité locales sem­
blent incapables d’enrayer le cycle
des violences sur leur territoire. A
la demande des autorités, les
membres de l’opération française
« Barkhane » ont dû intervenir à
deux reprises en septembre pour
épauler l’armée burkinabée. « Le
combat continue, il doit continuer,
car c’est un combat de longue ha­
leine que nous devons mener en­
semble contre le terrorisme », a dé­
claré lundi la ministre française
des armées, Florence Parly, en dé­
placement à Ouagadougou, avant
d’annoncer le lancement d’une
opération conjointe, conduite par
la force « Barkhane » avec celles
du G5 Sahel, comprenant notam­
ment deux compagnies burkina­
bées, dans la zone des trois fron­
tières, entre le Niger, le Mali et le
Burkina Faso.
sophie douce

Les membres
de l’opération
française
« Barkhane » ont
dû intervenir
à deux reprises
en septembre

N AT I O N S U N I E S
Démission du chef
de l’Agence pour les
réfugiés palestiniens
Le commissaire général de
l’Agence des Nations unies
pour les réfugiés palestiniens
(Unrwa), Pierre Krähenbühl,
accusé d’abus de pouvoir, a
« démissionné avec effet im­
médiat », mercredi 6 novem­
bre, après avoir été suspendu
de ses fonctions. Cette déci­
sion fait suite à un rapport
interne relevant « des agisse­
ments à caractère sexuel inap­
propriés, du népotisme et des
abus d’autorité [commis] à
des fins personnelles ». Des ac­
cusations rejetées par l’inté­
ressé. Cette agence est char­
gée de fournir de l’aide à des

millions de réfugiés palesti­
niens en Jordanie, au Liban,
en Syrie et dans les Territoires
palestiniens. – (AFP.)

J O R D A N I E
Une attaque au couteau
fait huit blessés,
dont quatre touristes
Huit personnes, dont trois
touristes mexicains et une
suisse, ont été blessées, mer­
credi 6 novembre, dans une
attaque au couteau à Jérach,
un site archéologique situé
au nord de la Jordanie. « Un
guide touristique jordanien et
un officier de la sûreté géné­
rale » ont été blessés en arrê­
tant l’assaillant, selon les
autorités. Son mobile demeu­
rait, jeudi, inconnu. – (AFP.)

100 km

MALI

BURKINA FASO

Ouagadougou

CÔTE
D’IVOIRE

NIGER

GHANA

BÉNIN

TOGO

Mine d’or de BoungouMine d’or de Boungou

londres ­ correspondante

L


e rendez­vous avait été
fixé deux jours plus tôt
sur Facebook, juste devant
la station de métro South
Ruislip, au nord­ouest de Londres.
Il est 18 h 30, mardi 5 novembre, et
il fait déjà nuit noire. Il pleuviote et
le fond de l’air est très frais. Pour­
tant, il y a du monde sur le terre­
plein herbeux face à la gare. Dans
l’obscurité, on distingue beaucoup
de jeunes, étudiants, actifs, quel­
ques parents avec enfants.
Ils se pressent autour d’Ali Mi­
lani, le candidat travailliste pour
la circonscription d’Uxbridge et
South Ruislip. Le jeune homme,
veste marine et barbe brune,
prend la parole, le visage ébloui
par un éclairage de fortune :
« Quelque chose d’incroyable se
passe ici, à Uxbridge. Vous savez
quoi? On va avoir une chance
d’éjecter pour la première fois
dans l’histoire de notre démocra­
tie un premier ministre en exer­
cice! » L’assistance est ravie et
entonne le refrain réservé au di­
rigeant travailliste, Jeremy Cor­
byn : « A­li Milaniii ».

Grave dérapage et démission
Boris Johnson est à peine entré en
campagne qu’il a déjà du souci à
se faire. Le premier ministre l’a
lancée officiellement mercredi
6 novembre – promettant, s’il dé­
croche une majorité le 12 décem­
bre, un Parlement « qui travaille
pour » les Britanniques, et le
Brexit « réalisé en janvier ». Son
camp conservateur est pour l’ins­
tant crédité de dix points
d’avance dans les sondages, mais
il accumule les bourdes.
Le grave dérapage de Jacob Rees­
Mogg, son ministre des relations
avec le Parlement, suscite une va­
gue d’indignations. Connu pour
ses opinions droitières, il a déclaré
mardi que s’il s’était retrouvé dans

