Les Echos Lundi 14 octobre 2019 FINANCE & MARCHES// 33
PORTRAIT
par Laurance N’Kaoua
@LauranceNKaoua
Philippe Charrier
remonte sur le ring
pour Mayoly Spindler
« Le propre de l’homme est de refuser son destin! » Phi-
lippe Charrier parle d’une voix grave, posée. Et le propos
résume plutôt bien le parcours de ce patron, qui fut le
PDG de Procter & Gamble en France avant de s’investir,
corps et âme, dans le domaine de la santé. A 65 ans, Phi-
lippe Charrier reprend les rênes de Mayoly Spindler. Et
entend déployer « de manière considérable » ce labora-
toire centenaire, spécialiste de la gastroentérologie et de
la dermo-cosmétique, qui compte 200 millions d’euros
de chiffre d’affaires, avec 1.000 salariés.
L’homme, capable de grands silences comme d’énon-
cer longuement ses valeurs, ne cessera pas, pour autant,
d’agir chez Clubhouse France, cette association qu’il a
fondée en 2010 p our réinsérer dans la société des person-
nes souffrant de troubles psychiques. Il a placé cette
bataille-là sous l’égide de la Fondation Alain Charrier, du
nom de son frère disparu après un accident de moto. « La
grande exclusion de nos sociétés est cérébrale. Or chacun
peut trouver sa place », estime Philippe Charrier, bien-
veillant. Résiliant. Car ce n’est qu’un de ses combats.
Ce fils d’un père ouvrier devenu entrepreneur défend
aussi l’ascenseur social. Au point d’avoir cofondé, lors-
qu’il dirigeait P & G au Maroc, en 1997, la Fondation Aca-
démia pour aider les étudiants « talentueux mais nécessi-
teux ». « L’élite existe dans tous les milieux, affirme
Philippe Charrier. Et quand l’ascenseur social est en panne,
la démocratie l’est aussi, car il n’y a plus d’espoir. » Il
avance, agit. Comme pour que rien ne lui échappe. On le
dit « généreux », « humain ». Il est, parfois, intranquille.
Raccrocher les gants
A son enfance en banlieue parisienne ont succédé les ver-
tes collines d’HEC. A la faveur d’une petite annonce, il
rejoint bientôt l’usine de lessive de Procter à Amiens. Il y
découvre la finance d’entreprise, cette « vérité des chif-
fres ». Il monte une bibliothèque, et s’inscrit, en cours du
soir, aux Beaux-Arts, lui qui s’émerveille encore « du
regard sur le monde des peintres, de Velásquez à Bacon ».
Puis ce père de deux enfants gravira les échelons,
estampillé « haut potentiel » : finance, marketing, expa-
triation... Il dit s’être cru un homme de grands groupes. A
tort. « C’est un self-made-man, un battant », résume son
ami, l’ancien psychiatre Christian Gay. D’ailleurs, Phi-
lippe Charrier n’a-t-il pas longtemps fait de la boxe? S’il a
raccroché les gants, ce motard se délecte encore des
matchs auxquels l’invite son copain Mahyar Monshi-
pour, ancien champion du monde. « Le confort, la
moquette épaisse et le café bien chaud sont très dangereux,
note le dirigeant. Il faut aller vers sa zone d’inconfort. »
Dont acte. En 2006, il rejoint Oenobiol, investit ses éco-
nomies, e t hisse, aux côtés de la fondatrice Marie Béjot, c e
spécialiste des compléments alimentaires, en une
société qui réalise un tiers de son chiffre d’affaires à
l’étranger. « J’ai commencé avec mon attaché-case. J’ai
prospecté les marchés un à un... jusqu’en Asie du Sud-Est »,
raconte cet homme pressé, mélancolique parfois.
A 100 %
Chez Sanofi, qui rachètera Oenobiol fin 2009, il arpente
les coulisses du monde de la santé pour mieux s’aventu-
rer ensuite chez Labco, ce laboratoire de diagnostic
médical dont il a piloté l’expansion internationale de 2011
à 2016.
