Le Monde - 15.11.2019

(coco) #1
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VENDREDI 15 NOVEMBRE 2019 économie & entreprise| 17

Le CSA condamné à verser 1,1 million d’euros à C


Le Conseil d’Etat avait déjà annulé une privation de publicité pour l’émission « Touche pas à mon poste »


C’


est une victoire que
saura savourer Cyril
Hanouna, l’anima­
teur star de C8. Le
Conseil d’Etat a condamné, mer­
credi 13 novembre, le Conseil su­
périeur de l’audiovisuel (CSA) à
verser 1,1 million d’euros à la
chaîne C8, propriété de Canal+
(groupe Vivendi).
L’affaire remonte à 2016. Dans
l’émission « Touche pas à mon
poste » (« TPMP »), Cyril Hanouna
piège son chroniqueur Matthieu
Delormeau en lui faisant croire
qu’il vient de tuer par accident le
producteur de Tom Cruise, censé
être à Paris pour discuter la venue
de l’acteur dans l’émission, et en
voulant lui faire porter le chapeau.
Macabre, le canular bouleverse
le chroniqueur, qui s’effondre en
larmes en découvrant le pot aux
roses. Cette « blague » de « Baba »,
le surnom de l’animateur proche
de Vincent Bolloré, suscite un
tollé parmi des téléspectateurs,
qui saisissent le CSA.

Le CSA inflige, en juin 2017, une
sanction inédite à la chaîne en
privant « TPMP » de publicité pen­
dant une semaine, estimant que
C8 a « gravement méconnu son
obligation de faire preuve de rete­
nue dans la diffusion d’images
susceptibles d’humilier les person­
nes ». Rebondissement en 2018 : le
Conseil d’Etat annule la sanction
du CSA, jugeant, au contraire, qu’à
aucun moment Matthieu Delor­
meau « n’avait été montré sous un
jour dégradant, humiliant ou at­
tentatoire à sa dignité ».
Dès lors, C8 était en droit de de­
mander réparation du préjudice
subi, réclamant ainsi 4,1 millions
d’euros au CSA. Menant son pro­
pre calcul, le Conseil d’Etat a es­
timé à 1,1 million l’ampleur du
dommage pour C8. Pour arriver à
ce montant, il a considéré le chif­
fre d’affaires prévisionnel de la
chaîne autour de cette émission,
qui était, pour trois semaines, de
3,65 millions d’euros. Il a égale­
ment conclu que la sanction du

régulateur du paysage audiovi­
suel français n’avait pas eu pour
conséquence de décourager plus
largement les annonceurs.

« Victoire symbolique »
« On est dans un Etat de droit. La
décision du CSA a été annulée par
le Conseil d’Etat. La conséquence
automatique, c’était un conten­
tieux indemnitaire. C8 demandait
beaucoup plus d’argent. On
paiera. La décision est définitive »,
a acté Roch­Olivier Maistre, le
président du CSA, sur Europe 1,
mercredi.
« C’est une victoire symbolique,
l’année 2017 a été compliquée pour
nous », se félicite, de son côté, Gé­
rald­Brice Viret, directeur général
des antennes et des programmes
du groupe Canal+.
Mercredi, C8 a, en revanche,
perdu une autre partie face au
CSA. La chaîne contestait pour la
seconde fois devant le Conseil
d’Etat une autre décision du régu­
lateur datant de 2017, et concer­

nant une séquence dans laquelle
Cyril Hanouna avait posé, à l’occa­
sion d’un « jeu », la main de sa
chroniqueuse Capucine Anav, qui
avait alors les yeux fermés, sur
son sexe.
La chaîne avait été sanctionnée
de deux semaines d’interdiction
de publicité. Concernant cette se­
conde action, elle réclamait
9,1 millions d’euros de dédom­
magement. Comme il l’avait déjà

fait en 2018, le Conseil d’Etat l’a
déboutée, réitérant ses argu­
ments. Ainsi, avec ce « jeu »,
l’émission « TPMP » avait contri­
bué à « banaliser des comporte­
ments inacceptables ». La scène
avait d’ailleurs placé « la per­
sonne concernée dans une situa­
tion dégradante et tend à donner
de la femme une image stéréoty­
pée, la réduisant à un statut d’ob­
jet sexuel ».

Outre ces deux affaires, la
chaîne avait également été punie
par une amende de 3 millions
d’euros pour un autre canular
d’un goût douteux, une décision
là aussi confortée par le Conseil
d’Etat l’an passé. En mai 2017,
« Baba » avait publié une fausse
petite annonce sur un site de ren­
contre destiné aux homo­
sexuels, et s’était mis à corres­
pondre en direct avec ceux qui lui
répondaient.
Là aussi, bronca de téléspecta­
teurs qui avaient saisi le régula­
teur. Ce dernier avait jugé que
« l’animateur [avait], tout au long
de cette séquence, eu recours à de
nombreux clichés et attitudes sté­
réotypées sur les personnes homo­
sexuelles. Le CSA a estimé qu’en
diffusant cette séquence la société
C8 [avait] gravement méconnu le
principe de respect de la vie privée,
ainsi que son obligation de lutter
contre les discriminations », avait
justifié le régulateur.
sandrine cassini

Xavier Niel veut


se renforcer au capital de


l’opérateur télécom Free


L’homme d’affaires pourrait détenir jusqu’à
71,8 % de la société via un montage financier

