4 |international JEUDI 24 OCTOBRE 2019
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Catalogne : Pedro Sanchez
sur la défensive face aux droites
Le Parti populaire et Vox cherchent à tirer parti des manifestations
et des affrontements de rue, avant le scrutin législatif du 10 novembre
madrid correspondance
A
ux fenêtres et balcons
de Madrid, certains
ont ressorti les dra
peaux aux couleurs de
l’Espagne. Beaucoup moins qu’en
octobre 2017, lorsque le référen
dum illégal d’indépendance en
Catalogne semblait pouvoir me
nacer l’unité et l’intégrité territo
riale du royaume, mais suffisam
ment pour témoigner de la
crispation que provoquent, une
nouvelle fois, les soubresauts
catalans dans le reste de l’Espa
gne. Une crispation sur laquelle
les partis politiques de droite es
pèrent surfer, à moins de trois se
maines des élections législatives
du 10 novembre, les socialistes
partant grands favoris.
Depuis que, le 14 octobre, la
Cour suprême a condamné pour
« sédition » neuf leaders indépen
dantistes, à des peines allant de
neuf à treize ans de prison, et
autant d’inéligibilité, la crise
catalane s’est imposée comme
l’unique thème de débat politique
ou presque en Espagne. Même la
prochaine exhumation de Franco
de son mausoléemonument du
Valle de los Caidos, prévue jeudi
24 octobre, est éclipsée par le
regain de tensions.
Les images d’émeutes à Barce
lone, à Gérone et à Lérida, où les
manifestations encouragées par
le gouvernement catalan ont
dégénéré en vandalisme et af
frontements de rue, ont fait le jeu
des discours sécuritaires de la
droite, prompte à se poser en ga
rante de l’unité de l’Espagne, à
présenter le gouvernement du
socialiste Pedro Sanchez comme
incapable de garantir l’ordre pu
blic, et à demander l’application
de mesures exceptionnelles en
Catalogne. Près de 600 blessés
ont été recensés en Catalogne
entre lundi 14 et vendredi 18 oc
tobre, dont près de la moitié sont
des policiers, selon le ministère
de l’intérieur. Environ 200 per
sonnes ont été arrêtées, dont 70
ont été mises à disposition de la
justice, et 18 incarcérées.
Jeu d’équilibriste
Depuis samedi, les manifesta
tions ont baissé d’intensité et
aucun incident grave n’a été re
censé, ce qui n’empêche pas le
président du Parti populaire (PP,
droite), Pablo Casado, de conti
nuer à demander l’application de
la loi de sécurité nationale, qui
vise notamment à prendre le
contrôle de la police régionale, les
Mossos d’Esquadra, dont la colla
boration avec la police nationale
est pourtant intense. Il exige
aussi du gouvernement de som
mer le président de la Généralité,
l’indépendantiste radical Quim
Torra, de cesser son « incitation
aux comportements délictueux »,
en référence à ses appels répétés à
la désobéissance. Il propose enfin
de durcir le code pénal afin, no
tamment, de restreindre l’accès
aux aménagements de peines
aux condamnés pour sédition.
Selon lui, Pedro Sanchez est « dé
bordé par les événements ».
De son côté, le président du
parti libéral Ciudadanos, Albert
Rivera, exige l’activation de l’ar
ticle 155 de la Constitution, qui
permet la mise sous tutelle des
régions rebelles, notamment
pour empêcher Quim Torra
d’« ouvrir les portes de la prison »,
la Catalogne étant la seule région
où la gestion des centres péniten
ciers est décentralisée. Signe de
sa nervosité, alors que les sonda
ges le vouent à une dégringolade
électorale, M. Rivera a clamé à la
foule, samedi 19 octobre, lors
d’un meeting à Barcelone, qu’il
voulait être président du gouver
nement « pour mettre en prison
ceux qui tentent de briser le
pays ». Des propos controversés,
même si le parti, né en 2006 à
Barcelone en réaction à la mon
tée du nationalisme en Catalo
gne, s’est empressé de dire que
c’est évidemment à la justice de
décider des incarcérations.
Sous pression d’une partie de
l’opinion qui l’accuse de faiblesse,
voire de complaisance envers les
indépendantistes, Pedro Sanchez
cherche à maintenir une position
modérée et à ne pas jeter de
l’huile sur le feu, tout en se mon
trant ferme avec les sécessionnis
tes catalans. Un jeu d’équilibriste
qui explique sa réaction au cour
rier envoyé le 19 octobre par
M. Torra, dans lequel ce dernier a
appelé à des négociations sans
conditions, afin de « parler du
droit légitime de la Catalogne à
l’autodétermination ». Le chef du
gouvernement espagnol lui a
répondu par courrier qu’il devait
« condamner la violence de ma
nière claire, protéger les forces de
sécurité qui la combattent et
éviter la discorde civile ».
