Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1

40 // PATRIMOINE Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019 Les Echos


A


ujourd’hui, de Miami à
Hong Kong, toute foire d’art
contemporain réussie se
déroule à l’échelle de la ville entière.
Cette semaine la démonstration est
faite par la FIAC, Foire internatio-
nale d’art contemporain, qui se tient
du 17 au 20 octobre au Grand Palais,
dans les coursives du Petit Palais et
dans le jardin des Tuileries jusqu’à la
place de la Concorde. C’est aussi le
moment choisi par de nombreux
professionnels pour faire leurs
annonces dans le domaine de l’art
contemporain. La collection
Pinault a rendu publique la date
d’ouverture de son lieu dans le quar-
tier des Halles, à la Bourse du com-
merce en juin 2020, une informa-
tion qui renforce l’influence
parisienne dans le domaine de la
création internationale.
C’est cette semaine aussi qu’est
inaugurée une nouvelle succursale
de l’une des plus puissantes galeries
du monde. Après New York, Lon-
dres et Hong Kong, David Zwirner
ouvre dans les anciens espaces


textes sont à vendre entre 25.000 et
1,2 million de dollars.

Les silhouettes
à l’envers de Baselitz
C’est encore cette semaine que qua-
tre galeries, Vincent Sator, Jocelyn
Wolff, Air de Paris et In Situ
Fabienne Leclerc, ont choisie pour
s’installer en banlieue parisienne,
dans de vastes espaces à Romain-
ville, dans une ancienne usine phar-
maceutique rebaptisée « Komu-
numa ». « Aujourd’hui je vends dans
des foires et sur rendez-vous, explique
Jocelyn Wolff. Alors ce genre de lieu
est parfaitement adapté à mes
besoins, dans une partie du Grand
Paris en plein épanouissement. »
L’une de ses artistes vedettes est la
peintre suisse Miriam Cahn (née en
1949). Elle était l’objet récemment
d’une rétrospective au musée Reina
Sofía de Madrid. Une série d e ses des-
sins des années 1 980 e n noir et blanc,
représentant des silhouettes d’hom-
mes et d’animaux dans un esprit qui
pourrait tenir de l’art pariétal, est à

porain, la Londonienne Sadie Coles
consacre intégralement son espace
à quatre vidéos montrées dans des
cubes géants par l’artiste américain
particulièrement talentueux, Alex
Da Corte (né en 1980), en vedette
aussi en ce moment à la Biennale de
Venise. Il crée des univers très
léchés et colorés dans un esprit sur-
réaliste mais actuel. Ici il montre le
rappeur Eminem dans des actions

du quotidien tout à fait inattendues.
Chacune est à vendre pour
95.000 dollars. Il suffit que les gale-
ristes aient, comme dans ce cas, le
goût du risque pour que les foires
deviennent plus qu’un lieu mar-
chand : un lieu de découvertes. Et
c’est beaucoup mieux.
— Judith Benhamou-Huet

Du 17 au 20 octobre. http://www.fiac.com

Le nouveau vent souffle sur Paris à l’occasion de la FIAC. La foire propose


des œuvres majeures en millions d’euros, mais aussi des œuvres


plus accessibles, tandis que l’art actuel s’expose dans tout le Grand Paris.


Studio Sebert/D

ro

uot

en bref


MARCHÉ


DE L' ART


FIAC 20 19 : un lieu de découvertes


DES MÉTÉORITES
AUX ENCHÈRES
130 objets extra-terrestres
dont la célèbre météorite
du Mont-Dieu pesant
364 kilogrammes seront mis
aux enchères le 21 octobre
à Paris par la maison Lucien
Paris à l’hôtel Drouot.