Son dernier rôle? Doubler le chiffre d’affaires du ven-
déen Ponroy Santé.. Certains le jugent i nflexible. Ses pairs
louent ses capacités de développeur. « C’est un vrai entre-
preneur! observe D enis Ribon, président du fonds Archi-
Med. Il n’a accepté de reprendre les rênes d’entreprises que
s’il pouvait être associé au risque en prenant une participa-
tion. Dans tout ce qu’il fait, il s’implique à 100 %. »
Lui dira: « Je crois en l’entreprise. Bien au-delà du fait de
gagner de l’argent, elle peut être la solution à de nombreux
problèmes dans nos sociétés. »n
DR
AVOLTA PARTNERS
Thomas Blard
devient senior partner, expert
en medias.
Thomas Blard, 48 ans, diplômé
de l’IEP de Strasbourg et de
l’ESCP Europe, fut journaliste
pour Bloomberg, la BBC et
« The I ndependent » à Londres,
et a u « Figaro », à BFM et à LCI à
Paris. Pionnier en France, il
avait créé en 2005 Decideurs
TV, une web TV dédiée au busi-
ness, à la finance et à la Tech.
ENTREPRISES
BCG
Karim Chaabouni
Philippe David
Stéphane Charvériat
Karim Chaabouni et Philippe
David deviennent directeurs
associés. Stéphane Charvériat
sera directeur associé senior,
à Paris.
Karim Chaabouni, 53 ans, est
diplômé de l’Edhec. Il a travaillé
vingt ans chez Accenture où il
est devenu managing director.
Philippe David, 56 ans, est
diplômé de l’Insa Lyon Il a
notamment travaillé chez
Andersen avant de rejoindre
CapGemini puis PwC.
Stéphane Charvériat, 50 ans,
diplômé de l’Essec, a notam-
ment travaillé chez Roland
Berger et AT Kearney avant de
devenir associé chez Bain &
Company.
VINCI
Isabelle Spiegel
est nommée directrice
de l’environnement.
Isabelle Spiegel, 43 ans, ingé-
nieure de l’Ecole nationale supé-
rieure des Mines de Douai et de la
HSBC FRANCE
Franck Lacour
devient directeur des activités
de marchés, membre du
comité exécutif.
Franck Lacour, 5 0 ans,
diplômé d e Paris Dauphine, e st
entré chez Barclays en 2003.
D’abord chargé du trading flux
pour le groupe, il a été promu
directeur dérivés actions
Emea en 2009. L’année sui-
vante, il a intégré HSBC à Lon-
dres pour y être directeur des
activités de dérivés actions sur
le marché britannique. Passé
directeur global trading
actions en 2012, il était devenu
directeur des marchés actions
Emea en 2016.
DELTA DORE
Frédéric Kurkjian
rejoint le directoire de Delta
Dore en qualité de directeur
général.
Frédéric Kurkjian, 58 ans, est
ingénieur de l’Ecole Centrale
Lyon. Il a notamment travaillé
dans des sociétés telles que
British Telecom et Thomson. En
2011, il avait fondé le cabinet de
conseil Aveli Finance.
Le ticker? C’est le code mnémo-
nique attribué par une Bourse à une
société cotée, s ur proposition de cel-
le-ci. Sur le Nasdaq, traditionnelle-
ment considéré comme le marché
des valeurs technologiques, ce code
se compose souvent de quatre, par-
fois de cinq caractères. Sur le New
York Stock Exchange (Nyse), il com-
porte au maximum trois lettres.
Les économistes du Pomona Col-
lege en Californie se sont intéressés
Sophie Rolland
@Sorolland
« Un Baby, un GEEK et une COW
entrent dans un bar et commandent
de la BEER et du Vino. Que se passe-
t-il ensuite? Ils battent tous le mar-
ché. » Voilà l’introduction d’un arti-
cle de recherche paru dans la très
sérieuse « Quarterly Review of Eco-
nomics and Finance » cette année.
Les auteurs y démontrent qu’au fil
des années, les sociétés qui ont un
ticker signifiant ont un meilleur
parcours boursier que les autres.
BOURSE
Des économistes de
l’université de Pomona
en Californie montrent
que les sociétés dont le
ticker – c’est-à-dire le
code utilisé en Bourse –
retient l’attention
des investisseurs
ont, sur la durée,
un meilleur parcours
boursier que les autres.
