Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1
rations appliquées sont à deux chif-
fres », écrit ainsi Siaci Saint Honoré,
alors que les renégociations des
contrats pour l’échéance du 1er jan-
vier 2020 battent leur plein. Pour
« les affaires sinistrées et/ou présen-
tant des risques volatils », elles sont
« de 25 % et plus », ajoute-t-il. Dans
certains cas, les augmentations
peuvent aller « jusqu’à 80 % », indi-
que de son côté Marsh France. Ce
courtier fait état de « discussions de
renouvellement qui commencent
avec des demandes de majorations d e
l’ordre de 30 % pour les affaires non
sinistrées ».

Remettre les résultats
d’aplomb
Si l’augmentation est « la tendance
générale », elle « peut être modérée
en fonction des équilibres globaux
entre branches pour un client donné,
des résultats passés et surtout de la
qualité de la protection et prévention
des risques », nuance Gras Savoye
Willis Towers Watson.
Ce redressement généralisé
s’explique avant tout par la néces-

ment des « gilets jaunes », qui a
généré plus de 150 millions d’euros
de sinistres en dommages et pertes
d’exploitation depuis l’automne
dernier, ajoute ce courtier.
Le contexte se tend aussi pour les
risques automobiles des entrepri-
ses (gestion de flotte...). « Après des
années de baisse, les prix stagnent,
voire remontent légèrement, du fait
de coûts moyens par sinistre en pro-
gression », souligne Gras Savoye
Willis Towers Watson. Un constat
partagé par Siaci Saint Honoré,
selon lequel les affaires sinistrées
« deviennent de plus en plus comple-
xes à placer ». Ce serait ainsi le cas
pour la location courte durée, le
transport de voyageurs (dont les
flottes de VTC) ou encore le trans-
port de marchandises.
Résultat, « pour maîtriser o u opti-
miser leur budget assurance, les
entreprises continuent de miser sur
des rétentions d e plus en plus fortes »,
indique Gras Savoye Willis Towers
Watson. Autrement dit, elles gar-
dent davantage de risques sur leur
bilan plutôt que de les transférer

Laurent Thévenin
@laurentthevenin


L’heure est plus que jamais à l’aug-
mentation des tarifs pour les pro-
grammes d’assurance-dommages
des grandes e ntreprises. E ntamé il y
a un an, ce mouvement haussier
s’est confirmé tout au long de
l’année 2019, comme le rapportent
plusieurs grands courtiers dans des
notes de conjoncture récentes.
« Sauf cas exceptionnel [...], les majo-


ASSURANCES


Les tarifs des pro-
grammes d’assurance-
dommages pour les
grands comptes sont à
la hausse depuis un an.


Les majorations
demandées peuvent
parfois aller
jusqu’à 80 %,
selon un courtier.


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sité pour les assureurs de remettre
d’aplomb leurs résultats techni-
ques, qui avaient été mis à mal par
les catastrophes naturelles très c oû-
teuses des années 2017 et 2018. En
2019, le secteur a aussi dû faire face
en France à plusieurs incendies de
plus de 20 millions d’euros, notam-
ment dans les secteurs des déchets,
de l’agroalimentaire ou de la logisti-
que, signale Siaci Saint Honoré.
Sans compter l’impact du mouve-

« Après des années
de baisse, les prix
stagnent, voire
remontent
légèrement, du fait
de coûts moyens
par sinistre
en progression. »
Gras Savoye Willis Towers
Watson

aux assureurs. En responsabilité
civile, autre poste i mportant d ans le
budget assurance des entreprises,
le marché « se durcit » également
sur fond d’une augmentation de la
sinistralité, d’après Siaci Saint
Honoré. « Le marché reste concur-
rentiel sur les risques de bonne qua-
lité et les entreprises de taille
moyenne, sauf pour les activités sen-
sibles de type pharmacie, pétrole, chi-
mie, médical, automobile et agroali-
mentaire », précise-t-il. Mais les
affaires sinistrées « ou avec des
garanties plus sophistiquées » se
voient, elles, appliquer des mesures
de r edressement. « On n’observe p as
de majoration conjoncturelle, mais
des réajustements de p rimes pouvant
être conséquents sur les affaires
sinistrées », indique de son côté
Gras Savoye Willis Towers Watson.
Recherchés par les entreprises,
les engagements de durée (LTA,
dans le jargon des assureurs) « sont
encore accordés/négociés, mais de
manière plus s élective avec une p réfé-
rence pour deux ans », indique
Marsh France.n

Assurance : des hausses de tarifs de plus


de 10 % pour les grandes entreprises


Eric Benhamou
[email protected]

Quel é trange paradoxe! L es investis-
seurs sont prisonniers depuis un an
d’une bulle de pessimisme, mais les
marchés actions et obligataires flir-
tent avec des niveaux historique-
ment élevés. L’épisode de volatilité
en août, sur fond de stress autour
d’une prochaine récession, qui a fait

plonger les rendements obligatai-
res, n’a pas calmé les esprits. Cette
aversion au risque se traduit par un
déplacement des capitaux des fonds
actions vers les fonds obligataires au
troisième trimestre, confirmant la
tendance déjà observée au premier
semestre.
Selon l’Observatoire de Lyxor
AM, qui porte sur les fonds euro-
péens les plus communs (Ucits), les
produits obligataires ont collecté
auprès des investisseurs près de
50 milliards d’euros en juillet et août,
soit un total de 150 milliards d’euros
depuis janvier. A l’inverse, les fonds
actions ont poursuivi leur décollecte
(15 milliards d’euros sur la période),
ce qui porte les flux sortants à
59 milliards depuis janvier. Seuls les
fonds actions diversifiés (dits patri-
moniaux, car ayant une compo-
sante obligataire), qui ont lourde-
ment souffert de la correction
boursière l’an dernier, semblent
avoir stoppé l’hémorragie.
Le troisième trimestre se caracté-
rise pourtant par des performances

