Le Monde - 23.10.2019

(C. Jardin) #1
0123
MERCREDI 23 OCTOBRE 2019
styles

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AUTOMOBILE


O


n ne change pas le
style d’une voiture
qui gagne. Pour la Clio,
entièrement renouve­
lée hormis son apparence exté­
rieure, Renault a adopté cette
maxime inspirée de l’automobile
allemande, qui a vu défiler des gé­
nérations de Volkswagen Golf et
de BMW Série 3 dessinées presque
à l’identique. Lancé quelques
mois après la citadine au losange
dont il est dérivé, le nouveau Cap­
tur ne bouleverse pas son appa­
rence, mais change de personna­
lité. La marque a décidé que le pe­
tit SUV alerte et sans chichis qui
collectionnait les records de vente
devait dorénavant se prendre au
sérieux. Autant le dire d’emblée,
ce n’est pas une très bonne idée.

Premier de cordée sur un seg­
ment qu’il a lui­même inauguré
en 2013, et dont il domine les ven­
tes en pleine expansion, le Cap­
tur, diffusé à 1,5 million d’unités,
s’allonge de 11 cm (il mesure dé­
sormais 4,22 m). Sa face avant
s’est élargie mais présente tou­
jours la même calandre emblé­
matique – introduite au début de
la décennie, elle commence un
peu à dater – alors que la poupe,
dont les feux ont été étirés à l’ex­
trême, adopte les recettes en vo­
gue, sans trop d’originalité. La voi­
ture, qui présente une silhouette
un peu alourdie avec des surfaces
vitrées revues à la baisse, ne man­
que pas de prestance, mais le
charme n’agit pas. Lestée de mul­
tiples coups de gouge sur la tôle,
d’inserts de chrome, de fausses
sorties d’échappement et de pri­

est agréable à l’œil et, dès les ni­
veaux de finition intermédiaires,
un large écran de 9,3 pouces trône
au centre de la planche de bord. A
l’arrière, la banquette coulisse sur
16 centimètres mais, à l’avant, le
passager n’a pas droit à une poi­
gnée de maintien suspendue.
Plus long, plus large mais pas
plus lourd, le Captur se pose par­
faitement sur la route mais sa di­
rection pourraît être davantage
généreuse en sensations. Il faut
saluer l’amplitude de la gamme
des moteurs essence (100, 130 ou
155 ch), dont le plus puissant ne
pousse plus le train­avant dans
ses derniers retranchements,
comme c’était le cas de la précé­
dente génération. Au printemps,
une motorisation essence hybri­
de­rechargeable – ce sera une pre­
mière sur le segment – sera inté­
grée dans la gamme. Elle déve­
loppera 160 ch, sera capable d’as­
surer une autonomie allant
jusqu’à 65 km en traction électri­
que et émettra moins de 40 g de
CO 2 au km. Son prix n’a pas en­
core été annoncé.
Bien doté, en particulier pour
ce qui concerne les assistances à
la conduite, le Captur s’est mis au
diapason d’une concurrence de­
venue pléthorique (Volkswagen
T­Roc et T­Cross, nouveaux Nis­
san Juke, Peugeot 2008 ou Ford
Puma), mais il se présente désor­
mais comme un SUV parmi tant
d’autres au sein d’une catégorie
placée sous la double menace de
la banalisation et de la stigmati­
sation. Chez Renault, créer une
automobile à l’écart des conven­
tions strictement statutaires, ca­
pable de tisser des liens de com­
plicité avec ses utilisateurs – bref,
tout ce qui fit la singularité mais
aussi la réussite commerciale du
constructeur –, ne semble désor­
mais de mise que pour les petits
modèles Twingo, Clio ou Zoe.
Pour le reste de sa gamme, la
marque s’est résignée à livrer
une copie soignée et consen­
suelle, mais engoncée dans la
norme. Ballottée entre révolu­
tions de palais successives, ma­
riages contrariés et vague à l’âme
identitaire, la marque au losange
est en train de perdre beaucoup
de son soft power.
jean­michel normand

DIFFUSÉ


À 1,5 MILLION 


D’UNITÉS,


LE CAPTUR EST


LE PREMIER


DE CORDÉE


SUR UN SEGMENT 


QU’IL A LUI­MÊME 


INAUGURÉ EN 2013


Zontes, ou la moto chinoise à petits pas


Avec la V310, une moyenne cylindrée
au niveau d’équipement soigné,
le constructeur chinois ne démérite pas

A


force de faire fabriquer
des deux­roues en Chine,
quitte à leur faire porter
le badge d’une marque française
comme Mash, il était logique que
l’empire du Milieu vienne propo­
ser des motos sous sa propre ban­
nière. Importé depuis le début de
l’année par GD France, le cons­
tructeur Zontes a conçu une
gamme de machines de moyenne
cylindrée dont la dernière en date
est la V310. Parfaite inconnue, la
marque originaire du Guangdong
(sud­est de la Chine) ne prétend
pas se différencier de manière ta­
pageuse. Pas de grand bond en
avant, mais une politique des pe­
tits pas ; ses motos s’efforcent de
coller aux grandes références du
marché tout en soignant leur ni­
veau d’équipement et leurs tarifs.
La Zontes V310, fondée sur
cette approche pragmatique,
présente bien. Rangée dans la

catégorie des power cruisers – le
marketing moto a le don de for­
ger des concepts abscons –, elle
s’inspire sans le moindre com­
plexe de la Ducati Diavel.

