6 |international JEUDI 24 OCTOBRE 2019
0123
En Thaïlande,
le monarque répudie
sa royale concubine
Monté sur le trône il y a deux ans,
Maha Vajiralongkorn affirme son pouvoir
bangkok correspondant
L
a toute dernière décision du
roi de Thaïlande, Maha Vaji
ralongkorn, 67 ans, vient de
laisser ses sujets pantois en même
temps qu’elle illustre sa volonté
d’affirmer pleinement son auto
rité sur les affaires du palais. Le
souverain a annoncé, lundi 21 oc
tobre, avoir déchu de tous ses ti
tres la « royale concubine », Sinee
nat Wongvajirapakdi, 34 ans, une
ancienne infirmière de l’armée à
laquelle il avait récemment attri
bué le grade de majorgénéral.
La décision de rendre publique
sa relation avec la jeune femme et
de l’élever au rang de concubine
officielle avait déjà surpris la
Thaïlande en juillet, deux mois
après le couronnement du souve
rain et l’annonce de son mariage
avec la reine Suthida, 41 ans. Jus
qu’au début du XXe siècle, les rois
du Siam entretenaient encore un
entourage d’une centaine de « no
bles concubines », tradition que
les monarques successifs avaient
cependant abandonnée au profit
de la monogamie.
Le royal courroux a vraisembla
blement été provoqué par l’« am
bition » affichée par « Dame »
Sineenat : elle se serait montrée
hostile à la reine. Son comporte
ment aurait été non seulement
« déloyal » à l’égard de Sa Majesté
le roi mais a aussi « porté atteinte »
à la dignité de la monarchie.
Le comportement de ce monar
que imprévisible, monté sur le
trône il y a deux ans, à la mort de
son père, le très révéré roi Bhumi
bol, ne cesse de surprendre son
peuple et les observateurs. Ce
dernier mouvement d’humeur
s’inscrit cependant dans la conti
nuité d’une volonté d’élargir son
périmètre politique. Même si la
constitution prévoit que le roi rè
gne mais ne gouverne pas,
aucune décision fondamentale
touchant aux affaires du
royaume ne peut se faire sans
l’approbation du souverain.
« Cette décision soudaine indi
que que le roi désire être perçu
comme un souverain en contrôle
et qu’il ne tolérera aucune division
à l’intérieur de l’institution
royale », analyse l’universitaire
Paul Chambers, de l’université
thaïlandaise de Naresuan, cité
par l’AFP.
L’une de ses toutes dernières
décisions a aussi montré à quel
point cet ancien pilote de chasse
entend assurer un contrôle plus
direct sur l’institution militaire
dans un pays du coup d’Etat per
manent : le 1er octobre, un com
muniqué annonçait que deux di
visions, composées chacune
d’environ 5 000 hommes, al
laient passer directement sous le
commandement direct du roi.
Cette annonce faite sous la forme
d’une « consigne d’urgence » était
motivée, selon les termes du
communiqué, par la nécessité
d’« assurer une meilleure sécurité
à la famille royale ».
Le souverain a multiplié les si
gnes d’un renforcement de la re
lation entre le palais et l’armée,
cette dernière ayant pour devoir
de « préserver la nation, le pays et
la monarchie », comme il l’a rap
pelé au printemps, avant son cou
ronnement officiel du mois de
mai. L’instauration d’un nouveau
salut militaire consistant, pour
les soldats, à bomber le torse en
inclinant brusquement la tête de
côté, ne relève pas seulement de
l’anecdote...
Vajiralongkorn a également im
posé des amendements à la Cons
titution passée sous le dernier ré
gime militaire (20142019), no
tamment à propos d’un article
prévoyant qu’un régent doit assu
rer l’intérim quand Sa Majesté est
absente : même si ce dernier
passe une bonne partie de son
temps dans sa résidence bava
roise, au sud de Munich, le roi en
tend rester aux commandes.
