Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1

42 // PATRIMOINE Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019 Les Echos


bilier et de l’amélioration de l’exploi-
tation d e ce fonds de commerce. Car
une fois aux manettes, la société de
gestion en accord avec le (nouvel)
exploitant va tout mettre en œuvre
pour améliorer la rentabilité.
« Nous achetons des hôtels existants
ayant du potentiel. Souvent cela passe
par la réalisation de travaux dans
l’établissement, un repositionnement
ou un changement d’enseigne, un
nouveau management afin d’amélio-
rer le remplissage et donc les résul-
tats », détaille Jean-Marc Palhon,
PDG d’Extendam. « Une fois les opé-
rations débouclées, la mise initiale est
multipliée par deux, voire trois »,
affirme Benjamin Altaras, directeur
général hôtellerie chez Turenne
Capital, qui en plus d’achats d’actifs
existants participe à la reconversion
de bureaux en hôtels.

Nouvelle voie pour les SCPI
Moins connue, une troisième voie
mène à l’hôtellerie : les SCPI, dont
quelques-unes sont spécialisées
dans l’hôtellerie. Foncia Cap’Herber-
gimmo dispose d’actifs e n France, en
Allemagne et en Belgique. « Nous
disposons d’une sécurité des enseignes
en place qui détiennent des baux fer-
mes de longue durée : de 15 ans en
France et jusqu’à 25 en Belgique »,
précise Danielle François-Brazier,
directrice générale de Foncia Pierre
Gestion. La société Atream, créée en
2008, compte quant à elle deux SCPI,
l’une baptisée « Atream Hôtels » et
l’autre « Pierre Altitude » axée sur
l’hôtellerie de montagne, dont les
rendements 2019 servis aux associés
seront de respectivement 4,7 % et
plus de 5 %. Ce groupe lance même
un troisième véhicule nommé
« Tourisme et Littoral », spécialisé
dans les établissements situés dans
les stations balnéaires. « En plus de
l’aspect diversification dans l’immo-
bilier, investir dans des hôtels est une
façon d’investir dans l’économie réelle
et de créer des emplois », indique Pas-
cal Savary, cofondateur et PDG
d’Atream.n

res, haut de gamme). La deuxième
voie d’accès consiste à participer à
un club deal. Ici seuls quelques
investisseurs (généralement pas
plus d’une douzaine) capables de
mettre sur la table, chacun plu-
sieurs centaines de milliers d’euros
achètent à plusieurs un établisse-
ment bien identifié ou un porte-
feuille composé de quelques actifs.

Pas de garanties
Dénominateur commun de ces
deux solutions : le rendement n’est
jamais immédiat. Il faut souvent
attendre la revente de l’actif, soit 5 à
7 ans, afin d’empocher les éventuels
gains générés par cet investisse-
ment. Et rien n’est garanti. Des évé-
nements exogènes (attentats,
« gilets jaunes »...) peuvent peser
sur l’exploitation de l’établissement.
Les gains potentiels proviennent à
la fois de la valorisation de l’immo-

Plus généralement, dans un pays
comme la France où la fréquenta-
tion touristique est importante, « le
marché est porteur et profond.
L’hôtellerie est un actif défensif
moins sensible à l’activité économi-
que que le bureau », commente
Xavier Anthonioz, président de
123 IM, présent sur ce secteur
depuis 2009.

Fonds immobiliers
et club deals
Pour investir dans l’hôtellerie, trois
voies d’accès sont envisageables. La
première consiste à acheter des
parts d’un fonds immobilier dont
les tickets d’entrée oscillent entre
5.000 et 30.000 euros. La société de
gestion se compose un portefeuille
d’actifs immobiliers afin de jouer la
diversification géographique, des
enseignes et des gammes (hôtelle-
rie économique, de plein air, d’affai-

rope du Nord a cependant recu-
lé de 1,72 % sur les trois derniers
mois, limitant sa performance
de l’année à 13,72 %

La pierre s’impose aujourd’hui comme la classe d’actifs la plus rentable. Les investissements les plus lucratifs


n’imposent pas toujours de grosses mises de fonds mais nécessitent une certaine prise de risques.


4 investissements à haut rendement


Le baromètre
des fonds

des capitalisations gagne plus
de 2 % sur les trois derniers
mois, soit un gain de 23,85 %
depuis janvier. Morningstar au

17/10

/2019

FONDS ACTIONS
EUROPE DU NORD
Les valeurs scandinaves ont la
réputation d’être plutôt défen-
sives. La catégorie Actions Eu-

–1,72 %


FONDS ACTIONS FRANCE
GRANDES CAP.
L’année s’annonce comme un
cru boursier exceptionnel. La
catégorie Actions France gran-

+2,08 %


IMMOBILIER


PIERRE PAPIER


Dans l a grande famille des SCPI une
poignée d’entre elles sort du lot en
termes de rendement. Alors que le
secteur de la pierre papier a servi,
en 2018, 4,35 % en moyenne,
dix acteurs affichent une perfor-
mance comprise entre plus de 5 %
et plus de 7 %. Ces rémunérations
s’expliquent par des stratégies
opportunistes menées par les ges-
tionnaires. Ces derniers vont à
l’encontre des achats traditionnels
de bon père de famille. Beaucoup
n’achètent pas les actifs « prime »,
neufs ou rénovés, en centre-ville et
aux meilleures adresses car leurs
rendements sont faibles en raison
d’une concurrence féroce entre les
investisseurs nationaux et interna-
tionaux. Ils préfèrent justement
sortir des sentiers battus pour pros-
pecter là où les investisseurs sont


moins nombreux, soit en périphé-
rie des villes grandes et moyennes,
et même à l’étranger.
Dans le cadre de cette diversifica-
tion géographique tous azimuts, ces
achats d’opportunités concernent
des bâtiments dans des zones où les
prix sont plus abordables et les ren-
dements meilleurs : au-dessus de
5 %. « C’est une prise de risque mesu-
rée car ces actifs de taille et de qualité
moyennes sont souvent occupés par
un locataire d’envergure régional »,
souligne un acteur du secteur.

