Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1

34 // FINANCE & MARCHES Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019 Les Echos


tique, n’ont jamais été aussi impor-
tantes que cette année. Le record de
2018, 170 milliards de dollars, est
déjà dépassé. Les levées de fonds
vertes et sociales atteignaient déjà
210 milliards de dollars à la mi-oc-
tobre, portant le montant total
d’obligations de ce type en circula-
tion à 640 milliards d’euros, selon
Bloomberg. Une tendance encou-
rageante pour HSBC, qui voit le
marché grimper à 1.000 milliards
de dollars d’ici à la fin du premier
semestre 2021.

Eveil américain
La nouveauté? L’arrivée des entre-
prises américaines. Contraire-
ment à leurs homologues
européennes – qui ont fortement

contribué au développement du
marché obligataire vert –, l es socié-
tés faisaient preuve d’un certain
désintérêt, voire d’une méfiance,
outre-Atlantique.
Mais la mobilisation publique en
faveur des questions environne-
mentales et l’afflux d’investis-
seurs cherchant à verdir leurs por-
tefeuilles commencent à avoir
raison de ces réticences. Avec
30 milliards de dollars depuis jan-
vier, les émissions de green bonds
d’entreprises américaines ont
bondi de 60 %.
Dernier en date, PepsiCo a ainsi
obtenu 1 milliard de dollars des
investisseurs pour son opération
inaugurale. Ces obligations à 30 ans
serviront notamment à financer

Guillaume Benoit
@gb_eco


Y aurait-il un effet Greta Thunberg
sur le marché obligataire? De fait,
les émissions de « green bonds »,
destinés à financer des projets lut-
tant contre le réchauffement clima-


OBLIGATIONS


Avec 200 milliards
de dollars levés depuis
janvier 2019, la perfor-
mance s’explique
par l’entrée en piste
des entreprises
américaines.


des projets permettant de réduire
l’utilisation de plastique non recyclé
pour la fabrication des bouteilles,
limiter la consommation d’eau dans
ses processus de production et plus
largement diminuer son empreinte
carbone. Le groupe immobilier
UDR et l’é nergéticien Interstate
Power & Light comptent parmi les
émetteurs. En février, c’est le géant

60 %


DE HAUSSE
La croissance des émissions
de « green bonds » d’entreprises
américaines depuis janvier.

rémunération se compose aussi
d’un variable dont le montant sera
fonction de l’atteinte ou non de cer-
tains critères de performance. Dans
tous les cas, ce variable a été pla-
fonné à 1,125 million sur l’année
(soit 125 % du fixe), donc ne pourra
pas dépasser 800.000 euros pour
huit mois et demi. Et ce, si toutes les
conditions de performance sur les-
quelles ce variable est assis sont
remplies.
C’est le conseil d’administration
de Renault sur proposition du
comité de rémunération qui déci-
dera du variable qui peut être
octroyé à Thierry Bolloré. Les
actionnaires s eront consultés aussi.
Depuis 2018, conformément à la loi
Sapin II, ces derniers votent en effet
en assemblée générale, de manière
contraignante, d’une part, la politi-
que de rémunération pour l’exer-
cice en cours et, d’autre part, tous
les éléments de la rémunération de

l’année précédente. S’ils votent
contre, le fixe ne peut être remis en
cause, mais les éléments variables
peuvent ne pas être versés.

