Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1

Les Echos Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019 PME & REGIONS// 29


innovateurs


Jacques Henno
@jhennoparis

Détecter des gaz militaires, des
polluants dans l’atmosphère ou
des métaux lourds dans les r iviè-
res, autant de résultats qui peu-
vent être obtenus en quelques
heures ou jours sur des échan-
tillons d’air, d’eau ou autres, pré-
levés, transportés et analysés en
laboratoire. Mais les autorités
sanitaires ou les entreprises
concernées souhaiteraient en
disposer immédiatement, par
exemple en c as d’accident indus-
triel, comme lors de l’incendie
de l’usine Lubrizol, à Rouen. De
nombreuses équipes de recher-
che françaises et internationales
tentent de mettre au point des
capteurs fiables et peu coûteux,
fixes ou mobiles, capables de
lancer de telles alertes.
A l’instar de l’équipe Micro-
systèmes de détection à ondes
acoustiques et alternatives
(MDA) du Laboratoire de l’inté-
gration du matériau au système
(IMS), placé sous la triple tutelle
du CNRS, de l’Institut polytech-

DR

nique (INP) et de l’université de
Bordeaux, qui multiplie les
approches innovantes. Ollivier
Tamarin, l ’un de ses chercheurs,
a mené cet été une campagne de
tests à bord d’un bateau, sur une
rivière amazonienne, en vue
d’évaluer la pertinence de bio-
capteurs pour détecter des toxi-
nes en milieu aquatique.

Une sorte d’éponge
« Nous u tilisons des bioéléments,
comme des anticorps ou des bac-
téries, proposés par n os collègues
chimistes ou biologistes, pour
mettre au point une éponge, en
quelque sorte, capable de capter
une cible spécifique, comme un
polluant », explique Corinne
Dejous (photo), docteur en élec-
tronique et responsable de
l’équipe MDA. « On fait se pro-
pager une sorte de vague mécani-
que dans l’éponge, qui sera
amplifiée ou au contraire amor-
tie, accélérée ou ralentie, lorsque
l’éponge absorbera sa cible »,
poursuit-elle.
Ce sont des collègues tuni-
siens de Monastir qui, les pre-
miers, l’ont orientée vers l’uti-
lisation des bactéries pour la
détection des métaux lourds.
« C’est une problématique très
importante e n Guyane, où toute
la chaîne alimentaire peut se
retrouver polluée par le mer-
cure utilisé pour l’orpaillage »,
constate-t-elle. Ce projet est
financé par le CNRS, l’INP et
l’université de Bordeaux,
l’ANR et la région Nouvelle-
Aquitaine à hauteur d’environ
150.000 euros par an.n

LE PROJET IMS BORDEAUX


Des capteurs de pollution


à base de bactéries


Date de création : 2019
Cofondateurs : Thomas
Feuillet et Hugo Dorez
Effectif : 2 personnes
Secteur : vétérinaire

Léa Delpont
— Correspondante à Lyon

L’IRM est une technologie bien
au p oint p our les examens
humains, les pattes des chevaux
et les petits rongeurs. « Mais peu
performante pour les animaux
de taille moyenne comme les
chats, les chiens ou les cochons »,
soulève Hugo Dorez, docteur en
imagerie médicale, directeur
général et cofondateur de la
jeune entreprise lyonnaise
HawkCell avec son alter ego,
Thomas Feuillet, président. « Or
le besoin est immense, aussi bien
pour les propriétaires d’animaux
de compagnie que pour les labo-
ratoires de recherche », pour-
suit-il. Car un capteur cervical
standard fonctionne très mal
sur un crâne de lapin, par exem-
ple. « La qualité de l’image, et donc
celle du diagnostic, est très dépen-

DR

dante de la proximité du capteur
avec la zone à imager », explique
Hugo Dorez. D’où l’idée de
HawkCell de répondre à cette
lacune avec des capteurs spécifi-
ques aux n ombreuses espèces e t
morphologies animales. Début
2020, la start-up installera
à l’école VetAgro Sup de Mar-
cy-l’Etoile sa première machine
IRM équipée des deux premiers
capteurs déjà développés : un
dos et un encéphale canin de
type berger allemand. Elle a
obtenu la concession du service
d’imagerie du CHU vétérinaire
pour une période de huit ans.
L’entreprise veut doubler cha-
que année le nombre de nou-
veaux capteurs créés pour en
proposer trente d’ici à cinq ans.

