Libération - 21.10.2019

(Tuis.) #1
deux points derrière l’héritier juppéiste et
maire sortant, Nicolas Florian. De quoi galva-
niser les troupes vertes. Thomas Cazenave, le
candidat investi par LREM, pointe, lui, à seu-
lement entre 11,5 et 13 %. EE-LV et le PS pour-
raient toutefois devoir composer avec la liste
de l’ex-PS Vincent Feltesse : l’ex-conseiller po-
litique de François Hollande à l’Elysée, candi-
dat en 2014 avec le soutien d’Hurmic, re-
cueillerait 9,5 % des voix.
«Ce sondage vient prouver que la liste écolo-
giste est la seule force propulsive de l’alter-
nance à Bordeaux. Depuis sa publication,
nous sommes d’ailleurs très courtisés, notam-
ment par les jeunes, se félicite Pierre Hurmic.
Pour la première fois, depuis très longtemps,
le maire sortant est en difficulté. On va pouvoir
assister à un vrai débat électoral.» Mais l’élu
se dit aussi ­conscient «de ne pas pouvoir ga-
gner seul. L’urgence écologique exige un dépas-
sement des partis».

Eva Fonteneau (à Bordeaux)
Noémie rousseau (à Strasbourg)
et Stéphane Thépot (à Toulouse)

une union de la gauche entre les écologistes
et le PS se précise. Il y a deux mois, Matthieu
Rouveyre et Emmanuelle Ajon, tous deux élus
socialistes d’opposition et vice-présidents du
département, ont été missionnés – avec l’ac-
cord des militants locaux – pour trouver un
terrain d’entente avec les Verts. L’objectif :
créer une liste commune dès le premier tour
où le PS serait prêt à laisser la tête de liste au
profit des écolos. «C’est notre responsabilité de
nous asseoir sur nos egos et de mettre de côté
notre querelle politique vieillissante pour réel-
lement avancer ensemble et produire une
­alternative que les Bordelais attendent», réagit
Emmanuelle Ajon.
Les négociations pour la répartition des places
devraient arriver à leur terme cette semaine.
Portés par l’urgence climatique et surfant sur
les bons résultats du parti EE-LV aux europé-
ennes en Gironde, les écolos et leur candidat
Pierre Hurmic, déclaré depuis septembre, se
retrouvent ici en position de force. Un son-
dage, publié le 9 octobre par le cabinet Elabe,
crédite Hurmic de 24,5 % des voix, 30,5 % dans
le cas d’une alliance avec le PS. Soit seulement

thieu Cahn, qui souhaite une «alliance avant
le premier tour», a appelé à ouvrir des discus-
sions «sans tarder». Problème : personne ne
veut parler avec lui. «Aucune force de gauche
n’est capable d’amener la certitude d’être pré-
sent au deuxième tour», insiste le socialiste.
«Il est en phase de pré-hamonisation», analyse
Eric Schultz, conseiller municipal et ex
d’EE-LV. Comprendre : «Il va être lâché par
tout le monde.» Auteur de tribunes dès le len-
demain des européennes pour appeler à
l’union de la gauche, Eric Schultz se place en
observateur mais voudrait bien en être lui
aussi. Où? Comme les autres, il attend...
«Pour l’instant, on ne voit pas de dynamique,
c’est inquiétant. Il faut une alternative au scé-
nario LREM présenté comme inéluctable.».

Bordeaux Un accord EE-LV - PS
en vue contre la droite
A Bordeaux, la gauche se prend à rêver de faire
trembler la droite. Alors que la ville n’a réelle-
ment connu que deux maires depuis la fin de
la guerre, Chaban-Delmas puis Juppé, la pos-
sibilité de ravir la capitale girondine grâce à

