Les Echos - 18.10.2019

(Grace) #1

44 // Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019 Les Echos


Faurecia donne le « la » d’une saison
automobile compliquée.

Si, comme l’assurent les philosophes, « chacun pense suivant la nature
du siège sur lequel il est assis », ceux des industriels de l’automobile
et des investisseurs en Bourse ne sont pas près de se rapprocher.
Les chiffres du troisième trimestre de Faurecia ont symbolisé ces réflexions
irréconciliables. Une légère déception sur l’évolution organique des ventes,
2 % inférieure aux attentes en raison de la fin des grands contrats
de fourniture de fauteuils à Daimler et PSA, de la décélération chinoise
et de la grève de General Motors, a sérieusement bringuebalé le titre jeudi
(–5,98 %) – quand bien même tous les objectifs annuels (gains de parts
de marché, rentabilité et cash-flow) ont été confirmés. Ce chemin tracé
sans faille n’allait pourtant pas de soi quand la prévision de recul
de la demande pour 2019 est passée de 1 % en début d’année à 6 %
actuellement. A en croire les analystes, la fille de PSA sera l’équipementier
coté français le plus rentable cette année (au moins 7 % de marge visée
par le groupe et 6,8 % escomptés selon Bloomberg) et l’an prochain (7,1 %).
Son titre affiche le potentiel d’appréciation le plus important
(19 % à douze mois) pour une décote de l’ordre d’un quart sur Valeo
et Plastic Omnium. S on patron, Patrick Koller, ne semble pas à court
de leviers à actionner. Mais les investisseurs, en pensant à 2020,
doutent à nouveau de l’assise de l’ensemble du secteur.

Une question d’assise


Quel point commun entre
les peuplades mélanésiennes
et les gouverneurs de la Banque
centrale européenne?
Le « culte du cargo », répond
le stratégiste du courtier INTL
FCStone, Vincent Deluard. Il n’a
plus cours dans les îles, mais à
Francfort, il fait vivre la mystique
des bienfaits des taux d’intérêt
bas, voire négatifs. En plus
de fausser les prix, leurs effets
contre-productifs se voient dans
le refus des entreprises cotées
de la zone euro d’emprunter plus.
Leur dette par action a baissé
de 80 % depuis 2010, pendant
que celle de leurs consœurs
américaines triplait. En reflet,
les ménages allemands épargnent
de plus en plus pour compenser
la diminution des pensions.
La pirogue de Mario Draghi
a raté le cap d’une remontée
des taux en 2017-2018. Mais entre
l’éventualité de stimuli fiscaux
et celle d’une trêve commerciale,
2020 pourrait en offrir l’occasion.

Dette : l’Europe aura peut-être une nouvelle occasion en 2020 de sortir de la « japonification ».
Série noire

Remis d’un piratage informatique,
Eurofins subit l’attaque d’un hedge fund.

En tant qu’as du testing, Eurofins n’a pas peur des intoxications
alimentaires. Et pourtant la Bourse se demande si la success-story ne
frise pas l’indigestion à force de s’en tenir à son business model. Le lea-
der mondial de la bioanalyse s’e st construit en multipliant
les acquisitions, petites et grandes. Son modèle créateur de valeur
boursière sur trois décennies est aussi devenu fort intensif en capital
et en endettement, le tout avec une gouvernance luxembourgeoise,
malgré sa fidélité nantaise. Or, loin de chercher à marquer une pause
en 201 8 – pour montrer son potentiel de trésorerie et de désendette-
ment –, le PDG, Gilles Martin, a profité des taux bas et des opportunités,
quitte à tester les limites du levier de dette nette. Il a ainsi donné du
grain à moudre aux vendeurs à découvert. Un hedge fund nommé Sha-
dowFall vient ainsi de diffuser un rapport de 75 pages combinant des
questions pour intriguer (société panaméenne, double date de naissan-
ce du patron) et des craintes pour alarmer (sur la liquidité
et l’alignement des intérêts), comme le veut la loi du genre, plus série
noire que roman rose. L’action qui se remettait d’une cyberattaque
a battu en retraite (–15 % en deux séances), sans apprendre grand-chose
de vraiment nouveau aux analystes financiers. Pour eux, la vérité
sortira surtout des prochaines publications trimestrielles. C’est celle
de la génération de cash.

// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.684,85 milliards d’euros (au 09-10-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,86 en août 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,2 % au 2e trimestre 2019
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

La pirogue de Mario


crible


EN VUE


Guilhem Guirado


A


u pays des sushis, la France
aurait-elle envoyé u n
livreur de pizzas? Et si l’on
veut continuer à filer la comparai-
son, les 109 kilos (pour 1,83 mètre)
du capitaine du XV de France ne
risquent pas d’impressionner les
145 kilos que pèsent en moyenne les
sumos. Ce ne sont pas les athlètes
préférés de feu Jacques Chirac que
l’équipe de Guilhem Guirado doit
vaincre, mais le XV du Poireau. Le
quart de finale du Mondial de rugby,
qui se jouera dimanche au Japon,
sera 100 % européen. Guirado se
réjouit : « La deuxième partie de la
compétition débute. On commence à
y voir plus clair. » Ce qui, jusque-là, a
manqué de clarté, c’est l’avenir
immédiat du capitaine lui-même. A
trente-trois ans, le champion sait
qu’il « tire les dernières cartouches »
de sa carrière internationale. Mieux
vaut, après tout, tirer d es cartouches

que lancer des pizzas. Si Guirado a
cette réputation, ce n’e st pas parce
qu’il supporte l’OM depuis 2001
mais plutôt en souvenir de quelques
lancers de touche un peu confus du
talonneur. Ça arrive à tout le monde
et c’est du passé. Recordman histori-
que du nombre de placages (31)
dans un match contre l’Irlande,
Guirado mérite surtout son surnom
de « Capitaine Courage ». La confu-
sion avait déjà régné sur l’avenir du
Catalan après la catastrophe du
Tournoi des Six Nations, ce nau-
frage face à l’Angleterre (44-8).
« Leave » or « remain », telle était la
question : Guirado était finalement
resté. Après un DUT de logistique et
transports, le Catalan se préparait à
intégrer une société de logistique ;
finalement, depuis 2006 à Perpi-
gnan puis à Toulon, c’est sur le
terrain qu’il déménage. Attention
les Gallois!

La Bourse de Paris sceptique



  • La Bourse de Paris a fini en recul
    jeudi. Les investisseurs restent sur
    leurs gardes le temps d’y voir clair
    sur le Brexit après l’annonce d’un
    accord dont le vote par l e Parlement
    britannique risque d’être com-
    pliqué. Le CAC 40 a cédé 0,42 % et
    terminé à 5.673,07 points.
    Les marchés ont aussi pris
    connaissance de données macro-
    économiques peu encourageantes
    entre la révision à la baisse de la
    prévision de croissance de l’Alle-
    magne pour 2020 et le repli aux
    Etats-Unis de la production indus-
    trielle américaine en septembre.
    Ailleurs en Europe, les Bourses ont
    fini la journée en ordre dispersé. Le
    Footsie britannique a pris 0,2 %,


tandis que le DAX allemand a cédé
0,12 %.
Le CAC 40 a été pénalisé par Per-
nod Ricard, qui a perdu 4,17 %
après avoir annoncé un ralentisse-
ment de ses ventes au premier tri-
mestre. Publicis a perdu 1,67 %.
Standard & Poor’s a abaissé mer-
credi la note de long terme du
groupe, une semaine après que
Publicis a revu à la baisse ses ambi-
tions pour 2019 et 2020.
Du côté du SBF 120, l’équipemen-
tier automobile Faurecia a plongé
de 6,52 % après avoir fait état d’un
recul de son chiffre d’affaires,
affecté par la fin de plusieurs
contrats importants et la dégrada-
tion globale des marchés.
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