Il a refusé, à plusieurs reprises,
de répondre aux appels télé
phoniques du leader catalan, et
n’a pas souhaité le rencontrer,
bien qu’il se soit rendu, lundi
21 octobre, à Barcelone pour une
visite éclair au chevet des poli
ciers blessés lors des déborde
ments. Pendant un meeting dans
la province castillane de Ciudad
Real, dans la soirée, M. Sanchez a
appelé à « une Espagne sereine et
une Catalogne modérée, qui ne
veulent pas de plus de radicalisme
ni d’extrémisme ».
Favori des sondages, M. Sanchez
constate toutefois comment la
crise catalane peut réduire son
avance sur le PP. Selon les derniè
res enquêtes d’opinion, les socia
listes reculeraient de près de
deux points, à 27 %, par rapport
aux résultats d’avril, alors qu’en
août les sondages lui donnaient
plus de 33 % d’intentions de vote.
Au contraire, le PP gagnerait plus
de cinq points, à 21 %.
Positions extrêmes
« Le débat territorial est toujours
un terrain moins favorable à la
gauche, plus à l’aise sur les sujets
sociaux. D’autant plus qu’elle intè
gre des positions très diverses sur
le modèle territorial, avec, par
exemple, Podemos, qui défend un
référendum en Catalogne. Au
contraire, la droite est plus soudée
autour de l’idée de la nation uni
que espagnole, souligne le profes
seur de sciences politiques à l’uni
versité CarlosIII, Pablo Simon. La
grande polarisation renforce les
positions les plus radicales,
comme [le parti d’extrême droite]
Vox, qui prône une main de fer et
l’envoi des tanks, et la Candidature
d’unité populaire [CUP, extrême
gauche séparatiste et anticapita
liste], qui veut concrétiser l’indé
pendance sans attendre. »
Vox demande l’application de
l’état d’urgence en Catalogne, et a
critiqué de manière virulente
l’arrêt de la Cour suprême, après
qu’elle a écarté le délit de « rébel
lion », passible de vingtcinq ans
de prison, qui assimilait les évé
nements de 2017 à un coup d’Etat.
Des prises de position extrêmes
qui lui permettent de remonter
dans les sondages. Avec 11 % à 13 %
des voix, la jeune formation pour
rait même se hisser à la troisième
position, devant Unidas Podemos
et Ciudadanos.
sandrine morel
Sous la pression de la
rue, le président chilien
annonce des réformes
Après cinq jours de manifestations,
Sebastian Piñera a notamment accepté
de relever le niveau des pensions de retraite
santiago envoyée spéciale
N
ous avons entendu la
voix de ceux qui ont ex
primé leur douleur et
leurs espoirs. » Mardi soir, au
terme d’une cinquième journée
de manifestations massives dans
les grandes villes du pays,
Sebastian Piñera s’est de nouveau
adressé aux Chiliens à la télévi
sion. « Nous n’avons pas été capa
bles de reconnaître l’ampleur de
cette situation d’inégalités et
d’abus. Je vous demande pardon
pour ce manque de vision », a ad
mis le président de droite.
Hausse de 20 % des pensions de
retraite les plus basses, revalori
sation du salaire minimum,
baisse du salaire des parlemen
taires, gel du prix de l’électricité,
baisse de celui des médicaments,
augmentation d’impôts pour les
plus riches... M. Piñera, qui avait
réuni plusieurs présidents de
partis politiques ce mardi, a dé
roulé une longue série de mesu
res qui seront soumises au vote
du Congrès ou approuvées par
décret présidentiel. « Cet agenda
social ne résoudra pas tous les
problèmes qui accablent les Chi
liens, mais c’est un effort néces
saire et significatif pour améliorer
la qualité de vie des plus vulnéra
bles », a déclaré le chef d’Etat.
Retraites, santé, salaires... Les ré
formes promises par Sebastian
Piñera portent sur des thèmes
chers aux manifestants. Ce mardi
aprèsmidi, des milliers d’entre
eux se sont rassemblés de ma
nière pacifique à Santiago, la capi
tale chilienne. Pour Ivan Cornejo,
dessinateur de 36 ans, « les retrai
tes [qui fonctionnent au Chili par
capitalisation individuelle auprès
de fonds de pension privés] sont
un sujet grave et urgent, leur ni
veau est très bas. Nous, les Chiliens,
devons continuer de travailler très
longtemps car on ne peut pas vivre
avec ce que l’on perçoit. »
L’augmentation des pensions
les plus basses devrait faire passer
cellesci de 110 000 à 132 000 pe
sos chiliens (de 136 à 163 euros).
Une hausse « qui pourrait soula
ger de façon minime le portefeuille
de certains retraités », souligne
Claudio Fuentes, professeur de
sciences politiques à l’université
DiegoPortales, qui estime toute
fois que « ces annonces ne suffi
ront pas à faire retomber la mobili
sation sociale ». L’appel à une nou
velle grève générale mercredi et
jeudi, lancé par plusieurs organi
sations sociales et syndicats, a
« toutes les chances d’être suivi »,
selon M. Fuentes.