AUTOMOBILES
SUR LES CHAMPS
Le 27 octobre se tiendra
à Paris la 15e édition d’A uto-
mobiles sur les Champs
organisée par Artcurial
avec en vedette la vente
d’une rarissime Fiat 8V Rapi
de 1953. Artcurial

vendre pour 50.000 euros sur son
stand de la FIAC.
Non loin de là, à Pantin, Thad-
daeus Ropac montre les dernières
peintures d u vétéran allemand de l a
figuration Georg Baselitz (né en
1938). Ses silhouettes à l’envers (il
retourne ses tableaux depuis 1969,
pour éviter l’étiquette de peinture
figurative), souvent entourées d’un
halo lumineux et présentées par
deux, c onstituent une de ses
meilleures expositions récentes.
Seulement deux peintures sont
encore à vendre, dont l’une est
exposée sur le stand Ropac à la
FIAC (à vendre 1,2 million d’euros).
« Le marché de l’art est toujours
très actif pour les grands classiques d e
l’art contemporain, mais plus difficile
pour les jeunes talents », observe la
directrice de la foire, Jennifer Flay.
Cette année la FIAC présente
199 galeries et l’offre y est particuliè-
rement haut de gamme. Les partici-
pants parient sur les poids l ourds du
marché. La galerie Per Skarstedt de
New York et Londres propose par
exemple u ne spectaculaire peinture
de 3×3 mètres e n noir sur fond jaune
de Keith Haring (1958-1990), à ven-
dre pour 8 millions de dollars.
Acquise il y a un an pour 4,9 mil-
lions de dollars aux enchères à Lon-
dres, le galeriste justifie son prix :
« C’est une pièce muséale. Je m’atten-
dais à ce qu’elle fasse au moins 7 mil-
lions aux enchères. » Per Skarstedt
envisage d’ailleurs de s’installer à
Paris, comme vient aussi de le faire,
avec un bureau avenue Matignon, la
galerie White Cube de Londres et
Hong Kong.

Un Tapiès
à 2 millions d’euros
La galerie Lelong de Paris expose
sur son stand une peinture rare-
ment vue de l’artiste espagnol abs-
trait, connu pour ses mélanges de
matières, Antoni Tapiès (1923-
2012). Long de 7 mètres, ce « Dipty-
que nocturne » de 1993, qui con-
tient en son centre un véritable
sommier, illustre une légende chi-
noise sur un homme pauvre, heu-
reux de regarder le ciel (à vendre
2 millions d’euros).

L’une des œuvres les plus fasci-
nantes d e la foire est s ignée d u Fran-
çais Martial Raysse dans sa pleine
période pop : 1966. Il a réalisé sur
5,6 mètres de long dans des mor-
ceaux de Plexiglas colorés une
espèce de puzzle qui figure un
visage féminin. Le tableau était
réservé dès l’ouverture de la foire
par un collectionneur pour, sem-
ble-t-il, p lus d e 3 millions de dollars.
Enfin, deux stands à la FIAC rem-
portent de loin la palme de la créati-
vité. Dans un goût classique, la gale-
rie Gagosian a recréé les légendaires
décors de Jean Cocteau de la Villa
Santo Sospir de Cap Ferrat. On y
trouve, entre autres, des photos
comme un tirage ancien de Man
Ray représentant Jean Cocteau en
1921 (à vendre 55.000 euros) ou une
toile de Fernand Léger de 1932, pro-
posée pour près de 3 millions
d’euros. Dans un style plus contem-

Cette année la FIAC
présente 199 galeries
et l’offre y est
particulièrement
haut de gamme.

d’Yvon Lambert dans le Marais. « A
la suite des événements du Brexit,
nous avions besoin d’une place euro-
péenne en dehors de Londres »,
explique David Zwirner. L’exposi-
tion inaugurale est consacrée à un
artiste américain, peu vu e n
France : Raymond Pettibon (né en
1957). Ses œuvres sur papier qui
associent des images peintes et des

« Le marché
de l’art est toujours
très actif pour les
grands classiques
de l’art
contemporain,
mais plus difficile
pour les jeunes
talents. »
JENNIFER FLAY
Directrice de la FIAC

PLACEMENTS


Les MEILLEURS CONSEILS


POUR DéFISCALISER


DOSSIER
SPÉCIAL

Vendredi 25 octobre


De haut en bas : « Untitled » de Keith Haring (avril 1984).
Silhouette à l’envers de Georg Baselitz.
Installation d’Alex Da Corte montrant quatre vidéos d’Eminem.
Photos Keith Haring, Georg Baselitz, Simon Vogel
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