Les Echos Vendredi 18 et samedi 19 octobre 2019 FRANCE// 05
foyers concernés touchant en
moyenne 225 euros.
Une manne bienvenue pour ces
ménages, quatre fois sur dix f rappés
par la pauvreté – soit moins de
1.000 euros de ressources mensuel-
les pour un célibataire sans enfants.
Selon l’étude, les d épenses mensuel-
les brutes des allocataires pour se
loger sont p roches de celles que con-
sentent les gens qui ne touchent pas
d’aides : 620 euros chaque mois
contre 640, en moyenne. Mais le
coup de pouce financier de la Caisse
d’allocations familiales leur permet
de ramener la facture à 400 euros.
Cela fait chuter le taux d’effort de
ces ménages aidés. Alors qu’ils doi-
vent au départ dépenser 40 % de
leurs ressources pour se loger, à
l’arrivée, ce n’est plus que 27 %. La
baisse est importante, mais pour
eux, la contrainte financière reste
forte. D’autant que certains sont par-
ticulièrement mal lotis, notamment
parmi les locataires du parc privé :
trois ménages aidés sur dix ont un
taux d’effort net supérieur à 41 %.
L’étude met en avant des conditions
de logement moins confortables pour
ces ménages allocataires. Plus du
quart d’entre eux vivent dans un
appartement surpeuplé. Ils sont aussi
plus fréquemment victimes de
remontées d’odeurs dans leur loge-
ment, de problèmes d’évacuation
d’eau, d’installations de chauffage
insuffisantes, d’inondations dues à un
défaut d’étanchéité ou d’isolation.n
Solveig Godeluck
@Solwii
Alors que l’administration se pré-
pare à calculer l es droits à l’alloca-
tion l ogement en quasi temps réel,
ce qui pourrait faire sortir du dis-
positif un grand nombre d’alloca-
taires, le ministère des Solidarités
publie ce vendredi une radiogra-
phie des bénéficiaires de ces
aides. Elles ont coûté 18 milliards
d’euros en 2017, les 6,6 millions de
SOCIAL
Les 18 milliards
d’euros de dépenses
annuelles d’aides au
logement permettent
de réduire de 13 points
le taux d’effort
des bénéficiaires,
selon le ministère
des Solidarités.
L’ impact notable des APL pour les ménages défavorisés
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
C’est un « effet collatéral » de la
réforme du bac sur la filière techno-
logique que personne n’a vu venir,
déplore Sébastien Gergadier, prési-
dent de l’Union des professeurs de
sciences et techniques industrielles
(UPSTI). La voie technologique
aurait perdu, à cette rentrée, 8 % de
ses élèves par rapport à 2018, a ffirme-
t-il. Au sein de cette voie, la « chute »
du nombre d’élèves de STI2D – l’une
des principales filières du bac tech-
nologique – atteindrait « 15 à 20 % ».
« Des élèves de seconde qui auraient
eu le niveau et les capacités d’aller en
STI2D ont préféré se diriger en pre-
mière vers la voie générale en choisis-
sant, par exemple, les spécialités
“sciences de l’ingénieur” et “physique-
chimie” ou “numérique et sciences
informatiques”, poursuit Sébastien
Gergadier. On n’a pas vu venir le pro-
blème, on avait misé sur l’inertie du
système et les choix des proviseurs qui,
lors du conseil de classe du troisième
trimestre, décident de l’orientation des
él èves en voie générale, technologique
ou professionnelle. »
Si ces élèves, « qui craignaient de
ne pas avoir le niveau en série S,
s’autorisent désormais à aller en
filière générale avec des enseigne-
ments de spécialité qui leur convien-
nent, peu importe qu’ils soient dans
la voie générale ou technologique si, à
la fin, ils s’orientent vers une filière
scientifique », relativise un expert.
Lors d’un colloque de la Confé-
rence des directeurs des écoles fran-
çaises d’ingénieurs (CDEFI), jeudi,
l’inspecteur général et chef de projet
sur le bac, Jean-Charles Ringard,
évoquait simplement « un léger tas-
sement d e la voie t echnologique » t out
en parlant de « vigilance à avoir,
indiscutablement, sur les STI2D ».
« Nous avons sans doute un message
de meilleure promotion à faire sur la
voie technologique », ajoutait-il.