Il n’est pas prévu d’indemnité de
départ pour Thierry Bolloré, mais
une indemnité de non-concur-
rence. Elle a été mise en place pour

que ce dernier ne puisse aller exer-
cer une activité concurrente de celle
de Renault. Cette indemnité pour-
rait atteindre deux ans de salaire
(fixe et variable), soit un maximum
de 4 millions d’euros. Elle ne dépend
pas du nombre de mois effectués
dans la société cette année.
Autre élément de rémunéra-
tion, les actions de performance.
Cette année, Renault a attribué au
directeur général 50.000 actions
maximum. Elles sont soumises
elles aussi à des conditions de per-
formance et de présence de trois
ans dans la société. En cas de révo-
cation pour faute lourde ou grave
ou e n cas de démission, ces
actions sont perdues totalement.
Dans les autres cas, elles sont
maintenues au prorata de la
période d’acquisition. Elles ont été
attribuées le 3 avril dernier, donc
en appliquant un cours de Renault
de 50 euros, ce montant ne devrait

pas pouvoir dépasser
451.000 euros. Dans le cas de Car-
los Ghosn, ancien PDG, les admi-
nistrateurs avaient décidé que les
conditions de présence n’étant pas
remplies, il ne devait percevoir
aucune action de performance.

Pas de retraite chapeau
Reste la retraite chapeau. Thierry
Bolloré ne devrait pas pouvoir la
toucher car il ne sera pas présent
dans la société au moment où il fera
valoir ses droits. La dernière fois
qu’un patron a été débarqué officiel-
lement, c’était chez Atos. Philippe
Germond a été révoqué brutale-
ment par les actionnaires en
novembre 2008. La société avait
refusé de lui verser ses indemnités
de départ. Philippe Germond avait
alors saisi les tribunaux et fini par
gagner devant la Cour de cassation
en mars 2014. Atos avait été conda-
mné à payer 3,9 millions d’euros.n

Laurence Boisseau
@boisseaul


Directeur général de Renault
depuis la chute de Carlos Ghosn,
Thierry Bolloré a été démis de ses
fonctions la semaine dernière. Un
départ dont les conditions ont sur-
pris. « Il n’a pas démissionné de son
propre chef. Il a été officiellement
débarqué, ce qui est rarissime en
France dans les sociétés cotées. La
plupart du temps, le dirigeant est
invité à partir, les discussions se font
en catimini et il démissionne avec un
gros chèque », explique Loïc
Dessaint, directeur général de
Proxinvest.
Dans c es conditions, T hierry Bol-
loré partira-t-il avec des indemni-
tés? Le conseil d’administration de
Renault du 12 octobre n’a pas eu le
temps de se pencher sur la ques-
tion. Celui qui se tiendra ce ven-
dredi 18 octobre ne devrait pas non
plus arrêter de décision sur ce sujet
qui ne figure pas à l’ordre du jour.
Mais certains éléments de sa rému-
nération peuvent être évalués au
regard du document de référence
2018 publié par le groupe au prin-
temps dernier. Thierry Bolloré
pourrait partir avec près de 6 mil-
lions d’euros, selon nos calculs, si
toutes les conditions de perfor-
mance sont remplies. Ce qui n’e st
pas toujours le cas chez Renault.


Composition
de l’enveloppe
Comment se décomposerait cette
enveloppe? Thierry Bolloré va
toucher sa rémunération au pro-
rata de sa présence chez Renault en
tant que directeur général. Cela
comprend un salaire fixe de
900.000 euros pour la totalité de
l’année 2019, soit environ
650.000 euros sur les huit mois et
demi de présence (soit depuis le
24 janvier, date de la prise de ses
fonctions). Il a déjà perçu cet argent
sous forme de mensualités. Sa


RÉGULATION


L’ancien directeur
général de Renault,
débarqué la semaine
dernière, ne touchera
cette indemnité que
si toutes les conditions
de performance dont
dépendent certaines
de ses rémunérations
sont remplies.


Le conseil d’adminis-
tration qui va se tenir
ce vendredi 18 octobre
ne devrait pas
arrêter de décision
sur ce point.


