Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1

Les Echos Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019 FINANCE & MARCHES// 35


PORTRAIT


par Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes


Alain Le Floch,


de la fourche à la


fourchette chez Terrena


Alain Le Floch s’étonnerait presque de se retrouver là. A
62 ans, il prend la direction générale de Terrena, ce
géant agricole, lui l’urbain, né de parents bretons,
« venus travailler » à Paris. C’est pourtant une valeur
sûre de l’agroalimentaire que la coopérative Terrena,
fort de 14.000 salariés, de 21.000 adhérents et de 4,9 mil-
liards de chiffre d’affaires, a choisie, pour remplacer
Maxime Vandoni, parti e n février. « La coopérative est u n
mode de gouvernance exigeant où chacun est responsable
de l’autre », souligne A lain Le Floch, convivial, l’œil bleu,
volontiers rieur, qui reprend le flambeau à l’ère où le
monde agricole doit se réinventer.
Ses lettres de noblesse coopératives, Alain Le Floch les
a gagnées au sein de Vivescia. I l fut d ’ailleurs l’un des arti-
sans de ce groupe formellement né en 2012 de la fusion
de Champagne Céréales et Nouricia. Lui se décrit
comme un pur produit de l’école républicaine, passé par
le lycée Raspail à Paris puis par les Arts et métiers
d’Angers. « J’aimais la technique et la mécanique. Je vou-
lais avoir un métier dans les mains », évoque ce dirigeant
pragmatique passé, plus tard, par l’Insead. A l’époque, le
jeune « gadzart » se fixe trois objectifs : « travailler dans
un groupe international, vivre en province et continuer à
apprendre ». En 1981, il se retrouve chez Saint-Gobain, à
Pont-à-Mousson, au sein d’un commando d’ingénieurs
chargés d’introduire la robotique dans les usines du
groupe puis de vendre ces technologies à l’extérieur,
chez Fiat, IBM, L’Oréal... « Un apprentissage accéléré qui
m’a aussi appris qu’on ne pouvait pas tout robotiser », se
souvient ce patron, loquace, qui foisonne d’anecdotes
sur quatre décennies de vie industrielle. Quatre ans
s’écoulent avant que le jeune homme aspire à « partir en
production ». Ce sera chez Chocolat Poulain en 1986, à
Blois. « L’entreprise venait de construire une usine totale-
ment robotisée mais qui ne fonctionnait pas bien »,
raconte Alain Le Floch, qui découvre que la solution se
trouve « dans l’accompagnement du changement induit
par la technologie ». L’ingénieur se fait alors manager et


prend, bientôt, la direction de l’usine. « On peut obtenir
des choses en expliquant », estime le dirigeant, évoquant
ce matin mémorable où il fut applaudi dans l’usine. Un
autre g rand moment fut le transfert de l’usine historique
de Poulain en périphérie de Blois. L’opération a permis à
ce passionné d’architecture d e côtoyer Jean Nouvel, con-
cepteur du nouveau site.

Des Carambar au malt à bière
Cadbury Schweppes ayant racheté Poulain en 1998, Alain
Le Floch « grandit avec ce groupe », devenant tour à tour
directeur général de Bouquet d’or, directeur industriel
France puis directeur « supply chain » Europe, Moyen-
Orient et Afrique du groupe, supervisant 55 usines dans
35 pays. « Mais j’étais toujours dans les avions. Or je voulais
plus de proximité, être dans le match », se souvient l’ancien
joueur de rugby. I l est alors « chassé » par Malteurop, dont
il prend la direction générale en 2005. « J’ai mis cinq mois
à me décider », évoque Alain Le Floch, qui doit faire le
deuil de marques mythiques, tels Carambar ou Malabar,
pour passer à un produit intermédiaire, le malt. Pourtant,
« ça n’a été que du bonheur », assure Alain Le Floch qui
fera de Malteurop un leader, fournisseur d’une bière sur
dix dans le monde et doublant de taille en quatre ans, au
fil d’acquisitions. Une trajectoire qui le mène en 2010 à la
direction de Champagne Céréales, maison mère de Mal-
teurop puis à celle de Vivescia en 2012.
Père d’une tribu recomposée de sept enfants et de
quatre petits-enfants, Alain le Floch se r essource d ans la
course à pied, la lecture et parfois la cuisine. Il possède
aussi deux « vieilles bagnoles qui ne servent à rien, mais
qui vident la tête ». Il se perçoit en manager simple et
patient. « J’aime la contradiction, ose-t-il aussi. Car elle
exprime de l’expérience et de la connaissance. » Les défis
immenses auxquels se confrontent Terrena et le monde
agricole devraient le satisfaire sur ce point.n

DR

ENTREPRISES


A.T. KEARNEY
Arnaud Bodji
est nommé vice-président
d’A.T. Kearney France, chargé de
la practice aérospatial, transports,
et industries. Il est, par ailleurs,
expert opérations et achats.