Ouverture de centres
HawkCell entend ouvrir une
dizaine de centres sous son nom
avant d e licencier sa technologie
auprès des laboratoires d’ima-
gerie animale existants. Ce mar-
ché est estimé à 100 millions
d’euros en France. Mais celui de
la recherche médicale est plus
stratégique, car les phases
d’essais précliniques représen-
tent 6 milliards d’euros en
Europe et, en même temps,
d’ordre éthique. « Ce secteur uti-
lise 20 millions d’animaux de
type chiens, cochons ou prima-
tes ». Avec des IRM perfor-
mants, Hugo Dorez pense pou-
voir « réduire par un facteur trois
à quatre le nombre de cobayes.
Car on peut les suivre dans le
temps au lieu d’en sacrifier un à
chaque étape de la recherche ».n

LA TECHNOLOGIE HAWKCELL


L’ IRM vétérinaire va sauver


des animaux de laboratoire


Paul Molga
— Correspondant à Marseille

Chanel confirme son intérêt pour le
parfum des vignobles. Après les
châteaux bordelais Canon, Berli-
quet (Saint-Emilion) et Rauzan-Sé-
gla (Margaux), le groupe de luxe
vient de mettre la main sur le
Domaine de l’Ile à Porquerolles.
L’annonce a été faite par l’ingénieur

agronome et œnologue Nicolas
Audebert, qui dirige ces domaines
depuis six ans. C’est un enfant du
pays, qui fréquente ce terroir insu-
laire depuis son plus jeune
âge. « Nous ne cherchions pas parti-
culièrement à grossir notre porte-
feuille. C’est une question de rencon-
tre et de passion partagée », a-t-il
confié à « Var-Matin ».

Bail emphytéotique
C’est le grand-père de l’actuel pro-
priétaire, Sébastien Le Ber, un aven-
turier qui a fait fortune dans l ’extrac-
tion aurifère au Mexique (François-
Joseph Fournier), qui a acheté cette
île et y a planté 170 hectares de
vignes coupe-feu pour l’offrir en
cadeau à sa jeune épouse en 1910. A
sa disparition, la propriété a été par-
tagée entre quatre de leurs six
enfants et ce sont les parents de
Sébastien Le Ber qui héritent alors
du domaine viticole. Au début des
années 1970, l’Etat en acquiert une
grande partie qu’il place sous pro-
tection du Parc national de Port-
Cros créé peu avant pour protéger
cet archipel au large d’Hyères. Dans
l’opération, la famille négocie un
bail emphytéotique pour poursui-

directeur général de La Boulan-
gère. Le site devra être modulable,
chaque nouvelle ligne de produc-
tion devant faire l’objet d’une exten-
sion ad hoc. Le stockage des matiè-
res premières, en amont, et le pôle
logistique, en aval, sont dimension-
nés pour accueillir ces agrandisse-
ments à venir.
A la différence des autres usines
du groupe, celle-ci sera mixte, pro-

duisant à la fois du pain et des vien-
noiseries. Pour l’heure, c’est la pani-
fication qui démarre sur la gamme
Toastiligne, des pains de mie
blancs, complets ou aux graines.
Ces produits sont sans sucre ni
matière grasse ajoutée, segment
sur lequel l’entreprise se définit
comme pionnière.
Le groupe mise également sur
une certaine profondeur de

gamme comprenant notamment
« des pains du monde », tels les
wraps, pitas, pains libanais sans
sel, une gamme végane sans huile
de palme... Il pousse également les
feux sur le bio, qui représente
désormais 40 % de sa production,
avec une part de marché revendi-
quée de 42 % en France. La Bou-
langère s’est également engagée
dans la démarche Agri-Ethique,
initiée par le groupe coopératif
vendéen Cavac. Celle-ci implique
un approvisionnement français et
un engagement sur le prix et la
durée auprès des fournisseurs,
jusqu’à cinq ans pour le bio. Pour
La Boulangère, cette ressource de
proximité vaut aussi pour les œufs
et le beurre, acheté en AOC Cha-
rentes-Poitou.