Renault : Thierry Bolloré pourrait


partir avec près de 6 millions d’euros


Thierry Bolloré, qui a été démis de ses fonctions la semaine dernière, aura exercé la fonction de directeur général de Renault
pendant seulement huit mois et demi. Photo Eric Feferberg/AFP

des télécoms Verizon qui avait
levé 1 milliard de dollars, attirant
une demande huit fois supérieure à
l’offre.
Cet appétit s’explique notamment
par le fait que les taux sont plus éle-
vés sur le marché américain. Une
aubaine pour les gérants et les inves-
tisseurs institutionnels à la recher-
che de green bonds, qui peuvent
ainsi bénéficier d’un rendement
plus intéressant. Le marché euro-
péen n’est toutefois pas en reste. Le
green bond français a dépassé les
20 milliards d’euros d’encours en
septembre. Et, jeudi, Engie a levé
1,25 milliard d’euros en deux tran-
ches. La plus importante, 900 mil-
lions d’euros à 11 ans, est destinée à
des projets verts.n

Les émissions de « green bonds » battent


un nouveau record


Morgan


Stanley ou


la revanche


des traders


Etienne Goetz
@etiennegoetz

Le trading a de l’avenir, même
chez Morgan Stanley, qui s’est
attaché à réduire son exposi-
tion à cette activité au profit de
la gestion de fortune, jugée plus
stable. Au troisième trimestre,
la banque américaine a dégagé
un bénéfice net en hausse de
près de 3 % sur un an, à 2,1 mil-
liards de dollars, pour un pro-
duit net bancaire (PNB) de
10 milliards. A Wall Street, le
titre de l’établissement a gagné
3,69 % à l’ouverture.
Cette performance s’expli-
que avant tout par les bons
résultats de la banque d’inves-
tissement, qui ont permis de
compenser la stagnation des
recettes dans la gestion de for-
tune. Dans le détail, les revenus
générés par les salles de mar-
ché ont progressé de 10 %, à
3,46 milliards de dollars, portés
par le bond dans la division
phare de courtage obligataire,
qui a vu ses revenus flamber de
21 %, à 1,43 milliard.

« Dans un environnement de
trading relativement difficile,
caractérisé par des effets saison-
niers et des marchés volatils,
nous avons enregistré une bonne
performance », s’est félicité le
directeur général, James Gor-
man, lors d’une conférence
téléphonique avec les analys-
tes. Les commissions pour les
opérations de fusion-acquisi-
tion, d’introduction en Bourse
et d’émission de titres ont aug-
menté de 5 %, à 1,54 milliard de
dollars. A l’inverse, la gestion de
fortune fait pâle figure avec des
revenus en baisse de 1 %, à
4,36 milliards de dollars. Après
la crise, Morgan Stanley avait
décidé de monter en puissance
dans cette activité.

Demi-teinte
Les grandes banques américai-
nes ont publié des résultats tri-
mestriels en demi-teinte. Si
JP Morgan a enregistré u ne sep-
tième hausse d’affilée de ses
bénéfices, profitant de la bonne
santé de sa banque de détail,
Goldman Sachs a vu son résul-
tat plonger de 27 % en raison de
la contraction de ses commis-
sions dans s on activité de
conseil en fusions et acquisi-
tions et de la faiblesse de son
activité sur le marché primaire.
Bank of America a vu son
résultat net lesté par une dépré-
ciation d’actifs et un litige dans
l’immobilier. I l a chuté de 21 %, à
5,27 milliards de dollars. Mal-
gré la baisse des taux directeurs
de la Fed, la marge nette d’inté-
rêt de Bank of America s’est
améliorée à près de 2,5 % grâce
à une h ausse des volumes
de crédits accordés.n

BANQUE


La banque d’inves-
tissement affiche
une bien meilleure
performance que la
gestion de fortune.

Au troisième
trimestre, Morgan
Stanley a enregistré
un résultat net part
du groupe en hausse
de 3 %, à 2,17 mil-
liards de dollars.

Il n’est pas prévu
d’indemnité de
départ pour Thierry
Bolloré, mais
une indemnité
de non-concurrence.

Elle ne dépend pas
du nombre de mois
effectués dans
la société cette année.

Les revenus de la
gestion de fortune
sont en baisse de
1 %, à 4,36 milliards
de dollars.
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