socialiste, qui a elle aussi fait mine de consti-
tuer une liste «citoyenne» en dehors du parti.
En dépit du soutien des barons du PS, qui
tiennent le département et la région, la
conseillère régionale n’ignore pas qu’elle
court le risque d’être distancée par l’Archipel.
Des sondages sous le manteau attribuent jus-
qu’à 30 % des voix à cette «nouvelle gauche»
à la sauce toulousaine qui n’est pas sans rap-
peler la liste des Motivés constituée en 2001.
Sauf que cette fois, le PS est loin d’être favori.
Strasbourg Tentatives partout,
entente nulle part
Sur le principe, tout le monde s’accorde. Il
s’agit de se rassembler à gauche pour mettre
en échec le grand favori, le premier adjoint re-
présentant de la macronie fraîchement dé-
claré candidat, Alain Fontanel, pour l’heure
sans étiquette officielle LREM. Sur le casting,
pire tout autant de Podemos en Espagne que
du «municipalisme» expérimenté à Grenoble
dès les années 70. La mayonnaise citoyenne,
qui pouvait sembler utopique au départ avec
son système compliqué de sélection des can-
didats par tirage au sort et «plébiscites» sur In-
ternet, semble prendre depuis qu’EE-LV puis
LFI ont rejoint le mouvement. Les deux for-
mations ont proposé 12 candidats, qui sont
passés samedi devant un «jury citoyen» pour
espérer figurer sur la liste des 69 candidats
municipaux. Romain Cujives, un temps can-
didat à l’investiture socialiste, a aussi rejoint
Archipel et quelques candidats se réclament
des gilets jaunes.
Cet attelage de militants politiques chevron-
nés et de citoyens non encartés peut-il voler
en éclats lors de la désignation de la tête de
liste jusqu’ici habilement repoussée? C’est
l’espoir secret de Nadia Pellefigue, tête de liste
nuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, ils
ont lancé fin septembre un ultime appel à
l’union : «Personne n’a les atouts et les aptitudes
pour mener seul la gauche à la victoire. Aucun
parti de gauche ne peut prétendre à s’imposer.»
Las, l’offensive fédératrice a capoté quand le
chef de file des élus communistes, qui soute-
nait jusqu’à présent les efforts de Cohen, a ral-
lié la liste PS dans l’espoir de sauver ses trois
sièges au conseil municipal.
On s’achemine donc vers une union de la gau-
che à l’ancienne, sous l’égide du PS, et une
alliance de gauche citoyenne. Ceux qui con-
testent l’hégémonie socialiste se retrouvent
en effet au sein d’une offre «rouge-verte» in-
édite. Pour éviter la bataille des logos comme
celle des egos, un petit collectif s’est constitué
à bas bruit depuis deux ans pour proposer une
alternative aux partis traditionnels. Sous l’éti-
quette «Archipel citoyen», la démarche s’ins-
encore des désaccords mais tout le
monde bouge vers l’écologie, qui est
au cœur de nos préoccupations avec
les questions sociales. Nous ne de-
vons pas repousser l’alliance, comme
à chaque fois, à la prochaine élec-
tion.» Jouvet, lui, fait un rêve : «Les
choses vont évoluer, à Marseille par
exemple, je crois encore en l’union de
la gauche et des écologistes, la vic-
toire est possible.» Le PS table sur
une évolution des listes d’ici à la fin
décembre. La mission du père Noël
s’annonce éprouvante.•
Ces derniers jours, les discussions
avec les communistes sont très bon-
nes et on observe un changement de
ton chez les écolos.» Comprendre : le
rapport entre une partie de la gau-
che et le PS s’améliore. Le quin-
quennat Hollande a laissé des tra-
ces mais les discours d’Olivier
Faure, le premier secrétaire, ouvre
un peu les portes – même si certai-
nes âmes surveillent de près son
rapport à LREM (lire page 3).
Un député PS prévient : «On ne peut
pas rester bloqué sur le passé. Il y a
reproduisent plus. «Les grandes villes
comme Grenoble, Clermont ou Bor-
deaux, parce qu’il y a un coup à
jouer, peuvent être de jolis laboratoi-
res» pour prouver que la «victoire est
possible» avec des alliances «cons-
truites» sur les idées.
De nombreux socialistes partagent
cet avis. Pierre Jouvet, en charge
des élections avec Sarah Proust
au PS, détaille : «Le temps de l’hégé-
monie d’un parti est fini. Personne
ne peut y arriver seul, nous avons
besoin d’eux et ils ont besoin de nous.
logique et qui terminent leur pre-
mier mandat. Ce sont vraiment elles
nos adversaires ?»
«Le temps de
l’hégémonie est fini»
Lorsqu’il jette un œil sur le passé
récent, Piolle étale ses regrets : il
pense «sincèrement» qu’il y avait un
«coup à jouer» à la dernière prési-
dentielle et que le score des europé-
ennes aurait pu être «plus grand»
avec une alliance «plus large». Il mi-
lite pour que les erreurs d’hier ne se
Événement
Pierre Hurmic,
candidat EE-LV à
Bordeaux, et Matthieu
Rouveyre, élu PS. Les
deux partis cherchent
à s’entendre pour ravir
la ville à la droite.
Photo UGO AMEZ. SIPA
socialiste, c’est à
Clermont-Ferrand.»
Cette stratégie fait bouillonner
Piolle : «Yannick Jadot est un parle-
mentaire et un très bon tribun mais
ce n’est pas le chef du parti! Chez les
écolos, chaque candidat choisit sa
stratégie localement.» Le maire sor-
tant de Grenoble ajoute : «Je n’ai pas
compris sa sortie après les européen-
nes. Franchement, pourquoi s’en
prendre aux maires de Nantes, Paris
et Rennes? Trois villes dirigées par
des femmes en pleine mutation éco-
Suite de la page 3
J
ugée vitale par la plupart des forces loca-
les en présence, l’union à gauche reste un
combat. A quelques mois des municipa-
les de mars 2020, illustrations dans trois villes.
Toulouse Une gauche
à l’ancienne, l’autre citoyenne
Ici les gauches voient double et cela fait enra-
ger Pierre Cohen. Pour l’ex-maire PS (2008-
2014), deux listes à gauche, c’est la meilleure
façon de louper le coche dans une ville pour-
tant gagnable. Cohen, qui a quitté le PS pour
rejoindre Génération·s, le parti de Benoît Ha-
mon, n’a pas renoncé à prendre sa revanche
face au maire LR Jean-Luc Moudenc. En 2014,
la gauche s’était éparpillée sur trois listes et il
avait perdu de 6 000 voix. L’ancien édile a ap-
pris la leçon : avec les membres de Généra-
tion·s Toulouse et la Gauche républicaine et
socialiste (GRS), le petit parti des ex-PS Emma-
A Toulouse, Strasbourg et Bordeaux,
liste commune ou défaite ensemble
4 u Libération Lundi^21 Octobre 2019