Les actions au « ticker » intelligent rapportent
plus que les autres
aux valeurs dont le ticker est « lié à
l’activité de la société de façon amu-
sante et qui est susceptible de mar-
quer la mémoire des investisseurs ».
Une première étude avait déjà été
réalisée en 2009 sur le sujet.
82 sociétés au code mnémonique
signifiant avaient alors été rete-
nues, parmi lesquelles GEEK ( Inter-
net America), MOO (United Stoc-
kyards, une entreprise d’élevage de
bétail), WOOF (VCA Antech, une
société de services vétérinaires) et
FUN (Cedar Fair, des parcs d’attrac-
tions). Leur performance boursière
moyenne entre 1986 et 2006 :
23,5 %, contre 12 % pour l’ensemble
des valeurs du Nyse et du Nasdaq.
Des marchés
pas si efficients
Difficile, dans ces conditions, de
pl aider l’efficience des marchés.
Selon les auteurs de la première
étude G ary Smith, Alex Head e t Julie
Wilson, les investisseurs seraient
davantage attirés par les titres aux
tickers facilement mémorisables.
La conclusion a retenu l’attention de
Daniel Kahneman, le psychologue
et économiste lauréat du prix Nobel
d’économie en 2002 pour ses tra-
vaux sur les a nomalies boursières e t
les biais cognitifs. Il mentionne
l’étude dans son livre paru en 2011,
« Les Deux Vitesses de la pensée »
(« Thinking, Fast and Slow »).
Gary Smith a renouvelé l’expé-
rience en 2019, accompagné cette
fois de Naomi Baer et Erica Barry,
afin de vérifier qu’il ne s’agissait pas
d’une coïncidence. Il a examiné
l’évolution de deux échantillons : le
premier, composé des 22 titres du
groupe de 2009 existant encore (les
autres sociétés ayant été rachetées,
ayant fusionné ou étant sorties de la
cote) et le deuxième, d’un nouveau
groupe de valeurs au ticker intelli-
gent. Parmi elles, PZZA (Papa
John’s Pizza), WiFi (Boingo Wire-
less) et BOOM (Dynamic Materials,
dans le secteur des explosifs). Le
résultat est sans équivoque.
Entre 2006 et 2011, les 22 titres qui
avaient déjà fait l’objet de la précé-
dente étude ont en moyenne pro-
gressé de 13,2 % par an, les nou-
veaux ont gagné 11,3 % alors que le
marché dans son ensemble n’affi-
che une p erformance moyenne q ue
de 4,9 % sur la période.n
,
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carnet
fr
+
Ils sont nés
un 14 octobre
- Patrick Artus,^
économiste, 68 ans. - Thierry Barbier,
directeur général
de BBVA France, 58 ans. - Pascal Colombani,
président de Tii Strategy,
74 ans. - Joël Cornette,
historien, 70 ans. - Lin Dan, champion
de badmington, 36 ans. - Jacky Fayolle,^
économiste, 66 ans. - Anne Gastinel,^
violoncelliste, 48 ans. - Alexandra Lamy,
actrice, 48 ans. - Ralph Lauren,^
créateur de mode, 80 ans. - Frédéric Lefebvre,^
ex-secrétaire d’Etat,
député, 56 ans. - Farah Pahlavi, ancienne
impératrice d’Iran, 81 ans. - Gérald de Palmas,
chanteur, 52 ans. - Christian Pimont,^
président de la Fédération
des enseignes de l’habille-
ment, 72 ans. - Philippe Segretain,
fondateur de Transdev, ex-
PDG du groupe Egis, 76 ans. - Guillaume de Seynes,
président du Comité Colbert,
directeur général
chez Hermès, 62 ans. - Jean-Pierre Tirouflet,^
ancien PDG de Rhodia, 69 ans. - Julien Vaulpré, directeur
général de Taddeo, 44 ans.
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a travaillé chez PwC, notam-
ment en Chine pour développer
l’activité changement climati-
que et responsabilité sociale.
En 2015, elle a rejoint Arcadis
pour y diriger les activités envi-
ronnement en France. Elle é tait
également chargée de dévelop-
per des services intégrant les
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durable au sein de la cellule
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Europe et Moyen-Orient.