L


a Bourse est avant tout af­
faire de conviction. C’est ce
que Xavier Niel (actionnaire
à titre individuel du Monde), le
fondateur de l’opérateur télécoms
Iliad, a rappelé, mardi 12 novem­
bre. A la surprise générale, la mai­
son mère de Free a annoncé un
montage financier inédit qui
pourrait conduire son actionnaire
majoritaire à acheter pour 1,4 mil­
liard d’euros d’actions Iliad supplé­
mentaires. Dans cette hypothèse
maximale, l’entrepreneur, qui
possède déjà 52,1 % du capital de
l’opérateur, verrait sa participa­
tion grimper à 71,8 %.
« Je suis déçu de l’évolution du
cours de Bourse depuis plusieurs
mois. Je crois dans le groupe, son
équipe dirigeante, ses perspectives
en France et en Italie. Je suis dési­
reux d’augmenter mon exposi­
tion », a assuré M. Niel. « Des ac­
tionnaires m’ont approché pour me
proposer d’acheter une part signifi­
cative, environ 5 %, du capital », a­
t­il dit, soulignant que, si certains
d’entre eux voulaient se désenga­
ger, d’autres visaient, comme lui, à
se renforcer. D’où l’opération à
double détente imaginée pour of­
frir un « traitement équitable » aux
minoritaires d’Iliad.

Free reprend des couleurs
Première proposition, à destina­
tion des sceptiques, l’opérateur of­
fre d’acquérir 19,7 % de son capital
au prix de 120 euros par action,
soit un coût de 1,4 milliard d’euros
pour des actions qui seront en­
suite annulées. Cette valorisation
représente une prime de 26 % par
rapport au cours de clôture du
lundi 11 novembre (mais reste très
loin des 230 euros atteints en
mai 2017). M. Niel s’engage à ne pas
apporter ses actions à cette offre
publique de rachat d’actions
(OPRA).
Jusque­là, c’est assez classique.
Mais Iliad a besoin d’allouer ses
ressources à ses réseaux plutôt
qu’à des rachats d’actions. D’où la
seconde proposition : le groupe va
lancer une augmentation de capi­
tal exactement du même montant
que l’OPRA, afin de financer les ra­
chats d’actions. M. Niel s’est en­
gagé à souscrire la totalité de l’aug­
mentation de capital, à travers une
holding personnelle, en fonction

de l’appétit des investisseurs pour
cette levée de fonds.
« Iliad a traversé une passe diffi­
cile ces dernières années et les ru­
meurs les plus folles ont couru sur
la santé financière de l’opérateur et
de son principal actionnaire. Xavier
Niel fait taire toutes ces critiques
d’un coup en proposant de réinves­
tir massivement dans Iliad », souli­
gne Damien Lanternier, chez
DNCA Finance. Et insiste sur l’im­
portance de cette marque de con­
fiance : « Vendre ou pas, le choix est
laissé à l’investisseur. C’est élégant.
Mais vendre au fondateur quand il
voit une formidable opportunité de
croissance et au moment où les per­
formances commerciales se redres­
sent, ça n’a rien d’évident. »
Car, à l’occasion de la publication,
mardi, de son chiffre d’affaires
pour le troisième trimestre, Free a
montré qu’il reprenait des cou­
leurs. Pour la fibre, il affirme de­
vancer tous ses rivaux depuis le
début de l’année en matière de
conquête de clients avec
« 210 000 recrutements net sur le
trimestre, soit la meilleure perfor­
mance jamais réalisée tous opéra­
teurs confondus ». Grâce à ces an­
nonces, l’action Iliad, qui avait re­
culé de plus de 30 % depuis le dé­
but de l’année, a gagné 22 % depuis
la clôture du 11 novembre.
Comment M. Niel va­t­il financer
son investissement? Cela n’est pas
précisé. On aura bien noté, toute­
fois, que les deux établissements
présentateurs de l’OPRA – Société
générale, financier historique de
l’entrepreneur, et Crédit agricole
Corporate and Investment Bank –
sont deux grands prêteurs. Et le
triplement du dividende d’Iliad
devrait aider son actionnaire ma­
joritaire à faire face à d’éventuels
frais financiers additionnels.
isabelle chaperon

L’action Iliad,
qui avait reculé
de plus de 30 %
depuis le début
de 2019, a gagné
22 % depuis
le 11 novembre

Le Conseil d’Etat déboute
Gilbert Collard face à BFM-TV
Le Conseil d’Etat a débouté, mercredi 13 novembre, Gilbert
Collard, qui se plaignait que le Conseil d’Etat n’ait pas agi contre
BFM-TV. La chaîne avait évoqué, en 2018, le dépôt de plainte d’une
femme surnommée « Laetitia », mais restée anonyme, accusant le
député du Rassemblement national de viol. Ce dernier avait alors
demandé au CSA de suspendre BFM-TV d’émettre pendant trois
mois et de saisir le procureur de la République pour des faits de
recel et de violation du secret de l’instruction. Mais le Conseil a
notamment estimé que les journalistes n’avaient pas à indiquer
l’origine de leurs informations, et que M. Collard avait été invité
à s’exprimer. Depuis, la plainte pour viol a été classée sans suite.

Unprospectusapprouvéparl’Autoritédesmarchésfinanciers(AMF)le6novembre2019souslenuméro19-514,composéd’undocumentd’enregistrementapprouvé
par l’AMF le 17 octobre 2019 sous le numéro I.19-035 et d’une note d’opération (incluant lerésumé du prospectus), est disponible sans frais auprès de La Française
des Jeux, 3-7 quai du Point du Jour, 92650 Boulogne-Billancourt, ainsi que sur les sites Internet de La Française des Jeux(www.fdj-devenir-actionnaire.com) et del’AMF
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