Stratégie audacieuse
Le dénominateur commun de ces
SCPI à haut rendement? Elles n’affi-
chent volontairement aucune thé-
matique, contrairement à beaucoup
de véhicules du secteur (spécialisés
dans les bureaux, le commerce, la
santé, les régions). « Cela permet
d’investir dans tous les secteurs d’acti-
vité, particulièrement là où il y a du
rendement à capter », indique Jean-
Christophe Antoine, PDG de Voisin.
L’éventail va de l’entrepôt de logisti-
que à l’établissement de santé en

passant par les bureaux, les résiden-
ces de services et autres. Classées
comme « Diversifiées », la plupart
de ces SCPI se révèlent offensives et
audacieuses dans leur choix. Certai-
nes prennent des risques en misant
volontairement sur des immeubles
décalés, atypiques ou à « retra-
vailler » susceptibles de se (re)valo-
riser dans le temps.

Talon d’Achille
A y regarder de plus près, ces politi-
ques d’acquisitions et de gestion
active du patrimoine sont souvent le
fait de jeunes SCPI. Dans le palmarès
des dix SCPI ayant servi les rende-
ments les plus élevés en 2018, quatre
n’existaient pas en 2014. Les nom-
breux détracteurs de ces véhicules
« nouvelle génération » indiquent
que leur point fort actuel, à savoir le
rendement élevé, pourrait à terme
devenir leur talon d’Achille. « Elles
affichent des rendements attractifs
car leur patrimoine est récent et ne
nécessite pour l’instant pas de rénova-
tion ou de remise aux normes. Mais
d’ici quelques années quand il faudra

engager des dépenses pour entretenir
un parc vieillissant, les résultats
devraient baisser d’un cran », indique
un acteur du secteur. Réponse des
intéressés : ces actifs sont faits pour
tourner et être revendus dès qu’il y a
une plus-value à la clef. « Il faut être
attentif car les rendements survitami-
nés mis en avant par ces SCPI com-
prennent souvent le rendement pur,
les plus-values, l’effet positif de la fis-
calité en cas de biens détenus à l’étran-
ger et la distribution de la totalité du
report à nouveau », souligne
Danielle François-Brazier, direc-
trice générale Foncia Pierre Gestion.
Il ne faut pas se contenter du der-
nier rendement annuel connu, aussi
élevé soit-il. « Analyser l’historique
des résultats permet de comprendre si
la performance récente est d’un
niveau exceptionnel ou si elle est en
ligne avec celles enregistrées les
années précédentes », explique Paul
Bourdois, cofondateur de France-
scpi.com. Cette notion de régularité
s’avère un critère important pour
des futurs associés en quête de reve-
nus récurrents. —L. B.

SCPI : la catégorie « Diversifiées » fait un carton


Une nouvelle génération
de SCPI casse les codes
de la gestion de bon père
de famille des véhicules
traditionnels.


INVESTISSEMENT HÔTELIER


Une promesse de 8 à 10 %


10 % p ar a n », affirme u n spécialiste.
Avec ce genre de placement, l’épar-
gnant joue sur deux tableaux : il y a
le côté immobilier pur et dur avec
l’achat des murs et il y a aussi le ver-
sant exploitation avec la détention
du fonds de commerce. « Ce place-
ment offre donc d eux moteurs d e per-
formance : la rentabilité des murs,
susceptible de rapporter entre 4 et
5 %, et celle de l’exploitation, qui peut
se chiffrer entre 2 à 4 % », explique
Jean-Marc Palhon, PDG d’Exten-
dam, dont la société vise l’acquisi-
tion dans les grandes villes euro-
péennes d’hôtels de tourisme
d’affaires.

un portefeuille hôtelier. Toutefois,
depuis quelques années, l’accès à
ces actifs coûteux s’est démocratisé.
Quelques sociétés de gestion d’actifs
proposent à une clientèle avertie de
diversifier un patrimoine immobi-
lier avec une incursion dans cette
classe d’actifs spécifiques. Et dans le
contexte actuel de taux bas, les
rémunérations servies par ces pla-
cements sont sympathiques.
« Selon les projets, les rendements
oscillent entre 5 et 8 % par a n », souli-
gne Jonathan Donio, directeur
général délégué d’Eternam, filiale
immobilière du groupe Cyrus.
« Cela peut parfois même rapporter

Laurence Boccara
@LaurenceBoccara


A


moins de disposer de plu-
sieurs dizaines de millions
d’euros, impossible pour
un particulier d’investir en solo
dans un hôtel et encore moins dans


L’accès à cette classe d’actifs
s’est considérablement
démocratisé, pour peu que
l’épargnant dispose d’un
horizon de placement de
moyen, voire long terme.

Free download pdf