Libération - 21.10.2019

(Tuis.) #1

Sports


A la fin du quart de finale entre le pays de Galles et la France (20-19) à Oita, au Japon, dimanche. Photo Peter Cziborra. Reuters

Le XV de France
entrevoyait la demi-
finale de Coupe du
monde, dimanche,
avant de perdre
d’un point. Une
issue qui résonne
avec l’inconstance
de ces dernières
années. Un cycle
prend fin.

souvent fébrile au Japon, no-
tamment lors du premier tour
face à l’Argentine (23-21), les
Etats-Unis (33-9) et les Tonga
(23-21), la France a fini par
payer son inconstance chro-
nique. «Les Bleus n’ont pas
gagné assez de matchs de haut
niveau pour pouvoir être luci-
des dans les grands rendez-
vous», insiste l’ancien techni-
cien. Et ce revers d’un souffle
vient s’ajouter à la longue
liste des déceptions du XV de
France depuis la précédente
Coupe du monde.
Malgré 16 points d’avance
face à ces mêmes Gallois lors
du dernier Tournoi des six
nations, le XV tricolore
n’avait-il pas fini par s’incli-
ner (24-19)? «C’est toujours
pareil, fulminait Camille Lo-
pez dans les entrailles du
stade d’Oita. Ce match, c’était
impossible de le perdre, mais
à la fin, c’est ce qui s’est pro-
duit. On avait pourtant tou-
tes les cartes en main.» C’est

forcément un constat d’échec
pour Jacques Brunel, fata-
liste : «On avait l’ambition
d’aller plus loin. Même si per-
sonne ne nous voyait sortir de
la poule, on a montré qu’on
pouvait gagner ce quart de fi-
nale. Mais on n’y est pas par-
venu...» Le sélectionneur, in-
tronisé à la va-vite début 2018
en remplacement de Guy
­Novès, n’a jamais réussi à
­inverser la dynamique néga-
tive des Bleus. Capitaine sous
l’égide des deux derniers
­sélectionneurs, Guilhem
Guirado (73 sélections) sym-
bolise une génération qui
n’aura jamais réussi à briller
sous le maillot bleu. Lucide,
il espère que la France
«a mangé son pain noir avec
ces défaites de justesse et
­douloureuses».
Face au pays de Galles, le ta-
lonneur disputait son der-
nier match international,
à 33 ans, tout comme Louis
Picamoles. En attendant de

connaître les destins de l’ai-
lier Yoann Huget et de l’ar-
rière Maxime Médard, c’est
donc la fin d’un cycle pour
le XV de France, d’autant que
Jacques Brunel va laisser la
main à Fabien Galthié, qui
avait intégré le staff des
Bleus juste avant la Coupe
du monde. Le futur ex-sélec-
tionneur veut croire à un
avenir meilleur : «Quelque
chose s’est créé avec cette
équipe. C’était l’une des plus
jeunes de la compétition. Cer-
tains vont apprendre à gran-
dir à travers cet échec. Moi,
j’envisage de beaux lende-
mains pour eux.»

Recalés. «L’adjoint comme
les autres» de Brunel va donc
bientôt prendre ses fonc-
tions, et il a pu observer
de très près ce groupe
de 31 joueurs depuis le début
de la préparation, en juillet.
Certains devraient faire par-
tie de la future ossature
du XV de France. On pense
au pilier Jefferson Poirot
(26 ans), aux 3es lignes Char-
les Ollivon (26 ans) et Gré-
gory Alldritt (22 ans), à la
charnière toulousaine com-
posée d’Antoine Dupont
(22 ans) et Romain Ntamack.
Sans oublier l’ailier Damian
Penaud (23 ans) et les centres
Virimi Vakatawa (27 ans) et
Gaël Fickou (25 ans).
Des joueurs talentueux qui
pourraient bientôt être re-
joints par certains recalés du
Mondial (le 3e ligne toulou-
sain François Cros ?) ou
des récents champions du
monde des moins de 20 ans
(le demi d’ouverture Louis
Carbonel ?). Peu importe les
noms, il faudra «faire en sorte
de les faire jouer le plus possi-
ble dans leurs clubs respectifs,
qu’ils accumulent de l’expé-
rience et développent leur po-
tentiel», espère Jean-Claude
Skrela. L’ancien sélection-
neur rêve aussi que le rugby
tricolore dans son ensemble
«s’engage derrière son futur
sélectionneur et le XV de
France». Le chantier est con-
sidérable pour Fabien Gal-
thié. Car dans quatre ans, la
Coupe du monde aura lieu à
domicile, avec sans doute
d’autres attentes pour le pu-
blic français.•

I


l y a quelque chose de tra-
gicomique avec ce XV de
France. Dimanche, sur la
pelouse d’Oita, au Japon, il a
sans doute livré l’une de ses
plus belles prestations des
dernières années, mais a fini
par laisser échapper une vic-
toire qui lui semblait pro-
mise. Comme d’habitude,
­serait-on tenté d’écrire. Dé-

Par
Cédric De Oliveira
Envoyé spécial au Japon

les moments clés, et les Bleus
ne l’ont pas fait dans cette
rencontre.»

Coup de coude. Alors évi-
demment, le carton rouge de
Sébastien Vahaamahina à
la 49e minute pour un coup
de coude stupide sur le 3e li-
gne gallois Aa-
ron Wainwright
arrive en tête de
liste des expli­-
cations de la défaite. Mais
même à 14 contre 15, les Bleus
ne se sont pas désunis, bien
au contraire. C’est l’accumu-
lation de mauvais choix qui a
fini par leur coûter la qualifi-
cation. «Ils ont payé en quart
de finale ce qui leur est arrivé
lors du premier tour, voire les
mois précédents. Il n’y a qu’en
maîtrisant son sujet qu’on ac-
quiert la confiance nécessaire
lors des matchs couperets où
les décisions se prennent dans
un contexte d’intensité maxi-
male», avance Skrela. Trop

complexés et entreprenants
pendant la ­majeure partie de
leur duel face aux Gallois, les
Bleus quittent ce Mondial en
ayant le sen­timent d’avoir été
supérieurs à leurs adversai-
res. «On a fait notre meilleur
match du tournoi», avançait
d’ailleurs à la fin de la ren-
contre le jeune
ouvreur Romain
Ntamack, du
h a u t d e s e s
20 ans et de ses 12 sélections.
«On méritait d’aller plus
loin», ­approuvait le 3e ligne
Louis Picamoles.
Même Warren Gatland, le
très classieux sélectionneur
néo-zélandais du pays de
Galles, l’a concédé : «La
meilleure équipe a perdu.»
Ancien sélectionneur des
Bleus, qu’il avait menés jus-
qu’en finale du Mondial 1999,
Jean- Claude Skrela n’est
pas d’accord : «La meilleure
équipe est celle qui sait pren-
dre les bonnes décisions dans

L’histoire
du jour

Rugby : France-Galles sur une fausse note


Deux surfeurs français
qualifiés pour les JO de Tokyo
Les surfeurs Jérémy Florès (photo), 31 ans,
et ­Johanne Defay, 25 ans, tous deux
­originaires de la Réunion, ont validé ce
week-end leur billet pour les Jeux olympi-
ques de Tokyo, où le surf fera son ­entrée.
Il s’agit des deux premiers Français
­qualifiés dans cette discipline. Photo AFP

20 u Libération Lundi^21 Octobre 2019

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