Arnaud Bodji, 38 ans, est un
ancien élève de l’Ecole des mines
de Paris. Il a commencé sa car-
rière comme consultant chez
Argon Consulting en 2003. Il a
ensuite rejoint Corporate Value
Associates, où il a été promu
senior manager, directeur du
bureau de Paris, puis associé.

SHELL
Claire Duhamel
est désormais directrice
bitumes France et Benelux.

Claire Duhamel, 45 ans, diplô-
mée de Centrale Marseille et de
l’Essec, est titulaire d’un MBA de

l’université de Québec à Trois-Ri-
vières. Elle a débuté chez Shell en


  1. Elle a notamment créé des
    sociétés en joint-venture pour
    Shell Aviation en Europe (Grèce,
    Irlande e t Espagne). Elle a
    ensuite intégré l’activité marine
    pour devenir global business
    development manager. Depuis
    2014, elle était directrice com-
    merciale lubrifiants France.


NATIXIS
Joseph Pinto
Philippe Setbon
sont nommés COO de Natixis
Investment Managers
et directeur général d’Ostrum
Asset Management. Il seront
membres du comité exécutif
de Natixis et du comité
de direction de Natixis IM.

Joseph Pinto, 50 ans, ancien élève
de l’Ecole centrale Paris, titulaire
d’un MBA de l’université d e Colum-
bia, fut PDG adjoint, membre du
conseil d’administration de la Ban-
que Privée Fideuram Wargny de
2001 à 2006. En 2007, il a été
nommé directeur du développe-
ment pour la France, l’Europe du
Sud et le Moyen-Orient d’AXA IM.
Après assuré l a direction du dépar-
tement des marchés et de la straté-
gie d’investissement en 2011, il est
devenu en 2014 COO, membre du
comité de direction d’A XA IM.

Philippe Setbon, 54 ans, titulaire
d’une maîtrise en finance et d’un
DESS en finance de l’université
Paris-Dauphine, diplômé de la
Sfaf, a travaillé chez Azur-GMF
de 1993 à 2003. Responsable de la
gestion des portefeuilles
d’actions chez Rothschild & Cie
Gestion, il a rejoint, en 2004,
Generali où il a notamment été
directeur général de Generali
Investments France, CEO de
Generali Investments Europe

ALLIANZ
Marion Dewagenaere
est nommée directrice d’Allianz
Patrimoine, directrice générale
d’Allianz Banque et de
Génération Vie.

Marion Dewagenaere, 37 ans,
ancienne élève de l’Ecole poly-
technique, est ingénieure des
ponts, eaux et forêts. Après des
débuts à la direction du Budget,
elle fut conseillère technique au
cabinet du ministre du Budget,
puis du Premier ministre, c hargée
des questions budgétaires. En
2012, elle a pris la responsabilité
de la gestion des fonds propres et
de la communication financière
de la Banque Postale. Depuis 2013,
elle était secrétaire générale et
membre du comité exécutif de la
Caisse d’Epargne Ile-de-France.

SGR et chief investment officer
du g roupe Generali. En 2013, il e st
devenu CEO de Groupama Asset
Management. Il est vice-prési-
dent de l’AFG.

Uni, qui doit être encore validé par
les Vingt-Sept et surtout par le
Parlement britannique.
Favorisée par la hausse des taux
d’intérêt anglais et les anticipations
d’un accord, la monnaie a connu sa
plus forte remontée sur 6 jours
depuis près de dix ans. En à peine
six séances, elle a bondi d e 6,5 % jus-
qu’à 1,2990 dollar, avant de revenir à
1,2850 dollar jeudi. Le 11 octobre,
elle a réalisé sa troisième plus forte
hausse journalière (+2,2 %) en qua-
tre ans, après c elles du 12 juillet 2016
(+2,41 %) et du 17 janvier 2017
(+2,61 %).