Reprise en main
Dans un autre registre, qui illus
tre également sa volonté d’élargir
son pouvoir, il avait annoncé,
peu de temps après son acces
sion au trône, que les actifs de la
Couronne, jusquelà gérés par un
Bureau spécial, seraient désor
mais placés sous son contrôle.
Aucun chiffre n’est public mais
les experts estiment que le mon
tant de ces biens se situe dans
une fourchette de 30 à 60 mil
liards d’euros.
Son père, le roi Bhumibol, ne
s’était certes pas cantonné à un
rôle de figuration, comme ses in
terventions multiples dans l’his
toire politique troublée de la
Thaïlande l’avaient prouvé. Mais
ce qui distingue l’actuel souve
rain de son prédécesseur est sa fa
çon de se mettre en avant et de
donner les signes d’une reprise en
main. Les récentes déclarations
du chef de l’armée, Apirat Kong
sompong, placé l’année dernière,
par le roi, à la tête de l’institution
militaire, renforcent l’impression
d’une monarchie tout à la fois sur
la défensive et désireuse de multi
plier les signes de sa volonté de
pouvoir : le 10 octobre, le patron
de l’armée a déclaré, dans un dis
cours, que certains politiciens et
universitaires, « des communis
tes », représentaient une « me
nace » pour la sécurité nationale.
Le général Apirat visait très ex
plicitement le Parti du nouvel
avenir, qui a connu un vif succès
lors des élections législatives du
mois de mars, et son chef, le jeune
milliardaire Thanathorn Juan
groongruangkit. Le 17 octobre,
comme pour faire écho aux criti
ques du chef de l’armée, les dépu
tés de ce parti frondeur ont été les
seuls à voter à l’Assemblée natio
nale contre le décret royal plaçant
sous le contrôle du palais les deux
divisions d’infanterie.
bruno philip
Brouille entre Hongkong et Taïwan sur
l’affaire à l’origine du débat sur l’extradition
Un homme qui avait tué sa compagne a été libéré mercredi, sans accord sur son transfert
hongkong envoyé spécial
V
este bleue, sac à dos
rouge, le visage tendu et
les yeux au sol, Chang
Tongkai s’est incliné mercredi
23 octobre devant la forêt de ca
méras qui l’attendait à sa sortie de
prison à Hongkong, exprimant
ses regrets pour la « faute irrépara
ble » qu’il avait commise, avant de
s’engouffrer dans un minivan ac
compagné d’un prêtre anglican.
Accusé du meurtre de sa petite
amie hongkongaise à Taïwan, où
le couple était en vacances en fé
vrier 2018, le jeune Hongkongais
de 20 ans est l’homme par qui est
arrivée la crise qui secoue Hong
kong. La justice hongkongaise
l’avait arrêté et condamné à plu
sieurs mois de prison pour avoir
utilisé l’argent de la défunte, pré
texte pour ne pas le laisser filer.
Car si Chang Tongkai a confessé
à la police de Hongkong avoir tué
sa petite amie après qu’elle lui a
appris qu’elle était enceinte de
son ancien copain, il ne peut être
jugé à Hongkong pour un crime
commis à Taïwan. Son cas fut
donc présenté par la chef de l’exé
cutif de Hongkong, Carrie Lam,
comme la raison qui justifiait un
projet de loi sur les extraditions
vers des juridictions avec lesquel
les Hongkong n’a pas d’accord
- dont Taïwan, qui pour le gouver
nement chinois appartient à la
Chine, ainsi que la République po
pulaire ellemême.
Si Hongkong est une région ad
ministrative spéciale chinoise,
elle est dotée d’un système juridi
que et politique séparé. C’est la
perspective de la disparition de ce
parefeu juridique entre Hong
kong et la Chine qui a mis le feu
aux poudres en juin – par crainte
que Pékin n’obtienne l’extradi
tion de Hongkongais sans garan
ties pour leurs droits.