inégales des fonds obligataires. Cer-
tains gérants avaient en effet parié
avant l’été sur une nouvelle chute
des taux alors que d’autres ont été
surpris par ce brusque mouvement
de fuite vers la qualité. Depuis la tem-
pête qui a secoué les marchés cet été,
la quasi-totalité de la dette souve-
raine européenne est tombée en ter-

ritoire négatif et un quart des obliga-
tions privées « investment grade » se
traite désormais à taux négatifs.
Autre d ifficulté pour les gérants obli-
gataires : le potentiel de hausse des
marchés de dette est désormais
limité, compte tenu des niveaux de
valorisation élevés. Le regain d’inté-
rêt pour les actions, lui, passera
peut-être par un retour en grâce des
valeurs cycliques (pétrolières, ban-
ques, automobile), délaissées depuis
des années. Les valeurs de crois-
sance ou défensives (consomma-
tion, luxe, technologie), sur qui
repose la performance des marchés
(+19 % depuis janvier), ont peut-être
mangé leur pain blanc. Les écarts de
valorisation entre ces deux types de
valeurs sont tellement élevés que
cela s oulève « de fortes interrogations
parmi les gérants sur l’opportunité de
revenir sur les valeurs cycliques »,
observe Vanessa Bonjean chez
Lyxor. En septembre, un premier
mouvement de rotation sectorielle a
tourné court, mais la question est
désormais dans tous les esprits.n

FONDS


L’Observatoire des
fonds de Lyxor AM
confirme la tendance :
la rotation des fonds
actions vers les fonds
obligataires est
toujours aussi forte.


La faiblesse des rendements obligataires


ne dégoûte pas les investisseurs


Ce redressement généralisé s’explique avant tout par la nécessité pour les assureurs de remettre d’aplomb leurs résultats techniques, qui avaient été mis à mal
par les catastrophes naturelles très coûteuses des années 2017 et 2018. Photo Shutterstock


Raphaël Bloch
et Yann Duvert

Le plan de démonétisation l ancé
par le Premier ministre indien,
Narendra Modi, pour lutter con-
tre la fraude fiscale et la corrup-
tion, qui a conduit au retrait de
certaines grosses coupures, à
fait le bonheur des géants du
paiement mobile. L’arrivée de
Google Pay, qui pourrait être
suivi par WhatsApp (propriété
de Facebook), en est une illustra-
tion. L’insolente santé du cham-
pion indien du secteur, Paytm,
en est une autre.
La société basée à Delhi four-
nit des portefeuilles numéri-
ques sur mobile. En moins de
dix ans, elle a conquis des dizai-
nes de millions de clients, qui
utilisent ses services pour stoc-
ker et dépenser leur argent. Fort
de ce succès, Paytm pourrait
lever 2 milliards de dollars, s elon
plusieurs médias. Ces fonds per-
mettraient à Vijay Shekhar
Sharma, le fondateur de la
société, de développer son acti-
vité en Inde. Avec 1,3 milliard
d’habitants, le pays possède,
comme la Chine, un potentiel
« énorme », selon KPMG, qui a
récemment publié un rapport
sur le sujet. La majorité des
Indiens ne sont pas « bancari-
sés » et recourent à des applica-
tions pour gérer leur épargne.

La levée de fonds de Paytm
pourrait aussi lui servir à déve-
lopper ses activités à l’étran-
ger. Selon un analyste cité par le
« Financial Times », le groupe
mise notamment sur le Canada
et l e Japon, o ù la diaspora
indienne est importante e t où il a
lancé une société de paiement
électronique en partenariat avec
Softbank. Les 2 milliards de dol-
lars seraient notamment appor-
tés par Softbank et Ant Finan-
cial. Avec cet investissement, les
deux groupes rejoindraient au
capital de l’indien le chinois Ali-
baba et la société d’investisse-
ment Berkshire Hathaway, diri-
gée par Warren Buffett.
L’opération, qui devrait être
bouclée d’ici deux mois, valori-
serait alors Paytm à plus de
15 milliards de dollars. Cette
levée de fonds a rrive à un
moment délicat pour Softbank,
qui est affaibli par les mauvaises
performances de plusieurs
entreprises dans lesquelles il a
investi, telles que Uber, Slack
ou WeWork. En Inde, Softbank
possède des parts dans la chaîne
d’hôtels Oyo, dans le site
d’e-commerce Groffers, ou
encore dans l’agrégateur d’assu-
rances Policybazaar.n

Paytm,


le PayPal


indien


qui vaut


15 milliards


de dollars


PAIEMENT


Le géant du
paiement mobile
chercherait à lever
2 milliards pour se
renforcer en Inde
et pour se déployer
à l’international.

L’entreprise compte
déjà le chinois
Alibaba et la société
d’investissement
Berkshire Hathaway
à son capital.

Le groupe mise
notamment sur le
Canada et le Japon.

Selon l’Observatoire
de Lyxor AM, qui
porte sur les fonds
européens les plus
communs, les
produits obligataires
ont collecté auprès
des investisseurs près
de 50 milliards
d’euros en juillet et
août, soit un total de
150 milliards d’euros
depuis janvier.

FINANCE & MARCHES


Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019Les Echos

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