Pour Alberto Mayol, vicedoyen
de la faculté d’administration et
d’économie de l’université de
Santiago, « ce qui est fondamental
dans les événements de ces der
niers jours, c’est l’échec du modèle
économique actuel. Et aucune des
mesures annoncées par le prési
dent ne sort de ce modèle ». Les
manifestants sont effectivement
nombreux à réclamer des chan
gements plus radicaux que ceux
annoncés mardi soir, comme
l’adoption d’une nouvelle Cons
titution – l’actuelle est héritée de
la dictature d’Augusto Pinochet
(19731990).
Interpellations violentes
Audelà de ses promesses de ré
formes, Sebastian Piñera n’a pas
répondu, mardi soir, à l’une des
demandes les plus pressantes de
la société chilienne : le retrait de
l’armée qui occupe actuellement
les rues des grandes villes. « Je sais
que certains veulent en finir avec
l’état d’urgence et avec le couvre
feu. Nous le voulons tous », atil
déclaré. « Mais, en tant que prési
dent du Chili, je me dois de ne lever
l’état d’urgence que lorsque je serai
certain que l’ordre public, la tran
quillité, la sécurité des Chiliens, et
la protection des biens publics et
privés seront respectés. » Ce mardi,
les représentants de plusieurs
partis de gauche avaient refusé de
participer à la réunion avec
M. Piñera, notamment en raison
du maintien de l’état d’urgence.
Des images d’interpellations
violentes durant le couvrefeu cir
culent depuis plusieurs jours sur
les réseaux sociaux, souvent ac
compagnées du hashtag #EstoPa
saEnChile (« voilà ce qui se passe
au Chili »). Alors que le gouverne
ment fait état de 15 morts depuis
le début de la crise sociale, dont
une majorité lors de saccages et
incendies de magasins, l’Institut
national des droits humains af
firme que cinq personnes ont été
tuées par les forces de l’ordre de
puis le weekend. Cette organisa
tion publique indépendante dé
nonce également des cas de vio
lences sexuelles et parle de plus
de 250 personnes blessées, dont
la moitié par arme à feu. « Le prési
dent n’a pas parlé des victimes de
ces derniers jours », déplore
Claudio Fuentes. « Il n’a pas
abordé la question des droits de
l’homme, alors que c’est un sujet
toujours plus préoccupant. »
aude villiersmoriamé
Le président du Parti populaire, Pablo Casado, à Barcelone, le 21 octobre. JOSEP LAGO/AFP
Les images
d’émeutes
ont fait le jeu
des discours
sécuritaires
de la droite
É TAT S - U N I S
Un témoin-clé contredit
la version de Trump dans
l’affaire ukrainienne
Le chargé d’affaires des Etats
Unis à Kiev, William Taylor, a
assuré, mardi 22 octobre, lors
d’une audition à la Chambre
des représentants, que Donald
Trump avait essayé de faire
pression sur l’Ukraine pour
que Kiev enquête sur la fa
mille de son rival démocrate
Joe Biden à l’approche de
l’élection de 2020. M. Trump
avait conditionné l’octroi
d’une aide à Kiev à l’aboutis
sement de sa demande, af
firme le diplomate. Les élus
démocrates de la Chambre
des représentants ont vu,
dans le récit de Bill Taylor, le
bienfondé de la procédure
d’impeachment. Donald
Trump dénonce, lui, un « lyn
chage ». William Taylor avait
pris ses fonctions après le li
mogeage de l’ambassadrice
Marie L. Yovanovitch, en mai.
I N D O N É S I E
Le président Joko Widodo
nomme à la défense son
principal adversaire
Le président indonésien, Joko
Widodo, qui entame son se
cond mandat, a nommé,
mercredi 23 octobre, son ad
versaire à la présidentielle,
l’ancien général Prabowo Su
bianto, à la tête du ministère
de la défense. Prabowo Su
bianto avait pourtant accusé
le président sortant de fraude
électorale « systématique,
structurée et massive » lors de
la campagne. Sa nomination
a suscité l’inquiétude d’Am
nesty International en Indo
nésie. Subianto, ancien gen
dre du dictateur indonésien
Suharto (19671998), est
soupçonné d’avoir fait enle
ver et disparaître plusieurs
manifestants prodémocratie
lors des manifestations qui
avaient conduit à la chute du
régime en 1998. Il n’a jamais
été poursuivi. – (AFP.)
- CESSATIONS DE GARANTIE
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 -ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
- Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantiefi nancière dont bé-
néficiait la :
SARLALP’ARLY IMMOBILIER
95 Route duVal d’Arly
74120 PRAZ SURARLY
RCS: 477 678 239
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de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérations
devront être produites dans les trois mois
de cette insertion à l’adresse de l’Établis-
sement garant sis Cœur Défense –Tour
A – 110 esplanade du Général de Gaulle –
92931 LADEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge
en rien du paiement ou du non-paiement
des sommes dues et ne peut en aucune
façon mettre en cause la solvabilité ou
l’honorabilité de la SARL ALP’ ARLY
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