« Chien religieux »
Après quatre mois de manifesta
tions monstres, et malgré l’an
nonce d’un retrait formel du pro
jet de loi le 4 septembre, toute une
partie de la population hongkon
gaise continue de descendre dans
la rue pour réclamer l’amnistie
pour les manifestants arrêtés et le
suffrage universel. Et le cas de
Chang Tongkai devient un nou
veau cassetête pour la chef de
l’exécutif et son gouvernement :
la « solution » envisagée par le
gouvernement de Hongkong, de
laisser Chang Tongkai, à sa
demande, voyager à Taïwan pour
se rendre aux autorités locales,
n’est pas du tout du goût de
Taïwan, qui se considère comme
un pays souverain malgré les pré
tentions chinoises.
Mardi 22 octobre, le premier mi
nistre taïwanais, Su Tsengchang,
a demandé aux autorités de
Hongkong de prendre leurs res
ponsabilités en jugeant chez eux
leur criminel. Avant que l’agence
gouvernementale taïwanaise en
charge des affaires chinoises pro
pose officiellement une autre
solution aux autorités de Hong
kong : qu’un procureur et des po
liciers taïwanais se rendent à
Hongkong pour se saisir formel
lement du suspect.
Une proposition jugée dans la
nuit de mardi à mercredi « totale
ment inacceptable » par le gouver
nement de Carrie Lam – dont tout
faux pas sur la question de
Taïwan risque de mettre en colère
la Chine. Une telle initiative re
viendrait à « faire appliquer la loi à
travers des juridictions non com
pétentes », a dénoncé le gouverne
ment de Hongkong. L’affaire est
compliquée par la personnalité
du prêtre qui s’est proposé de
trouver une solution « humaine »
au dilemme, Peter Koon, secré
taire général de l’Eglise anglicane
pour Hongkong et Macao. Le reli
gieux a expliqué avoir aidé le
jeune criminel à se repentir, parce
qu’ils ont tous deux été à la même
école de Hongkong.
Or, M. Koon ne fait pas l’unani
mité dans une ville aussi forte
ment polarisée par la question
des interférences chinoises que
l’est Hongkong aujourd’hui : c’est
une figure du camp proPékin et
un délégué à la chambre consulta
tive du Parlement chinois.
« Ce type est un chien religieux
contrôlé par le Parti commu
niste », pouvaiton lire mercredi
sur le forum d’échange des mani
festants, LIHKG. Pour ne pas ar
ranger les choses, le révérend
Koon a défendu le 23 octobre son
action dans un entretien au quo
tidien chinois nationaliste Global
Times, accusant le gouvernement
taïwanais de faire obstruction à la
reddition du jeune homme pour
des « raisons politiques ».
brice pedroletti
D’entrepreneur à premier
ennemi du régime égyptien
Après avoir fait fortune, Mohamed Ali a accusé Sissi et ses généraux de
corruption. Devenu leader de la contestation, il vit dans la clandestinité
barcelone envoyée spéciale
D
ans un bureau vide si
tué au sommet d’un
immeuble des envi
rons de Barcelone trô
nent quelques tables et chaises
blanches, et une maquette. L’ébau
che de ce projet, nommé Lumière
de la connaissance, un immense
complexe à vocation éducative
abrité sous des pyramides de
verre, est tout ce qu’il reste des am
bitions immodérées que nourris
sait Mohamed Ali quand il s’est
installé en Espagne, fin août 2018.
Un an plus tard, l’entrepreneur
égyptien de 45 ans a mis sa vie en
suspens et se dit traqué. Une série
de vidéos dans lesquelles il accuse
le président Abdel Fattah AlSissi
et ses généraux de corruption ont
fait de lui l’ennemi public numéro
un en Egypte et le leader inattendu
d’un mouvement de contestation
contre le pouvoir, les 20 et 21 sep
tembre, rapidement étouffé par la
répression.