tout le monde se déchire. Première à s’être lancée
dans la course à la succession du maire socia-
liste Roland Ries, dans une sorte de qui
m’aime me suive, la liste «Strasbourg écolo et
citoyenne». Le message est simple : le rassem-
blement, c’est eux. Pas de parti, pas d’appareil,
mais du citoyen, du renouveau... Voilà pour
la bannière. «On veut être dans la coconstruc-
tion permanente, susciter des vocations, en fi-
nir avec le schéma de l’élu de métier masculin»,
explique Guillaume Libsig, un des artisans du
mouvement.
Le 5 octobre, Jeanne Barseghian, 38 ans, seule
candidate à se présenter devant l’assemblée
citoyenne, a été désignée pour conduire la
liste. Par 108 votants. Voilà pour la vague. Et
si son profil est séduisant, elle n’est pas tout à
fait une inconnue : élue EE-LV, conseillère de
l’Eurométropole déléguée à l’économie sociale
et solidaire. Les autres viennent du milieu as-
sociatif, essentiellement du Labo citoyen, dont
Syamak Agha Babaei, vice-président de l’Eu-
rométropole, ainsi que le responsable du mou-
vement Place publique, Alexandre Feltz, par
ailleurs adjoint à la santé. «On a été invité à des
réunions avec les différentes forces de gauche,
les partis. Mais après ces rencontres, on s’est
rendu compte qu’on n’allait pas forcément être
copains», dit Guillaume Libsig. D’autant que la
liste de rassemblement a posé ses conditions :
«Pas d’alliance avec le PS, pas d’alliance avec
des personnes LREM-compatibles», poursuit-il.
Une pique dirigée vers les porte-drapeaux de
Génération·s, les adjoints Paul Meyer et Jean-
Baptiste Gernet. Ces jeunes hamonistes, qui
n’ont jamais caché leurs ambitions pour 2020,
ont comme disparu du paysage. Génération·s,
au niveau national, n’a plus de nouvelles de-
puis les européennes : ils sont devenus «ingé-
rables», «le mouvement
va les shunter». Paul
Meyer, tout en circonvo-
lutions, confirme s’être
«coupé» du parti. Reste à
se recaser. Il regarde du
côté de LFI, qui réfléchit
aussi à une liste ci-
toyenne. «Le problème,
c’est qu’ils sont aussi in-
soumis entre eux», souf-
fle un écolo. Si LFI ne
donne pas suite, Meyer
assure qu’il pourrait «y
aller seul», «jusqu’au
bout», misant sur sa pro-
pre popularité. Dans les
prochains jours, il va
mettre ses beaux habits
pour aller au bal des al-
liances. «Il peut y avoir
des surprises sur les
mains tendues», pré-
vient-il. Il n’exclut d’ailleurs pas celle du can-
didat macroniste. Voilà pour l’appel du pied.
Côté socialistes, le président de l’Eurométro-
pole, Robert Herrmann, 64 ans, qui a annoncé
son retrait de la vie publique en juin, est tenté
par un come-back, au nom, bien sûr, de l’inté-
rêt général. Au PS, il s’est aussi murmuré que
Roland Ries, 74 ans, deux mandats et victo-
rieux de justesse en 2014, pourrait rempiler.
Dimanche, il a signé avec d’autres élus socia-
listes ou ex-PS un appel dans le JDD en faveur
de la constitution d’un pôle gauche de la ma-
jorité hors LREM (lire page 17). Autre rumeur
d’automne : la vice-présidente de l’Euromé-
tropole et ancienne ministre PS, Catherine
Trautmann. «Comme quoi ils sont prêts à res-
sortir des cadavres pour combler le vide», rica-
ne-t-on chez les écolos.
Les socialistes ont désigné leur candidat : l’ad-
joint, Mathieu Cahn, 74 voix sur 101 encartés.
«Le PS est dans une situation paradoxale, ils
se sont tous déchirés, ont piétiné des amitiés
de trente ans pour savoir qui allait se prendre
une claque», commente-t-on en coulisse. Ma-


A Bordeaux,
une union du PS
et des écologistes

se prend à rêver
de faire trembler
la droite dans

une ville qui
n’a réellement
connu que deux

maires depuis
la fin de la guerre,
Chaban-Delmas
puis Juppé.

*Sondage Ifop pour la Fondation 30 Millions d’Amis réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 16 au 18 octobre 2019 auprès d’un échantillon de 1006 personnes,
représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Aux yeux de la loi


il n’est personne


À vos yeux


il est tout


7 Français sur 10 sont favorables à la création d’un statut de « personne animale »
dans le Code civil.*

Faites partie de la génération qui donnera la personnalité juridique à l’animal.


Signez la pétition sur PersonneAnimale.com


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