Une volatilité digne
des devises émergentes
La devise a nglaise c onnaît une vola-
tilité digne de celle des monnaies
émergentes. Les multiples rebon-
dissements politiques du Brexit ont
créé un degré d’incertitude persis-
tant sur la monnaie. Et le vote de la
« dernière chance » du Parlement
britannique ne sera pas une forma-
lité : la banque Nomura assigne une
probabilité de 40 % à un vote favo-
rable, qui permettrait à la livre de

rebondir globalement de près de
8 %. Si le Royaume-Uni venait à res-
ter dans l’Europe (probabilité de
30 %), son gain serait de 14 %. Le
Brexit « dur », qui a 30 % de chan-
ces, ferait chuter la « monnaie de
Sa Majesté » de 7 %.
D’autres stratèges sont plus
circonspects sur le potentiel de
hausse de la monnaie anglaise.
Selon Viraj Patel, stratège changes
chez Arkera, un accord sur le Brexit
permettrait à la livre de se stabiliser
autour de 1,30 dollar mais une sor-
tie sans a ccord la ferait redescendre
brutalement dans la zone de 1,15 à
1,20 dollar.
Même dans l e cadre d’une sortie
négociée de l’Europe, la devise
anglaise pourra difficilement pro-
gresser beaucoup et durablement
au-delà de 1,30 dollar « car l’insta-
bilité gouvernementale (nouvelles
élections) va demeurer, et ce talon
d’Achille politique pèsera sur la
livre » d’après Viraj Patel. Taxer
les dividendes boursiers, comme
l’envisagent les travaillistes,
« serait un risque pour la livre, car
près de la moitié des actions britan-

niques sont détenues par des étran-
gers », rappelle George Saravelos,
stratège chez Deutsche Bank.
Cette taxation conduirait à des
ventes d’actions britanniques par
les non-résidents et affaiblirait
l’attractivité de la City.

Spéculateurs japonais
Les incertitudes politiques et la
volatilité trop importante de la livre
sterling ont incité certains interve-
nants à ne plus traiter la monnaie
jusqu’à la date butoir du 31 octobre.
Les volumes et la liquidité ont dimi-
nué, ce qui a favorisé les mouve-
ments erratiques. Début octobre,
les hedge funds pariaient plutôt sur
la hausse de la devise anglaise,
selon l’indicateur établi par la
banque Citi. C’était aussi le cas des
particuliers qui spéculent sur les
changes, notamment les Japonais,
les plus actifs sur le marché des
devises. Les p ositions spéculatives à
la baisse sur la livre, prises par tous
types d’intervenants confondus,
pourraient être réduites d’au moins
10 % après l’accord sur le Brexit,
selon la banque ING.n

Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi


La livre sterling a tenté de repren-
dre son destin en main. Expulsée de
l’Europe le 24 juin 2016, ce qui lui
avait fait perdre 7,1 %, elle est,
depuis, passée par tous les stades
(choc, déni, colère, désespoir, rési-
gnation, espoir). Ces derniers jours,
elle a entamé un rebond avec la
perspective d’une sortie honorable
et négociée du Royaume-Uni de
l’Europe. Un scénario qui se
confirme avec l’accord e ntre
l’Union européenne et le Royaume-


CHANGES


L’accord sur la sortie
de l’Union européenne,
qui doit être validé par
le Parlement anglais,
pourrait mettre
fin à la plus longue
période d’incertitudes
qu’ait connue la devise
britannique.


Brexit : une remontée de la livre sterling


à la mesure du soulagement


,


Envoyez vos nominations à
[email protected]

carnet


fr


+
Ils sont nés
un 18 octobre


  • Isabelle Autissier,^
    navigatrice, 63 ans.

  • Geneviève Brisac,^
    éditrice, écrivaine, 68 ans.

  • Philippe Crouzet,^
    président du directoire
    de Vallourec, 63 ans.

  • Stéphane Dedayan,
    directeur général du groupe
    VYV, 54 ans.

  • Jean-Pierre Fourcade,
    ancien ministre de l’Econo-
    mie et des Finances, 90 ans.

  • Thierry Fritsch,^
    ex-PDG de Chaumet, 64 ans.

  • Emmanuelle Laborit,^
    comédienne, 48 ans.

  • Jérôme Langlet,^
    président de Lagardère Live
    Entertainment, 48 ans.

  • Axelle Lemaire, ancienne
    secrétaire d’Etat chargée du
    Numérique et de l’Innovation,
    45 ans.

  • Martina Navratilova,
    championne de tennis, 63 ans.

  • Denis Olivennes, prési-
    dent du conseil de surveillan-
    ce de CMI France, 59 ans.

  • Guy Roux, ancien
    entraîneur de football, 81 ans.

  • Thierry Trouvé, directeur
    général de GRTgaz, 58 ans.

  • Jean-Claude Van
    Damme, acteur, 59 ans.


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