« Je suis sous le choc, je ne com
prends pas ce qui m’arrive. Je ne
m’attendais pas à ce que ça prenne
une telle ampleur », avoue
l’homme dans un calme appa
rent, trahi par un tic nerveux de la
jambe. Adulé par des millions
d’Egyptiens qui ont suivi les vi
déos qu’il a publiées sur les ré
seaux sociaux depuis le 2 septem
bre, sur son compte Les secrets de
Mohamed Ali ; considéré avec
méfiance et curiosité par les
membres de l’opposition ; et me
nacé par les autorités, l’homme
explique son succès, simple
ment : « Je suis l’un d’entre eux, je
parle comme eux. »
Il vit dans la clandestinité, avec
quelques proches. « Avant, je pen
sais seul, maintenant je suis en
touré par des membres de l’opposi
tion de tout bord – laïques, gauchis
tes, libéraux, islamistes, Frères mu
sulmans. Avec la répression, le
mouvement est mort mais on va
faire autre chose que des manifes
tations, c’est un secret », ditil, pro
mettant une « surprise » bientôt.
Grand, le physique sportif, et
habillé dans un style sportswear
chic – blazer marine sur une che
mise à fins motifs bleus et panta
lon de toile –, l’homme aux bou
cles noires est tel que dans ses vi
déos. Simple et impulsif, s’expri
mant en dialecte égyptien, sans
grand discours politique mais
avec une incroyable verve et des
dizaines d’histoires sur la corrup
tion et la démesure des projets
qu’il a réalisés, avec son entre
prise de BTP Amlak, pour l’armée
au cours des quinze dernières an
nées, des villas d’Abdel Fattah Al
Sissi aux projets hôteliers de
haut gradés.
Issu d’une famille « normale »
du quartier d’Agouza, au Caire,
aîné d’une fratrie de trois frères,
Mohamed Ali a arrêté les études à
l’âge de 15 ans pour aider son père,
un ancien champion de body
building, à faire tourner une mo
deste bijouterie. De petit boulot
en petit boulot, il s’est associé, à
26 ans, au fils d’un général en vue
pour des projets immobiliers
pour la compagnie publique des
télécommunications.
Déjà, sous la présidence d’Hosni
Moubarak, l’armée a un accès pri
vilégié aux contrats de l’Etat. « Je
suis intelligent et je sais bien tra
vailler, mais malgré tout, tu dois
payer des commissions pour qu’on
te donne du travail et moi, j’ai payé
beaucoup », assuretil, disant
avoir reversé des « commissions de
50 % par projet ».
Ses affaires ont prospéré jusqu’à
ce qu’il se voit offrir l’opportunité
de sa carrière. Hosni Moubarak a
été renversé à la suite de la révolu
tion du 25 janvier 2011, Mohamed
Morsi, issu de la confrérie des Frè
res musulmans, a été élu président
en mai 2012. Mohamed Ali se voit
confier la construction de la villa
du nouveau ministre de la dé
fense, Abdel Fattah AlSissi, un
projet à 60 millions de livres égyp
tiennes (LE) pour lequel il dit avoir
payé un potdevin de cinq mil
lions de livres, ce qui équivalait à
l’époque à un million d’euros. « Je
ne savais pas qui c’était. Ma mère
m’avait seulement parlé du ma
riage de mon cousin, le fils d’un
général important, avec la fille de
M. Sissi, Aya », ditil.
Débauche de projets « vaniteux »
Mohamed Ali dit nourrir, depuis
ce projet, une détestation de M.
Sissi, à qui il n’épargne aucun nom
d’oiseau. « Dans la rue, c’était la
guerre entre les Frères musulmans
et le peuple. Il y avait des morts et
lui, plutôt que d’arrêter ce bain de
sang, il venait voir le chantier et
s’inquiétait de sa future cuisine, des
toilettes... », critiquetil. Se levant
pour mimer des échanges qu’il a
eus avec les généraux ou l’épouse
de M. Sissi, Intisar, il fustige d’un
ton caustique le luxe demandé par
ses interlocuteurs. « Les gens n’ont
pas de quoi manger et eux ont des
demandes complètement déliran
tes, notamment sa femme », ditil.