la tour Grenfell en feu, il aurait fui
sans écouter les consignes des
pompiers (contrairement à la ma­
jorité des 72 victimes de ce terrible
incendie, en 2017), car « c’est du
simple bon sens ».
Mercredi, le ministre chargé du
Pays de Galles, Alun Cairns, a dû
démissionner, accusé d’avoir
fermé les yeux sur le sabotage,
par un de ses aides, d’un procès
pour viol. Par ailleurs, la polémi­
que continue d’enfler après le blo­
cage, par Downing Street, de la
publication d’un rapport parle­
mentaire sur l’ingérence russe
dans les élections britanniques.
Et il y a Uxbridge. Boris Johnson
a été élu dans cette circonscrip­
tion aux élections générales de
2015 avec une marge de
10 000 voix. Il a été réélu en 2017,
mais avec seulement 5 034 voix
d’avance sur le candidat Labour
de l’époque. Face à un visage si
connu et un personnage aussi
éminent, Ali Milani y a­t­il une
chance? « Cette circonscription est
passée aux mains des conserva­
teurs [dans les années 1970], mais
logiquement, elle devrait être tra­
vailliste. C’est très classe moyenne
par ici », juge Conal, croisé dans la
pénombre mardi soir.
Originaire d’Irlande du Nord, le
jeune homme est professeur d’ar­

chitecture, il travaille dans la cir­
conscription mais vit à Londres. Il
est venu, comme tout le monde,
dans l’espoir de contribuer à une
défaite historique : un premier mi­
nistre qui, peut­être, gagnera les
élections générales mais perdra sa
circonscription. Pourrait­il rester
à Downing Street dans ces condi­
tions? L’usage voudrait que non.
Le seul cas recensé remonte à Lord
Salisbury, premier ministre jus­
qu’en 1902, sans siéger à la Cham­
bre des communes.
« Ali est d’ici et il est super bon »,
s’enthousiasme John. « Il repré­
sente tout le contraire de ce qu’est
Boris Johnson, il représente vrai­
ment les gens », hurle la militante
Ash Sarkar. Influente dans les cer­
cles corbynistes et très présente
dans les médias de gauche, elle a
fait le déplacement. Tout comme
Owen Jones, autre militant proeu­
ropéen et journaliste au Guardian.
Le Parti travailliste a choisi de s’in­
vestir massivement à Uxbridge,
même s’il est divisé sur le Brexit –
son numéro deux, Tom Watson, a
annoncé mercredi qu’il ne se re­
présentait pas aux Communes.

Campagne éclair
Pour Laura Parker, coordinatrice
du mouvement Momentum
(gauche radicale pro­Corbyn), l’en­
jeu est d’abord de mobiliser les
milliers d’étudiants de l’Univer­
sité Brunel, située sur la circons­
cription. Ali Milani a le profil pour
les séduire. Né en Iran, il a fait une
partie de sa scolarité à Wembley,
un peu plus au sud, est diplômé de
l’Université Brunel, où il a été pré­
sident du syndicat étudiant. Mu­
sulman, il est aussi représentatif
d’une population très diversifiée :
en dix ans, la proportion de
Blancs est tombée à 51 %, selon
l’office des statistiques. La circons­
cription compte beaucoup de Bri­
tanniques d’origine asiatique.
Mardi soir, les abords du métro

South Ruislip résonnaient
d’ailleurs des pétards tirés tradi­
tionnellement pour Diwali, la fête
des lumières chez les Hindous.
Le candidat a déjà des casseroles :
des Tweet jugés antisémites pos­
tés quand il était adolescent – il
s’est excusé depuis. Mais il sait se
mettre en avant, met en scène le
match du jeune du coin contre
M. Johnson, passé par Eton et Ox­
ford. Et il a commencé tôt sa cam­
pagne : en juillet, il avait droit à un
long article dans le Financial Times
où il disait avoir déjà démarché
4 000 foyers locaux. Son adver­
saire, lui, n’a pas encore été vu
dans le coin : aura­t­il seulement le
temps, durant ces cinq semaines
de campagne éclair? Les médias
britanniques, ces derniers jours,
ont relayé la rumeur selon laquelle
il pourrait vouloir changer de cir­
conscription, in extremis, pour un
point de chute plus sûr.
« Maintenant, je vous explique
comment procéder pour le porte­à­
porte », conclut Ali Milani. Car le
rassemblement n’avait pas d’autre
but : tous sont invités à frapper
aux portes du quartier pour défen­
dre la candidature du travailliste et
démultiplier ses forces. « Il faut
que vous parliez de l’hôpital d’Hil­
lingdon, son unité pédiatrique
vient de fermer. Et des écoles du
quartier qui ont perdu des millions
de livres en subventions. Et
n’oubliez pas de dénoncer le projet
d’extension d’Heathrow », l’aéro­
port tout proche, liste M. Milani.
« Qui a déjà fait du porte­à­
porte? », demande un grand gars,
autocollant du Labour sur la poi­
trine. Très peu de bras se lèvent.
Pas simple, le démarchage de
nuit : « Les gens n’aiment pas trop
vous ouvrir leur porte », avait
glissé plus tôt Conal, le Nord­Ir­
landais. Il est pourtant parti
vaillamment comme les autres, à
l’assaut des rues alentour.
cécile ducourtieux
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