Une 125 cm^3 en 2020
A peine plus anguleuse qu’une
italienne, mais tout aussi exubé­
rante avec ses galbes d’hyménop­
tère, elle ne néglige pas les dé­
tails. Le matériau mat qui com­
pose les tubulures autour du mo­
teur est d’excellente facture et les
plastiques latéraux font illusion.
Même la béquille latérale est sty­
lée. Les rétroviseurs sont bien
placés, assez larges, tout en étant
joliment dessinés, et des patins
de protection limitent les consé­
quences d’une chute de la moto.
Globalement, la qualité de fabri­
cation ne prête guère le flanc aux
critiques habituelles adressées à
la production chinoise. Il n’y a

que certains Commodo qui fas­
sent bas de gamme.
Au guidon, on apprécie la posi­
tion de conduite, d’autant que l’as­
sise (720 mm) n’est pas trop éle­
vée. Deux hauteurs de selle sont
envisageables et la position des ca­
le­pieds du pilote est également
réglable. Avec son gros pneu ar­
rière (180 cm de largeur contre
110 mm à l’avant), la moto est sta­
ble et son freinage à disque à
l’avant comme à l’arrière est rassu­

rant, y compris sur le mouillé. Des­
tinée aux déplacements intra et
périurbains, la Zontes se manie fa­
cilement malgré son trop large
rayon de braquage, gênant lors des
manœuvres dans un espace ré­
duit. Quant à l’amortissement et
la selle, ils assurent le minimum
syndical de confort, sans plus.
Idem pour le sage monocylindre
de 310 cm³ (35 ch) à la sonorité
quelconque mais qui se montre
économe (4 à 4,5 litres aux 100 km

en ville) et suffisamment vivant
pour évoluer dans un trafic dense.
Consciente qu’elle doit montrer
patte blanche, la moto chinoise ne
mégote pas sur la dotation électro­
nique. La V310 dispose d’un dé­
marrage sans clé, d’un système
électrique pour ouvrir la trappe à
essence, soulever la selle ou blo­
quer la direction. L’écran TFT aux
allures de mini­tablette fait,
comme il se doit, la part belle aux
graphismes zébrés et multicolo­

res. Surprise, il s’allume et s’éteint
en faisant apparaître une... tête de
mort stylisée.
Zontes vise la clientèle émer­
gente en quête d’une machine de
moyenne cylindrée. Populaires
jusque dans les années 1980 puis
délaissées, les 125 à 500 cm³ re­
viennent en cour. Toutes les mar­
ques, de BMW à Harley­Davidson
en passant par les constructeurs
japonais et italiens, ont conçu ces
modèles qui correspondent aux
contraintes du permis A2 limitant
à 35 kW (47 ch) la puissance régle­
mentaire des machines accessi­
bles aux néomotards.
La renaissance des cylindrées
intermédiaires tient aussi à la
croissance du nombre d’utilisa­
teurs de deux­roues à usage ur­
bain qui se satisfont d’un modèle
accessible et aux performances
raisonnables. Pour Zontes, la
V310 est un moyen de mettre un
pied à l’étrier. La firme lancera
en 2020 une 125 cm³, mais aucun
deux­roues électrique, pourtant
grande spécialité chinoise, n’est
encore en vue.
j.­m. n.

Au printemps 2020, Renault proposera un modèle hybride­rechargeable du Captur. RENAULT

La V310 consomme 4 à 4,5 litres aux 100 km.
ZONTES

le captur


rentre


dans


le rang


Oublié, le dynamisme


rondouillard et pétulant


du modèle originel.


La nouvelle génération


du petit SUV de Renault


se prend un peu trop


au sérieux


ses d’air comme installées en tête
de gondole, elle apparaît surdessi­
née. Oublié, le dynamisme ron­
douillard et pétulant du modèle
originel. Le Captur embourgeoisé
en rajoute en adoptant des com­
binaisons de couleurs pas tou­
jours heureuses (la version avec
toit orange vif et carrosserie gris­
argent, entre autres) supposées
exprimer un esprit non confor­
miste qui, de facto, n’est plus sa
carte maîtresse.
Faire rentrer le petit SUV de Re­
nault dans le rang permet aussi


  • il faut le lui reconnaître – de soi­
    gner le confort et le bien­être du
    conducteur et de ses passagers.
    Elaboré sur une nouvelle plate­
    forme partagée avec Nissan
    (après vingt années d’alliance en­
    tre les deux marques, il était
    temps), le nouveau Captur (à par­


tir de 18 600 euros) améliore net­
tement ses prestations. Ses centi­
mètres supplémentaires permet­
tent d’élargir l’espace disponible
aux places arrière et de porter la
contenance de son coffre à 536 li­
tres, en hausse de 81 litres. Des ar­
guments qui ne laisseront pas in­
différente la clientèle venue des
segments supérieurs désireuse
d’opter pour un modèle plus com­
pact, donc moins pénalisé par la
fiscalité écologique, mais peu
tentée par le terne Kadjar, que Re­
nault ne tardera pas à renouveler.

Une concurrence pléthorique
Les progrès les plus évidents sont
perceptibles dans l’habitacle, où la
plupart des plastiques durs ont été
remplacés par des matières mous­
sées, douces au toucher. La nou­
velle instrumentation numérique
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