Après l’élection de M. Sissi à la
présidence, en mai 2014, Moha
med Ali a enchaîné les projets :
palais, hôtels de luxe, bureaux,...
« Ils m’ont dit : “La porte du para
dis t’est ouverte.” J’ai fait plus d’un
milliard de livres égyptiennes de
projets, assuretil. Je suis devenu
millionnaire. »
L’entrepreneur assure avoir été
témoin, sous la présidence Sissi,
d’une corruption « dans des pro
portions démesurées » par rapport
aux années Moubarak, et d’une
débauche de projets « vaniteux »
de la part de généraux, rivalisant
pour se faire bien voir du prési
dent et s’enrichir. La vie délurée
qu’il mène, ses débuts au cinéma,
ses critiques de plus en plus ouver
tes contre l’armée et son insis
tance à être payé l’ont mis en déli
catesse avec les généraux.
« Ils ne m’ont pas payé les 220 mil
lions de LE (12 millions d’euros)
qu’ils me devaient. C’est leur sys
tème : pas de contrat et des arriérés
pour te tenir, t’obliger à rester avec
eux », affirmetil. Mohamed Ali
assure que ce n’est pas dans le but
de récupérer cette somme qu’il a
commencé à tout déballer, en sep
tembre, mais « pour révéler la vé
rité au peuple ». « Si j’avais voulu ré
cupérer mon argent, ditil en riant,
j’aurais continué à travailler avec
eux et je serais un prince. Mainte
nant que j’ai parlé, je suis mort. »
Il dit avoir été contacté par les
autorités égyptiennes dès la pre
mière vidéo, qui ont tenté de le
convaincre d’arrêter et de trou
ver un compromis. De vidéo en
vidéo, les pressions et les mena
ces de mort se sont multipliées :
ses comptes sur les réseaux so
ciaux ont été hackés, ses anciens
employés arrêtés, et son passe
port annulé.
Mohamed Ali réfute avoir agi
pour des officiers tentés de régler
leurs comptes avec le président
Sissi, ou pour les Frères musul
mans : « Des petits officiers me sou
tenaient mais ils ont arrêté de m’ap
peler après la première vidéo ».
Le succès rencontré par son ap
pel à manifester, le 20 septembre,
l’a galvanisé. L’ampleur de la ré
pression qui a suivi, avec plus de
4 000 arrestations selon les ONG
égyptiennes, dont des figures de
l’opposition, est à ses yeux « le prix
à payer ». « C’est ce qui me pousse à
continuer, c’est mon fardeau. Le
peuple a compris que c’est un assas
sin. Je veux lui donner une solu
tion », poursuitil, disant avoir
pour simple projet que l’Egypte
soit « comme l’Europe ».
hélène sallon
« Maintenant
que j’ai parlé,
je suis mort »
MOHAMED ALI
entrepreneur égyptien
exilé en Espagne
Même s’il passe
une bonne partie
de son temps
dans sa résidence
bavaroise, au sud
de Munich, le roi
entend rester
aux commandes
LE PROFIL
Thanathorn
Juangroongruangkit
A 40 ans, le richissime homme
d’affaires est l’une des rares voix
qui osent critiquer la monarchie.
Son parti, Future Forward (parti
du nouvel avenir), est devenu la
troisième force politique du pays
à l’issue des législatives contro-
versées de mars 2019, rempor-
tées par le général Prayuth
Chan-o-cha. Thanathorn Juan-
groongruangkit plaide notam-
ment pour une baisse des
dépenses militaires. Bête noire
du gouvernement, il fait face à
plusieurs procédures en justice.