De source ministérielle, on relati-
vise le constat de l’UPSTI, mais on
admet que les décisions d ’orientation
des élèves et de leurs familles mon-
trent que le nombre de lycéens dans
les filières dites « de production »
(STI2D et STL) est passé de 8,3 % en
2018 à 7,1 % en 2019. « C’est epsilon, on
ne peut pas dire que la voie technologi-
que a été impactée par la voie générale,
même si un écart de 1 % a forcément
des conséquences, rapporté au nom-
bre d’élèves, confie un expert. On n’a
pas l’effondrement qu’on redoutait,
mais il faut être vigilant. »
Les chiffres montrent, à l’inverse,
que la filière STMG (management et
gestion) a vu grimper ses effectifs de
l’ordre de 0,5 % entre 2018 et 2019.
Certains parlent déjà d’« hypertro-
phie de la filière STMG ». Cette
hausse n’est « pas nécessairement liée
à une augmentation de son attracti-
vité, mais pourrait être due à une plus
grande sélectivité à l’entrée en filière
générale », pointe un autre expert.
« Dans la voie technologique, on
maintient les séries pour stabiliser
cette voie, avait indiqué le ministre
de l’Education, Jean-Michel Blan-
quer, en février 2018. Nous allons
seulement construire des ponts plus
importants entre la voie technologi-
que et la v oie générale, avec des matiè-
res communes comme celle des
“sciences de l’ingénieur”. » Les statis-
tiques de l’affectation réelle des élè-
ves, attendues fin novembre, diront
combien d’élèves ont emprunté le
« pont » vers la voie générale.n
ENSEIGNEMENT
Le nombre d’élèves qui
s’orientent vers le bac
STI2D serait en chute.
La filière technologique bousculée
par la réforme du bac
Des professeurs
déplorent la baisse
du nombre d’élèves
dans l’une des
principales filières
de la voie
technologique.
Le salaire
des non-
cadres
progresse
plus vite
que le SMIC
Claude Fouquet
@ClaudeFP
Bonne nouvelle pour les
employés et les ouvriers. Selon
la 11e édition du baromètre du
groupe d’intérim Randstad,
leur salaire moyen atteint cette
année 1.636 euros brut. Ce qui
représente, par rapport à
l’année dernière, une hausse de
1,8 %, supérieure à celle du SMIC
qui, à 1.521 euros brut, a pro-
gressé de 1,5 %. Cette hausse
s’explique notamment par la
relativement bonne tenue de la
croissance française (1,7 % l’an
passé et vraisemblablement
1,3 % cette année), mais aussi
par les difficultés des entrepri-
ses à embaucher.
Pour la troisième année d’affi-
lée, c’est le secteur de l’industrie
qui affiche la plus forte hausse
(+2 %). Pour sa part, le BTP, où les
salaires ont progressé de 1,6 %,
reste le secteur le plus rémuné-
rateur « en raison des difficultés
récurrentes de recrutement dans
le domaine de la construction »,
explique le groupe Randstad.
Dans ce secteur, le salaire moyen
atteint 1.724 euros brut par mois,
alors qu’il est de 1.644 euros dans
l’industrie et de 1.602 euros dans
les services.
Bien sûr, il s’agit d’une
moyenne et tous les salariés
concernés ne sont pas logés à la
même enseigne. Au premier
rang des augmentations, on
trouve en effet les ouvriers quali-
fiés dont le salaire a crû de 2,2 %
en moyenne (à 1 .663 euros). Vien-
nent ensuite les ouvriers non
qualifiés ( +1,7 %, à 1.601 euros), les
employés (+1,7 %, à 1.601 euros) et
les professions intermédiaires
(+1,3 %, à 1.869 euros).
Par métier, ce sont les mécani-
ciens de maintenance qui se dis-
tinguent, avec un bond de 7,1 %
de leur salaire d’une année sur
l’autre : il atteint ainsi 1.844 euros
en moyenne. Les conducteurs
de poids lourds occupent la
deuxième marche de ce podium
avec une h ausse de 6,5 %
(1.684 euros), tandis que la troi-
sième est occupée par les techni-
ciens de maintenance (+6 %, à
1.902 euros). Enfin, avec des pro-
gressions supérieures à 5 %, les
attachés commerciaux et les
conseillers de clientèle de ban-
que sont aussi plutôt bien placés.
Cette étude repose sur l’ana-
lyse de plus de 1,5 million de
fiches de paie de personnes
employées au premier semes-
tre 2019 comme intérimaires et
rémunérées au même niveau
qu’un salarié titulaire, comme
le prévoit la loi. Elle vient com-
pléter celle, publiée en septem-
bre, sur les salaires des cadres et
qui avait fait ressortir une
hausse de 2,4 % cette année.n
SOCIAL
En 2019, le salaire
des employés
et des ouvriers
a augmenté en
moyenne de 1,8 %
pour atteindre
1.636 euros brut.
Les difficultés
des entreprises
pour embaucher
expliquent en
partie la hausse
de 1,8 % du salaire
moyen.