Une terre de boulangers
Quatre des sept usines se trouvent
en Vendée. Si l’entreprise, filiale du
groupe breton Norac, poursuit ses
investissements sur ce territoire de
quasi-plein-emploi, « c’est en raison
du savoir-faire et de l’expertise en
boulangerie qui s’y trouvent, ce qui
nous permet d’aller plus vite »,
répond Christophe Aillet. Le chiffre
d’affaires atteint 300 millions
d’euros, dont 40 % à l’international,
en croissance de 7 à 8 % chaque
année pour un effectif qui dépassera
prochainement les 2.000 salariés.n

Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes


La Boulangère and Co voit grand en
Vendée, sa terre d’origine, où elle
inaugure aujourd’hui sa septième
usine, à La Chaize-le-Vicomte. Le
troisième producteur français de
pains e t de viennoiseries préembal-
lés a investi 30 millions d’euros
dans cette unité de 15.000 mètres
carrés comprenant 5.000 mètres
carrés de logistique et près de
10 hectares de réserve foncière
pour de futures extensions. Car, si
l’usine a démarré cet été avec une
quarantaine de salariés, l’effectif
doit passer à 150 dans les cinq ans
pour atteindre 300 à 350 personnes
à terme, « ce qui correspond à l’effec-
tif moyen des autres usines de l’entre-
prise », précise Christophe Aillet,


PAYS DE LA LOIRE


La filiale du groupe
Norac investit 30 mil-
lions d’euros dans ce
nouveau site industriel
mixte dédié au pain
et à la viennoiserie.


Il emploiera 350 per-
sonnes à terme.


La Boulangère choisit la Vendée


pour sa septième usine


Le chiffre d’affaires de La Boulangère atteint 300 millions d’euros,
dont 40 % à l’international. Photo Thomas Raffoux

Sarreguemines : la mairie annonce
un casino sur les anciennes faïenceries

GRAND EST La mairie de Sarreguemines a dévoilé jeudi son inten-
tion de transformer les anciennes faïenceries (fermées en 2007) en
un casino, un hôtel et un restaurant haut de gamme et une salle de
spectacle. Le site rendra toutefois hommage à cette activité histori-
que de la ville avec un nouveau musée de la faïence. Le maire anti-
cipe un investissement de 35 et 40 millions d’euros dès 2020, mais il
devra décrocher l’autorisation de l’Etat pour implanter un casino.

en bref


Fos-sur-Mer : quatorze riverains
assignent des sites industriels

PACA Q uatorze r iverains de Fos-sur-Mer e t de Martigues ont poursuivi
jeudi les sites d’ArcelorMittal, les Dépôts pétroliers de Fos, Esso Raffi-
nage et Kem One. Cette assignation déposée au tribunal d’Aix-en-Pro-
vence pour « trouble anormal de voisinage » fait suite à la plainte contre
X pour « mise en danger de la vie d’autrui » déposée il y a un an. L’Etat
avait verbalisé l’an dernier ArcelorMittal suite à une plainte de FNE.

Vin : Chanel rachète le Domaine


de l’Ile à Porquerolles


vre l’exploitation de ces schistes mil-
lénaires riches en iode, en manga-
nèse, fer et magnésie.

Rosés de caractère
Certifié bio depuis 2015, le Domaine
de l’Ile s’étend aujourd’hui sur
34 hectares étagés en terrasses
plantées de cépages méditerra-
néens traditionnels de qualité
(syrah, mourvèdre, grenache...). Ils
produisent environ 1.200 hectoli-
tres de Côtes-de-Provence, princi-
palement des rosés allant de 12 à
33 euros. « Ce sont d es vins d e soleil et
de plein vent, d’où s’échappent la fraî-
cheur des embruns et la force d’une
terre de caractère », explique
l’œnologue. Son projet viticole est
d’élaborer des rosés de gastrono-
mie et des blancs de haut niveau.
La maison Chanel négociait
l’acquisition du Domaine depuis
deux ans. Le transfert du bail
d’exploitation a été assorti de clau-
ses supplémentaires de protection
environnementales, comme le res-
pect des essences endémiques et la
protection de l’écosystème au-delà
de la partie viticole. S ébastien Le Ber
demeure actionnaire minoritaire
du domaine à hauteur de 10 %.n

PACA


Après deux ans
de négociation,
la maison de haute
couture acquiert
le vignoble insulaire
protégé par le statut
de parc national.

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